Et en effet, Messieurs, transportons-nous par la pensée dans l’avenir le plus lointain : supposons que de nombreuses générations se sont succédé, et que, par l’effet de ces grandes catastrophes qui bouleversent les empires, tout ce qui a été écrit sur les deux derniers siècles a disparu.
Un époux si extraordinaire auroit pu lui donner des remords, & la rendre sage : sa bonté fit un effet tout contraire ; & la peur qu’elle eut de ne pas retrouver une si belle occasion de s’en separer, lui fit prendre un ton fort haut, lui disant qu’elle voyoit bien par qui ces faussetez lui étoient inspirées ; qu’elle étoit rebutée de se voir tous les jours accusée d’une chose dont elle étoit innocente ; qu’il n’avoit qu’à prendre des mesures pour une separation, & qu’elle ne pouvoit plus souffrir un homme, qui avoit toûjours conservé des liaisons particulieres avec la ade Brie, qui demeuroit dans leur maison, & qui n’en étoit point sortie depuis leur mariage.
Comme j’ai promis d’appuyer tout ce que je dirois par des exemples ; comme je veux que mes lecteurs puissent juger par eux-mêmes de l’effet que de pareils aparté pourroient produire, je vais leur rapporter une histoire qui m’en a fait sentir tout le mérite.
Vous haïssez la cause, épargnez-vous l’effet.
Oui, ma foi, le contraste est tout des plus parfaits, Et nous en pourrons voir d’assez plaisants effets.