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149. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Quant aux instruments de l’agriculture, comment pourrions-nous aujourd’hui imiter l’auteur des Géorgiques, qui les nomme sans détour330 ? […] Enfin nous ne parcourrons pas le reste de son journal pour compléter la collection de ses jugements sur l’antiquité classique, sur l’Alceste d’Euripide, « dont plusieurs scènes ne seraient pas souffertes à la foir e349 » ; sur l’Hippolyte du même auteur, « qu’on ne doit pas admirer pour trente ou quarante vers qui se sont trouvés dignes d’être imités par Racine350 » ; sur Sophocle, qui « par l’harmonie de son style a surpris l’admiration des Athéniens, parce qu’avec tout leur esprit et toute leur politesse, ils ne pouvaient avoir une aussi juste idée de la perfection de l’art tragique que la cour de Louis XIV351 » ; sur Aristophane, « ce poète comique qui n’est ni comique, ni poète352 » ; sur Eschyle, qui est « un barbar e353 » et « une manière de fo u354 ».

150. (1910) Rousseau contre Molière

Il ne faut pas qu’un auteur le dise ; parce qu’un auteur est un prédicateur et doit être un prédicateur, et est ici non pour me montrer le vrai, mais pour me guider vers le bien par tous les moyens qui sont en son pouvoir, par persuasion en me prêchant bien, par suggestion en me montrant des personnages que, par admiration, j’imiterai. […] Que le théâtre imite en cela le public, qui ne vient chercher au théâtre que, mieux fait, ce qu’il sait faire et, mieux dit, ce qu’il sait dire, il est naturel. […] C’est le ridicule Arnolphe qui dit à Agnès : Gardez-vous d’imiter ces coquettes vilaines Dont par toute la ville on chante les fredaines, Et de vous laisser prendre aux assauts du malin, C’est-à-dire d’ouïr aucun jeune blondin. […] Ceux-ci nous montrent des héros, pour — peut-être ; en tout cas de manière à — nous exciter à les imiter par l’admiration qu’ils nous inspirent. […] Par là, par l’intention d’imiter fidèlement la nature, s’expliquent, dans le théâtre de Molière, la subordination des situations aux caractères, la simplicité de ses intrigues, l’insuffisance de ses dénouements qui, justement, parce qu’ils n’en sont point, ressemblent d’autant plus à la vie où rien ne commence et rien ne finit. » Ceci ne prouve point du tout que Molière veut qu’on obéisse, dans la vie, aux suggestions de la nature ; il prouve seulement que, comme auteur, il veut peindre la vie telle qu’elle est, plutôt que suivre son imagination ; ceci n’a absolument aucun rapport avec la question posée.

151. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

L’Europe n’imita plus directement Molière, elle l’admira davantage. […] Vadius ne sort pas de son cabinet, où il se barbouille de grec et de latin, où il annote les passages pillés par Cotin, et, quand il sort de sa retraite pour aller dans un salon, il ne ressemble pas mal à l’âne de la fable qui veut imiter le petit chien.

152. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Plaute, qu’il a imité, nous prouve que l’on peut bien faire, et être encore loin de Molière.

153. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

A l’occasion, il imaginait, avant la pièce, d’ingénieuses petites scènes que l’on a souvent imitées depuis.

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