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101. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Peut-être Louis XIV à Versailles se serait cru forcé de défendre l’ouvrage ; le roi ayant prononcé, il n’y avait plus de recours possible ; mais Molière pouvait en appeler du premier président au monarque, et ce fut sa première pensée. […] Si vous n’aviez jamais eu cette pensée, votre Festin de Pierre ne serait pas si criminel. » Mais le poète comique fut encore mieux vengé par Louis XIV ; c’est au moment même de ce déchaînement universel de tous les dévots sans religion et de tous les auteurs sans talents, qu’il combla Molière de ses bienfaits, et qu’il ajouta aux bontés qu’il avait eues jusqu’alors pour lui une marque éclatante de sa munificence. […] Palissot a dit avec raison que Le Tartuffe n’avait de modèle dans aucune langue et dans aucun théâtre : on citera quelques anecdotes, quelques traits épars dans les moralistes ou dans les satiriques dont Molière s’est emparé ; mais ils lui appartenaient, et quand il a dit : « Je prends mon bien où je le trouve » il a exprimé une pensée très juste ; il a parfaitement défini les droits de l’auteur comique : s’il a conçu un sujet, s’il veut tracer un caractère, il le compose de tous les traits isolés qui s’y rattachent, soit dans le monde, soit dans les livres : il interroge Théophraste, Plutarque, La Bruyère, Lucien, de même qu’il écoute le courtisan, l’avare et l’hypocrite qu’il veut faire parler : il n’oublie rien de ce qu’il lit, rien de ce qu’il entend ; il inscrit sur ses tablettes les mots qui échappent à l’amour-propre, et jusqu’aux saillies qui éclatent dans la conversation : il fait de la sorte son profit des ridicules et de l’esprit des autres ; je dirais presque, si je ne craignais que la comparaison ne fut un peu précieuse, qu’il butine au milieu du monde comme l’abeille au milieu des fleurs.

102. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Alceste démontre, dans la suite de la scène, que les pensées et les vers de ce sonnet étaient, De ces colifichets, dont le bon sens murmure. […] Pendant leur entretien, quelques gens viennent visiter sa maîtresse, il voudrait l’obliger à ne les pas voir, et comme elle lui répond que l’un d’eux la sert dans un procès, il lui dit qu’elle devrait perdre sa cause, plutôt que de les voir ; il faut demeurer d’accord que cette pensée ne se peut payer, et qu’il n’y a qu’un misanthrope qui puisse dire des choses semblables. […] « Ces deux pièces, dont le genre même était inconnu à l’Antiquité, sont celles que le public a reçu avec le moins d’empressement : et cependant celles dont il attendait l’immortalité, et qui, ainsi que L’École des femmes et Le Tartuffe la lui assurent ; l’art, caché sous des grâces simples et naïves, n’y emploie que des expressions claires et élégantes, des pensées justes et peu recherchées, et une plaisanterie noble et ingénieuse pour peindre et pour développer les replis les plus secrets du cœur humain. […] L’architecture était d’ordre Ionique : entre chaque colonne il y avait une figure : celle qui était à droite représentait la paix, et celle qui était à gauche figurait la victoire… lorsque Leurs Majestés furent arrivées dans ce lieu, dont la grandeur et la magnificence surprit toute la Cour, et quand elles eurent pris leurs places sous le haut dais qui était au milieu du parterre, on leva la toile qui cachait la décoration du théâtre ; et alors, les yeux se trouvant tout à fait trompés, l’on crut voir effectivement un jardin d’une beauté extraordinaire… « L’ouverture du théâtre se fait par quatre bergersa déguisés en valets de fêtes, qui, accompagnés de quatre autres bergersb qui jouent de la flûte, font une danse, où ils obligent d’entrer avec eux un riche paysan qu’ils rencontrent, et qui, mal satisfait de son mariage, n’a l’esprit rempli que de fâcheuses pensées. […] Lucien a fourni le fait sur quoi le prologue de Molière roule, mais il n’en a point fourni les pensées. » [*].

103. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Mais je veux une fois vous dire ma pensée.

104. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Dans cette pensée, Mario engage Pantalon & Flaminia à se joindre à lui pour obtenir du Docteur son pere une grace qu’il vient lui demander pour son ami Lélio ; en effet le Docteur s’y détermine à leur sollicitation.

105. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Dans cette Comédie le coup de Théatre ou surprise de pensée que je crois la plus belle qu’on puisse trouver, & que je donnerois pour modele en ce genre, n’étoit que bonne dans l’original, mais elle est devenue sublime entre les mains de Moliere.

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