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18. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Celui qui, au lieu de placer le dénouement à la fin d’un drame, ou n’en fait point, ou le met au milieu de la piece, fait voir une statue sans tête, ou une tête très mal placée. […] Heureusement pour eux, un jeune homme instruit, & qui ne craint pas de déroger en le paroissant, éleve la voix, expose l’avant-scene, rend compte du but de l’Auteur, rapporte en passant quelques détails saillants, s’étend sur les principaux événements qui conduisent au dénouement, & met ses auditeurs à portée de juger par eux-mêmes du juste mérite de l’ouvrage. […] Saura-t-il distinguer & saisir les ressorts principaux d’un drame pour les rendre avec plus de force, & les faire sentir davantage, à mesure qu’ils sont plus nécessaires à l’intelligence, à la marche, au dénouement de la grande machine ? […] Nous traiterons ainsi toutes les diverses parties du drame comique jusqu’au dénouement inclusivement ; & nous appuierons nos raisonnements par des exemples pris chez les meilleurs Auteurs comiques.

19. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

En langage de littérature dramatique, on appelle l’honnête homme de la pièce, non pas précisément le personnage le plus vertueux, mais le personnage qui, étant exactement opposé à celui dont on joue le vice ou le ridicule, obtient au dénouement le triomphe dû à la probité ou à la raison. […] La comédie des Fourberies de Scapin a donc les deux caractères principaux d’une comédie grecque ou romaine, puisqu’un valet, Scapin, est la cheville ouvrière de l’action, et que le dénouement consiste dans la reconnaissance de deux jeunes filles, ravies depuis longtemps à l’amour de leurs pères, et que des incidents inattendus remettent entre leurs bras. […] Voilà pourquoi l’action des Fourberies de Scapin se passe à Naples, de même que celle de L’Étourdi se passe à Messine, de même aussi qu’il est question de Naples dans le dénouement de L’Avare. […] Au surplus, ces deux intrigues sont entrelacées habilement par le fourbe qui en tient les fils, et elles aboutissent à un dénouement commun, où chacun des deux pères, retrouvant une fille, trouve un gendre dans chacun des deux fils et des deux amants. Ce dénouement n’est qu’à moitié celui du Phormion, où l’un des deux jeunes gens, du consentement de son père et de sa mère, reste en possession de sa courtisane, sans que celle-ci change d’état ni de mœurs.

20. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

L’intrigue est simple et facile, moins le dénouement qui est un peu péniblement amené et auquel on veut assez que Molière n’a attaché aucune importance. […] Je ne puis que répéter après lui que le dénouement de l’École des maris, vraisemblable, naturel, tiré du fond de l’intrigue et, ce qui vaut bien autant, extrêmement comique, est le meilleur des pièces de Molière. […] C’est un drame très noir qui se termine en comédie par un dénouement accidentel. […] Il relègue l’extraordinaire dans ses dénouements et l’on sait comme il les bâcle. […] Elle n’a rien dit, selon son habitude, depuis deux actes ; au dénouement heureux et quand on est débarrassé de Tartuffe, tout le monde a son exclamation ; Dorine en bonne chrétienne : « Que le ciel soit loué ! 

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Pour que les pieces de ce genre soient bonnes, il faut que l’événement sur lequel l’Auteur veut bâtir son intrigue soit premiérement très naturel, très vraisemblable ; qu’il soit ensuite connu par un très petit nombre d’acteurs ; & qu’un mot, en dévoilant tout le mystere, puisse amener un dénouement prompt & facile. […] Il est ignoré de la plus grande partie des acteurs, & il est tel par sa nature, qu’en cessant d’être ignoré, il amene naturellement le dénouement ; mais il peche par l’endroit le plus essentiel, il n’est point vraisemblable.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Le dénouement de cette piece est tout-à-fait calqué sur celui du Pédant joué, de Cyrano. […] Le dénouement de Cyrano & celui de Moliere sont les mêmes, à quelque petite chose près. […] C’est dommage que le dénouement, quoique plus honnête que celui de Moliere, soit aussi insipide que l’autre est plaisant ; que le caractere de Pantalon ne soit pas décidé comme celui de Sganarelle ; que Rosaura ait un rôle aussi monotone, aussi ennuyeux, aussi long ; & que, pouvant amener le dénouement d’un mot, elle laisse languir la piece pendant trois grands actes.

23. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Le plan est la manière dont l’auteur fait agir ses personnages, les met en situation ; il doit contenir l’exposition, le nœud et le dénouement. […] Si Molière n’a pas été heureux dans les dénouements de toutes ses pièces, dans plusieurs aussi il a triomphé de toutes les entraves que l’art semble avoir créées pour le désespoir des hommes ordinaires, et qui servent souvent à augmenter la gloire du génie. […] Le nœud est le centre où aboutissent tous les fils que dirige la main de l’auteur : il représente le moment où l’action est le plus compliquée ; mais, à partir de ce point, tout doit tendre à préparer le dénouement. Le dénouement que les anciens appelaient catastrophe, est l’instant où tout s’explique, se découvre, s’éclaircit : il faut qu’il naisse, qu’il découle du sujet même.

24. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Le dénouement est amené d’une manière très-satisfaisante, et par un aveu de Célie, qui met dans tout son jour la sensibilité de son cœur, sa tendresse pour son mari dont elle n’a pu soutenir l’affliction, et la pureté des motifs qui la faisaient agir. […] Le dénouement est comme celui de presque tontes les comédies de Térence, une reconnaissance de roman, mais cependant mieux amenée que celle de l’Eunuque du même auteur, que Brueys a conservée dans le Muet. […] Enfin le dénouement est heureux ; il l’a tiré d’une fable de La Fontaine, intitulée le Berger et le Roi, et l’usage qu’il en a fait est intéressant et théâtral. […] Il est bien intrigué et bien dénoué : se servir d’une prêteuse sur gages pour amener le dénouement d’une pièce qui s’appelle le Joueur, et faire mettre en gage par Valère le portrait de sa maîtresse à l’instant où il vient de le recevoir, est d’un auteur qui a parfaitement saisi son sujet : aussi Regnard était-il joueur. […] L’intrigue est peu de chose : le dénouement ne consiste que dans une fausse lettre, moyen usé depuis les Femmes savantes; et ce n’est pas la seule imitation de Molière, ni dans cette pièce, ni dans les autres de Regnard : il y en a des traces assez frappantes.

25. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Le triomphe de la liberté, voilà le dénouement, voilà la victoire ; la victoire est une harmonie achetée. […] On a reproché à Molière la faiblesse de ses dénouements. […] Il fallait lui reprocher d’avoir ignoré l’essence même du dénouement, c’est-à-dire l’invasion de l’idée planant sur les faits, les ramenant à elle, les illuminant, les pacifiant, les transfigurant.

26. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

La dernière scène du Vecchio geloso revient sur l’aventure dont Pantalon a été la victime, et en tire le dénouement par un moyen des plus singuliers et des plus hardis : « Pasqualina fuggendo da Gratiano il quai la vuole abbracciare, Burattino si pone in mezzo ; Pasqualina racconta come Gratiano gli ha tolto l’honore per forza ; Gratiano si scusa con dir’ d’esser stato tradito e che non puo parlare per all’hora, ma che ne fara vendetta. […] Enfin Chrisoforo, malgré toutes ses fourberies, triomphe, et lui aussi se marie avec une suivante de Lucida ; Lucida devient la femme légitime du vieux Polidoro, ce qui ne fait pas moins de quatre mariages au dénouement. […] Tout dans le début était infernal ; tout est divin dans le dénouement. » Le second sonnet est adressé à Saint-Sylvain, autre comédien converti : « Scènes, quittez vos antiques honneurs !

27. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Trop de complication dans le nœud, & peu de vraysemblance dans le dénouement. […] Le fonds en devoit être une dissertation, & n’admettoit par conséquent ni intrigue ni dénouement ; mais Moliere ne s’écarte jamais de l’objet que doit avoir un auteur comique, quelque genre qu’il mette sur la scéne. […] C’est une comédie d’intrigue, dont le dénouement a quelque ressemblance avec celui de l’école des maris, du moins par rapport au voile qui trompe Dom Pédre dans le sicilien, comme il trompe Sganarelle dans l’école des maris. […] L’éloge de Louis XIV, placé à la fin de la piéce, dans la bouche de l’éxemt, ne peut justifier, aux yeux des critiques, le vice du dénouement. […] Un astrologue, dont l’artifice démasqué sert à détromper les grands d’une foiblesse qui fait peu d’honneur à leurs lumiéres, dédommage en partie de la singularité peu vraysemblable d’un dénouement machinal.

28. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Molière avait besoin, pour son dénouement, d’amener sans invraisemblance tous les personnages chez Valère. […] Le dénouement de L’École des Femmes est sans lien avec les caractères. […] pas même un mariage au dénouement ! […] Voilà le dénouement. […] Ce méchant poète est un cupide qui convoite la dot plus que la fille : il est découvert ; voilà le dénouement.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Les dénouements des deux pieces comparés. […] Dans la piece nouvelle, le dénouement est plus marqué, puisqu’on marie Valere avec Henriette, & qu’on force M.  […] & ce dénouement forcé ne range-t-il pas l’ouvrage dans la classe des farces, malgré la bonne volonté que nous aurions de le mettre au-dessus ? […] L’exposition & le dénouement sont tout-à-fait à la latine : une fille perdue & retrouvée en fait tous les frais, l’intrigue est tout-à-fait à l’italienne.

30. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

La fable particulière de George Dandin est empruntée à deux Nouvelles de Boccace : l’une a donné l’idée de la principale scène du second acte, et l’autre a fourni le sujet du dénouement. […] De ce recueil de contes, assez semblable aux Mille et Une Nuits, Boccace a tiré plusieurs de ses Nouvelles, et entre autres, celle dont Molière a fait son dénouement. […] Mais il n’y avait pas là d’intrigue, de nœud, de dénouement, conséquemment pas de pièce ; il en fallait trouver une, et c’est Molière que ce soin regardait : la chose était en bonnes mains. […] De cette idée dramatique commune aux deux pièces, sort un dénouement commun, mais dont les moyens et les circonstances diffèrent. […] L’exacte coïncidence de ces deux aventures, l’une imaginaire, l’autre réelle, mais toutes deux semblables, au dénouement près, méritait d’être remarquée par l’histoire littéraire.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Titres qui annoncent en même temps l’Intrigue & le Dénouement. […] Si l’un des caracteres est subordonné à l’autre, le titre ne doit annoncer que le caractere dominant : si au contraire les deux caracteres sont de la même force, s’ils partagent également l’intérêt, la curiosité, s’ils concourent également à l’intrigue, au dénouement, c’est un défaut essentiel dans la piece, comme nous le remarquerons quand il sera question de l’art de traiter les caracteres ; & l’Auteur ne le corrige pas en l’avouant.

32. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

On lui a reproché encore ses mauvais dénouements. Mais quand le plaisir du spectateur n’est pas fondé sur l’intérêt, qu’importe le dénouement ?

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Quatrièmement, les fourberies des frippons d’Athenes & de Rome ne tiennent pas l’une à l’autre, & ne servent presque jamais à rien, puisqu’elles ont besoin que le hasard amene un dénouement qu’elles auroient dû faire. […] Combien de comédies où l’acteur qui est l’ame de la machine, celui qui a tout mis en mouvement pendant quatre actes, se trouve n’avoir rien fait à la fin, puisque les différents ressorts qu’il a employés ne concourent pas au dénouement !

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Prologues qui instruisent les spectateurs du sujet, de l’intrigue, du dénouement d’une piece, &c. […] Si je trouve ridicule qu’on m’expose l’avant-scene avant que la piece commence, je dois bien plus blâmer les Auteurs qui m’instruisent à fond du sujet, de l’intrigue & du dénouement. […] Quelques Auteurs ont fait des prologues qui ont un titre, une exposition, une intrigue, un dénouement ; & le plaisant de tout cela, est que plusieurs de ces choses manquent souvent à la piece qui les suit.

35. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

L’Antigone, avec son dénouement ensanglanté, Les Euménides, avec leur pacification finale, nous montrent la tragédie dans toute sa pureté. […] Ces sentiments sont en petit nombre ; leur conflit n’est jamais qu’un duel ; les événements extérieurs ne peuvent pas empêcher la lutte de courir à son dénouement nécessaire, le retour du Divin à l’unité absolue de son essence : de là la simplicité du drame grec. […] Ainsi, le dénouement du drame comique me montre le triomphe réel de la personne humaine dans sa destruction apparente, et le dénouement du drame tragique m’avait montré le triomphe réel aussi du Divin dans sa destruction également apparente. […] Ce qui dans le dénouement tragique est détruit, c’est seulement la particularité exclusive… Au-dessus de la simple terreur et de la sympathie tragiques plane le sentiment de l’harmonie que la tragédie maintient en laissant entrevoir la justice éternelle qui, dans sa domination absolue, brise la justice relative des fins et des passions exclusives, parce qu’elle ne peut souffrir que le conflit et le désaccord des puissances morales, harmoniques dans leur essence, se continue victorieusement et conserve une existence réelle et vraie. […] La nécessité qui apparaît dans le dénouement n’est pas un aveugle destin, un fatum sans raison ni intelligence.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. M. GOLDONI. » pp. 468-479

Allons, cherchez-lui une place, & je paierai ; je ne veux pas d’un Jardinier tourné comme un Z. » La derniere fois qu’on donna le Festin de Pierre aux Italiens, Madame Baccelli, Actrice sublime lorsqu’elle est en situation, qui a l’art de varier continuellement toutes les scenes jouées à l’inpromptu, & sur-tout de leur donner un caractere, en fit une qui, selon moi, n’auroit pas déparé le dénouement du Bourru bienfaisant. […] Nous remarquerons encore sur-tout que Regnard, si inférieur à Moliere du côté du style, des plans, des dénouements, de la morale, des caracteres, du comique même, ne marche, de l’aveu de tout le monde, immédiatement après lui que parcequ’il l’a singé, qu’il a déridé le front de ses auditeurs.

37. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

124 Trop de complicité dans le nœud, et peu de vraisemblance dans le dénouement ; mais une source de vrai comique, et des traits également ingénieux et plaisants. […] Cette pièce simple, claire, est féconde en incidents, qui développés avec art, amènent un des plus beaux dénouements qu’on ait vu sur le théâtre français.

38. (1717) Molière (Grand Dictionnaire historique, éd. 1717) [graphies originales] « article » p. 530

Mais l’ordonnance de ses Comédies est toujours défectueuse en quelque chose, et ses dénouements ne sont point heureux. » Il ne faut pas confondre ce Poète avec un autre Molière, qui vivait en 1620 et qui a composé diverses Pièces de Théâtre, la Polyxene, des Épîtres, etc.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

La peine inutile que les uns prennent pour arranger cinq à six scenes sans suite & sans dénouement, l’estime, la vénération que les autres ont pour ces ouvrages décousus, prouvent assez que l’envie fait parler les premiers, & que leurs admirateurs ne connoissent ni les difficultés ni le mérite du genre qu’ils méprisent.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Parfait disent, dans leur Histoire du Théâtre François, que le dénouement est pris d’un Conte de la Fontaine, intitulé le Cocu battu & content. […] Quant au dénouement de la comédie, comment MM.  […] Concluons donc que d’Ancourt doit son intrigue à la Fontaine ou à Bocace, aussi est-elle bonne ; & qu’il ne doit le dénouement qu’à lui, aussi n’est-il pas merveilleux. Avouons cependant qu’il a quelque mérite d’avoir lié le dénouement à l’intrigue par le déguisement de M.  […] D’Ancourt a lié l’intrigue au dénouement par le moyen de Clitandre amoureux de Colette, niece de Julienne, qu’il épouse à la fin.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

On consacre le premier à l’exposition, le second à l’intrigue, le dernier au dénouement. […] Enfin il est clair que si une scene doit avoir son exposition, son intrigue, son dénouement, chaque acte doit avoir aussi toutes ces parties bien distinctement marquées.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Deux intrigues ne sont permises dans une piece que lorsqu’elles sont totalement unies, qu’elles font toutes les deux marcher le même intérêt, & concourent ensemble au même dénouement. […] Voilà deux intrigues si opposées, & cependant si bien liées ensemble, qu’elles se donnent mutuellement du ressort ; que loin de détourner le spectateur de l’intérêt qu’il ressent pour les jeunes amants, elles l’augmentent en se croisant mutuellement & en concourant à un seul dénouement.

43. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ce ne fut qu’au dix-huitième siècle que ce comédien fît un extrait de la pièce de Nicolo Secchi dans ce dessein, et la fit représenter plusieurs fois sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, sous le titre de La Creduta maschio (la Fille crue garçon), avec un nouveau dénouement que son auteur raconte ainsi : « Lelio, sous le nom de sa sœur Virginia, écrit un billet à Fabio, en lui demandant pardon de n’avoir point avoué devant son père la secrète intelligence qui existe entre eux, et lui donne à l’ordinaire un rendez-vous dans sa chambre pour la soirée prochaine. […] Après quelques récriminations de Ricciardo, tout s’arrange à l’amiable. » Quoique Riccoboni nous apprenne que ce dénouement fut trouvé plus piquant et mieux amené que celui de L’Interesse et du Dépit amoureux, il ne faut point, à l’exemple de Cailhava, reprocher à Molière de ne s’en être point servi, puisque ce nouveau dénouement ne fut imaginé que bien longtemps après la mort de Molière.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Riccoboni s’est trompé : on ne peut absolument pas compter l’Amphitrion parmi les pieces intriguées par le hasard ; le hasard n’y préside ni au principe de l’action, ni aux incidents, ni au dénouement, & il s’en faut bien que les personnages n’aient aucun dessein de traverser l’action. […] Après avoir prouvé que les pieces citées par Riccoboni ne sont nullement intriguées par le hasard, ajoutons que les pieces dans lesquelles le hasard présideroit seul au principe, à l’intrigue & au dénouement, seroient aujourd’hui très peu estimées, & le mériteroient.

45. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Dans les pièces de ce genre, qui sentent un peu le carnaval, les personnages se livrent à une course folle les uns après les autres, et le dénouement a lieu au milieu d’un tumulte extravagant ; elles supposent une verve endiablée chez tous les acteurs. […] il n’est pas rare qu’au dénouement, les Isabelle, les Flaminia, les Flavio et les Oratio arrivent sur le théâtre in camiscia.

46. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

L’intervention du monarque dans un dénouement impossible sans que son autorité fût mise en jeu amenait son éloge presque sans effort : ainsi le poète sut concilier ce qu’il devait à l’art et ce qu’il devait au roi ; il plaçait le génie sous l’égide du pouvoir, et, par un accord qui semblait impossible, il liait pour ainsi dire la circonstance à toute la durée de l’avenir. […] Le dénouement du Tartuffe restera debout à travers les vicissitudes des empires et les révolutions des âges. […] Le dénouement du Tartuffe consacre deux souvenirs glorieux pour Louis XIV ; il rappelle que, s’il était l’ennemi de la fraude, il était le protecteur du génie ; en battant des mains, le public le remercie d’avoir flétri l’hypocrisie, et d’avoir honoré le talent ; dans le prince qui permit le Tartuffe, il applaudit encore le roi qui vengea Molière. […] Le changement le plus remarquable de tous est à coup sûr celui que Molière a fait au dénouement, dans ce fameux passage : Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude. […] Dans ces jours de fièvre et de délire, le mot de roi était proscrit jusque sur la scène, et le dénouement du Tartuffe fut mutilé par les nouveaux Vandales, comme tant d’autres monuments.

47. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

S’il en était ainsi, on pourrait soutenir que Molière n’a conservé le dénouement que par respect pour la tradition et par acquit de conscience, que son but a été de nous peindre un athée galant homme, un peu léger de mœurs (mais y a-t-il là de quoi pendre un homme ?) […] » L’auteur des Observations accusait à ce propos Molière « de braver la justice du ciel avec une âme de valet intéressé… Voilà le dénouement de la farce !  […] Il semble donc que, pour Molière comme pour Sganarelle, le dénouement n’est pas quelque chose de très sérieux, que c’est un foudre en peinture puisqu’il ne fait pas même peur à un valet grossier et superstitieux. […] Ce qui importe dans le dénouement de Don Juan, c’est que l’impie soit puni, c’est que le sacrilège et la méchanceté n’aient pas le dernier mot. […] Le dénouement des deux pièces est semblable : comme Célimène, la baronne d’Ange est démasquée, humiliée.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Dans les pieces à caractere, le titre doit annoncer le caractere du héros ; l’exposition doit l’ébaucher ; toutes les scenes, même la plus petite, doivent le peindre, & le dénouement doit lui donner le dernier coup de pinceau. […] Une tirade seule de l’oncle avare vaut tout le rôle du Dissipateur, si l’on en excepte le dénouement.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

A la vérité l’Auteur moderne, en saisissant cette idée, a changé le reste de l’intrigue, le dénouement, & les autres personnages ; & l’on doit d’autant plus excuser cette faute, où il n’est tombé que cette seule fois ». […] Il ne faut pas oublier que le dénouement d’Attendez-moi sous l’orme est pris du Soldat fanfaron, de Plaute.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Dans Plaute, Jupiter, pour nous dire la même chose, débite un long monologue, dans lequel, crainte que nous ne nous intéressions trop à la piece, & que nous ne soyons aiguillonnés par la curiosité, il nous répete encore tout ce qui arrivera & comment se fera le dénouement. […] Dénouement. […] Ce dénouement paroîtra d’abord le même ; mais on ne tardera pas à sentir tous les défauts de l’original, & le mérite qu’il y a à les avoir évités.

51. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Le dénouement achève la leçon. […] On a reproché à Molière quelques dénouements semblables : c’est un défaut, sans doute, et il faut tâcher de l’éviter; mais je crois cette partie bien moins importante dans la comédie que dans la tragédie. […] Le seul défaut de celle de Molière est de finir par un roman postiche, tout semblable à celui qui termine si mal l’Ecole des Femmes ; et il est reconnu que les dénouements sont la partie faible de l’auteur. […] Le seul reproche qu’on ait fait à cette inimitable production, c’est un dénouement amené par un ressort étranger à la pièce ; mais je ne sais si cette prétendue faute en est réellement une. […] Je conviens que ce dénouement n’est pas conforme aux règles ordinaires; mais dans un ouvrage où le talent de Molière lui avait appris à agrandir la sphère de la comédie, l’art pouvait lui apprendre aussi à franchir les limites de l’art ; et si dans ce dénouement il a le plaisir de satisfaire sa reconnaissance pour Louis XIV, il y trouve un moyen de satisfaire en même temps l’indignation du spectateur.

52. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

La méprise des deux provinciales, leur empressement pour deux valets travestis, les coups de bâton qui font le dénouement, exagerent sans doute le mépris attaché aux airs & au ton précieux ; mais Moliere, pour arrêter la contagion, a usé du plus violent remede. C’est ainsi que dans un dénouement qui a essuyé tant de critiques, & qui mérite les plus grands éloges, il a osé envoyer l’hypocrite à la greve. […] Par exemple, il n’y a qu’une façon de renvoyer de dessus la scene un scélérat qui fait gloire de séduire une femme pour la deshonorer : ceux qui lui ressemblent trouveront mauvais le dénouement ; tant mieux pour l’auteur & pour l’ouvrage. […] Livius Andronicus, grec de naissance, leur montra la comédie à-peu-près telle qu’elle étoit alors à Athènes, ayant des acteurs, une action, un noeud, un dénouement, c’est-à-dire les parties essentielles. […] Dans la tragédie le dénouement a un effet qui reflue sur toute la piece : s’il n’est point parfait, la tragédie est manquée.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Comme il n’est question dans ce Chapitre que de l’action de la piece, depuis l’arrivée du premier personnage jusqu’au dénouement exclusivement, nous passons tout de suite à la troisieme scene du premier acte. […] Nous touchons au dénouement ; &, comme je l’avois dit, Harpagon a toujours été sur la scene, ou bien il y a toujours été question de lui.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Il prend fantaisie à Damon de faire une piece ; il pille, il arrange sept à huit scenes maigres, décharnées, qu’il coud au hasard à une espece d’intrigue sans exposition, sans liaison, sans dénouement ; il donne à cela le titre de comédie. […] Enfin, si le dénouement de la Nouvelle est tragique, celui de la comédie n’est rien moins que comique : il n’a d’ailleurs aucune des autres qualités nécessaires ; il ne surprend pas, puisqu’on le devine dès le commencement de la piece ; il est encore moins moral. […] Julie, froide, insipide, ne se réchauffe que pour faire le dénouement : Evandra, la sensible Evandra, est toujours attachante ; elle respire continuellement l’amour le plus pur, la tendresse la plus délicate ; c’est la passion elle-même qui parle par sa bouche, elle la fait passer dans l’ame du spectateur ; tous desirent une maîtresse qui lui ressemble.

55. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Dénouement du Festin de Pierre. […] Dénouement du Tartuffe.

56. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Un double nom porté par un des personnages, voilà tout le nœud de l’action : ce nom révélé par hasard à un autre personnage qui l’ignorait, en voilà tout le dénouement. […] Dans cette suite de scènes qui semblent naître fortuitement les unes des autres, il existe cependant un nœud, et par conséquent il en résulte un dénouement. […] Voilà le dénouement. […] Au reste, Molière n’a dû, soit au chevalier de Grammont, soit au théâtre italien, que le dénouement de sa pièce : la pièce elle-même est dans Rabelais, dont, ainsi que La Fontaine, il faisait ses délices et son profit.

57. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

C’est donc là un dénouement qui n’est ni naturel ni préparé. […] Rien ne languit, rien ne s’arrête, il n’y a ni moyens ni incidents étrangers, et la seule chose qu’on puisse reprocher à cette pièce, c’est un dénouement un peu arbitraire qui s’opère par une reconnaissance. […] On convient généralement que le dénouement en est mauvais, parce qu’il est amené par un ressort étranger à la pièce ; il est encore blâmable sous un autre rapport, c’est que la situation de cet Orgon, sur le point d’être expulsé de chez lui et jeté en prison, fait naître l’idée d’un danger réel et bien différent de l’embarras ridicule où le poète comique aurait eu le droit de le plonger, pour le punir de son aveugle confiance. […] De petites passions sont mises en jeu par de petits ressorts, soumises à de petites épreuves, et l’on avance à petits pas vers le dénouement.

58. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Il écarte les accessoires étrangers à l’action, et tous ces incidents minutieux, importuns, qui entravent dans la vie réelle le cours des grands événements, afin de concentrer toute l’attention des spectateurs sur le dénouement où il précipite le drame. […] Il est dans la contexture du drame où tout se lie, où tout se tient comme les scènes d’une tragédie34 ; il est dans l’esprit de ces pièces qui s’appellent pourtant des comédies, et qui toutes ont la prétention de dogmatiser et d’être pratiquement utiles35 ; il est enfin dans leur dénouement, car où est celle qui ne se termine pas par un mariage36 ? […] Les critiques français eux-mêmes m’abandonnent le dénouement du Dépit amoureux, celui de L’École des femmes, celui du Tartuffe, celui de L’Avare, et tant de reconnaissances maladroitement préparées, ou de ressorts étrangers à la pièce, qui interviennent au dernier acte, comme un Deus ex machina. […] Rappelons-nous que les manuscrits de l’Aulularia sont mutilés, que le dénouement tout entier manque, et dans ces conditions désavantageuses comparons L’Avare de Molière à La Marmite de Plaute. […] Quant à Tartuffe lui-même, le théâtre tout entier n’a point de personnage moins gai que ce scélérat, qui fait passer le pauvre Orgon par « une alarme si chaude, » que le dénouement de cette prétendue comédie allait être tragique, si Molière ne s’était avisé à temps que Louis XIV était « un prince ennemi de la fraude ».

59. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Ces catastrophes domestiques fournissaient habituellement aux comiques grecs leurs nœuds, leurs péripéties et leurs dénouements. […] On a loué et blâmé les dénouements de Molière avec un égal défaut de discernement. […] Le dénouement est bon et nécessaire : la pièce n’en peut avoir un autre, et il est celui qu’elle doit avoir. […] Au reste, l’extrême importance attachée au mérite d’un dénouement est un des raffinements, une des exigences de notre goût moderne. […] Il y a le dénouement de l’action ; il y a aussi le dénouement du sujet, c’est-à-dire de la partie comique et morale de l’ouvrage.

60. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Mais il est certain qu’on n’en peut juger de cette sorte sans prendre le nœud pour le dénouement ; et si je puis me servir de l’exemple d’Héraclius, tout ce qui se passe avant le quatrième acte ne tient lieu que de préparatifs pour mettre Phocas entre deux princes, dont il sait que l’un est son fils, et l’autre celui de Maurice, sans qu’il puisse connaître lequel des deux est l’ennemi dont il a juré la perte, et c’est ce qui en fait le nœud. […] On y trouve des personnages froids, des scènes peu liées entre elles, des expressions peu correctes ; le caractère de Lélie n’est pas même trop vraisemblablea, et le dénouement n’est pas heureux ; le nombre des actes n’est déterminé à cinq que pour suivre l’usage qui fixe à ce nombre les pièces qui ont le plus d’étendue, mais ces défauts sont couverts par une variété et par une vivacité qui tiennent le spectateur en haleine, et l’empêchent de trop réfléchir sur ce qui pourrait le blesser. […] Trop de complication dans le nœud, et trop peu de vraisemblance dans le dénouement : cependant on y reconnaît dans le jeu des personnages une source du vrai comique ; pères, amants, maîtresses, valets, tous ignorent mutuellement les vues particulières qui les font agir : ils se jettent tour à tour dans un labyrinthe d’erreurs, qu’ils ne peuvent démêler.

61. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Le salon de Célimène est déserté : voilà le dénouement. […] Car une action si fortement liée suppose nécessairement une conception générale du sujet, le dessin définitif des caractères, et la prévision très nette d’un dénouement appelé par la logique même de l’intrigue. […] Mais cet épisode n’est ici qu’un accessoire, et le dénouement souriant de l’intrigue prouve que le peintre ne voulait point donner à son badinage la portée d’un réquisitoire social. […] Le dénouement, chacun le connaît : le vrai voleur, c’est l’esclave de Lyconide, le séducteur de Phédra. […] Ce dénouement est excellent ; car il ne répugne point à la vraisemblance, et laisse à chacun son caractère.

62. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Le dénouement, par la destruction des personnalités engagées dans l’action, fait cesser la discorde allumée entre les puissances morales, et l’unité divine de leur idée sort triomphante d’entre les ruines. […] Le dénouement en est artificiel. […] Que s’ils imaginent, sous une forme positive, un dénouement plus naturel, et un personnage aussi méprisable, mais plus gai, leur imagination n’est qu’un souvenir : ce dénouement, c’est celui de quelque autre chef-d’œuvre, et ce drôle, ce sera Falstaff, par exemple.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Voilà par conséquent Durval qui, aux yeux du spectateur, agit, dès ce moment, pour lui & pour son ami : l’intrigue, l’action, l’intérêt, tout devient double ; le spectateur verra un double dénouement, ou il n’en verra aucun.

64. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Ces œuvres d’auteurs étaient des imitations confuses ; l’invention n’y atteignait qu’à la bizarrerie, et l’originalité en était plus absente que de la Farce grossière, dont « trois ou quatre diables volant en l’air, vous infectant d’un bruit de foudre », comme disait Bruscambille, faisaient le dénouement.

65. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

La Fronde, dans ses jeux parodiant la Ligue, Jusques au dénouement de sa bizarre intrigue Déroula devant toi son long imbroglio, Spectacle pour Thalie apprêté par Clio, Et de ton Étourdi dans ce drame frivole Tu vis plus d’un acteur anticiper le rôle.

66. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Il fait voir ensuite que l’Auteur François égale presque la pureté de la diction de Terence, & qu’il le passe de bien loin dans le dénouement.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Il faut que la diction d’une comédie soit, comme toutes ses autres parties, assujettie aux regles de la nature & de la vraisemblance, qui, devant régler & conduire l’action d’une fable, sans perdre un instant de vue l’intrigue, les caracteres, le dénouement, &c. ne doivent pas moins présider l’une & l’autre à la diction. […] Il étoit réservé à un siecle aussi futile, aussi léger, aussi inconséquent que le nôtre, de préférer la double intrigue des six comédies de Térence, leur monotonie dans l’exposition, dans la marche, dans les dénouements, & leur froide symmétrie, au comique inconcevable & varié qui regne dans les vingt comédies de Plaute ; & cela seulement parceque le premier est plus châtié, plus élégant.

68. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

C’est ici que se pose la question souvent discutée des dénouements de Molière, lis ont paru, de nos jours surtout, artificiels et faibles. Remarquons d’abord que les dénouements comme celui de l’Avare, avec reconnaissance d’enfants enlevés par des pirates, étaient peu invraisemblables au XVIIe siècle. […] Et les erreurs ou les doutes sur la filiation étaient fréquents, à une époque où l’état civil n’était pas tenu officiellement : un très grand nombre de procès de ce temps en font foi. — On a voulu voir dans ces dénouements, dont on doit, malgré tout, reconnaître l’infériorité, un calcul  : ils seraient destinés à couvrir une intention profonde ou perfide de Molière. […] Une comédie étant obligée de finir, il est bon que l’auteur avertisse, par la faiblesse même de son dénouement, que cette fin n’est pas vraie, mais seulement obligatoire. — Molière, semble-t-il, n’a pas eu cette intention nette ; il a accordé peu d’attention au dénouement, parce que c’est une pièce essentielle de l’intrigue, et que l’intrigue est pour lui chose secondaire.

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