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104. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Elle apprécie trop ce plaisir-là pour remettre jamais sous le joug la liberté de son goût. […] Dans cette faculté le jugement se voit lié à quelque chose qui se révèle dans le sujet même et en dehors du sujet, et qui n’est ni nature ni liberté, mais qui est lié au principe de cette dernière, c’est-à-dire avec le suprasensible, dans lequel la faculté théorique se confond avec la faculté pratique, d’une manière inconnue, mais semblable pour tous.

105. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Le contraste des deux tuteurs, dont l’un traite sa pupille et sa future avec une indulgence raisonnable, et l’autre avec une rigueur outrée et bizarre : ce contraste, dont les effets sont très-comiques, donne une leçon très-sérieuse et sagement adaptée au système de nos mœurs, qui, accordant aux femmes une liberté décente, rend inconséquents et absurdes ceux qui voudraient faire de l’esclavage le garant de la vertu. […] Mais dans nos mœurs, ce dévouement dangereux est incompatible avec la liberté qu’on laisse aux domestiques : aussi les intrigues de valets sont-elles passées de mode sur la scène, parce que les valets, du moins ceux qui sont en livrée, ne mènent plus aucune intrigue dans le monde. […] Le sot entêtement d’Orgon pour Tartufe, les simagrées de dévotion et de zèle du faux dévot, le caractère tranquille et réservé d’Elmire, la fougue impétueuse de son fils Damis, la saine philosophie de son frère Cléante, la gaieté caustique de Dorine, et la liberté familière que lui donne une longue habitude de dire son avis sur tout, la douceur timide de Marianne ; tout ce que la suite de la pièce doit développer, tout, jusqu’à l’amour de Tartufe pour Elmire, est annoncé dans une scène qui est à la fois une exposition, un tableau, une situation.

106. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

La piece est applaudie à Paris dans sa nouveauté ; d’accord : mais la province, qui a le malheur de prendre le style de bon ton pour un entortillage insupportable, pour un jargon ridicule, prend la liberté de siffler la piece, en attendant qu’on la méprise à Paris ; ce qui ne peut tarder d’arriver.

107. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Je demande bien des pardons aux fanatiques du Misanthrope, si j’ai pris la liberté de toucher à l’objet de leur idolâtrie.

108. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Ses successeurs, à leur tour, n’ayant pu, en quelque sorte, faire un pas dans le domaine de la Comédie, sans trouver au moins des traces de son passage, les ont suivies, ceux-ci avec une fidélité qui ne faisait qu’attester leur faiblesse, ceux-là avec une liberté qui, sans déguiser entièrement l’imitation, leur laissait tout le danger d’une concurrence qu’il n’avait pas été en leur pouvoir d’éviter. […] Il semblait que son génie se jouât avec une liberté plus heureuse dans la peinture de ces caractères plus rapprochés de la nature et de la vérité, et que sa plume elle-même, moins contrainte dans l’imitation de leur langage, y portât plus de cette facilité qui est un des caractères et peut-être une des causes de la pureté du style. […] Je me contenterai de rapporter un seul exemple de ces étranges libertés, et je le prendrai dans la première comédie de Molière, l’Étourdi. […] Chapelle surtout ne le quittait presque pas : Molière était, après le vin et la liberté, ce qu’il chérissait le plus au monde65. […] Il disait, avec une extrême liberté, sa pensée sur tout ce qui le choquait.

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