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83. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

« Le dénouement des Adelphes n’a nulle vraisemblance ; il n’est point dans la nature qu’un vieillard qui a été soixante ans, chagrin, sévère et avare, devienne tout à coup gai, complaisant et libéral. […] L’auteur de L’École des femmes : je demande pardon, si je parle de cette comédie, qui vous fait désespérer, et que vous avez essayé de détruire par votre cabale, dès la première représentation, l’auteur, dis-je, de cette pièce, fait conter à un de ses acteurs qu’un de ses voisins, ayant fait clore de fossés un arpent de pré, se fit appeler M. de L’Islea, que l’on dit être le nom de votre petit frère. » Dans la même dissertation, l’abbé d’Aubignac parle encore du chagrin de M.  […] Il y a longtemps qu’Aristophane l’a dit ; il se ronge de chagrin quand un seul poème occupe Paris durant plusieurs mois, et L’École des maris, et celle des femmes, sont les trophées de Miltiade, qui empêchent Thémistocle de dormir. […] « [*]Après la quatrième scène, Sganarelle restait seul, il se plaignait d’une pesanteur de tête insupportable, et se mettait dans un coin du théâtre pour dormir ; pendant son sommeil, il voyait en songe ce qui forme les deux premières entrées du ballet. » Première entrée : La Jalousie, les Chagrins, les Soupçons.

84. (1900) Molière pp. -283

Cette joie si sentie nous donne la mesure de ses chagrins, quand il errait, complètement inconnu, du bourg à la ville et du château à la grange, récoltant ici des mépris et là des compliments plus outrageants que des mépris. […] Non ; est-ce d’un ecclésiastique qui est fâché d’avoir passé sa vie dans les grades inférieurs, et qui murmure un peu contre la haute administration ecclésiastique par esprit chagrin ? […] Dans ce point de vue élargi, je n’ai pu trouver chez lui tout parfait ; ces réserves, qu’on a taxées d’esprit chagrin à son égard, je persiste à les faire ; je les fais à l’honneur des temps plus policés, plus libres, plus humains, qui sont venus. […] Ils ont vu, ces grands comiques, ils ont suivi, ils ont admiré avec une surprise pleine de douleur, de chagrin, de colère, de rage, les progrès irrésistibles de la corruption, le triomphe des pervers, dont ils se plaisent à nous montrer au théâtre la catastrophe finale, catastrophe bien longue à venir dans la vie réelle et qui ne vient pas toujours. […] Là où la raillerie ne se propose d’autre objet et n’atteint d’autre effet que la raillerie même, nous n’avons pas l’esprit dans sa fleur ; une nuance de trop d’humeur chagrine, qui s’y montre, l’altère et nous empêche d’en jouir.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Eraste la suit pour s’excuser ; un chasseur l’arrête, & lui raconte les plaisirs & les chagrins qu’il a éprouvés dans une partie de chasse.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Dans ces deux pieces, les deux meres prévenues pour un fils très mauvais sujet lui sacrifient leurs autres enfants, & finissent par recevoir de lui les chagrins les plus mortifiants.

87. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Arnolphe est le type de l’éternel jaloux, mais ce qui donne à sa manie, à son égoïsme, un caractère touchant, sinon poignant, ce sont les accents douloureux dont sa jalousie s’exprime, et cette douleur est trop sincère, trop personnelle pour qu’on n’y retrouve pas l’expression des chagrins secrets dont était torturé le mari malheureux d’Armande Béjard.

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