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176. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

C’est la comédie italienne, dont les comédiens du roi, par plus d’une raison, ne souffraient pas volontiers les hardiesses… et la concurrence. En même temps que Molière donnait Tartuffe, les Italiens représentaient avec succès une farce intitulée Scaramouche ermite. […] Pour Molière, la comédie italienne — la concurrence — est manifestement l’Olympe débauchée, dont les mœurs scandaleuses nuisent très-injustement au crédit de la vertueuse Olympe. […] Du moins donc, selon ces principes, il faudra bannir du milieu des chrétiens les prostitutions dont les comédies italiennes ont été remplies, même de nos jours, et qu’on voit encore toutes crues dans les pièces de Molière : on réprouvera les discours où ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mines et des expressions de nos précieuses, étale cependant au plus grand jour les avantages d’une infâme tolérance dans les maris et sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre les jaloux.

177. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Le poète anglais a enrichi la narration italienne de ce bouffon impudent, le capitaine Paroles, qui est tout au plus le bâtard de sir John Falstaff. […] Ce premier hasard plein de gaieté, d’abandon et de verve moqueuse, prit bientôt une forme certaine dans les compositions du père de la comédie italienne, Livius Andronicus. — Il a deviné, il a pressenti l’art nouveau qui allait ajouter le rire et le ridicule aux divertissements de la république romaine ; il a composé, d’abord, des comédies à l’exemple d’Aristophane, conservant à la comédie grecque son manteau quelque peu solennel ; il a composé aussi des comédies romaines moitié rire et moitié larmes, marchant ainsi sur les brisées de Diderot et de La Chaussée : enfin ce vieux bonhomme d’un vrai génie n’a pas dédaigné la vraie comédie, la comédie où l’on rit, sans rien qui ressemble à la haine personnelle, à l’allusion politique ; on rit parce que le rire éclata soudain, irrésistible, comme fait une douce flamme dans le regard d’un jeune homme amoureux, sous l’influence d’une pointe de vin ! […] Elles sont jeunes, elles sont belles, elles ont du sang italien dans les veines ; elles se montrent avec des talents, un esprit, un abandon et mille agréments qui les font adorer. […] Au troisième acte l’action s’interrompt pour faire place à Polichinelle et à sa bande — musiciens et danseurs. — Ce ne sont que festins, concerts, poésies italiennes, rondeaux, joutes, tournois, illuminations ; la terre et le ciel, l’ironie et l’esprit, l’argent et l’amour, toutes les délices se réunissent dans le même drame pour réjouir le jeune roi de cette cour brillante. — Molière à part, heureux sont les rois et les peuples qui s’amusent à moins de frais ! […] Voilà pour les deux premières comédies, et pour peu que vous sachiez quelle est la gaieté imperturbable de Regnard, vous devez vous imaginer sans peine ce que peut être une comédie de Regnard écrite pour le théâtre italien, à propos du héros de Baron ou de d’Ancourt. — L’homme à bonnes fortunes de Regnard est un escroc plus renforcé que les deux autres.

178. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Le sonnet d’Oronte est dans un goût précieux qui fut fort à la mode pendant plus d’un siècle : les Espagnols n’écrivaient pas autrement, les Italiens raffolaient de ce bel esprit, et vous savez si Shakespeare en est plein.

179. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Le pauvre Stagyrite ne possédait qu’un os, la comédie grecque ; au lieu que nous, par notre vaste connaissance de la comédie chinoise, grecque, latine, espagnole, anglaise, française, allemande, italienne, etc., nous sommes en mesure de composer bien plus facilement l’idée totale de la comédie.

180. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Monsieur Bobinet, le précepteur, n’est pas un de ces pédants outrés, toujours parlant latin, même quand ils parlent français, que nos premiers comiques ont empruntés au vieux théâtre italien, que Molière lui-même a imités dans le Métaphraste du Dépit amoureux, et dont nous avons vu le dernier dans le Mamurra du Grondeur.

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