Tous sont d’accord en somme pour le grandir sans mesure, en faire un personnage héroïque et fabuleux, l’honneur même, rendant ses oracles ; on se ferait une mauvaise affaire à prendre contre lui le parti d’Oronte, de Philinte ; à plus forte raison de Célimène ; ceux même qui, dans la vie réelle, n’y seraient jamais pour lui et se feraient un plaisir de l’éviter chez les autres se croient obligés d’épouser d’autant plus sa cause au théâtre et de l’admirer bruyamment. […] Armande le trompait : Armande, qu’il avait épousée par amour, après l’avoir élevée avec la plus généreuse et la plus libérale bonté, et beaucoup plus comme l’Ariste de l’École des Maris que comme Arnolphe. […] C’est simple, c’est naïf, c’est naturel ; c’est de la poésie du temps* où les rois épousaient des bergères ; mais que diable !
On battait des mains à ces spirituelles boutades de Tircis contre les mariages d’amour : Pauvre amant, je te plains, qui ne sais pas encore Que, bien qu’une beauté mérite qu’on l’adore, Pour en perdre le goût, on n’a qu’à l’épouser. […] Quand la toile se lève, il est sur le point de l’épouser : son plan a réussi ; la fille lui paraît mûre pour lui ; il triomphe ; et comme il ne serait pas content d’avoir raison si quelqu’un n’avait tort, Molière le montre, dans la première scène, accablant Ariste son frère, qui a élevé Léonor avec indulgence, de la supériorité de son système d’éducation. […] On reconnaissait Molière, même de son temps, dans Ariste de l’École des Maris ; Ariste, homme déjà mûr, qui doit épouser, comme lui, une fille de seize ans ; comme lui tendre et indulgent, avec une certaine inquiétude de caractère ; comme lui s’étudiant à contenter les goûts innocents de celle qu’il aime, à gagner son cœur par la facilité et la confiance ; comme lui se flattant de se rajeunir à ses yeux par les soins délicats et les bienfaits.
Léandre fait plus ; il s’apperçoit qu’Eraste a du penchant pour Lucinde, il l’engage à l’épouser, & il combat l’antipathie que son ami a pour le mariage.
Charité invite Jesus à épouser l’Ame.
Nous avons vu à quoi se réduisait la famille de la marquise de Rambouillet, depuis l’absence de la duchesse de Montausier : toutefois, j’ai omis, par inadvertance, de parler de la plus jeune sœur de la duchesse, Angélique Claire d’Angennes, mariée en 1658 au comte de Grignan, le même qui, après un second mariage, épousa en troisièmes noces, en 1669, mademoiselle de Sévigné, avec qui sa mère lia cette correspondance si charmante qui est entre les mains de tout le monde.