De part et d’autre, les mêmes ressorts furent mis en jeu : les rapts, les captivités, les retours imprévus, les travestissements, les méprises produites par deux Ménechmes frère et sœur, les substitutions de personnes, les reconnaissances finales, les breuvages soporifiques, etc., étaient le fond commun dont abusaient à l’envi les auteurs et les acteurs.
Cependant, que se produisit-il après cette représentation ? […] Je ne dirai pas que les deux noms se valent ; il y a dans tous les deux, aussi bien que dans l’Onuphre de La Bruyère, et dans le Montufar de Scarron, ce quelque chose de fourré et d’en dessous qu’y a signalé Sainte-Beuve ; mais Montufar sent trop sa cafardise ; Onuphre est noir et souterrain ; Panulphe, au contraire, est bonasse ; Tartuffe est le produit de tout cela. […] « Il est aisé de voir par là, continue l’ami de Molière, pourquoi la galanterie de Panulphe est ridicule… Le mauvais effet qu’elle produit le fait paraître si fort et si pleinement ridicule que le spectateur le moins intelligent en demeure pleinement convaincu. » Il est bon de se rappeler que cette appréciation du rôle date du moment où la pièce se jouait sous la direction de Molière, où ses intentions, scrupuleusement observées, éclataient dans tout leur jour.
C’est un fait vrai qui a souvent produit des scenes très plaisantes ; cependant je ne conseillerois pas à un Poëte comique de le mettre en action : la plupart des spectateurs ne le trouveroient pas vraisemblable, sur-tout nos maris, qui reconnoissent bien leur femme quoique leurs sourcils & leurs cheveux prennent successivement toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Les partisans des caracteres composés ne peuvent m’opposer qu’une seule piece dans ce genre, qui se joue avec succès, c’est le Sage étourdi de Boissy : ce titre nous annonce un personnage qui a deux caracteres tout-à-fait opposés, il faut voir l’effet qu’ils produisent.
127 Les ressorts cachés de cette pièce, produisent un mouvement brillant.