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14. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Un maintien doux, honnête, Quelques roulements d’yeux, des baissements de tête, Trois ou quatre soupirs mêlés dans un discours, Sont pour tout rajuster d’un merveilleux secours. […] Je ne quitterai point mes pratiques d’amour ; J’aurai soin seulement d’éviter le grand jour, Et saurai, ne voyant en public que des prudes, Garder à petit bruit mes douces habitudes.

15. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Elle s’en va, emportant avec elle la gaîté souriante de la comédie et son honnête maintien ; son innocent sarcasme, et sa douce raillerie. […] On te salue, on te bénit, et l’on t’aime, ô jeune homme, enivré de la douce rosée matinale ; on se prosterne à tes pieds adorés, ô beauté printanière, ô poésie, éloquence et cantique ! […] Douce chaleur, abandonne ce beau visage ! […] La fille du comédien avait abrité son berceau à l’ombre du berceau de la princesse royale… Bientôt l’orage était venu qui avait jeté dans ces prisons du Temple, le roi, la reine et la princesse de Versailles, pendant que la petite Monvel, qui était leur pensionnaire, commençait sa douce vie par des chansons. […] Je donne ici, cette douce élégie, en souvenir de la patrie absente, et des coteaux dorés de Condrieux !

16. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Je compte y aller un de ces jours et je vous en manderai des nouvelles. » Le dégel, c’était madame Scarron, dont la triste et froide médiocrité s’était changée en une condition plus douce. […] Le roi avait déclaré, en voyant la douleur que ressentait madame Scarron de la mort du premier de ces enfants, qu’il serait doux d’être aimé par madame Scarron.

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Entre tant de métiers mis dans votre apanage, Qui pourroient fatiguer quatre Dieux comme vous, C’est celui de porter, je crois, les billets doux,   Qui vous occupe davantage. […]  C’est Jupiter, comme je vous l’ai dit, Qui de votre manteau veut la faveur obscure   Pour certaine douce aventure   Qu’un nouvel amour lui fournit. […] Le Ciel, à ta naissance, Répandit sur tes jours la plus douce influence ; Tu fus, je crois, pêtri par les mains de l’Amour : N’es-tu pas fait à peindre ? […] Il file doux.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

d’un si doux accueil je me serois passé. […] de grace, tout doux ! […] de grace, tout doux !

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Laisse, laisse ces beaux noms, ces noms illustres, à l’indigne petit-maître que je sers ; donne-m’en de plus doux, & qui me conviennent. […] A toi, des noms plus doux ?

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Dans la scene VI du premier acte, Sganarelle chante ce couplet :    Qu’ils sont doux,   Bouteille jolie !    Qu’ils sont doux   Vos petits glougloux !

21. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

Il était d’un caractère doux et de mœurs pures. […] Ce moment dut être bien doux à Molière.

22. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Comment le croire aussi éclairé et aussi élevé qu’il était piquant, lorsqu’on la voit confondre les empressements du roi voluptueux, au moment d’un retour après une longue absence, avec un de ces retours de tendresse et d’affection qui attestent les douces et vives sympathies des âmes délicates et des intelligences élevées ? […] Et supposons madame de Maintenon, malgré des alternatives fréquentes de dégoûts et de contentements, suivant que madame de Montespan exerçait de douces ou de malignes influences sur le roi, marchant néanmoins d’un pas lent, égal et ferme vers son but, qui était la considération du public par celle du roi, celle du roi par celle du public ; et vers un but plus éloigné qui se laissait entrevoir dans les nuages.

23. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

À côté de la perfide Célimène et du malheureux Alceste, égaré par une noble folie, il place le raisonnable Philinte et la douce Éliante. […] « L’espoir... » Ce ne sont pas de ces grands vers pompeux, Mais de petits vers doux, tendres et langoureux. […] Mais, d’un plus doux esprit... […] La physionomie et le maintien de Tartuffe doivent naturellement s’accorder avec son débit doux et réservé. […] Il redoute un piège, et, pour le convaincre, les plus douces paroles ne sont pas suffisantes, il lui faut tout autre chose.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Valere est instruit par le billet doux de tout son bonheur. […] Le premier, doux, poli, complaisant, est chéri de tout le monde ; le dernier, brutal, trop sévere pour ses enfants, toujours prêt à se plaindre & à quereller, se fait détester de tout ce qui l’entoure. […] L’un est poli, complaisant, doux ; l’autre est bourru, brutal, méfiant, trop sévere, comme dans les Adelphes.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Pour lui rendre même sa prison plus supportable, elle se hasardoit quelquefois de le conduire, entre chien & loup & au clair de la lune, à des bocages reculés ou à des solitudes charmantes ; & après lui avoir indiqué un endroit où il pouvoit reposer tranquillement au doux murmure des eaux & au chant du rossignol, elle faisoit sentinelle, ou le tenoit endormi entre ses bras, & l’éveilloit dès qu’il y avoit quelque danger à craindre de la part des Indiens. […] Un pere à l’extrémité de sa vie, une épouse adorée, quatre aimables enfants, & une fortune des plus douces, qu’il avoit perdus avec sa liberté : tous ces malheurs enfin se présenterent à sa mémoire, & le récit qu’il en fit au Génois, le toucha lui-même jusqu’aux larmes. […] Ils s’embarquerent tous trois dans les plus douces espérances.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Crispin, voulant que son maître soit Légataire universel, paroît sous le nom du neveu, & fait des impertinences qui changent les résolutions de l’oncle : content de son succès, il paroît sous l’habit de la niece pour la faire aussi déshériter : il joue d’abord le personnage d’une veuve fort douce, fort honnête. […] Lorsqu’il jette sur elle un regard sérieux, Son devoir aussi-tôt est de baisser les yeux, Et de n’oser jamais le regarder en face Que quand d’un doux regard il lui veut faire grace.

27. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [1, p. 33] »

A l’égard de son caractère, il était doux, complaisant, généreux.

28. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

« C’est à cet ascendant de la beauté qu’on fait servir dans les comédies, les âmes qu’on appelle grandes, ces doux et invincibles penchants de l’inclination !  […] Isidore le calme quelque peu en lui disant avec un doux sourire : Tout cela sent la nation, et toujours messieurs les Français ont un fonds de galanterie qui se répand partout. […] Mais, tout ce grand bruit de l’orateur se peut-il comparer à l’esprit, à la grâce, à l’innocente épigramme, à la douce raillerie du poète comique ? […] Ne sentez-vous pas cette douce odeur d’ambre et de tubéreuses séchées ? N’entendez-vous pas cette voix douce et sonore à la fois ?

29. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [44, p. 77] »

Ce régime valut à Malouin ce que tant de philosophes ont désiré, une vieillesse saine et une mort douce.

30. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Âme douce et candide, il avait en lui déjà tous les pressentiments de Voltaire. […] Pourtant c’était, de mœurs, un homme doux et simple. […] Quelques-uns moins bruyants, âmes douces et bénignes, semaient, à petit bruit, le poison. […] Un air doux et posé [...] […] Que ne restaient-elles dans leur simplicité naïve, douces, tendres, sincères (comme Henriette) ?

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Après les sentiments qu’il vous a fait connoître, Fâchez-vous, éclatez autant qu’il vous plaira, Il vous dira toujours, & vous répétera Que son amour pour vous est fondé sur l’estime ; Que la raison l’éclaire & la vertu l’anime ; Qu’elles l’ont affermi dans son culte secret, Et qu’il adore en vous un mérite parfait ; Qu’il l’avouera tout haut, qu’il s’en fait une gloire ; Qu’il fuit tout autre nœud ; que vous devez l’en croire ; Qu’il met à vous fléchir son bonheur le plus doux, Et qu’il sera constant, fût-il haï de vous. […] Léandre, non content de prouver qu’on doit se marier & prendre un état, s’emporte contre le valet de son ami qui est d’un autre avis & qui vante les charmes de la douce paresse.

32. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie  siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle. […] Le commerce des paroles doit être leur plus douce occupation.

33. (1871) Molière

Non pas qu’il soit un vieillard, il est jeune encore et pose à peine le pied sur les premières limites de l’âge mûr ; mais il est crédule, et près de lui, presque sous son toit, arrive un jeune homme, un certain Valère aux yeux doux, qui est loin de déplaire à la jeune Isabelle. […] En revanche, on n’avait de regard et d’attention que pour les dames, qui étaient l’ornement des premiers jours du règne, et voici le nom de ces rares beautés : La comtesse de Soissons, une des nièces du cardinal de Mazarin, d’un esprit simple et doux, mais agréable, aimant le roi d’une grande amitié, et lui parlant librement ; sa sœur, mademoiselle Mancini, mariée au connétable Calonne, hardie et résolue en toute chose. […] Un beau logis à la ville, un grand jardin dans le doux village d’Auteuil, où Racine, Despréaux, La Fontaine, égal à Molière, venaient partager sa vie et ses plaisirs. […] Nous lisions, l’autre jour, dans les jugements du savant Baillet,le Cocu imaginaire, annoncé ainsi : le C… imaginaire ; tant le nuit semblait nouveau dans les premiers jours de ce siècle éclairé de si douces clartés.

34. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [8, p. 39-40] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 533 Il y a une anecdote assez plaisante au sujet de la chanson Qu’ils sont doux,   Bouteille, ma mie, etc146.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

l’honneur de vous connoître M’est un si grand bonheur, m’est un si doux plaisir, Que de vous saluer j’avois un grand desir. […] Tout doux, vous suivez trop votre amoureuse envie, Et vous ne devez pas vous tant passionner. […] Oui, c’est à vous de voir si, par des nœuds si doux, Madame, vous voulez m’attacher tout à vous.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Nous voyons clairement dans cette piece qu’Alcmene a passé la plus douce des nuits avec Jupiter. […] Tout doux. […] Tout doux.

37. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Pour faire naître cette douce illusion, il employe souvent l’artifice de Métastase. […] tout doux ! […] que cela est doux ! […] De noir, d’un ton doux, vérité de la peinture, heureux mélanges des petites circonstances et des plus profondément observées. Le ton doux est de tous les siècles.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Mais quand, dans le reste de la scene, Micio a la patience de se dire à lui-même que ce fils n’est pas son fils, qu’il est à son frere, que ce frere a une humeur tout-à-fait opposée à la sienne ; que lui Micio a toujours vécu à la ville d’une maniere douce & tranquille, qu’il a pris le parti des gens qui aiment le repos & qui font consister le bonheur à ne pas se marier ; que son frere au contraire a passé ses jours à la campagne, qu’il a pris une femme dont il a eu deux fils : quand Micio se dit qu’il a adopté l’aîné ; quand il se fait une récapitulation de tout ce qu’il lui donne, des bontés qu’il a pour lui, des querelles qu’il essuie de son frere par rapport à cela, &c. quand il a la bonté de se régaler de quarante-cinq vers pour se rappeller tranquillement une chose qu’il n’a surement pas oubliée, je m’écrie, voilà qui n’est pas vraisemblable ; &, d’après cela, je conclus hardiment que l’exposition est mauvaise. […] Chaque jour, à l’Eglise il venoit, d’un air doux, Tout vis-à-vis de moi, se mettre à deux genoux. […] Je vois qu’il reprend tout, & qu’à ma femme même Il prend, pour mon honneur, un intérêt extrême : Il m’avertit des gens qui lui font les yeux doux, Et plus que moi six fois il s’en montre jaloux.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Non, non, ne quittez pas un si doux entretien. […] Oui, Damis son tuteur, mon plus rude fâcheux, Tout de nouveau s’oppose aux plus doux de mes vœux, A son aimable niece a défendu ma vue, Et veut d’un autre époux la voir demain pourvue.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Avez-vous bien fait réflexion que vous me privez par-là du doux nom de votre fils, que vous m’avez donné jusqu’à présent ? […] Je vous offre à jamais l’amitié la plus tendre ; De mes soins les plus doux vous devez tout attendre.

41. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

On ne te trouve plus, chez nous, que dans les drames ; L’égoïsme, insensible à la voix du malheur, Aux pleurs de la pitié ferme toujours son cœur ; Et la philosophie et sa douce influence N’ont pu, de son exil, tirer la bienfaisance : Le cri de l’infortune est à peine écouté ; L’homme d’esprit sourit au mot d’humanité ; Le mérite caché languit dans la misère, Et l’intrigant, hélas ! […] Le Français, peuple roi, peuple amant de la gloire, Un moment descendu de son char de victoire, Retrouve dans les arts, doux enfants de la paix, Des lauriers que les pleurs n’arrosèrent jamais.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Elle est dans ses grands airs, il me faut filer doux. […] C’est donc là cet esprit sage, modeste & doux, Qui devoit tout d’abord désarmer mon courroux ?

43. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

La scène troisième du troisième acte est charmante ; le style en est doux et pur : c’est le grand Corneille qui l’a faite. […] LE BILLET DOUX.

44. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Alceste ne se repose pas dans son amour, il ne s’endort pas sur une pensée douce. […] Il se retire humilié, navré, mais presque consolé, parce qu’il a entendu, sans y croire, quelques douces paroles.

45. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Enfin, et c’était là le point le plus sensible, cet état de domesticité qu’elle accepterait dans la maison de madame de Montespan, la placerait au-dessous des regards du roi, de ces regards qu’elle avait trouvés si doux, et qu’elle se sentait autorisée à rappeler sur elle, par l’aveu secret de ce prince pour l’éducation de ses enfants naturels. […] Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales.

46. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

La vie privée de Molière n’était pas aussi douce et triomphante que sa vie publique. […] et que serai-je dans la participation de votre gloire, puisqu’il m’est déjà si glorieux et si doux d’avoir part à vos abaissements ?  […] Il était doux aux humbles et aux petits ; il faisait trembler les autres. […] Voilà l’hypocrite, le loup rapace sous la douce laine de la brebis. […] Il faut être poli, doux, prévenant, même envers ceux qui vous abordent pour la première fois ; cela est sûr.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Lors se tournant vers moi, M’accolle à tour de bras, & tout pétillant d’aise, Doux comme une espousée, à la joue il me baise : Puis me flattant l’espaule, il me fit librement L’honneur que d’approuver mon petit jugement. […] Tu te moques, Marquis : nous nous connoissons tous ; Et je trouve avec toi des passe-temps plus doux.

48. (1900) Molière pp. -283

Je ne quitterai point mes douces habitudes ; mais j’aurai soin de me cacher, et me divertirai à petit bruit. […] Avec la suite des temps, on découvre, en examinant telle ou telle passion après plusieurs siècles, qu’on ne la connaissait pas tout entière, et qu’il est sorti d’elle quelque chose de puissant, de doux ou de funeste que l’on ne croyait pas qu’elle aurait jamais donné. […] Pour mettre de son côté les modérés et les sages, il s’est fait doux et modéré, lui, dont le tempérament était violent, et en qui l’irritation, quand il était choqué, était si naturelle. […] Je ne le fais point plus doux qu’il n’est ; je ne revendique point pour lui le privilège du désintéressement et de l’innocence parfaite ; dans l’histoire de nos erreurs et de nos fautes, il a sa part, je ne la diminue point. […] ——— En amour, il y a quelque chose de plus doux que de conquérir, c’est d’être conquis.

49. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Son front, où brillait cependant la majesté d’un dieu, portait une couronne de rubis cachés dans les fleurs, et si jeune, il avait déjà la teinte rubiconde des buveurs. » À sa suite heureuse, il entraînait les grâces, les élégances, les beautés, les jeux et les fêtes, mêlés aux plus douces odeurs. — Voilà un des tyrans de la jeunesse, et prenez garde, il enchante l’esprit pour le corrompre. […] qu’il faut bien que la critique ait desséché votre cœur et corrompu votre esprit, pour que, dans ce lamentable spectacle d’hier soir, vous n’ayez vu en effet qu’une petite comédienne de seize à dix-sept ans, qui joue une comédie en vers, qui imite à s’y méprendre mademoiselle Mars ; une belle personne en sa fleur qui étale de son mieux sa main, son pied, son sourire, son doux regard, et qui circule lestement à travers les vieux hommes qui l’entourent. […] Cela est si doux, en effet, et si rare au théâtre, une belle jeune fille innocente, naïve, toute blanche, heureuse, qui récite avec beaucoup d’esprit et de grâce les vers incisifs de Molière, avec beaucoup de tact et de goût la prose élégante de Marivaux !

50. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Molière a pris à Térence ses deux frères, dont l’un est doux et complaisant, l’autre maussade et méfiant. […] Le président Roze, humaniste distingué, joua un tour ingénieux à Molière, à propos de la chanson que Sganarelle adresse à sa bouteille : Qu’ils sont doux !. […] Qu’ils sont doux, Quam dulces, Bouteille jolie, Amphora amœna, Qu’ils sont doux, Quam dulces, Tes petits glou-glous. […] les douces caresses ! […] Ce regard triste et doux, les lignes si pures du visage, cette tête un peu penchée, nous font bien reconnaître l’observateur et l’ami des hommes.

51. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Au spectacle de cette période de terreur, c’est, je pense, une consolation de voir s’élever une autre grandeur que la grandeur de la cour, une autre autorité d’exemple et d’opinion, un autre modèle de société, une autre source de mœurs, d’idées, de principes ; c’est surtout un besoin pour les âmes douces et nobles, au milieu des tourments politiques qui les épuisent, d’entrevoir dans une société nouvelle un asile fermé à l’esprit de faction, et où se retrouvent les principales aménités de la vie civilisée.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Mais la fureur reprend bientôt la place de ces sentiments si doux, sur-tout en présence de Frédéric son rival. […] Il cede le trône à Sigismond, Et ne veut se livrer, dans sa douce vieillesse, Qu’au bonheur d’être pere & d’avoir un tel fils.

53. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Molière met sous vos yeux, en exemple, la femme douce, sage, instruite, spirituelle et modeste ; il vous montre Henriette, pleine de bon sens, de timidité, de grâce, de fines reparties ; sa droiture d’esprit lui suffit pour être inaccessible aux fades compliments d’un diseur de douceurs qui n’en veut qu’à sa dot316 ; pour répondre à un gros pédant ce mot plein d’esprit français et de grâce féminine : Excusez-moi, monsieur, je n’entends pas le grec317 ; pour déclarer nettement à l’homme qui veut l’épouser malgré elle, qu’elle ne se sent point la force de supporter les charges et les périls du mariage sans le soutien de l’amour318. […] On ne doit point les brider en tous leurs désirs ni leur refuser toute joie, mais leur apprendre à jouir honnêtement de ce qui est permis, à compter sur la douce bonté de ceux qui les dirigent, et à ne point     redouter comme une source de perdition ce qui ne le devient qu’autant qu’on en abuse.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

On se tue à vous faire un aveu des plus doux, Cependant ce n’est pas encore assez pour vous ; Et l’on ne peut aller jusqu’à vous satisfaire, Qu’aux dernieres faveurs on ne pousse l’affaire.

55. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

La gaieté comique, au contraire, est inoffensive et douce ; le jeu varié d’une intrigue, les incidents imprévus, les contrastes bizarres, voilà les matières où elle s’exerce10, et, si quelquefois elle se moque des travers des hommes, c’est d’une manière si générale qu’elle fait rire tout le monde sans offenser personne. […] Il excelle, quand il veut, dans cette gaieté douce qui ne fait de mal à personne. […] Grâce à ce système d’équilibre et de pondération qui ne laisse aucune sottise se développer sans que le bon sens ne reçoive un développement parallèle ; grâce à ces docteurs qui savent                           Pour toute leur science, Du faux avec le vrai faire la différence96, le poète, mêlant l’utile à l’agréable, nous empêche de prendre le mal pour le bien, le bien pour le mal, et de tomber dans l’erreur d’Orgon, auquel Cléante disait : Vous ne gardez en rien les doux tempéraments. […] Mais elle est rare partout ailleurs, et à part un ou deux autres traits mordants de la même espèce, une gaieté douce règne dans ce petit poème, exempt de fiel et parfaitement inoffensif113. […] Folie aimable et pleine de sens, où étincelle cet esprit fantastique si rare en France, et où règne une plaisanterie vive et douce, qui, bien qu’elle aille quelque fois jusqu’à une sorte de délire, ne cesse jamais d’être légère et inoffensive.

56. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Jourdain, pour être naturel jusqu’au primitif, n’en est pas moins grotesque quand il fredonne : Je croyais Jeanneton aussi douce que belle. Je croyais Jeanneton plus douce qu’un mouton, etc… Alceste, en substituant à un sonnet précieux une chanson quelconque, ne sort d’un excès que pour se jeter dans l’autre ; et la vérité, aux yeux de Molière, est entre les deux. […] Aussi bien, ce vieillard, d’humeur affectueuse et douce, n’a-t-il jamais tenté d’obtenir Léonor malgré elle.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

Dans les Fausses Infidélités, Dorimene détermine son amie Angélique à répondre au billet doux de Mondor, & lui dicte cette lettre.

58. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Vous pouvez soupçonner mon amour de faiblesse, Et croire qu’engagé par des charmes si doux, Je puisse être jamais à quelque autre qu’à vous ? […] Mais vous êtes désabusé, misanthrope doux et sceptique, et vous avez décidé une fois pour toutes de ne vous émouvoir de rien. […] Chaque jour à l’église il venait, d’un air doux, Tout vis-à-vis de moi se mettre à deux genoux. […] C’est une honnête femme amenée par les circonstances à jouer une scène de coquetterie (et qui par parenthèse, du consentement de Molière, la joue mal), mais c’est une honnête femme, douce, impassionnelle et nonchalante ; c’est l’honnête femme élégante, telle que la comprenait Molière. […] — Qui voulez-vous, mon père, que je dise Qui me touche le cœur, et qu’il me serait doux De voir, par votre choix, devenir mon époux ?

59. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Vous me trompez sans doute, avec des mots si doux ! […] rien aux transports qu’elle excite ; douce et tendre, au milieu de ces émerveillements qui l’étonnent. […] il y a, dans le rôle de Chrysale, un petit coin de sensibilité douce et gaie tout ensemble que tous les commentateurs ? […] les douces caresses ! […] Elle est jolie, la voix est harmonieuse et douce ; nous verrons ce qu’elle deviendra plus tard.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

C’est où je passois de si douces heures à jouir de votre agréable conversation.

61. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

62. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Un bon mois pour mourir, c’est le mois d’août, le mois juin, le mois de juillet, mais le soleil est si beau, l’air est si doux, que l’on ne se hâte guère, alors tant pis pour vous, si vous mourez en carnaval ! […] l’infortuné perd le fil de sa douce gaieté ; et il se jette à tête perdue, dans les cent mille détours de ses diverses comédies ! […] justement cette intelligence s’éteint, cet esprit s’en va, ce tact exquis se perd, toute cette douce et enivrante fumée de la poésie dramatique s’éloigne de cet homme qui en faisait sa vie. […] Toutefois la jeune et douce Anna, tout comme mademoiselle Angélique Argan, est en train d’aimer un jeune homme, le baron Jules de Lowemberg. […] Quoi qu’il en soit, cette honnête jeune femme est la plus simple du monde, quand elle entre ainsi à l’improviste chez son mari, de ne pas deviner que ce monsieur est en train d’écrire des billets doux.

63. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

L’un, robin pédant, galant et fade, mêle, dans ses billets doux, les expressions du Digeste à celles de L’Astrée ; sentant l’énorme distance qui sépare un homme de robe de la veuve d’un noble d’épée, il adore, en gémissant, les rigueurs d’une tigresse qui n’a que trois amants, dont un la paie. […] Écoutons sur ce point Ménage lui-même : « On veut me faire accroire, dit-il, que je suis le savant qui parle d’un ton doux : c’est une chose cependant que Molière désavouait. » Molière, sans trahir la vérité, a pu nier que Vadius fût Ménage, par la raison que le rôle du premier n’offre aucun trait qui soit entièrement propre et particulier à la personne du second. […] Le doux et sincère Thomas, pour un autre motif que je ferai connaître tout à l’heure, donne exactement ici la même entorse à la vérité que le sophiste éloquent et chagrin. […] Le moyen qu’il propose consisterait à faire contraster avec Armande et Philaminte, au lieu de Chrysale (qui, soit dit en passant, ne contraste pas avec elles), « une femme jeune et aimable (ici je transcris), qui eût reçu, du côté des connaissances et de l’esprit, la meilleure éducation, et qui eût conservé toutes les grâces de son sexe ; qui sût penser profondément et qui n’affectât rien ; qui couvrît d’un voile doux ses lumières, et eût toujours un esprit facile, de manière que ses connaissances acquises parussent ressembler à la nature ; qui… ».

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