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29. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Don Juan, au milieu du naufrage de toutes ses croyances, s’aperçoit qu’il conserve encore le sentiment de l’humanité, et, au nom de ce sentiment, fait la seule bonne action de sa vie.

30. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Les moliéristes s’inquiètent beaucoup plus de savoir en quelle année Molière donna des représentations à Angoulême ou à Montauban, que de pénétrer le sens et de mesurer la portée de Tartufe ou du Misanthrope ; ils se soucient beaucoup moins de relire Don Juan ou L’Avare, que de courir d’étude en étude de notaire, pour y chercher, au bas d’un contrat de vente ou d’un acte de mariage, la signature de Molière. […] L’idée du devoir lui semble étrangère, à moins qu’elle ne soit bafouée dans les pièces de cette catégorie  : Don Juan, Georges Dandin, etc. […] Molière, soutenu par le roi, paya d’audace et riposta, comme l’on sait, en écrivant Don Juan. […] La morale de Molière : d’où il procède (École des Maris, École des Femmes) ; où il tend (Tartufe, Don Juan) ; à quoi il aboutit (Misanthrope, Femmes Savantes).

31. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

. — Molière dit à Arsinoé qu’elfe s’y prend un peu tard pour devenir prude ; à Dorante, ami de Monsieur Jourdain, qu’en dépit de ses belles manières et de son titre, il est un escroc ; à Don Juan, fils insolent, révolté contre toute idée de devoir individuel ou social, égoïste et méchant, au seigneur qui s’abaisse à user de son prestige pour intimider et congédier un créancier, au séducteur de Dona Elvire, repenti tardivement et s’en remettant hypocritement au ciel du soin de réparer ses fautes : « Apprenez que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu’on signe qu’aux actions qu’on fait, et que je ferais plus d’état du fils d’un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d’un monarque qui vivrait comme vous » ; Clitandre, amant d’Angélique et plein de mépris pour le roturier Georges Dandin : « Vous avez une étrange façon de mentir et de vous parjurer, pour un gentilhomme !  […] Depuis l’huissier Loyal qui a l’air si déloyal, jusqu’au Don Juan méchant que sa conversion rend encore plus odieux, jusqu’au redoutable Tartuffe, Molière combat les fourbes et leur oppose les gens de bien qui parlent franc et net : les Cléonte, qui ne se laissent point passer pour gentilshommes quand ils ne le sont pas ; les Clitandre, incapables de faire des courbettes devant des gens qu’ils méprisent ; Alceste surtout, ce grand Alceste, bourru, aimant et sincère, las des préjugés.et des mesquineries du monde auquel Molière donna son âme, un jour qu’il souffrait beaucoup.

32. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Bien plus, prélats et moralistes ne se trompaient guère en voyant, je ne dis pas un indifférent, mais un ennemi dans l’homme qui écrivait Don Juan et Tartuffe. […] Cinq de ses pièces, en effet, Don Juan, l’Amour médecin, le Médecin malgré lui, Monsieur de Pourceaugnac, le Malade imaginaire, donnent une place étonnante à la maladie et à son cortège. […] De là un premier accès d’irritation, qui coïnciderait avec Don Juan.

33. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Don Juan dans une Scene avec un pauvre qui lui demandoit l’aumône, ayant appris de lui qu’il passoit sa vie à prier Dieu & qu’il n’avoit pas souvent de quoi manger, ajoutoit : Tu passes ta vie à prier Dieu, il te laisse mourir de faim, prend cet argent, je te le donne pour l’amour de l’humanité.

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