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189. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

On admire beaucoup certains duos de la musique de Rossini, où l’un chante pendant que l’autre pleure, où celui-ci accompagne l’orchestre avec sa voix, pendant que l’orchestre déclame l’air que le chanteur devrait chanter ; mais combien cela n’est-il pas plus difficile de transposer ainsi, de Don Quichotte à Sancho, de Don Juan à Sganarelle, du maître au valet, du fait à l’idée, les plus excellentes qualités de la comédie, à savoir le rire et la leçon ? […] Il est loyal, mais à sa façon, en dissimulant ce qu’il a dans l’âme. — Don Juan est un fourbe d’autant plus dangereux qu’il a toujours l’air de mettre son jeu à découvert. […] C’est par ce qu’elle était à cette œuvre, que le nom de La Vallière est resté, en nos souvenirs et dans nos respects, le mot d’ordre de tant de grandes choses dont se compose le grand siècle. — Elle a entendu les premiers bruits du Versailles naissant ; elle a vu fleurir les premières fleurs de ce jardin des Hespérides ; elle a vu s’élancer dans les airs rafraîchis, les premières eaux de ces bassins amenées de si loin, par la volonté d’un seul, pour le plaisir de tous.

190. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Un fourbe, lors même qu’il est seul, continue de composer son air, son maintien, son langage, comme s’il craignait que d’invisibles témoins ne surprissent le secret de sa perversité.

191. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Gabriel, qui est fort occupé, descend de rechef pour promettre un fils à Zacharie, époux d’Elisabeth, et comme Zacharie n’a pas trop l’air d’y croire, il l’en punit en le rendant muet.

192. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Le grand air de la campagne & la course l’avoient tellement harassé & défiguré, qu’il le laissa passer sans le reconnoître, & il revînt chez lui tout triste après avoir bien attendu. […] Cet Envoié sortant des appartemens témoigna de l’admiration pour la bonne mine, & l’air majestueux de Sa Majesté, sans dire un seul mot de la richesse des pierreries. […] Quinaut aiant ensuite jugé à propos de faire une Tragedie en Musique sur le même sujet, reprit tout ce qu’il avoit prêté à Moliere ; de là vient que les airs qui se chantent dans la Tragedie-ballet, se retrouvent dans l’opera de Psyché.

193. (1900) Molière pp. -283

Figurons-nous, en étudiant les personnages de l’ancienne comédie, combien de temps s’est écoulé avant qu’un médecin, un savant, un juge, un procureur, un avocat, un notaire devinssent des hommes qui, dans la vie ordinaire, ne différassent point trop, par leurs manières et le ton de leur langage, des autres hommes ; et nous conviendrons que d’avoir banni comme ridicule tout ce qui rebutait le bon goût comme excessif, d’avoir mis la variété à la place des disparates, effacé les saillies choquantes, amolli l’austère écorce qui prêtait aux mœurs de la haute bourgeoisie je ne sais quoi de raide et de raboteux, d’avoir créé, au-dessus des classes et des professions, cette société française, type achevé de la société élégante, où l’on ne plaît qu’en apportant comme un témoignage d’estime et de respect pour autrui le ferme désir de plaire, où l’on n’est supporté que si l’on se fait modeste, où quiconque veut être trop n’est plus rien, où il faut, pour être accueilli, que l’argent perde de sa suffisance, les grandes charges et le rang de leur orgueil, le mérite de sa fierté susceptible, la vertu même ces airs tristes qu’elle a quelquefois et qui la gâtent, d’avoir créé cette société si polie, si appropriée à tous et en définitive si humaine, puisqu’elle a pour code la condescendance réciproque, pour ennemies les prétentions de toute espèce, pour seule arme et pour seule sanction la raillerie, cela n’est point une œuvre frivole, et telle a été chez nous l’œuvre de l’esprit. […] Au milieu de la multiplicité de leurs personnages, trois types persistent que l’on trouve dès l’origine dans Molière, que l’on retrouve encore dans Beaumarchais, à la veille de 89, quand déjà les mouvements précurseurs de l’orage agitent l’air : le marquis, le bourgeois et le valet. […] C’était lui qui prêtait à tout cet air de bon goût dégagé, d’aisance, de sans-façon aimable, de liberté, qui donnait à la corruption même de l’ancienne société un charme que bientôt, peut-être, on cherchera vainement dans les vertus de la nouvelle. […] ANAXAGORE De quel air vous dites enfin, Aspasie !

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