L’ouvrage original, intitulé L’Interesse, est de Niccolo Secchi ou Secco, auteur du seizième siècle, assez estimé de sa nation1. […] Molière prétendit seulement à être l’imitateur du comique italien, et toutefois il embellit sa copie de quelques traits originaux qui la rendirent fort supérieure à son modèle, ainsi qu’aux autres ouvrages où était reproduit le même sujet. […] Les règles d’une bonne critique permettent-elles de donner, pour l’original d’une scène dont le développement et le style constituent le principal mérite, une situation indiquée seulement dans quelque obscur scenario ?
Et enfin s’il est tiré ou imité de quelque autre, dont l’original est espagnol ou italien ; voilà tout ce que le lecteur peut exiger de nous. […] « Mais les personnes intelligentes sentiront aisément la finesse de l’auteur dans la correction qu’il a faite à l’original. […] Ce changement lui donna lieu de retrancher la scène du faux médecin, qui, par le bas comique dont elle est remplie, déshonore l’original. […] Pour ceux qui entendent l’espagnol, ils connaîtront aisément avec quel art il a rendu sublimes dans ces deux scènes les beautés manquées dans l’original. […] Fouquet ; le roi dit à Molière, en lui montrant M. de Soyecourt : “Voilà un grand original, que tu n’as pas encore copié.”
Moliere fait d’un mauvais original une copie qui est un petit chef-d’œuvre ; & Chappuzeau qui refait son ouvrage d’après cette copie, n’en apperçoit pas les beautés, & ne sait y voir d’autre mérite que celui d’avoir substitué des valets à son Pensionnaire. […] Je sais qu’à la représentation des Précieuses, un vieillard, frappé par la vérité des portraits qu’on lui présentoit, s’écria : Courage, Moliere, voilà la bonne Comédie : je sais que Ménage, en sortant de la premiere représentation, dit à Chapelain : « Nous approuvions, vous & moi, toutes les sottises qui viennent d’être critiquées si finement & avec tant de bon sens ; croyez-moi, il nous faudra brûler ce que nous avons adoré, & adorer ce que nous avons brûlé » : je sais enfin que Moliere a si fort ridiculisé ses originaux, qu’ils ont disparu, & que cependant nous voyons la piece avec plaisir10.
Et Molière connaissait-il si peu les intérêts de son art et de sa gloire, qu’il attendît, pour étaler des portraits comiques sur la scène, que les originaux ne pussent plus être aperçus dans la société, ou ne méritassent plus d’y être remarqués ? […] Ménage est-il l’original de Vadius, comme l’abbé Cotin est celui de Trissotin ? […] Molière , et qu’ils les donnaient rétablis sur l’original de l’auteur . […] Je ne prétends point toutefois décider entre les deux textes : chacun d’eux peut être le texte original, le texte même de Molière. […] J’observerai que les éditeurs de 1682 ont jugé à propos de retrancher Les Fourberies de Scapin tout ce passage, qui existe pourtant dans l’édition originale de 1671.
Le rôle de Célie, femme du jaloux, est original et intéressant. […] Il a fidèlement suivi l’original latin dans l’intrigue, qui a de l’intérêt, mais nullement dans la diction, dont il est bien éloigné d’avoir la pureté, la grâce et la finesse. […] Cette pièce fort médiocre ne demandait aucune connaissance des anciens, et Baron pouvait être l’original de Moncade, fat assez commun, que quelques femmes ont gâté, et qu’un valet copie à sa manière. […] C’est là surtout ce qui le distingue : il pétille d’esprit, et cet esprit est absolument original. […] Il a peint dans cette pièce des originaux particuliers au pays de la chicane et de la plaidoirie, la science approfondie des procès, et les haines domestiques et invétérées qu’ils produisent.
Elle joua d’original le rôle de Bélise dans les Femmes savantes. […] En 1671 elle joua d’original la comtesse d’Escarbagnas dans la comédie qui en porte le titre. […] Il a joué le rôle du Menteur d’original.) […] Molière, original français, n’a jamais perdu une représentation de cet original italien. » (Ménagiana, tome II, page 404.) […] Aussi a-t-on dit de lui qu’il était original même lorsqu’il imitait.
Il est plus difficile dans un Ouvrage de cette nature que dans d’autres de communiquer à une Version toutes les beautez de l’Original. […] Joignons à ces Vers Latins cette Epitaphe Françoise5 : Cy git qui parut sur la Scene Le singe de la vie humaine, Qui n’aura jamais son égal, Qui voulant de la Mort, ainsi que de la Vie, Estre l’imitateur dans une Comedie, Pour trop bien reüssir, y reüssit fort mal ; Car la Mort en estant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original. […] C’étoit un défaut que peut-être nous ne savons pas ; c’étoit le ridicule ou de quelques faits particuliers, ou de quelque goût passager & commun en ce tems-là, mais qui nous est inconnu lors même que nous pouvons consulter les originaux. […] ] La preuve que je vais donner sera tirée d’un Livre anonyme : mais n’importe ; puisqu’il est imprimé, il suffit à justifier ce que j’avance, car j’ai seulement à prouver qu’il y a des gens qui assûrent que les Comédies Italiennes représentées à Paris servirent d’original à Moliere. […] Cependant ces excellens originaux Italiens ne nous produisent plus rien27 ».
C’est donc à eux, à eux seuls qu’il faut attribuer les différences plus ou moins nombreuses, plus ou moins considérables qu’offre leur édition, comparée aux éditions originales. […] J’ai suivi ces éditions originales avec une exactitude scrupuleuse. […] Homme universellement recherché, il vit arriver à lui mille originaux qui semblaient vouloir lui épargner la peine de les aller trouver pour les peindre. […] Loin de là ; l’emprunt révélait tout le prix de l’objet, et la copie honorait l’original. […] Nous lui demandâmes pourquoi le même ridicule qui nous échappe souvent dans l’original, nous frappe à coup sûr dans la copie.
Ceux qui transplantent quelque art que ce soit d’un pays étranger dans leur patrie, en suivent d’abord la pratique de trop près, & ils font la méprise d’imiter chez eux les mêmes originaux que cet art est en habitude d’imiter dans les lieux où ils l’ont appris : mais l’expérience apprend bientôt à changer l’objet de l’imitation ; aussi les Poëtes Romains ne furent pas long-temps à connoître que leurs comédies plairoient davantage s’ils en mettoient la scene dans Rome, & s’ils y jouoient le peuple même qui devoit en juger. […] Les Auteurs qui ont dit, Nous pouvons exposer dans notre capitale les divers caracteres de nos provinciaux, sont partis de là pour étendre leurs privileges, & mêler à nos originaux ceux d’une nation voisine. […] L’air léger, leste, élégant des originaux y est remplacé par la maussaderie la plus outrée ».
Il n’est qu’un certain nombre de personnes qui aient assez fréquenté les originaux dont on expose les copies, pour juger si les caracteres & les événements sont traités dans la vraisemblance. […] Louis Halberg, Auteur de plusieurs Pieces Danoises, ne l’a pas trouvé indigne de ses soins ; il en a fait une piece très plaisante, très morale, très philosophique, dans laquelle il verse non seulement des flots de ridicule sur les originaux qu’il attaque ; il y prouve encore aux gens en place, que, loin de s’affecter sérieusement des propos de leurs imbécilles censeurs & d’avoir recours à des châtiments qui peuvent faire crier à la tyrannie, il doivent rire de leur extravagance & les livrer à tout le ridicule qu’ils méritent ; c’est le châtiment des sots. […] un farceur original.
Arlequin est un original qui fait le brave à toute outrance : rien ne peut lui résister. […] ) Mais ces portraits different des autres portraits, en ce que les autres portraits sont distingués par-tout de leurs originaux, & que la parole enferme en soi son original, puisqu’elle n’est autre chose que la pensée expliquée par un signe extérieur ; d’où vient que ceux qui pensent bien sont aussi ceux qui parlent le mieux.
C’est encore Molière qui, dans un intermède du Malade imaginaire, lui a donné le plus grand rôle ; mais il n’est là qu’un prête-nom ; il ne fait que remplacer le Pédant, comme on le verra dans la suite de ce livre, et n’a point son caractère original. […] Malgré ces nombreux devanciers, le soin que j’ai pris de remonter autant que possible aux textes et aux documents originaux, m’a permis d’apporter dans cette étude quelques éléments nouveaux, que le lecteur qui a étudié ces questions saura facilement reconnaître.
Comme on sut l’histoire, tous les Petits-Maitres à l’envie allèrent voir l’original du Fleurant de la Comédie. […] Le traducteur a renchéri131 sur l’original. […] Écrite en prose, ces libres traductions conservent la franchise et l’alacrité des œuvres originales par l’ingéniosité de l’intrigue et la vivacité du style. […] Il a dès lors commencé à produire des pièces plus originale, qui inaugurent le genre de la comédie larmoyante, avec en particulier le Philosophe marié (1727). [...]. […] À vingt ans, il donne au Théâtre-Italiens sa première pièce, Les Originaux, farce en prose mêlée de vers, qui échoue.
Je vais la transcrire, en partie, parcequ’indépendamment du plaisir que le Lecteur prendra en la lisant, il est nécessaire qu’il puisse la comparer avec la scene originale. […] Voyons si tous ses défauts appartiennent à l’original. […] Ramassons maintenant les traits les plus frappants de la piece italienne & de celle de Moliere : pesons leur juste valeur ; instruisons-nous dans l’art de l’imitation, en voyant ce que notre Poëte a bien ou mal imité ; & lorsqu’il sera au-dessous de l’original, un respect mal entendu ne nous empêchera pas de le dire, puisque l’Auteur s’est rendu lui-même justice sur son ouvrage. […] Moliere est au-dessus de l’original quand Elise reproche à Don Lope son indigne métier, lorsque Don Lope répond qu’on ne parvient auprès des Grands qu’en flattant leurs foiblesses, leurs caprices, leurs défauts, leurs vices même ; mais est-il décent & vraisemblable que Don Lope s’avise de vouloir lire une lettre qu’il trouve chez la confidente de la Princesse, & qu’il la déchire lorsqu’on veut la lui enlever ? […] Moliere, me dira-t-on peut-être, a imité le premier original qui est espagnol.
Il faut même avoir quelque obligation à Moliere qui nous a épargné toutes les indécences de son original. […] voilà un original que Thalie ne doit pas épargner. […] Moliere, non content de prendre un sonnet & un madrigal dans les ouvrages imprimés de Cotin, pour les analyser & les déchirer sur la scene, avec toute la cruauté possible, parodia encore, avec la plus grande indécence, le nom du pauvre Abbé ; & l’acteur qui joua le rôle de Trisotin ou de Tricotin 47, eut le soin de prendre un habit, un son de voix & des gestes propres à faire reconnoître l’original. […] On trouva qu’il ressembloit trop à celui de l’original, Moliere le nomma Trisotin.
Les amants sont fort embarrassés pour faire approuver leurs feux par trois originaux. […] Le reste de la piece n’est que le sujet même mis en dialogue : on a cru devoir conserver jusqu’aux expressions, qui dans l’original sont en effet aussi plaisantes qu’elles puissent l’être ». […] Plaisant original pour me rompre en visiere.
Fouquet ; le Roi dit à Moliere, en lui montrant M. de Soyecourt : Voilà un grand original que tu n’as pas encore copié. […] Dans cette Comédie le coup de Théatre ou surprise de pensée que je crois la plus belle qu’on puisse trouver, & que je donnerois pour modele en ce genre, n’étoit que bonne dans l’original, mais elle est devenue sublime entre les mains de Moliere. […] La premiere Scene de la Sœur, Comédie de Rotrou, est l’original sur lequel Moliere a composé la premiere Scene de ses Fourberies de Scapin.
Les petites simagrées & les affectations d’un pareil original figureroient, je crois, très mal à côté des traits mâles & vigoureux que Moliere leur a abandonnés. […] Un tel caractere n’a malheureusement que trop d’originaux ; mais plus malheureusement encore l’Auteur, qui ne pourroit pas toujours montrer au spectateur le masque de son héros, qui seroit obligé de lui en peindre l’intérieur & la fatuité, trouveroit la matiere épuisée par ses prédécesseurs qui n’ont cessé de mettre la fatuité sur la scene. […] Il cherche des originaux ; il voit avec plaisir que la Cour & Paris en fourmillent. […] Un homme qui se défie de tous les autres est certainement un original très propre à mettre sur la scene.
Prouvons à présent que ce défaut n’est pas dans l’original, par l’original lui-même.
Tout fait a sa cause, et toute littérature, toute œuvre d’art est un fait dont il suffît de chercher, dont il faut sans passion chercher la cause dans les mœurs, les idées et les goûts de la société qui l’a produite, dans l’esprit du siècle qui l’a inspirée, dans le génie de la nation qui lui a donné son caractère général, dans le tempérament, les habitudes et la vie de l’auteur original qui lui a imprimé son cachet particulier. […] Pour citer seulement ici deux noms bien originaux, M.
—Les répliques, dans la consultation des avocats, deviennent plus comiques et donnent lieu à un duo et un triode forme originale, dans lesquels le double caractère des avocats, avec leur entêtement mis en relief par la musique, gagnent au rapprochement de la colère de Pourceaugnac. […] Aucun valet n’est Italien dans les pièces qui ne se passent pas en Italie; souvent même dans celles dont la scène est à Naples ou en Sicile, le valet a un nom français, par exemple Scapin, ou turc : Hali. — Sbrigani fait seul exception : la raison ne viendrait-elle pas de ce qu’il était destiné à renouer connaissance avec un compatriote, et cela justifierait encore le Pursognacco, gentilhomme italien dans le canevas original. […] — L’anecdote du gentilhomme provincial dont Loret parle à propos de la représentation à Paris (car il ne dit rien, malheureusement, de celle de Chambord), Il joue (Molière) autant bien qu’il se peut, Ce marquis de nouvelle fonte, Dont par hasard, à ce qu’on conte, L’original est à Paris... […] Une lettre de Guy Patin, (25 septembre 1665) indique que Molière, dans Y Amour médecin, aurait, à l’Hôtel de Bourgogne, représenté au vif les originaux dont il se moquait dans sa comédie.
et n’y trouve-t-on pas un accent plus franc, plus libre, plus original que dans ses chefs-d’œuvre officiels, dans ses oraisons funèbres, où l’étiquette du genre vient gêner son indépendance et imposer à cet esprit si fier et si honnête des altérations assez étranges de la vérité historique, quelquefois même (chose surprenante chez un génie si simple) un langage artificiel, des formules convenues ? […] Je ne sais s’il faut attribuer ce changement à Louis XIV ; mais ce qui parait évident, c’est que chez les écrivains de la seconde génération l’inspiration est devenue moins originale et moins puissante, que la langue, plus délicate et plus souple, a perdu ce caractère de mâle vigueur qu’elle possédait chez Pascal et chez Corneille, qu’elle a conservé chez Bossuet et chez Molière, qu’elle a perdu avec Racine et Fénelon. […] Leur caractère est aussi original que leur intelligence et se reflète dans leurs écrits. […] Chose bizarre, ce siècle, qui paraît le plus érudit de notre littérature, en est le plus original : l’étude de l’antiquité, à laquelle il s’est voué, n’est pour lui que le commentaire éloquent des événemens contemporains.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 336-337 Le roi, en sortant de la première représentation des Fâcheux, dit à Molière, en voyant passer le comte de Soyecourt, insupportable chasseur : voilà un grand original que tu n’as pas encore copié.
Elle regardait cet endroit comme un trait indigne d’un si bon ouvrage, mais Molière avait son original, il voulut le mettre sur le théâtre.
Molière est l’esprit le plus original et le plus utile qui ait jamais honoré et corrigé l’espèce humaine, et Boileau même le jugeait à peu près ainsi.
De la mort comme de la vie, Voulant être le singe en une comédie, Pour trop bien réussir, il y réussit mal : Car la mort en étant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original.
Fouquet. » Sa Majesté voyant passer Monsieur de S** dit à Moliere : voilà un grand original que vous n’avez point encore copié. […] D’ailleurs le Marquis étoit la copie de plusieurs originaux de consequence, qui décrioient l’ouvrage de toute leur force. […] Elle regardoit cet endroit comme un trait indigne d’un si bon Ouvrage : Mais Moliere avoit son original, il vouloit le mettre sur le Theâtre. […] Ce secret de faire passer sur le Theâtre un caractere à son original, a été trouvé si bon, que plusieurs Auteurs l’ont mis en usage depuis avec succès. […] le Malade Imaginaire, dont on pretend qu’il étoit l’original.
Molière prenait ses originaux partout où il pouvait les trouver.
Il est donc nécessaire, loin de se borner à un seul original, d’étudier tous ceux qui se présentent, de saisir leurs traits les mieux marqués, de les réunir ensuite, & d’en faire un ensemble bien caractérisé. Un soir qu’on venoit de jouer le Mercure Galant, on demanda au célebre Préville quel étoit l’Abbé qui lui avoit servi de modele : « Je me suis bien gardé de m’attacher à un seul, dit cet acteur judicieux : j’aurois pu le bien copier, on l’auroit reconnu dans sa ville ; mais une fois éloignée de l’original, la copie n’auroit eu rien de piquant : au lieu qu’en prenant ce qui m’a frappé chez tous les petits collets, j’étois sûr de rendre le portrait ressemblant par-tout où il y auroit des Abbés ».
Le philosophe le plus original de notre temps, le moins suspect d’une vénération exagérée pour les principes de la tradition, M. […] Le goût a ceci d’original, qu’il est subordonné à l’intelligence, mais à l’intelligence à l’état vague, non pas à telle ou à telle notion précise de l’intelligence.
1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 213 Un bon bourgeois de Paris, vivant bien noblement, s’imagina que Molière l’avait pris pour l’original de son Cocu imaginaire.
Robinet283, dans sa lettre en vers du 23 novembre 1669, paraît appuyer cette anecdote lorsqu’il dit : Il joue autant bien qu’il se peut, Ce marquis de nouvelle fonte, Dont par hasard, à ce qu’on conte, L’original est à Paris.
Moliere doit ses plus grandes beautés au célebre Augustin Moreto, Auteur Espagnol : ceux de mes Lecteurs qui entendent sa langue peuvent s’en convaincre en recourant à l’original ; il suffit aux autres de lire un extrait de la comédie, dans lequel j’aurai soin de faire connoître le génie du Poëte, & celui de sa nation. […] Quant aux défauts qui sont dans l’original espagnol, Moliere les a tous évités. Il est ridicule, par exemple, qu’une Princesse collet monté comme Madame Diana fasse confidence de son amour à un plat original, un inconnu qui se présente sous le titre de Médecin d’Amour, & qu’elle le retienne tout de suite à son service.
Molière était original, et son caractère d’originalité perce sur le théâtre comme dans la société.
Les Auteurs qu’il surpassoit, les originaux qu’il peignoit, ses camarades qu’il enrichissoit, étoient ses ennemis.
En 1794, le général Grimard publia : Lettres et Mémoires choisis parmi les papiers originaux du maréchal de Saxe « et relatifs aux événements auxquels il a eu part, ou qui se sont passés depuis 1743 jusqu’en 1750, notamment en Flandre, et de 1744 à 1748 », 5 vol. in-8°.
Original jusque dans ses imitations, il a l’air, quand il emprunte, de reprendre son bien, et il fait oublier les sources auxquelles il puise. […] Si nous voulions chercher l’original d’Alceste, nous le demanderions plutôt aux confidences involontaires de Molière lui-même. […] Pour le représenter, il fallait donc faire passer devant Alceste les originaux qui le forcent à s’expliquer, par les impressions qu’il reçoit. […] Bien que parfois fâcheuses, les bizarreries de cet original n’en sont pas moins une surprise, une émotion. […] Ce serait donc se méprendre sur les causes qui expliquent une des plus originales créations de Molière, et le développement naturel de son génie.
Le seigneur qui en était l’original, fut si vivement piqué d’être mis sur le théâtre, qu’il s’avisa d’une vengeance aussi indigne de sa qualité, qu’elle était imprudente.
Je rétablis le texte, d’après l’édition originale de Mabre-Cramoisy. […] Voilà les originaux que Molière a peints avec une vérité si amusante. […] On prétendit, dans le temps, que Pourceaugnac était la peinture d’un original qui était venu s’offrir lui-même aux pinceaux de Molière. […] Robinet, dans sa gazette rimée, rendant compte de la première représentation donnée au public, s’exprime en ces termes : L’original est à Paris ; En colère, autant que surpris, De l’y voir dépeint de la sorte, Il jure, il tempête et s’emporte, Et vent faire ajourner l’auteur, En réparation d’honneur, Tant pour loi que pour sa famille, Laquelle en Pourceaugnacs fourmille. […] Elle suppose une gaîté originale ; les caractères en sont comme les grotesques de Calot, où les principaux traits de la figure humaine sont conservés.
(I)275 (I) Cette ode a été imitée depuis par tous les cuistres du Parnasse, et malgré toutes les imitations, aucune encore n’a égalé son original.
S’est-il figuré que la copie effaceroit l’original ? […] Le plaisant de ces deux traits naît du contraste qui se trouve entre la situation malheureuse des deux originaux, & les faveurs de la fortune dont ils prétendent disposer. […] Il faut être de la derniere hardiesse pour oser exposer ainsi aux yeux du public, & sur le même théâtre, la copie la plus foible à côté de l’original le plus parfait.
Nous rirons des Italiens qui, voulant absolument que Molière n’ait jamais fait autre chose que broder leurs vieux canevas, n’ont pas été plus embarrassés de trouver dans leur théâtre l’original du Tartuffe que celui du Cocu imaginaire. […] Les Sosies sont une espèce de traduction de l’Amphitryon latin ; mais l’auteur a eu le goût d’en écarter les plus mauvaises plaisanteries de l’original, et le talent d’y ajouter quelques plaisanteries excellentes dont Molière s’est emparé pour les rendre meilleures encore. […] Mais il est un point essentiel sur lequel Molière était forcé, par égard pour les opinions, ou, si l’on veut, pour les préjugés modernes, d’abandonner les traces de son original : je veux parler de la physionomie du personnage principal, d’Amphitryon. […] Voici textuellement le passage de la description des Plaisirs de l’Île enchantée : « Le soir, Sa Majesté fit jouer les trois premiers actes d’une comédie, nommée Tartuffe, que le sieur de Molière avait faite contre les hypocrites ; mais, quoiqu’elle eût été trouvée fort divertissante, le Roi connut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du ciel, et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu qui pouvaient être pris l’un pour l’autre ; et, quoiqu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres, moins capables d’en faire un juste discernement. » Cette citation est tirée de l’édition originale publiée, en 1665, par Ballard, et plusieurs fois réimprimée du vivant de Molière.
Chaque scène est un chef-d’œuvre : c’est une suite d’originaux supérieurement peints. […] Mais je ne puis m’empêcher de citer encore une de ces saillies si frappantes de vérité, qu’elles paraissent très faciles à trouver, et en même temps si originales et si gaies, qu’on félicite l’auteur de les avoir rencontrées. […] Dimanche est comique, et le morceau sur l’hypocrisie annonçait, dans l’auteur original, l’homme qui devait bientôt faire le Tartufe. […] La fausse tendresse d’une belle-mère qui caresse un mari qu’elle déteste pour s’approprier la dépouille des enfants est-elle une peinture chimérique dont l’original n’existe plus? […] Au reste, M. et Madame de Sotenville sont du nombre de ces originaux qui venaient souvent se placer sous les pinceaux de Molière, et qui dans ses moindres compositions font retrouver la main du maître.
Joignons à ces vers Latins cette épitaphe Françoisee : Cy git qui parut sur la Scene Le singe de la vie humaine, Qui n’aura jamais son égal, Qui voulant de la Mort, ainsi que de la Vie, Estre l’imitateur dans une Comedie, Pour trop bien reüssir, y reüssit fort mal ; Car la Mort en estant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original. […] C’étoit un defaut que peut-être nous ne savons pas ; c’étoit le ridicule ou de quelques faits particuliers, ou de quelque goût passager & commun en ce tems-là, mais qui nous est inconnu lors même que nous pouvons consulter les originaux.
Nous sommes convenus que cette piece, fondée sur l’invraisemblance comme l’original, ne pouvoit être bonne. […] Nous avons encore vu dans le second volume de cet ouvrage, Chapitre XIX, des Pieces intriguées par un déguisement, que cette comédie, imitée de l’espagnol, étoit passée sur notre théâtre avec tous les défauts de son modele, puisque, comme dans l’original, l’héroïne déguisée en femme y suit son amant, vit familiérement avec lui, le charme par les agréments de sa voix, & lui donne son portrait sans en être reconnue, quoiqu’elle ait déja été très bien avec lui sous l’habit de femme.
Ce sont des portraits de la Nature qui peuvent passer pour originaux. […] Après le succès de cette Pièce, on peut dire que son Auteur mérite beaucoup de louanges pour avoir choisi, entre tous les sujets que Straparole lui fournissait, celui qui venait le mieux au temps, pour s’être servi à propos des mémoires que l’on lui donne tous les jours, pour n’en avoir tiré que ce qu’il fallait et l’avoir si bien mis en Vers et si bien cousu à son sujet, pour avoir si bien joué son Rôle, pour avoir si judicieusement distribué tous les autres et pour avoir enfin pris le soin de faire si bien jouer ses compagnons que l’on peut dire que tous les Acteurs qui jouent dans sa Pièce sont des originaux que les plus habiles Maîtres de ce bel Art pourront difficilement imiter.
La scene imitée est meilleure que la scene originale. […] L’Avare original est si sublime dans cette scene ! […] Quelqu’un de mes Lecteurs se donnera peut-être la peine de fouiller dans les originaux italiens ; je dois l’avertir de ne pas être surpris s’il y trouve quelquefois des personnages qui ne portent pas le nom que je leur donne. […] Le Traducteur a renchéri, je crois, ici sur son original : l’enthousiasme lui suggere de faire une dépense qu’il supprime par réflexion, en voyant qu’elle ne serviroit à rien.
Ce premier trait, cette première copie de Tartuffe, sans retouches, sans altérations, nous ne l’avons pas, et il faut démêler l’idée originale entre les lignes d’une troisième édition reprise et amendée. […] Malheur irréparable, car ce Tartuffe original, c’était le vrai. […] Il fallait, pour que Tartuffe passât, le distinguer soigneusement des célèbres originaux dont il était la copie générale ; protester que bien loin d’avoir voulu peindre le Père, directeur et confesseur, le dévot, l’homme d’église, c’était seulement la contrefaçon de tout cela qu’il avait prétendu exposer à nos rires ; et il força le type dans le sens de l’exception ; il en fit un aventurier sans le sou, un chevalier d’industrie, exerçant sous masque de saint : un fourbe, un scélérat : le Tartuffe devint l’Imposteur. […] La malle de Molière a disparu, je vous l’ai dit, comme celle de plus d’un autre, comme celle de ce fou de Cyrano, son condisciple en Gassendi, un vert et original penseur, dont l’Histoire comique renferme des pages surprenantes de hardiesse. […] On voulut même, comme pour le Misanthrope, trouver l’original de Tartuffe ; et l’abbé Roquette, à ce qu’assure Mme dé Sévigné, demeura toute sa vie affublé de ce nom.
Soleirol, mérite sous ce rapport une mention particulière : on n’y comptait pas moins de cent vingt-neuf peintures et dessins*consacrés à Molière, tous originaux, cela va de soi ; le digne commandant, proie sans défense pour les brocanteurs, achetait tout ce qu’on lui apportait, adoptait toutes les attributions, et en inventait lui-même au besoin. Presque aussi dénué de critique, quoique érudit de profession, Paul Lacroix se montrait cependant un peu moins large : dans son Iconographie moliéresque, il n’admettait, comme originaux, que vingt-cinq portraits peints et neuf gravés. […] D’abord, quoi qu’en dise Mlle Poisson, — qui, en 1740, à près de soixante-quinze ans, traçait de mémoire le portrait d’un original vu par elle à sept ans, — Molière n’avait pas « la taille plus grande que petite, » mais justement le contraire : il était plus petit que grand. […] C’est un dangereux personnage ; il y en a qui ne vont point sans leurs mains ; mais l’on peut dire de lui qu’il ne va point sans ses yeux ni sans ses oreilles. » Malgré l’intention satirique du morceau, malgré le sens haineux de la phrase finale, où Molière est comparé aux voleurs qu’il faut surveiller, l’original ainsi vu par l’auteur de Zélinde avait tant de relief qu’il a suffi de le crayonner d’une main assez lourde pour tracer un croquis où éclate la vérité. […] Lui-même, en effet, jouait assidûment Corneille, il le prit pour collaborateur dans Psyché, il représenta d’original Bérénice et Attila, en payant ces deux pauvres pièces 2, 000 livres chacune ; et jamais encore droits d’auteur n’avaient atteint ce chiffre.
Ci gist qui parut sur la scene Le singe de la vie humaine, Qui n’aura jamais son égal ; Qui voulant de la mort, ainsi que de la vie, Etre l’imitateur dans une comedie, Pour trop bien réussir, y réussit fort mal : Car la mort en étant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original.
Sa Majesté, voyant passer Monsieur de S** dit à Molière : voilà un grand original que vous n’avez point encore copié. […] Elle regardait cet endroit comme un trait indigne d’un si bon Ouvrage : Mais Molière avait son original, il voulait le mettre sur le Théâtre. […] Ce secret de faire passer sur le théâtre un caractère à son original, a été trouvé si bon, que plusieurs Auteurs l’ont mis en usage depuis avec succès. […] Bien loin que ce Bourgeois ait servi d’original à Molière pour sa pièce ; il ne l’a connu ni devant, ni après l’avoir faite ; et il est indifférent à mon sujet que l’aventure de ce Chapelier soit arrivée, ou non, après la mort de Molière. […] Dix mois après son raccommodement avec sa femme il donna, le 10 de Février de l’année 1673, le Malade Imaginaire, dont on prétend qu’il était l’original.