La comédie française s’en montra plus d’une fois jalouse : les Italiens jouaient des pièces françaises ; les comédiens français prétendirent qu’ils n’en avaient pas le droit. […] Regnard, qui n’avait pas encore eu de pièce représentée aux Français, ne ménageait pas la modestie de ses interprètes. […] L’improvisation n’y a plus, quoi qu’en dise Colombine, qu’une part très limitée et restreinte à des scènes qui sont le plus souvent inutiles à la pièce et s’y intercalent comme des intermèdes. […] Prenez le recueil d’Évariste Gherardi, qui nous a conservé les pièces jouées par les Italiens à l’Hôtel de Bourgogne : vous y reconnaîtrez immédiatement la tradition de la raillerie française, notre génie satirique, à travers les déguisements fort légers qu’on lui impose. […] On prétend que dans une pièce intitulée : La Fausse Prude, Mezzetin (Angelo Costantini) s’était permis des allusions satiriques à madame de Maintenon.
Mais déjà dans Britannicus, pièce grave et réfléchie, on vit apparaître la pensée qui devait poursuivre Racine. […] Les termes dans lesquels il a été dressé ne sont pas bien choisis; mais au fond il repose sur le sentiment juste, quoique confus, d’une lacune regrettable dans les pièces de Molière. […] La conclusion de ces deux pièces n’est pas qu’il faut instruire la femme pour son bien, mais qu’il faut l’instruire pour la sécurité de son futur époux. […] Ce côté faible de Molière se montre dans les pièces qu’il a travaillées avec le plus de soin. Quel est, dans ces pièces, l’idéal qui se révèle ?
Elle est conforme au sens de la pièce. […] La pièce a commencé le matin. […] Cette pièce eut neuf représentations. […] Campardon, Nouvelles pièces sur Molière, p. 55. […] Campardon, Pièces nouvelles.
Nous avons passé en revue les pièces entières dont, à l’origine, il emprunte la trame : ainsi L’Étourdi, Le Dépit amoureux dans toute sa partie romanesque, Dom Garcie ; probablement Sganarelle pour l’enchaînement des situations ; Le Médecin volant, parmi les essais de jeunesse. […] Nous avons précédemment signalé, dans la pièce d’Il Ritratto des Gelosi, ce trait d’une lettre de Flaminia que le Docteur, son mari, remet tout en colère à Flavio, croyant que c’est ce jeune homme qui l’a écrite, et se faisant ainsi le messager des amants qui le trompent. […] Molière recourait tout naturellement aux Italiens, à ces artistes turbulents, lorsqu’il avait besoin d’ac- célérer le mouvement d’une pièce ; c’est ainsi que, dans cette comédie de L’Avare, peinture d’un vice qui se soutient difficilement au théâtre, il mit à contribution cinq ou six canevas de la commedia dell’arte. […] La scène excellente des aveux de Scapin, au deuxième acte de la même pièce, est aussi de la pure comédie de l’art.
Le recueil de Flaminio Scala nous en offre la preuve ; il s’y trouve une pièce intitulée Il Ritratto (le Portrait), où la profession comique n’est pas présentée sous un jour avantageux. Voici l’argument de cette pièce : « Une troupe de comédiens jouait à Parme. […] Toutefois, arrivé chez lui, son épouse se disculpa avec de si bonnes raisons, qu’elle réussit à apaiser sa colère. » La pièce s’ouvre dans ces circonstances. […] Piombino salue le docteur de la part de la signora Vittoria ; il le prie de prêter à la comédienne un bassin d’argent avec son vase, dont elle a besoin dans une pièce qu’elle va représenter. […] Voilà le squelette, l’ossatura de la pièce.