Il en est de même du passage suivant, qui montre l’adresse avec laquelle Molière savait faire intervenir les passions de ses acteurs dans les rôles qu’il leur destinait, afin d’ajouter à la vérité de leur jeu : « Molière a le secret (c’est toujours un contemporain qui parle) d’ajuster si bien ses pièces à la portée de ses acteurs, qu’ils semblent être nés pour tous les personnages qu’ils représentent. […] Le travail que je présente au public montre assez ce qu’il faut penser de celui de Grimarest ; mais enfin l’auteur a vu Molière, il a été l’ami de Baron, et ces circonstances donnent à son livre une place que le talent même de Voltaire n’a pu lui enlever. […] Ici les dates sont précieuses, et l’on peut dire que leur rapprochement est comme un trait de lumière qui nous montre la grande âme de Louis XIV. […] Cela montre bien le peu que sont les hommes.
Çà, montre moi la main. […] Ses Mémoires « sont les souvenirs d’un homme heureux, dont la vie a été marquée de nombreuses faiblesses et qui montre vis-à-vis de ses contemporains une extrême indulgence, peut-être parce qu’il sentait que lui-même en avait beaucoup besoin » (Bourgeois-André).
La Critique ne nous offre pas seulement le croquis de la plupart des personnages qui figurent dans Les Femmes savantes ; elle nous montre aussi le sujet de cette comédie, tracé en peu de mots, mais avec une précision, une justesse qui ne permettent pas de le méconnaître.
Cette espèce de ridicule ne se trouve point dans des princes, ou dans des hommes élevés à la Cour, qui couvrent toutes leurs sottises du même air et du même langage ; mais ce ridicule se montre tout entier dans un bourgeois élevé grossièrement, et dont le naturel fait à tout moment un contraste avec l’art dont il veut se parer.
Mais la folie du bourgeois est la seule qui soit comique, et qui puisse faire rire au théâtre : ce sont les extrêmes disproportions des manières et du langage d’un homme, avec les airs et les discours qu’il veut affecter, qui font un ridicule plaisant ; cette espèce de ridicule ne se trouve point dans des princes ou dans des hommes élevés à la cour, qui couvrent toutes leurs sottises du même air et du même langage ; mais ce ridicule se montre tout entier dans un bourgeois élevé grossièrement, et dont le naturel fait à tout moment un contraste avec l’art dont il veut se parer.