Ce Gorgibus du Cocu imaginaire est dessiné absolument sur le même modèle que celui des Précieuses ridicules ; c’est, pour dire vrai, le même personnage dans deux situations différentes, et, ce qui le rend digne d’observation dans les deux pièces, c’est qu’il montre quelque chose de ce bon sens naturel, de cette raison populaire que nous verrons développée avec plus de force, mais non avec plus de vérité, dans l’admirable rôle du Chrysale des Femmes savantes.
Molière, de même que Plaute et Térence, n’a point mis de simples paysans dans ses grandes pièces, si l’on excepte Le Festin de Pierre, ouvrage sans conséquence, où il s’est affranchi de presque toutes les règles, et Les Femmes savantes, où il faut, de toute nécessité, que Martine estropie les mots, pour exciter le courroux pédantesque de ses doctes maîtresses.
Le terrible fléau des Cotins, des Femmes savantes, des Précieuses, &c.
Quelques personnes savantes & délicates répandoient aussi leur critique. […] Si le Roi n’avoit eu autant de bonté pour Moliere à l’égard de ses Femmes Savantes, que Sa Majesté en avoit eu auparavant au sujet du Bourgeois Gentilhomme, cette premiere piece seroit peut-être tombée. […] Moliere connoissoit les trois sortes de personnes qu’il avoit à divertir, le Courtisan, le Savant, & le Bourgeois.
Cet ouvrage est de Henri Étienne, le second des fameux imprimeurs de ce nom, savants auxquels la France doit les premières belles éditions de nos auteurs grecs et latins, et le Thésaurus, ouvrage auquel aucun autre du même genre ne peut se comparer.