de quelle langue voulez-vous vous servir avec moi ? […] De quelle langue ! […] Parbleu, de la langue que j’ai dans la bouche. […] Passez donc de l’autre côté ; car cette oreille-ci est destinée pour les langues scientifiques & étrangeres, & l’autre est pour la vulgaire & la maternelle. […] Il ne manque pas de faire les mêmes questions à celui qui l’interroge ; il le prend ensuite par le bout du nez, & le fait passer du côté destiné à la langue qu’il veut lui parler.
. — Mots qu’elle élimine de la langue. […] C’est qu’il venait de se faire un changement dans la langue, c’est que l’usage de la bonne compagnie en avait récemment banni nombre de mots et de locutions auxquelles il avait fait donner un nom distinctif qui en marquât la réprobation. […] c’est qu’il était mécontent de les voir éliminés de la langue. La bonne compagnie avait donc exercé sur la langue une autorité à laquelle l’autorité de Molière n’avait pu la soustraire.
] Prenez bien garde qu’on ne blâme ici que l’excès de sa liberté ; car au fond, l’on ne nie pas qu’il ne s’en servit bien souvent d’une maniere très-heureuse, & qui a été utile à notre Langue. […] On ne peut contester légitimement aux bons Auteurs le droit de forger de nouveaux mots, puisque sans cela les Langues seroient toujours pauvres, stériles, languissantes. […] Notez en passant la double source que Seneque nous indique de la pauvreté des langues, l’une est qu’on n’a point trouvé certains mots, l’autre est qu’on en laisse tomber plusieurs dans le non-usage. […] Cela est vrai principalement en France, & ainsi l’on ne peut pas espérer que notre Langue cesse jamais d’être disetteuse. […] Menage sur la Langue Françoise, pag. 15.
Je ne connais guère que La Fontaine dont la manière rappelle parfois le style d’Amphitryon, Cependant, pour dire toute la vérité, je dois avouer que le fabuliste parle une langue plus châtiée que Sosie. […] Si Alcmène parle une langue moins pure qu’Elmire, si Cléanthis ne rend pas sa pensée avec la même franchise, la même simplicité que Dorine, il faut nous en prendre à la double profession de l’auteur. […] Quant à Rotrou, chacun sait qu’il a plus d’une fois parlé une langue aussi belle, aussi précise que celle de Corneille, et ce mérite reconnu de tous, lui assigne un rang considérable dans notre littérature dramatique. Venceslas et Saint Genest, sans offrir au point de vue poétique le même intérêt qu’Horace et Cinna, ne sont pas moins dignes d’attention pour ceux qui aiment à suivre les transformations de notre langue.
C’était l’excès d’une des plus belles ambitions du temps, le perfectionnement de la langue. […] Quelques-uns sont directs ; il n’y a de Molière que la langue ; mais ce sont les plus rares. […] La langue qu’ils parlent, dans les changements que subit la langue générale, devient savante. […] Quant à la langue de la comédie, qu’est-ce autre chose, dans sa plus grande perfection, que notre langue de tous les jours, quand nous nous piquons de parler bien ? […] On fait des vocabulaires de sa langue ; on institue des prix pour le meilleur éloge de son style.