Aussi ai-je rencontré plus d’un esprit sérieux et impartial qui, tout en s’inclinant devant l’évidente supériorité de l’original, était loin de condamner absolument, et sur tous les points, le travail du traducteur. […] C’est là l’idée terrible et profonde que le grand comique philosophe a su couvrir, sans la cacher, de toutes les fleurs de sa sérieuse gaieté.
Or, chez Harpagon, le sentiment est sérieux et profond. […] Ce qui la distingue des Isabelle, des Lucile et des Henriette, c’est le sérieux qui parfois attriste sa grâce. […] À Bordeaux, il fit jouer une Thébaïde, du genre sérieux, qui échoua. […] S’il eût eu une maîtresse pâle, il n’eût jamais pu dire qu’elle ait été blanche ; s’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire, pour adoucir la chose, qu’elle ait été sérieuse. […] Elle a cette nuance de tristesse et de sérieux ordinaire aux enfants qui n’ont jamais été les Benjamins de la famille.
Cette scène de Dubois est le seul petit repos de gaieté au milieu de tout ce sérieux. […] Le public, après tant de sérieux, a soif de rire. […] Pour la moitié des spectateurs, le Misanthrope n’est qu’un poème didactique sérieux bien lu. […] Cette scène piquante a très bien dissipé le sérieux. […] Mais que de plaisir n’aura t’on pas perdu, et combien plutôt le ton sérieux de la pièce ne fatiguera t’il pas ?
Les Caractères, les Conditions, les Matières ont leurs termes : Le Courtisan ne parle point, comme le Bourgeois ; l’homme d’esprit, comme l’homme commun ; on ne rend point une aventure avec le style du sérieux. […] La Tragédie est une représentation grave et sérieuse d’une action funeste qui s’est passée entre des personnes élevées au-dessus du commun. […] Je conviens qu’à la première lecture faite sans réflexion, on peut me reprendre sur cet article ; mais pour peu que l’on fasse attention que je n’ai rapporté ces petites particularités, que pour relever les grands traits qui les terminent, pour faire voir que Molière entrait dans le commun du commerce d’estime ou d’amitié, comme dans le plus sérieux : on ne me condamnera peut-être pas aussi sévèrement que l’a fait mon Censeur, qui tranche si fort du grand homme par la supériorité de ses expressions, que je doute que ses sentiments et sa conduite y répondent : mais il est peu d’accord avec lui-même : car tantôt il s’abaisse jusqu’à vouloir toute la Vie de Molière, il daignera la lire ; tantôt il n’en veut que les beaux traits, le reste le révolte ; tantôt il se déclare le Protecteur, le Panégyriste des Comédiens ; tantôt il ne veut point en entendre parler, ils sont au-dessous de lui.
Un peuple poétique a peu besoin de spectacles; pour lui, du moins, les plus simples sont les meilleurs ; il lui suffit de ceux qui, en quelques traits, consacrent et symbolisent sa vie sérieuse, active et tranquille. » Vinet a eu pour successeur, à Lausanne, M. […] Tout en étant de son siècle et de sa génération, il n’en est pas moins convaincu que le dix-septième siècle a été le grand siècle des lettres françaises; que le nôtre, pour courir après le naturel, a trop souvent été infidèle à la nature, et que le meilleur service à rendre à de jeunes hommes, à leur entrée dans la carrière littéraire, est de faire avec eux une étude sérieuse de ce que l’on nommait naguère la littérature classique de la France. […] C’est alors pourtant, alors qu’il ne moralise plus, qu’il exerce l’influence morale la plus sérieuse et la plus profonde.