Il fit des études, me semble-t-il, très ordinaires ; car, sauf Plaute, Térence et un peu de Lucrèce, rien dans ses œuvres ne montre qu’il ait rien retenu de l’antiquité. […] Outre Plaute, Térence et Lucrèce que j’ai nommée il semble avoir connu Rabelais et Montaigne et c’est bien tout. […] L’Avare Comme Amphitryon, l’Avare est tiré de Plaute ; mais Molière a encore plus transformé la Marmite de Plaute qu’il n’avait transformé l’Amphitryon et il n’y a pas de comparaison a faire de la pièce de Molière à celle de Plaute, encore que Molière se soit beaucoup servi de celle-ci. La pièce de Plaute, bien qu’on ne me fera jamais dire qu’Euclion soit « un avare de circonstance » et bien que j’estime qu’il est parfaitement un avare de tempérament, la pièce de Plaute n’est guère qu’une jolie comédie anecdotique ; celle de Molière est une grande étude de passion. […] Voit-on que Plaute ait fait amoureux son Euclion ou Balzac amoureux son Grandet ?
Pour savoir dans quelle mesure le thème dramatique de Plaute a été renouvelé par Molière, il convient d’analyser brièvement la pièce antique. […] Sans doute Molière doit à Plaute plus d’un incident ingénieux, plus d’un détail plaisant145. […] Donc, s’il faut admirer chez Plaute la verve du dialogue, ne lui demandons point une profondeur d’observation qui est la gloire de Molière. […] Plaute y fait allusion à l’abrogation de la loi Oppia. […] Plaute n’a pas voulu intituler sa pièce Avarus, comme il avait appelé d’autres comédies Pseudolus, Miles gloriosus.
Les esclaves d’Aristophane, de Plaute et de Térence ont enfanté les valets de Scarron, de Corneille et de Molière : les Daves sont pères des Mascarilles. […] Plaute, qu’il a imité, nous prouve que l’on peut bien faire, et être encore loin de Molière. […] C’est encore à Plaute que Molière doit le sujet de L’Avare, et même les principales scènes de son admirable comédie. […] L’avare de Plaute n’est pas amoureux : aussi cherche-t-on en vain dans cet auteur les scènes où Harpagon, obligé de donner à dîner à sa future, discute le menu du repas, et fait la leçon à ses domestiques ; cette lésinerie, jusque dans la magnificence, met le caractère dans tout son jour.
Plaute & Térence n’alloient pas chercher bien souvent tant de façon. […] Plaute ne donne pas toujours d’aussi bonnes raisons.
Parmi ceux d’Aristophane et de Plaute, il en est beaucoup qui, au lieu d’indiquer le sujet, ne font qu’en désigner une des circonstances les plus indifférentes.