Et d’abord sa morale, si l’on se contente de la première impression, — et c’est ce qu’on a fait trop souvent peut-être, — nous apparaît non pas précisément gauloise, comme celle de La Fontaine, mais moyenne et vulgaire. […] Molière est « honnête homme », aussi lui, beaucoup plus « honnête homme » que son ami La Fontaine ; et, s’il n’a jamais rien enseigné de très haut et de très noble, du moins n’a-t-il rien enseigné qui ne soit, en apparence, sage et raisonnable. […] Les partisans en étaient plus nombreux qu’on ne croit au XVIIe siècle, et — pour n’en citer qu’un ici — les Contes et les Fables mêmes de son ami La Fontaine ne l’insinuent pas moins subtilement que les chefs-d’œuvre de Molière. […] Il faut bien qu’il y ait des questions de principes engagées dans le procès qu’on fait au style de Molière : car pourquoi ne fait-on pas du style de Racine ou de La Fontaine des critiques analogues ? […] On peut regretter, en songeant à Racine, qu’elle manque de finesse ; qu’elle manque de grâce, en songeant à La Fontaine, et qu’enfin elle n’ait pas l’agilité de la langue de Regnard.
D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. […] Parfait disent, dans leur Histoire du Théâtre François, que le dénouement est pris d’un Conte de la Fontaine, intitulé le Cocu battu & content. […] Parfait ont-ils pu dire qu’il étoit pris de la Fontaine ? […] Concluons donc que d’Ancourt doit son intrigue à la Fontaine ou à Bocace, aussi est-elle bonne ; & qu’il ne doit le dénouement qu’à lui, aussi n’est-il pas merveilleux.
La Fontaine avait deviné tout le génie de Molière, lorsque, à son début, de faibles essais ne le faisaient encore présager à personne77 ; et Molière prédit l’immortalité de La Fontaine, à qui ses autres contemporains osaient à peine promettre quelques succès viagers. À un souper chez Molière, La Fontaine était accablé de railleries piquantes par Boileau, Racine et d’autres amis. […] On a dit une semblable chose de La Fontaine. […] On a fait à La Fontaine l’injure de lui attribuer cette coupable production. […] II, p. 463 et 464 de cette édition, le jugement que La Fontaine porta sur l’auteur, qu’il ne fréquentait pas encore, et sur la pièce, dont il venait de Voir la représentation.
Molière Des poètes français, Molière, après La Fontaine, est le plus célèbre, il est le plus aimé. […] Un beau logis à la ville, un grand jardin dans le doux village d’Auteuil, où Racine, Despréaux, La Fontaine, égal à Molière, venaient partager sa vie et ses plaisirs. […] Le curé de Saint-Eustache, sa paroisse (elle fut la paroisse de La Fontaine !)
Le style est bien inférieur à celui du Mercure galant, et la médiocrité des fables que débite Ésope est d’autant plus sensible que la plupart avaient déjà été traitées par La Fontaine. […] Enfin le dénouement est heureux ; il l’a tiré d’une fable de La Fontaine, intitulée le Berger et le Roi, et l’usage qu’il en a fait est intéressant et théâtral. […] Au bout de cette rue où ce grand cardinal, Ce prêtre conquérant, ce prélat amiral, Laissa pour monument une triste fontaine, Qui fait dire au passant que cet homme, en sa haine, Qui du trône ébranlé soutint tout le fardeau, Sut répandre le sang plus largement que l’eau, S’élève une maison modeste et retirée, Dont le chagrin surtout ne connaît point l’entrée.