Alceste et Célimène Ce qui fait l’originalité des scènes d’Alceste avec Célimène, c’est que ce pauvre Alceste s’obstine à raisonner avec elle, et qu’il raisonne très juste, le malheureux ! […] Aussi Célimène n’y répond-elle point. […] Tartuffe, par exemple, et Alceste, et Célimène. […] Célimène a toujours vingt ans, par convention, parce qu’on sait bien qu’une actrice qui aurait réellement vingt ans serait incapable de jouer Célimène, un rôle qui exige vingt-cinq ans d’étude et de planches. […] Ce n’est pas le bon sens de Célimène, où l’égoïsme domine, et par lequel elle fait servir les autres à l’amusement de sa vanité ; mais, comme Célimène, Henriette est sans illusions.
Les petites choses ont de l’importance quand on vit dans un petit cercle ; et, forcé par son amour pour Célimène de se trouver sans cesse confondu avec des sots, le noble personnage épanche sa bile sur les misères qui le froissent. […] effort d’autant plus pénible que Célimène l’aime autant qu’une coquette peut aimer. […] Molière joua lui-même le rôle du Misanthrope, et Mlle Molière celui de la coquette Célimène. […] Mlle Molière représentait à ravir cette Célimène, qui reste jusqu’à la fin ce qu’elle est au commencement légère et coquette, et qui refuse de quitter les adorations du monde, pour suivre Alceste dans la solitude, ou si vous le voulez. […] la brillante Célimène a disparu elle-même.
), avait créé, chez nous, toute une série de mœurs nouvelles, étranges, incroyables, dont les salons du siècle passé ne pouvaient avoir aucune idée, pas plus que nous n’avons l’idée aujourd’hui des salons du vieux Paris, dans lesquels les moralistes ont trouvé les héros de leurs comédies : Alceste, Orgon, Tartuffe et Célimène, M. et madame Jourdain, Sganarelle, Élise, Valère, Marianne ; le distrait Ménalque, Argyre la coquette, Gnathon le glouton, Ruffin le jovial, Antagoras le plaideur, Adraste le libertin et dévot, Tryphile le bel esprit, « bel esprit comme tant d’autres sont charpentiers ou maçons ». […] Elle s’en va, dites adieu, et pour longtemps, aux plus austères chefs-d’œuvre de Molière ; adieu au Misanthrope, dont elle était la Célimène adorée ; à Tartuffe, dont elle était, non pas l’excuse, mais du moins le plus supportable prétexte ! […] elle meurt de regret et de désespoir, parce que la cornette de Lisette échappe à sa tête blanchie, parce que l’éventail de Célimène, dont elle avait fait un sceptre, s’est brisé entre ses doigts.
D’après un de ses biographes, il fit jouer à Bordeaux une Thébaïde, qui n’obtint aucun succès ; quelques années après il éprouva à Paris un nouvel échec avec Don Garcie de Navarre ; et cependant c’est dans ce drame héroïque que se trouve l’idée première de la situation d’Alceste amoureux de Célimène : il en a même extrait plusieurs vers pour les transporter dans Le Misanthrope. […] Quels reflets de comique se renvoient mutuellement Alceste et Célimène ! […] Elle joua d’original la Princesse d’Élide, Célimène dans Le Misanthrope, Elmire dans le Tartuffe, Psyché, Lucile dans Le Bourgeois gentilhomme, Angélique dans Le Malade imaginaire, Léonore dans L’Homme à bonnes fortunes.
… La chute en est jolie, amoureuse, admirable… Je n’ai jamais oui de vers si bien tournés… Est-ce à raison que, dans la scène de la médisance, Philinte prend le parti de Célimène contre Alceste ?