« Mais c’est cela même dont je me plains, dit mon Censeur : vous ne m’avez point donné le beau de Molière ; vous me l’avez représenté comme un homme fort commun ; par de petites aventures qui ne sont bonnes qu’à amuser de petits Lecteurs. […] À tout prendre néanmoins cet Ouvrage pourrait avoir le plus grand nombre de son côté ; il amuse les petits Lecteurs ; il y a des aventures qui font rire : il y a des noms en blanc, cela excite la curiosité, et fait bien souvent le mérite d’un Livre.
Il s’amusa depuis à embellir toute cette aventure d’un vernis romanesque, et il en composa une nouvelle intitulée la Provençale. […] Le Distrait vaut mieux, puisque du moins il amuse; mais la distraction n’est point un caractère, une habitude morale : c’est un défaut de l’esprit, un vice d’organisation, qui n’est susceptible d’aucun développement, et qui ne peut avoir aucun but d’instruction.
Il s’amuse à la muse, et la muse l’amuse. […] Molière, usant encore de la liberté d’Aristophane, s’y amuse aux dépens des médecins du roi. […] La comédie est donc dans son droit, ainsi que le monde, en se moquant des disgrâces des époux, et les plaisanteries dont ces quelques esprits délicats s’offensent, n’en possèdent pas moins .une très haute valeur morale, elles ne cesseront même pas d’amuser tant qu’il y aura des maris trompés…, c’est-à-dire toujours… En France surtout, le pays classique dans ce genre, parce que c’est le pays où les intérêts du cœur sont le plus fréquemment sacrifiés aux intérêts de fortune ou de vanité. […] Ce n’est pas, en un mot, une espiègle qui s’amuse à faire enrager sa sœur après lui avoir enlevé son amant avec malice ; c’est une fille sensée qui se défend par la raillerie, de la mauvaise humeur d’une rivale abandonnée, et qui respecte sa mère malgré des travers d’esprit, et son père malgré certaine faiblesse de caractère qu’elle condamne. […] Ce front à surface plane ne semble-t-il pas comme un miroir où se sont reflétées fidèlement les mœurs du temps dans lequel l’auteur a vécu ; et le bas de la figure, empreint d’une certaine sensualité, ne peint-il pas assez bien la voluptueuse insouciance d’un homme qui ne vit point dans la comédie un moyen de réformer ses semblables, mais qui ne se proposa d’autre but que de les amuser ?
Saisissons avec empressement tout ce qui se présentera dans nos sociétés sous un aspect moral & comique ; mais gardons-nous bien d’imaginer que toute aventure qui nous a déridés en passant, doive également amuser le public.
Pasquin reste seul sur le théâtre, & s’amuse à s’enivrer.