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127. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

La conversation de Valère avec Ascagne, déguisée en homme, celle des deux vieillards qui se demandent réciproquement pardon, sans oser s’éclaircir du sujet de leur inquiétude, la situation de Lucile, accusée en présence de son père, et le stratagème de Valèrea pour tirer la vérité de son valet, sont des traits également ingénieux et plaisants : mais l’éclaircissement d’Éraste et de Lucile, qui a donné à la pièce le titre de Dépit amoureux, leur brouillerie, et leur réconciliation, sont le morceau le plus justement admiré. » 1659. […] Il osa, dans cette pièce, abandonner la route connue des intrigues compliquées, pour nous conduire dans une carrière de comique ignorée jusqu’à lui.

128. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Il étudia le génie des Grands, les fit rire de leurs défauts, et osa substituer nos Marquis aux Esclaves des Anciens. […] Le déchaînement était si grand, que Molière n’osait se montrer : il envoyait seulement Baron* à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles. […] En vain mille jaloux esprits, Molière, osent, avec mépris, Censurer ton plus bel ouvrage Sa charmante naïveté S’en va, pour jamais, d’âge en âge, Divertir la postérité Que tu ris agréablement ! […] Ce grand Comique lui ayant lu sa Comédie du Tartuffe, Ninon admira l’ouvrage et lui fit le récit d’une aventure pareille à celle du Héros de sa Pièce ; mais avec des couleurs si fortes, et des jours si bien ménagés, que Molière, en la quittant, dit avec modestie aussi rare aujourd’hui que les talents, que, si sa Pièce n’avait point été faite, il n’aurait jamais osé la mettre sur la Scène, après avoir entendu le récit de Ninon. […] Il étudia le génie des Grands, les fit rire de leurs défauts, et osa substituer nos Marquis aux Esclaves des Anciens.

129. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Quelle société était-ce, en effet, que celle où le mariage excitait de telles railleries qu’un philosophe même n’osait les braver, et se voyait contraint, pour s’y soustraire, de cacher avec le plus grand soin les liens respectables et sacrés auxquels il devait le bonheur ! […] Oserons-nous le dire cependant ? […] Avec un tel esprit, d’où jaillit sans cesse la saillie, la répartie vive, ingénieuse, spirituelle, qui surprend, éblouit et séduit à la fois, que ne peut-on oser et risquer ? […] Cette espèce de réfutation rentrant tout à fait dans l’objet de notre recherche, nous oserons nous y livrer, malgré la puissante autorité du nom et du talent de notre antagoniste. […] Le bonheur de vous plaire est ma suprême étude, Et mon cœur de vos vœux fait sa béatitude ; Mais ce cœur vous demande ici la liberté D’oser douter un peu de sa félicité.

130. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Des personnages de ce genre firent réussir longtemps les Visionnaires de Desmarets, détestable pièce que la sottise et l’envie osèrent encore opposer aux premiers ouvrages de Molière. […] D’un souffle je réduis leurs projets en fumée, Et tu m’oses parler cependant d’une armée ! […] Dès son troisième ouvrage, il sortit entièrement de la route tracée, et en ouvrit une où personne n’osa le suivre. […] Si, d’un côté, Philaminte, Armande et Bélise sont entichées du pédantisme que l’hôtel de Rambouillet avait introduit dans la littérature et du platonisme de l’amour, qu’on avait aussi essayé de mettre à la mode, de l’autre se présentent des contrastes multipliés sous différentes formes : la jeune Henriette, qui n’a que de l’esprit naturel et de la sensibilité, et qui répond si à propos à Trissotin qui veut l’embarrasser : Monsieur, excusez-moi, je ne sais pas le grec : la bonne Martine, cette grosse servante, la seule de tous les domestiques que la maladie de l’esprit n’ait pas gagnée; Clitandre, homme de bonne compagnie, homme de sens et d’esprit, qui doit haïr les pédants, et qui sait s’en moquer; enfin, et par-dessus tout, cet excellent Chrysale, ce personnage tout comique et de caractère et de langage, qui a toujours raison, mais qui n’a jamais une volonté ; qui parle d’or quand il retrace tous les ridicules de sa femme, mais qui n’ose en parler qu’en les appliquant à sa sœur, qui, après avoir mis la main de sa fille Henriette dans celle de Clitandre, et juré de soutenir son choix, un moment après trouve tout simple de donner cette même Henriette à Trissotin, et sa sœur Armande à l’amant d’Henriette, et qui appelle cela un accommodement.

131. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Préface Si les volumes précédents de cette Histoire de notre théâtre ont pu, comme nous osons l’espérer, intéresser nos lecteurs, nous ne craignons pas d’assurer que la lecture de celui-ci leur donnera une satisfaction encore plus complète. […] D’abord pour le commencement, De ce beau divertissement, Sortit d’un rocher en coquille, Une naïade, ou belle fillea… Qui récita quarante vers, Au plus grand roi de l’univers, Prônant les vertus dudit sire : Et certainement j’ose dire, Qu’ils ne seraient pas plus parfaits, Quand Apollon les aurait faits. […] Devant Nous querelle s’est mue, Pour une pièce assez connue, Et qui vient d’auteur assez bon, Molière, notre mignon ; Les uns en ont dit pis que pendre, Les autres ont su la défendre ; Bien informé de leurs raisons, Tout considéré ; Nous disons, Que cette pièce est belle et bonne, Commandons à toute personne, De bien soutenir son parti ; Et donnons un beau démenti, À qui sera si téméraire, D’oser avancer le contraire. […]       En vain, mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris, Censurer un si bel ouvrage : Ta charmante naïveté S’en va pour jamais d’âge en âge, Enjouer la postérité, ***       Ta Muse avec utilité Dit plaisamment la vérité, Chacun profite à ton école, Tout en est beau, tout en est bon, Et ta plus burlesque parole Est souvent un docte sermon.

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