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116. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

C’est l’Eternel amour qu’il sait peindre et varier à l’infini, toujours le même et toujours nouveau comme la parure des champs441, un et divers comme les visages des mille nymphes toutes sœurs qui peuplaient l’océan d’Ovide442. […]   Dans l’auteur original (Maria de Zayas, Nouvelles, la Précaution inutile ; voir la traduction de Scarron dans ses Nouvelles tragi-comiques), l’Agnès, n’apprend d’un amant brutal que la pratique sensuelle du plaisir, et reste aussi sotte après qu’avant.

117. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Dans la premiere, Dave demande à Mysis des nouvelles de l’Andrienne ; elle répond que sa maîtresse appréhende de voir casser son mariage, & que cette crainte redouble son mal. Dans la seconde, Mysis seule redoute quelque malheur nouveau pour l’Andrienne, & prie les Dieux de ne pas l’abandonner. […] Simon prend tout cela pour des faussetés imaginées par Dave : celui-ci tâche de gagner sa confiance, en lui disant que l’accouchement de l’Andrienne n’est qu’une feinte pour rompre le mariage projetté, & qu’on poussera l’artifice jusqu’à lui montrer un enfant nouveau né. […] Dave porte l’enfant nouveau né, & ordonne à Mysis de le mettre sur des herbes devant la porte de Chrémès.

118. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Il est probable que ce second voyage lui fournit de nouvelles observations ; un esprit aussi attentif que le sien dut faire de singulières remarques parmi les habitants du midi de la France : plus d’un Pourceaugnac, plus d’une comtesse d’Escarbagnas, vinrent sans doute à sa rencontre ; il trouva sur son chemin plus d’un Sotenville. […] La consultation des quatre docteurs qui, au lieu de discuter sur la maladie de Lucinde, s’entretiennent de leurs mules et des nouvelles du monde, ne recommande pas moins L’Amour médecin que la scène si originale des donneurs d’avis ; chacun insinue un conseil en rapport avec ses petits intérêts, et les réponses, Vous êtes orfèvre, M.  […] Molière dans Amphitryon déploya un nouveau genre de talent : au naturel et à la chaleur ordinaire de son style, il joignit une certaine vivacité dans le tour, une finesse, une légèreté nouvelle dans la pensée. […] Cette pièce prouve que le génie de Molière était encore dans toute sa vigueur, et que sa mort a sans doute privé la littérature de nouveaux chefs-d’œuvre. […] Le bruit de cette épinette alla jusqu’au roi ; sa majesté voulut la voir, et en admira l’invention : elle la fit passer dans l’appartement de la reine pour lui donner un spectacle si nouveau : mais sa majesté en fut tout d’un coup effrayée ; de sorte que le roi ordonna sur-le-champ que l’on ouvrit le corps de l’épinette, d’où l’on vit sortir un petit enfant de cinq ans, beau comme un ange ; c’était Raisin le cadet4, qui fut dans le moment caressé de toute la cour.

119. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Elle pourrait se résumer en ce vers de Chénier assez modifié  : Faisons des vers nouveaux sur des sujets antiques. […] Le genre prend dès lors une dignité et une portée nouvelles, dépassant le fait particulier et le temps présent  : c’est la comédie de caractères. […] De là résulte un tout nouveau système dramatique. […] Mais il se donnait trop de liberté d’inventer de nouveaux termes et de nouvelles expressions  : il lui échappait même fort souvent des barbarismes. » Et en 1713 enfin, dans sa Lettre sur les occupations de l’Académie française, Fénelon enchérissait sur La Bruyère et sur Bayle : « En pensant bien, il parle souvent mal ; il se sert des phrases les plus forcées et les moins naturelles. […] Le XIXe siècle ne laissait pas d’être assez mauvais appréciateur en cette matière, le Romantisme, cette grande Révolution des mots et du style, ayant détruit bien des préjugés anciens et les ayant remplacés par des préjugés nouveaux très vivaces.

120. (1739) Vie de Molière

Le nouveau Molière fut ignoré pendant tout le temps que durèrent les guerres civiles en France : il employa ces années à cultiver son talent, et à préparer quelques pièces. […] La troupe de l’hôtel de Bourgogne ne jouait aussi que trois fois la semaine, excepté lorsqu’il y avait des pièces nouvelles. […] Les romans de Mlle Scudéri avaient achevé de gâter le goût : il régnait dans la plupart des conversations un mélange de galanterie guindée, de sentiments romanesques et d’expressions bizarres, qui composaient un jargon nouveau, inintelligible et admiré. […] Il avait déjà quelques scènes détachées toutes prêtes, il y en ajouta de nouvelles, et en composa cette comédie, qui fut, comme il le dit dans la préface, faite, apprise et représentée en moins de quinze jours. […] Les mêmes spectateurs qui applaudissaient sans réserve à ces farces monstrueuses, se rendirent difficiles pour l’École des femmes, pièce d’un genre tout nouveau, laquelle, quoique toute en récits, est ménagée avec tant d’art, que tout paraît être en action.

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