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4. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Le Docteur met la tête à la fenêtre, & leur fait à tous des réprimandes : il descend pour mettre la paix entr’eux ; ils se sauvent tous pour se dérober à la volubilité de sa langue, & le Barbouillé plus impatienté que les autres, pendant qu’il poursuit ses déclamations, lui attache une corde au pied, & l’ayant fait tomber, le traîne à écorche-cul jusques dans la coulisse, avec quoi finit la Comédie. […] Moliere y eut un grand accès, & y étoit fort bien venu ; mais lui ayant été dit quelques railleries piquantes de la part de Cotin & de Ménage, il n’y mit plus le pied, & joua Cotin sous le nom de Trissotin, & Ménage sous celui de Vadius, qui, à ce que l’on prétend, eurent une querelle à peu près semblable à celle que l’on voit si plaisamment dépeinte dans les Femmes Savantes. […] Le sieur Béjart, beau-frere de Moliere étoit demeuré estropié d’une blessure qu’il reçut au pied en séparant deux de ses amis qui se battoient dans la Place du Palais Royal. (En croisant leurs épées avec la sienne, & les rabattant, l’une lui piqua un pied) Moliere, qui peu de temps après donna sa Comédie de l’Avare, chargea Béjart du rôle de la Fleche, de qui Harpagon, dit par allusion : Je ne me plais point à voir ce chien de boiteux là. […] Lorsque Moliere sut mort sa femme alla à Versailles se jeter aux pieds du Roi pour se plaindre de l’injure que l’on faisoit à la mémoire de son mari en lui réfusant la sépulture : mais elle fit fort mal sa cour en lui disant au Roi que si son mari étoit criminel, ses crimes avoient été autorisés par sa Majesté même.

5. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Assis sur tes lauriers, du geste et du regard Tu fécondes au loin le domaine de l’art, Et tu vois à tes pieds deux Muses que rassemble Ce bas-relief surpris de les trouver ensemble. […] L’autre, dans son allure et libre et familière, Du vieil esprit français pétulante écolière, L’œil ardent, le pied leste, et l’air toujours dispos, Amuse les passants de ses joyeux propos, Transforme chaque scène en plaisante querelle, Confond George Dandin, tourmente Sganarelle, Enveloppe en riant Géronte dans un sac, Lance la pharmacie au dos de Pourceaugnac, Et, se moquant d’Argan sous sa robe d’hermine, Dans un patois latin berne la Médecine. […] Si des défauts puissants que je frappais au cœur, Votre art désespérait de se rendre vainqueur, Pour voir par la raison l’imposture abattue, Relisez mon Tartufe au pied de ma statue.

6. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Elle porte la blouse à faire peur, et la couronne à faire envie ; un pied sur le trône, un pied sur la barricade, elle règne par le droit de sa naissance, elle règne par le droit de sa conquête ! […] Pauvres femmes, dont nos pères se moquaient, leurs petits enfants vous ont cruellement regrettées quand ils se sont vus aux prises avec ces infantes prétentieuses, desséchées, hargneuses, un pied sur la tribune, un pied sur le Parnasse, échevelées avec art, mêlant la déclamation à l’enthousiasme, le hoquet au sourire, un œil en pleurs, un regard en gaîté, « cendre usée d’un flambeau allumé par Vénus » ! […] Elle avait vu à ses pieds, naître et mourir tant de poèmes fameux dont le nom ne s’était conservé que sur cette frêle couronne d’or faite pour son front l Ingénieuse, éclatante et chère couronne ! […] On te salue, on te bénit, et l’on t’aime, ô jeune homme, enivré de la douce rosée matinale ; on se prosterne à tes pieds adorés, ô beauté printanière, ô poésie, éloquence et cantique ! […] Elle tenait à sa gloire, et jusqu’au bout de sa vie elle se battit, pied à pied, contre la vieillesse, semblable à ce maréchal de France sur les bords de la Bérésina qui tient tête aux Cosaques, pendant que l’armée en désordre franchit l’obstacle, et se sauve, à l’abri de ce valeureux !

7. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [43, p. 73-77] »

Vous êtes un insolent, qui perdez le respect, reprit Chapelle* ; si j’ai voulu vous permettre de monter dans mon carrosse, je ne le veux plus ; je suis le maître, et vous iriez derrière ou à pied. […] Me faire aller à pied présentement que je suis vieux, et que je vous ai si bien servi pendant si longtemps !

8. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Son ouverture est de trente-deux pieds sur la largeur, ou entre les corridors et châssis qui règnent des deux côtés. La hauteur où celle des châssis est de vingt-quatre pieds jusqu’aux nuages. […] Sa profondeur, depuis le théâtre jusqu’au susdit appartement, est de quatre-vingt-treize pieds. Chaque corridor est de six pieds, et la hauteur du parterre jusqu’au plafond est de quarante-neuf pieds. […] Le reste de la hauteur .jusqu’au comble, où sont les rouages et les mouvements, est de soixante et deux pieds.

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