/ 177
5. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Aussitôt, malgré moi, tout mon feu se rallume : Je reprends sur-le-champ le papier et la plume, Et de mes vains serments perdant le souvenir, J’attends de vers en vers qu’elle daigne venir, Encor, si pour rimer, dans sa verve indiscrète, Ma Muse au moins souffrait une froide épithète : Je ferais comme un autre ; et sans chercher si loin, J’aurais toujours des mots pour les coudre au besoin. […] Mais mon esprit tremblant sur le choix de ses mots, N’en dira jamais un, s’il ne tombe à propos : Et ne saurait souffrir, qu’une phrase insipide Vienne à la fin d’un vers remplir la place vide. […] Pourvu qu’ils sachent plaire au plus puissant des Rois : Qu’à Chantilli Condé les souffre quelquefois ; Qu’Enguien en soit touché, que Colbert, et Vivone, Que la Rochefoucaut, Marsillac, et Pompone, Et mille autres qu’ici je ne puis faire entrer, À leurs traits délicats se laissent pénétrer.

6. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

C’est pourquoi, ajoûte l’Auteur, il seroit très-difficile dans une galanterie si confuse de dire qui en étoit le pere ; tout ce qu’on en sçait est que sa mere assûroit que dans son dereglement, si on en exceptoit Moliere, elle n’avoit jamais pu souffrir que des gens de qualité, & que pour cette raison sa fille étoit d’un sang fort noble ; c’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui a toûjours recommandée, de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Un époux si extraordinaire auroit pu lui donner des remords, & la rendre sage : sa bonté fit un effet tout contraire ; & la peur qu’elle eut de ne pas retrouver une si belle occasion de s’en separer, lui fit prendre un ton fort haut, lui disant qu’elle voyoit bien par qui ces faussetez lui étoient inspirées ; qu’elle étoit rebutée de se voir tous les jours accusée d’une chose dont elle étoit innocente ; qu’il n’avoit qu’à prendre des mesures pour une separation, & qu’elle ne pouvoit plus souffrir un homme, qui avoit toûjours conservé des liaisons particulieres avec la ade Brie, qui demeuroit dans leur maison, & qui n’en étoit point sortie depuis leur mariage. […] Mais si vous sçaviez ce que je souffre, vous auriez pitié de moi : ma passion est venuë à un tel point, qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses interéts ; & quand je considere combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps, qu’elle a peut-être la même difficulté à détruire le penchant qu’elle a d’être coquette, & je me trouve plus de disposition à la plaindre qu’à la blâmer. […] Il a peut-être dit mille fois avec Horaced, j’aimerois mieux passer pour le plus chétif de tous les Auteurs, & être content, que d’avoir un si grand esprit, & un génie si admiré, & souffrir tant d’inquietudes.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Sans doute, va-t-on me dire encore, & ces femmes auront raison : notre siecle, devenu délicat, ne souffre plus des indécences pareilles. […] Messieurs, si vous voulez absolument remplir le théâtre, & figurer seuls sur un lieu destiné à tous les états, souffrez qu’on vous y fasse voir tels que vous êtes, tels même qu’il le faut pour faire aller la machine dont vous voulez seuls faire mouvoir les ressorts. […] Pour plus de sureté d’une éternelle flamme, Souffrez que devant lui je vous donne ma foi, Qu’il en soit le garant. […] Et souffrir votre mort, pouvant vous secourir.....

8. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Ainsi, Monsieur, souffrez que je vous rende grace. […] La partie est trop inégale ; & je ne dois pas souffrir cette lâcheté. […] Souffrez, Monsieur, que je vous rende graces d’une action si généreuse.

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Si vous avez pour moi tant soit peu d’amitié, Ne parlons plus d’amour, souffrez que je respire. […] Souffrez, pour vous parler, Madame, qu’un amant Prenne l’occasion de cet heureux moment, Et se découvre à vous de la sincere flamme... […] Il suffit que l’on est contente du détour Dont s’est adroitement avisé votre amour ; Et que, sous la figure où le respect l’engage, On veut bien se résoudre à souffrir son hommage, Pourvu que ses transports, par l’honneur éclairés, N’offrent à mes autels que des vœux épurés.

/ 177