Je vais le leur prouver par une comédie qui a paru un an avant celle de Moliere.
Avec ce dialogue, auquel nous pouvons joindre, pour faire nombre, le Jugement de Vulcain et deux ou trois autres églogues du même genre, qui prouvent tout au moins que le souvenir de l’antiquité latine n’était pas complètement éteint, nous aurons tout le lot dramatique de ces quatre siècles.
Son Étourdi, son Dépit amoureux, ses Précieuses ridicules, et son Cocu imaginaire, sont plus que suffisants pour prouver cette vérité, puisque la Cour les a non seulement approuvées, mais encore le peuple, qui dans Paris sait parfaitement bien juger de ces sortes d’ouvrages ; quelques applaudissements toutefois que l’on ait donnés aux deux premières de ces pièces, la troisième a beaucoup plus fait d’éclat qu’elles n’ont fait toutes deux ensemble, puisqu’elle a passé pour l’ouvrage le plus charmant et le plus délicat qui ait jamais paru au théâtre ; l’on est venu à Paris de vingt lieues à la ronde, afin d’en avoir le divertissement.
Nous avons comparé dans le second volume la philosophie de Regnard à celle de Moliere : nous y avons suffisamment prouvé que toutes les pieces de Regnard sont très indécentes, & qu’il est un philosophe très dangereux.
Il prouve que « la grimace étudiée des gens de bien à outrance, le zèle contrefait des faux monnayeurs en dévotion, » dont se laissent bonnement éblouir tant d’imbéciles, n’est pas plus propre à couvrir les médiocres intrigues et les grotesques galanteries d’un petit fripon bourgeois, que les gros crimes, de toutes sortes, et l’athéisme, entêté et avoué, d’un scélérat du grand monde.