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122. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Milford, ami de Belton, apprend son retour, vole dans ses bras, est surpris de le voir triste, lui promet que Mowbrai sera toujours dans le même sentiment, & l’unira avec Arabelle. […] Par le même sentiment de pitié qui l’avoit saisi d’abord, il le fit appeller ; & lui ayant offert une aumône, il lui demanda de quelle maniere il étoit tombé dans l’esclavage.

123. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

comme chaque mot frappe le langage affecté et les sentiments recherchés qui régnaient alors dans les salons ! […]   De tous leurs sentiments cette noble héritière   Maintient encore ici leur secte façonnière, etc.

124. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

La plupart des Auteurs ont senti, comme Moliere, la nécessité de prévenir les critiques ; mais peu l’ont fait avec cette justesse de raisonnement, avec cette adresse persuasive qui captive le sentiment du public, & le force, pour ainsi dire, à ne juger qu’au gré de l’Auteur.

125. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Je sais que la traversée des âges produit sur les chefs-d’œuvre le même effet que la traversée des Indes sur le bon vin ; ce qu’ils ont d’imperfections se dépose ; ils y gagnent cette saveur unique et ce bouquet d’immortalité qui font que, quand on en débouche une bouteille, je veux dire quand on en joue un quelque part, les douze ou quinze cents personnes appelées à la dégustation se recueillent dans un même sentiment de religion et de bien-être. […] Les pousseuses de beaux sentiments, que les puces d’Agnès inquiétaient aussi furieusement, sont un peu apaisées, ce semble, par l’entrée en scène de ce joli jeune homme. […] On continua, certes, à la fronder ; mais il vint tant de monde Que jamais sujet important Pour le voir n’en attira tant, continue le bon gazetier ; il avoue d’ailleurs que la chose mérite d’être vue, à cause des naïvetés d’Agnès, et il conclut avec prudence : Voilà dès le commencement Quel fut mon propre sentiment ; Sans être pourtant adversaire De ceux qui sont d’avis contraire…… Si le roi était pour, en effet, le grand Condé paraissait très réservé ; le prince d’Enghien était contre. […] Tout cela, n’est-ce pas, est assez odieux en somme ; mais Molière, qui ne veut pas, dans sa comédie, de personnages odieux, parce que le sentiment qu’ils inspirent est pénible et qu’il entend nous faire rire, Molière qui, même de l’effrayant Tartufe a su faire un personnage comique, Molière, donc, a dissimulé habilement tout cet odieux du rôle d’Arnolphe en en faisant avant tout un ridicule. […] Il lui a fait éprouver ce sentiment des écoliers qui surprennent leur maître en flagrant délit de mensonge.

126. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Homme, je l’aime pour sa faiblesse. » Nul, on le voit, ne tient moins à partager le sentiment qu’inspirait au bonhomme Andrieux L’accord d’un beau latent et d’un beau caractère. […] Si donc on essaie de dégager leur commune physionomie morale, on leur trouve beaucoup de tolérance et d’indulgence pour les faiblesses de notre nature, la conviction que la vie est bonne en elle-même et qu’il faut en jouir, la croyance à la légitimité des instincts, tempérée par le sentiment de l’honneur, le sens pratique, le goût de la grosse plaisanterie gauloise, la haine du chimérique et du faux en tout genre, de l’hypocrisie, du pédantisme, de toutes les formes de la sottise et de la fatuité, la passion de la franchise et du naturel. […] Grimarest était donc bien renseigné lorsqu’il écrivait : « Il étoit très sensible au bien qu’il pouvoit faire dire de tout ce qui le regardoit ; ainsi, il ne négligeoit aucune occasion de tirer avantage dans les choses communes comme dans le sérieux, et il n’épargnoit pas la dépense pour se satisfaire. » Appelons les choses par leur nom : avec un sentiment très vif du charme que met dans la vie un entourage familier de belles choses, Molière n’était pas exempt d’un certain goût d’ostentation. […] Je m’y suis risqué, cependant, mais après avoir demandé l’avis de personnes très compétentes ; je n’ai guère fait que développer leur sentiment, et je leur en rapporterais volontiers la responsabilité si elles ne désiraient garder l’anonyme. […] Le jour même de sa mort, à bout de forces, ce sentiment le décidait encore à monter sur le théâtre : « Comment voulez-vous que je fasse ?

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