Francesco Andreini, par exemple se faisait annoncer par son valet de la manière suivante : « Tu diras que je suis le capitaine Spavente de la vallée infernale, surnommé l’endiablé prince de l’ordre de la chevalerie ; Trismégiste, très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur ; dompteur et dominateur de l’univers, fils du tremblement de terre et de la foudre, parent de la mort et ami très étroit du grand diable d’enfer. » Dans La Prigione d’Amore (la Prison d’Amour), de Sforza Oddi nell’academia degli Insensati detto il Forsennato (membre de l’académie des Insensés, surnommé le Furieux), comédie récitée à Pise par les étudiants, pendant le carnaval de 1590, le rôle du capitan est très développé, et se termine par le récit suivant, qui pourra servir de spécimen.
Madame Scarron, annoncée au roi comme une femme agréable, fut admise à lui faire ses remerciements.
Elle se faisait ordonner, au nom de la religion, de demeurer à la cour, ou d’annoncer qu’elle avait intention de la quitter, suivant qu’elle avait à se plaindre ou à se louer du roi ou de madame de Montespan.
Le reste de la piece est rempli par un roman presque étranger au sujet annoncé. […] Loin de voir dans aucune des principes dangereux, nous trouverions dans deux ou trois des détails très moraux, & dans toutes les autres, un fonds de philosophie qui annonce le Précepteur du genre humain, & un Sage qui, non content de rendre les hommes meilleurs en épurant leurs ames, veut faire leur bonheur en combattant leurs chimeres, tâche de les rendre plus savants dans une infinité d’arts en dévoilant à leurs yeux l’ignorance & le mauvais goût, & finit enfin par les rendre plus agréables dans la société, en combattant leurs travers & leurs ridicules.
Dans le temps il fait afficher, et il annonce le même spectacle que l’année précédente ; mais il promet de découvrir son secret, et d’accompagner son épinette d’un petit divertissement. […] C’était un de ces génies supérieurs et réjouissants, que l’on annonçait six mois avant que de le pouvoir donner pendant un repas. […] Racine ayant fait cette pièce, la promit à Molière, pour la faire jouer sur son théâtre ; il la laissa même annoncer. […] Il annonçait de bonne grâce, parlait facilement, et ses petits discours faisaient toujours plaisir à entendre. […] L’annonce de Molière ne put se faire non plus le lendemain, puisqu’à dater du jour de la défense le théâtre fut fermé pendant cinquante jours, interruption qui ne fut point commandée par l’autorité, et qui eut pour cause le départ subit de La Grange et de La Thorillière.