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107. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Les égards que je dois à toute ma famille, L’intérêt que je prends à l’honneur de ma fille, M’oblige à vous donner un éclaircissement Quand j’ai mille raisons d’en user autrement. […] Le destin, malgré votre courroux, Vous force à consentir à des liens si doux ; Et l’intérêt d’un fils, son honneur & sa flamme, Vous doit, sans balancer, déterminer, Madame. […] Point de complaisance sur un pareil sujet, elle dégénere tout au moins en foiblesse ; & la calomnie ou la médisance, toujours éveillées sur les Gens de Lettres, peuvent la soupçonner d’être enfantée par un lâche intérêt.

108. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Je cours donc me jetter à ses pieds comme aux vôtres, Faire à vos intérêts immoler tous les nôtres, Vous réunir tous deux, tous deux vous émouvoir, Ou me laisser aller à tout mon désespoir.

109. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Ici, c’est assez de montrer que Molière, en nous divertissant, pense et nous fait penser qu’il faut être vertueux, non-seulement par intérêt, mais pour la vertu même et pour Dieu qui nous la commande ; non-seulement pour nous, mais pour tous ceux qui nous entourent et dont nous sommes, responsables. […] Il cherche pour ses enfants des mariages de pur intérêt, destinés à être un malheur de tous les instants97.

110. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Relisez le texte, je vous prie, vous l’y verrez ce qu’il est : altier, dominateur, contrôlant, critiquant, tempêtant contre les visites, jaloux ouvertement d’Elmire, fier avec tous, prudent avec Orgon seulement, car il y va des intérêts du ciel. […] Il s’y montre un parfait casuiste, très ferré sur les distinguo ; mais c’est de bonne foi qu’il applique cette admirable science aux intérêts du Ciel, et la bonne foi ici encore va jusqu’à la naïveté, comme dans ces vers sur Damis : Je lui pardonne tout, de rien je ne le blâme, Et voudrais le servir du meilleur de mon âme ; Mais l’intérêt du ciel n’y saurait consentir, Et, s’il rentre céans, c’est à moi d’en sortir. […] Certes, il y a un côté ridicule dans le dévot prêchant une doctrine d’abstinence alors que lui ne se refuse rien ; mais Molière ne s’est pas borné à mettre en scène cette éternelle antithèse, un des mystères joyeuxde l’Église ; il a montré aussi comment le même homme, restant homme après tout, peut confondre, à son insu peut-être, les intérêts de son Dieu et les siens propres ; il a indiqué quels ravages peut faire dans une conscience cette conviction qu’on est le fondé d’affaires du ciel, revêtu de ses pouvoirs et, par suite, doué de privilèges particuliers ; il a signalé la soif de domination, l’orgueil immense de l’homme qui se croit sacré.

111. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Ce fut la fin de la farce de ces beaux jeux, mais non de ceux que voulurent jouer, après, les conseillers des aides, commissaires et sergents, lesquels, se prétendant injuriés, se joignirent ensemble et envoyèrent en prison MM. les joueurs ; mais ils furent mis dehors le jour même, par exprès commandement du roi, qui appela les autres sots, disant Sa Majesté que, s’il fallait parler d’intérêt, il en avait reçu plus qu’eux tous, mais qu’il leur avait pardonné et pardonnerait de bon cœur, d’autant qu’ils l’avaient fait rire jusqu’aux larmes.

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