Quoi qu’il en soit, et malgré ses défauts, cette comédie est certainement l’une des plus belles qu’on ait données depuis Molière. […] Dans La Camaraderie, il peint à merveille une de ces coteries de médiocrités, si communes à notre époque, se prônant l’une l’autre, habiles à faire sonner en leur honneur toutes les trompettes de la presse, et qu’un des personnages de la pièce appelle plaisamment « une société par admiration mutuelle.» […] Mais pour donner à cette ardeur comme à cette hypocrisie les caractères qui leur sont propres ; pour ne pas exprimer l’une avec l’accent passionné d’un amour ordinaire, ou ne pas la faire dégénérer en satyrisme, pour ne pas peindre l’autre avec une exagération et des grimaces telles que Orgon, en en étant la dupe, n’est plus qu’un véritable Cassandre; pour donner enfin une juste idée, par l’amertume de la parole, les éclairs du regard, la violence du geste, de toutes les mauvaises passions qui bouleversent l’âme de Tartuffe à sa sortie du quatrième acte, sans pour cela tomber dans le tyran de mélodrame, voilà ce qu’ils comprendront moins facilement.
Il finit par des remerciements à M. de Zuylichem (Constantin Huygens), secrétaire des commandements du prince d’Orange, qui, sans le connaître, s’était donné la peine de composer deux épigrammes, l’une latine, et l’autre française, pour louer cette comédie. […] Corneille les joint ici à la sienne : nous rapportons l’une et l’autre, persuadés que le lecteur, ainsi que nous, n’aura pas lieu d’accuser l’auteur de beaucoup de vanité, pour en avoir fait parade.
Enfin ces deux pieces seroient tout-à-fait semblables, si l’une n’étoit excellente & l’autre détestable ; si dans la premiere tous les incidents n’étoient naturels, & dans la derniere tout-à-fait contre nature & indécents, révoltants même ; témoin une des gentillesses de Clitandre : il sait que son pere a dessein de le renfermer à Saint-Lazare, il s’amuse à faire répandre dans le monde qu’il a volé des diamants ; Harpin, enchanté d’avoir un si bon prétexte pour se défaire de son fils, est au désespoir lorsqu’il apprend que Clitandre n’est pas un scélérat à pendre.
« La main des Jésuites »est, on le sait, l’une des explications qui viennent le plus souvent à l’esprit des historiens politiques ou religieux de la France.
Ensuite on les joua à la chandelle, et le théâtre fut orné de tapisseries qui donnaient des entrées et des sorties aux acteurs par l’endroit où elles se joignaient l’une à l’autre. […] Croirait-on que plusieurs prétendaient, avec naïveté, que la fausse et la vraie dévotion ayant au dehors beaucoup de ressemblance, on ne devait pas railler l’une par respect pour l’autre ?