Enfin, au bout de cinq ans, Louis XIV fit lever la défense qui protégeait l’hypocrisie, et les faux dévots furent, dans la personne de Tartuffe, livrés à la risée publique. […] La Coquette, ou la Fausse Prude, comédie en cinq actes et en prose.
Elle* a perdu quelque chose de son premier agrément, parce que les modes aiant souvent changé depuis ce temps-là, on est obligé dans la representation de retrancher plusieurs Vers où il raille plaisamment la maniere de s’habiller alors, ce que l’on peut voir dans la premiere Scene du premier Acte ; & comme les Acteurs sur les habits desquels ces railleries refléchissent ne suivent plus cette mode, elles porteroient à faux, si on ne les retranchoit pas. […] Moliere né avec des mœurs droites, & dont les manieres étoient simples & naturelles, souffroit impatiemment le Courtisan empressé, flateur, médisant, inquiet, incommode, faux ami. […] Chapelle avoit de la sincerité, mais souvent elle étoit fondée sur de faux principes, d’où on ne pouvoit le faire revenir ; & quoiqu’il n’eût point envie d’offenser personne, il ne pouvoit resister au plaisir de dire sa pensée, & de faire valoir un bon mot aux dépens de ses amis. […] Le peuple croit qu’il mourut à la premiere & même qu’on l’emporta mort du Théatre, ce qui est entierement faux.
Cependant combien de fois nous enflons-nous de ces faux attributs !
Mais, bien que d’un faux zèle ils masquent leur foiblesse, Chacun voit qu’en effet la vérité les blesse.
Si l’anecdote était authentique, nous craindrions bien que, dans cette circonstance, Molière n’eût encore été qu’imitateur : ces fausses lettres, faisant succéder rapidement les impressions de chagrin et de joie, fournissaient un trop excellent prétexte à la pantomime, pour n’avoir pas été exploitées par les artistes italiens.