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117. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Il n’y a pas d’apparence que des éditeurs si peu soucieux de la pureté de leur texte, si peu attentifs à la révision des épreuves, se soient amusés à changer quelques mots dans les pièces de Molière. […] Ses bons mots amusent la foule, corrigent la société ; mais quand il s’agit d’en pénétrer la profondeur, il ne lui reste plus qu’un petit nombre de juges. […] Molière avait souffert de l’absence de Baron ; l’éducation de ce jeune homme l’amusait dans ses moments de relâche ; les chagrins de famille augmentaient tous les jours chez lui. […] D’ailleurs il n’aimait ni la foule ni la gêne ; il n’avait rien pour s’amuser et s’étourdir sur ses déplaisirs. […] Molière, qui en parlait avec plaisir, en commença l’histoire ; mais Baron, ennuyé de l’entendre, alla chercher à s’amuser ailleurs106.

118. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Des diables en enfer s’amusent à disputer sur la grâce, sur le libre arbitre, sur la prédestination, tandis que d’autres jouent de la flûte. […] Il n’y a qu’à ne pas chercher des raisins sur les épines et des figues sur les chardons, et alors tout est parfait. » Le Chevalier s’est amusé à démontrer la vanité de la méthode suivie en critique littéraire par ce pauvre Schlegel, ainsi que par Jean-Paul, « l’homme de la lune401 », et par Hegel. […] Le roi, qui donnait l’exemple du désordre, trouva fort bon qu’on se moquât de la cabale austère qui l’importunait, et s’amusa tout le premier de cette plaisante représaille contre la dévotion rigoureuse, chagrine, sans complaisance pour les faiblesses433.

119.

Les passants s’amusaient de la scène et se mettaient de la partie. […] Les comédiens en scène risquent parfois certaines allusions locales dont ils s’amusent entre eux, dont s’amusent également ceux des spectateurs qui sont plus ou moins dans leur commerce habituel et qui comprennent la langue de la maison. […] Il se trouvait un jour avec ses amis et des femmes, tous huguenots, à s’amuser au bord d’un rivage, lorsqu’au milieu de l’allégresse du manger et du boire, on se fit un défi dépasser à la nage une certaine étendue de mer.

120. (1900) Molière pp. -283

Enfin, ce qui pourra nous être accordé sans peine, elles réveillent, elles piquent, elles amusent, par la verve qui les anime et l’humour qui les colore. […] Fléchier ne fait pas l’ombre d’une réflexion de pitié en faveur de toutes ces victimes ; cela l’amuse, il raconte cela en anecdotes galantes, spirituelles et burlesques. […] Elle n’est pas ce qu’elle est pour un saint Louis, pour un saint François d’Assise : c’est une invention qu’ils trouvent commode : je demande pardon de ces termes, je ne les applique qu’à ces sortes de caractères, — c’est une invention qui les dispense, ils le croient du moins et l’entendent ainsi, de s’occuper de leurs femmes, de les amuser et de les surveiller. […] Il y a sous le règne de Louis XIV, à ce moment, il y a des athées à Paris ; il est facile de les compter dans le monde connu d’alors ; ils vivent à part, et ce sont moins des athées que des épicuriens, qui, sous le cynique manteau de l’athéisme, s’amusent entre eux ; ils ne cherchent pas à faire des conversions, et ils sont tolérés par les plus pieux, parce qu’alors cet état d’esprit n’est pas encore contagieux. […] Contente de cette amitié fructueuse, elle laisse l’esprit courir après la vaine gloire, qu’elle s’amuse quelquefois à lui ravir, qu’elle lui distribue ou qu’elle lui refuse à son gré ; car elle se pique aussi de choses galantes, de belles-lettres, de musique, de beaux-arts, et pour s’être mise bien avec la Fortune, elle ne s’est point brouillée avec la Renommée ; on la voit, dans les journaux, qui fait la doctoresse et remontre à l’esprit comment il faut s’y prendre pour être spirituel.

121. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Les Auteurs qui sont venus après le pere de la vraie comédie, ont, je n’en doute point, tenté de marcher sur les traces de ce grand homme, & de présenter leurs idées avec des expressions naturelles, comiques, intelligibles aux spectateurs les moins éclairés : mais la nature a épuisé ses dons en faveur de Moliere, & s’est montrée avare pour ses successeurs, qui n’ayant pas un génie capable d’imaginer des fables nouvelles, d’imiter heureusement celles des Anciens, ou de profiter des idées des nations voisines ; ne pouvant enfanter que des pieces dont l’action & le mouvement suffisent à peine pour soutenir un seul acte, & ne voulant pas ressembler à Poisson, qui se nommoit plaisamment un cinquieme d’Auteur, parcequ’il n’avoit fait que de petites pieces, imaginerent d’amuser le spectateur & de l’éblouir par des pensées brillantes.

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