/ 186
23. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Arnolphe disait : une fille avisée, savante, habile, me ferait courir trop de risques ; Molière lui répond : avec une simple et une ignorante, ce sera bien pis encore ; elle ne voudra de toi à aucun prix. […] Attendez, mesdames et messieurs, je ne vais pas vous parler encore des Femmes savantes. […] La satire, dans Les Femmes savantes, est des plus nettes, des plus vives et des plus dures. […] On a déjà fait remarquer, je crois, que Les Femmes savantes et Tartuffe se ressemblaient par un point : la maison d’Orgon est dominée par un scélérat ; la maison de Philaminte est conquise par un sot. […] Car, pour les femmes trop savantes, la famille n’existe plus.

24. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Mais, à ce compte, Molière est donc un moraliste ; il enseigne donc les règles de la vertu ; il met donc en pratique le précepte d’Horace traduit par Boileau : Qu’en savantes leçons votre muse fertile Partout joigne au plaisant le solide et l’utile 220. […] C’est en 1671, dans toute la force de son génie, quand il ne manque plus à ses chefs-d’œuvre que les Femmes savantes et le Malade imaginaire, que Molière donne les Fourberies de Scapin, et qu’il exalte un héros de la même volée que Mascarille et Sbrigani, roi de la pièce d’un bout à l’autre, qui dresse les fils de famille à courir les filles258 et à insulter leurs pères259, qui vole plus effrontément que tous ses prédécesseurs260, avec un entrain si victorieusement comique qu’il est impossible à l’âme la plus ferme de résister au fou rire causé par le mulet et la galère 261, et de n’être pas, malgré tous les principes, enchantée de voir réussir ces admirables fourberies. […] Quand on se demande quel est l’honnête homme de Molière, on se dit qu’en somme c’est celui qui fuit tous les vices, qui évite tous les travers condamnés et flagellés dans tant de comédies excellentes ; et qui sait, comme le Clitandre des Femmes savantes, à toutes les qualités de la fortune270, de l’esprit271, de la naissance272, joindre des mœurs pures, une probité intacte273, une franchise pleine d’honneur274, une bienveillance indulgente275, une tendresse de cœur élevée276, un dévouement et un désintéressement absolus277. […] Les Femmes savantes (1672), act. […] VI-X), l’Ariste des Femmes savantes (act.

25. (1871) Molière

Un savant éditeur de Molière, M.  […] Tartuffe et Don Juan appartiennent à Molière, autant que Les Femmes savantes et Le Misanthrope. […] Des Précieuses ridicules, il finit par faire les Femmes savantes. Le Misanthrope et Les Femmes savantes, voilà les deux grandes œuvres. […] Il oubliait, dans ces divertissements d’un jour, que Molière était railleur du Tartuffe, du Misanthrope, et des Femmes savantes.

26. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Quand il s’agit de Tartuffe ou du Misanthrope, de l’École des femmes ou des Femmes savantes, il est bon, il est utile d’étudier les intentions de l’auteur. […] Les négligences qu’un œil exercé découvre sans peine dans cet ouvrage peuvent servir à expliquer un juge ment de La Bruyère qui serait pour nous une énigme impénétrable, si nous ne consultions que le Misanthrope et les Femmes savantes. […] Il y a en effet dans Amphitryon plus d’une période chargée d’expressions parasites, tandis que dans les Femmes savantes il serait bien difficile de rencontrer des expressions de cette nature.

27. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Molière n’appartient point à la classe des savants érudits qui possèdent tout ce qu’on a écrit sur la science qui les occupe, et qui, aptes à la vulgariser, sont souvent incapables de la faire progresser faute d’originalité intellectuelle et de génie ; il fait partie des savants dont l’esprit est fixé sans cesse sur l’étude de la nature. […] Molière a signalé ce fait dans les Femmes savantes. […] Molière était un observateur trop judicieux et un psychologue trop savant pour se tromper à cet égard. […] «Les Femmes savantes, dit-il, complètent la théorie de Molière à l’endroit des femmes… La pensée des Femmes savantes ne semble au premier abord dirigée que contre un travers choquant. […] C’est bien encore le cas, à l’occasion de la tirade de Martine, de dire, avec Boileau, que les plus burlesques paroles de Molière représentent de savantes vérités.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

C’est des Dieux, des Savants dont je t’ai dit les noms ; Et j’en ai mille encor que, manque de mémoire... […] Donc tous ces vieux Savants n’ont pu nous exprimer D’où vient cet ascendant qui nous force d’aimer. […] Au diable les savants, & qui les peut comprendre ! […] Un sot qui ne dit mot ne se distingue pas D’un savant qui se tait. […] D’un savant qui se tait.

29. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Comme il y a quatre ans entre Amphitryon et les Femmes savantes, il est peu probable que Molière préparât les Femmes savantes ou même songeât à les faire en 1668. […] Il y a dans les Femmes savantes une comédie, une farce et une thèse. […] Dans les Femmes savantes ? […] — Mais il y a un préjugé dans les Femmes savantes. […] Il ne faut pas, quand on est femme, être savante : pourquoi ?

30. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Même ces pièces diverses portaient les noms des villes et des bourgs où elles avaient été représentées pour la première fois : Atellanæ fabulæ, les atellanes, du nom d’une ville élégante : Atella, située entre Naples et Capoue, au beau milieu des délices romaines. — Poésies fescéniennes, du nom d’une ville de la Toscane savante. […] Appelez seulement Liszt ou madame Pleyel à poser leurs mains savantes sur ces touches silencieuses, et vous entendrez les douleurs, les lamentations, les délires chantants que peuvent contenir ces quatre morceaux de bois d’ébène. — Vous voyez donc qu’il n’y a pas à se désespérer encore, et que même avec cette chance unique de produire une idée nouvelle, il ne faudrait pas se trop lamenter sur la destinée de ce bel instrument. […] Ce petit cri d’oiseau joyeux est remplacé par une déclamation savante : ce geste d’enfant par les belles révérences. […] Récemment encore, le roi venait d’écrire le nom de Molière sur cette glorieuse liste de gens de lettres et de savants, honorés des libéralités de Sa Majesté, et le poète s’était empressé de remercier le roi, à la façon d’un poète comique pour qui tout est sujet de comédie et même un compliment. […] Il a tort et grand tort de nommer en toutes lettres son ennemi Boursault, comme il aura tort, plus tard, de mettre l’abbé Cottin tout vif dans Les Femmes savantes ; il ne faut pas tuer les gens à coups de massue, un petit coup d’épingle, à la bonne heure ; et puis si vous tuez votre homme aujourd’hui que vous restera-t-il le lendemain ?

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Les Femmes Savantes, comédie en cinq actes, & en vers, comparée, pour l’un des caracteres, avec une des héroïnes des Visionnaires de Desmarets. […] Il est certain que le caractere de la Bélise des Femmes Savantes est calqué sur celui d’Hespérie : toutes les deux ont la même manie. […] LES FEMMES SAVANTES.

32. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

il est vrai que dans ton excellente farce de Scapin, tu as pris à ce bon Cyrano la seule idée vraiment plaisante qu’il ait jamais eue ; que dans le Misanthrope tu as imité une douzaine de vers de Lucrèce; que les canevas italiens et les romans espagnols t’ont guidé dans tes premiers ouvrages ; mais n’est-ce pas toi qui as inventé ce sublimé Misanthrope, le Tartuffe, les Femmes savantes, et même l’Avare, malgré quelques traits de Plaute, que tu as tant surpassé? […] Et les Femmes savantes? […] Oublierons-nous dans les Femmes savantes un de ces traits qui confondent?

33. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Le jargon des Précieuses ridicules disparut ; celui des Femmes Savantes devint intelligible. […] Celui-ci, ne se vengea que par de nouvelles railleries ; mais Molière acheva de le perdre de réputation, en l’immolant sur le Théâtre, à la risée publique, dans la Comédie des Femmes savantes. […] Ménage* disait à ce sujet : « On dit que les Femmes Savantes de Molière, sont Mesdames de…63 et l’on me veut faire accroire que je suis le Savant qui parle d’un ton doux. […] Celui qu’il représentait dans les Femmes Savantes, Mde. […] Le jargon des Précieuses ridicules disparut ; celui des Femmes Savantes devint intelligible.

34. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Ces jours-ci, le 30 mai, en pleine Académie des Inscriptions, un savant français, M. Oppert, reprochait à un autre savant français d’attribuer à un Allemand une découverte archéologique réalisée par M.  […] J’ignore si ce n’est pas en votre compagnie que Molière apprit à se moquer des savants d’Outre-Rhin, grands « inspectateurs d’enseignes ; » mais, vrai !

35. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Moliere a joué dans ses Femmes Savantes l’Hotel de Rembouillet, qui étoit le rendez-vous de tous les beaux esprits. Moliere y eut un grand accès, & y étoit fort bien venu ; mais lui ayant été dit quelques railleries piquantes de la part de Cotin & de Ménage, il n’y mit plus le pied, & joua Cotin sous le nom de Trissotin, & Ménage sous celui de Vadius, qui, à ce que l’on prétend, eurent une querelle à peu près semblable à celle que l’on voit si plaisamment dépeinte dans les Femmes Savantes. […] Après la premiere représentation des Femmes Savantes, ou elle s’étoit trouvée ; elle ne put s’empêcher de lui dire : Quoi ? […] Despréaux, qui lui corrigea ces deux vers de la premiere Scene des Femmes Savantes, que le Poëte Comique avoit faits ainsi : Quand sur une personne on prétend s’ajuster, C’est par les beaux côtés, qu’il la faut imiter.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

Emilie, jeune veuve, se livre toute entiere à son goût pour l’étude, ne s’occupe plus que de livres, de conversations sur les sciences, & du soin d’entretenir commerce avec les savants. […] Sa maison est sans cesse remplie de femmes aussi ridicules qu’elle, & de faux savants.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. M. GOLDONI. » pp. 468-479

Les Femmes savantes seroient moins parfaites, si le hasard n’avoit pas conduit Boileau à l’hôtel de Luxembourg, lorsque Cotin & Ménage y firent la scene de Trissotin avec Vadius ; & la piece de M.  […] Que seroit-ce si, plus savant dans l’art d’imiter son maître, il eût fait rire l’ame ? […] Quand l’Avare, les Femmes savantes & ses meilleures pieces sont tombées aux premieres représentations, auroit-il été le maître de les faire reprendre dans un temps plus favorable ?

38. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Qui faisait des romans très longs, aussi longs que lady Morgan, et qui les vendait aussi chers que Walter Scott… Elle avait eu le malheur de voir à Argitti-Rooms les miladys savantes. […] Les Femmes savantes.

39. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Mais hormis quelques figures complètement vouées à la moquerie, telles que la Bélise des Femmes savantes, Mme Pernelle et la comtesse d’Escarbagnas, ne vous semble-t-il pas, Messieurs, que ce n’est qu’à regret qu’il frappe ces chers tourments de notre vie, qu’il faut aimer quoiqu’on en aie, et d’autant plus peut-être que l’on a, comme lui, plus souffert par elles. […] Plus tard, presqu’à la fin de sa vie, et comme s’il avait voulu couronner son œuvre par un dernier et plus vif enseignement, nous le voyons dans Les Femmes savantes faire de nouveau justice de cette affectation, de ces prétentions qui déparent les plus belles et les plus méritantes et semblent effacer leurs avantages les plus réels. […] On comprend dès lors ce langage de Clitandre : … Les femmes docteurs ne sont pas de mon goût, Je consens qu’une femme ait des clartés de tout ; Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d’être savante ; Et j’aime que souvent aux questions qu’on fait Elle sache ignorer les choses qu’elle sait : De son étude enfin je veux qu’elle se cache, Et qu’elle ait du savoir sans vouloir qu’on le sache, Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots, Et clouer de l’esprit à ses moindres propos.

40. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Quand Molière a écrit les Femmes savantes, le Misanthrope, même le Tartuffe, il songeait à nous divertir, et ne se proposait pas de faire un sermon sur les planches. […] La vigueur avec laquelle sont accusés les traits des personnages, la mesure savante avec laquelle le ridicule est porté graduellement jusqu’à sa dernière limite, excitent des sentiments d’une vivacité insolite et forcent absolument le rire. […] Molière, qui voulait faire rire, cherchait au contraire ces exagérations, et pensait qu’on ne devait ni les blâmer ni s’en offenser : « Les véritables savants et les vrais braves ne se sont point encore avisés de s’offenser du Docteur de la comédie, et du Capitan, non plus que les juges, les princes et les rois, de voir Trivelin ou quelque autre, sur le théâtre, faire ridiculement le juge, le prince on le roi. » Préface des Précieuses ridicules. […] I. — Remarquez d’ailleurs que c’est par la pédante Armande et par la folle Bélise que Molière fait approuver la philosophie atomistique (Les Femmes savantes, act.

41. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Elle n’est, du reste, pas moins savante, quand elle se trouve seule avec un de ses prétendants. […] Les Femmes savantes sont dupes sans être corrigées. […] Dans Les Femmes savantes, Cotin et Ménage seraient déguisés sous les noms de Trissotin et Vadius. […] Les Femmes savantes. […] Bon, c’est cette savante Qu’estime Roberval, et que Sauveur fréquente.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Des Savants ont dit, & écrit plus sérieusement encore, qu’un acte doit avoir cinq scenes & trois cents vers. […] La réponse des Savants sur le nombre des scenes est encore plus plaisante que celle de M. […] Il joua dans le monde savant une sorte de rôle.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

Arlequin y veut consulter, comme Sganarelle, un Docteur qui l’impatiente en se tournant souvent vers la cantonnade, pour apostropher un prétendu savant avec lequel il vient d’avoir une dispute très vive. […] Le Savant fait un grand raisonnement pour prouver que de tout temps la matiere fut avant la forme. […] Enfin, sans prendre la peine de copier toute la scene de Moliere, il suffit de savoir que Pancrace impatiente encore Sganarelle en voulant lui prouver, par raisons démonstratives & convaincantes & par arguments in barbara, qu’il n’est qu’une pécore de s’emporter contre le Docteur Pancrace, homme de suffisance, de capacité ; homme consommé dans toutes les sciences naturelles, morales & politiques ; homme savant, savantissime, per omnes modos & casus ; homme qui possede Fable, Mythologie, Histoire, Grammaire.

44. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Comme Socrate jadis, et avec plus d’énergie encore, à tous les savants gonflés de fausse science, Molière crie qu’ils ne savent rien et que le γνϖθι σεαυτόν est le commencement de la sagesse. […] Non, certes ; et pour être convaincus qu’en définitive, l’auteur des Femmes savantes n’a nullement admis … Qu’une femme en sait toujours assez Quand la capacité de son esprit se hausse À connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse, il nous suffira d’entendre un instant ce ridicule et presque odieux Arnolphe, de L’École des femmes, auquel Molière fera si durement expier son égoïsme : Je ne veux point, dit-il, d’un esprit qui soit haut ; El femme qui compose en sait plus qu’il ne faut. […] On connaît la fameuse tirade de Clitandre, qu’on ne saurait trop souvent citer, parce qu’elle est la sagesse même : Je consens qu’une femme ait des clartés de tout, Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d’être savante… De son étude enfin je veux qu’elle se cache Et qu’elle ait du savoir sans vouloir qu’on le sache… Donc, Clitandre et Molière ne font nullement profession de chérir l’ignorance. […] Ne paraissez point si savant, de grâce ; humanisez vos discours et parlez pour être entendu. […] Argan, le malade imaginaire, préoccupé surtout de se choisir un gendre médecin, veut-il contraindre sa fille à épouser Thomas Diafoirus ou à s’enterrer dans un cloître, c’est Toinette qui lui fera la leçon ; car, dit-elle : « Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser » ; et cette familiarité, cette bonhomie avec laquelle Toinette rappelle Argan à lui-même, fait infiniment plus d’impression sur les auditeurs que les plus savants raisonnements du monde : Argan.

45.

Cette traduction des Femmes savantes est du savant Dr Werther, directeur du théâtre de Mannheim. […] La grande presse a été unanime à retracer les mérites de l’homme, du littérateur, du savant, du critique. […] Puis ce sont Le Misanthrope, Tartuffe, Les Femmes savantes qu’on a essayé de traduire en vers. […] Esprit toujours en éveil, chercheur curieux, actif, savant jusqu’aux ongles, M.  […] Nuitter a consacré dans Le Moliériste une si curieuse et si savante notice, deux m’ont paru plus importantes que les autres au point de vue littéraire.

46. (1802) Études sur Molière pp. -355

Les Femmes savantes ; La Comtesse d’Escarbagnas. […] Les Femmes savantes. […] Tartuffe l’emporte sur Les Femmes savantes, par l’importance du sujet ; il est plus beau, plus utile de combattre un vice qu’un ridicule. […] D’ailleurs, l’auteur des Femmes savantes eut-il le moindre dessein de blesser l’honneur, la probité de sa victime ? […] Ne balançons pas à le dire ; aucun dénouement ne peut être comparé à celui des Femmes savantes.

47. (1910) Rousseau contre Molière

Examinons à ce point de vue, avec beaucoup de discrétion et de crainte de l’hypothèse aventureuse, Amphitryon, Don Juan, Tartuffe, le Malade imaginaire et les Femmes savantes. […] A son censeur Molière pourrait répondre : « Je suis bien forcé de donner, sinon quelques qualités, du moins quelque agrément à mes trompeurs ; sinon, à être trompés par de purs idiots, ce sont mes trompés qui deviendraient tout à fait invraisemblables. il y a quelque chose de cela dans mes Femmes savantes où, comme si je m’étais conformé à votre avis, je rends mon dupeur absolument méprisable ; le dupé en paraît faux, et voilà la faute où je serais toujours tombé si j’avais suivi votre doctrine. » Mais il n’y a, pour dire le vrai, qu’une raison pour quoi Rousseau n’ait pas incriminé les Femmes savantes, et cette raison est très bonne : c’est que, sur la question des Femmes savantes, Rousseau est exactement de la même opinion que l’auteur des Femmes savantes, si tant est qu’il n’en soit pas plus que l’auteur des Femmes savantes, et ce qu’il lui aurait peut-être reproché, s’il s’était mis en ce train, c’eût été de ne pas pousser assez loin dans le sens de sa doctrine. […] Dans les Femmes savantes ? […] Or, en tenant compte de cette part d’erreur et en l’appelant préjugé, est-ce ce préjugé qui est raillé et qui est vaincu dans les Femmes savantes ? […] Or je demande si c’est là la moralité que Molière veut qui soit celle des Femmes savantes, et si l’on peut le soutenir sérieusement, solennellement et lyriquement.

48. (1739) Vie de Molière

Racine furent si mal reçus ; voilà pourquoi l’Avare, le Misanthrope, les Femmes savantes, l’École des Femmes n’eurent d’abord aucun succès. […] Au reste, l’Étourdi eut plus de succès, que le Misanthrope, l’Avare, et les Femmes savantes n’en eurent depuis. […] Molière ne pensait pas que Les Fourberies de Scapin et Le Mariage forcé valussent L’Avare, Le Tartuffe, Le Misanthrope, Les Femmes savantes, ou fussent même du même genre. […] Les Femmes savantes, Comédie en vers et en cinq actes, représentée sur le théâtre du Palais-Royal le 11 mars 1672. […] Ces deux hommes étaient pour leur malheur ennemis de Molière ; ils avaient voulu persuader au duc de Montausier que Le Misanthrope était fait contre lui ; quelque temps après ils avaient eu chez Mademoiselle, fille de Gaston de France, la scène que Molière a si bien rendue dans Les Femmes savantes.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Il joue, dans les Femmes Savantes, l’Abbé Cotin ; & crainte qu’on ne l’ignore, il fait appeller l’acteur qui le représente, Tricottin. […] Idem : brave & savant militaire. […] D’ailleurs les Savants seuls apperçoivent la faute, au lieu que les oreilles les plus ignares sont blessées d’entendre appeller M. le Baron du vieux Bois 13, Madame la Comtesse des Guerets ; j’aime autant voir Arlequin & Scapin se nommer mutuellement le Baron de Cardon d’Espagne, le Marquis de beurre fondu, le Comte de dindon rôti 14. […] Oui, je suis un savant charmé de vos vertus ; Non pas de ces savants dont le nom n’est qu’en us.

50. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

La scène cinquième du premier acte du seigneur qui a fait une courante ; la deuxième du deuxième acte du joueur, la septième du deuxième acte du chasseur, la deuxième du troisième acte du savant grec, la troisième du troisième acte de l’homme qui veut mettra la France en ports de mer : voilà les beautés de cet ouvrage. […] LES FEMMES SAVANTES. […] La première scène du premier acte, où Armande et Henriette exposent leurs différents caractères ; la deuxième, où Clitandre avoue à Armande qu’il ne l’aime plus ; la quatrième, où Bélise veut toujours voir une déclaration d’amour dans tout ce que lui dit Clitandre ; au deuxième acte, les scènes cinquième et sixième, où Martine est chassée, parce qu’elle a manqué à la grammaire ; la septième, où Chrisale se plaint aux femmes savantes et leur parle raison ; au troisième acte, les scènes 1, 2, 3, 4, 5, où Trissotin lit ses vers, où il se prend de querelle avec Vadius ; au cinquième acte, la scène première, où Henriette témoigne à Trissotin sa répugnance, et où celui-ci persiste ; la scène troisième, où le notaire ne sait auquel entendre, le père disant que le gendre est Clitandre, la mère disant que c’est Trissotin, Martine philosophant mieux que personne : voilà les scènes de cet ouvrage admirable qui doivent servir de modèles.

51. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Les plus savants commentateurs prétendent que la pièce est tirée des Adelphes de Térence ; n’en croyez rien : Molière l’a tirée de lui-même. […] Rohault surtout, le savant physicien ! […] Les Femmes Savantes étaient loin encore dans l’avenir et bien imprévues alors. […] Les Femmes savantes furent représentées le 11 mars 1672. […] Madeleine Béjart, un mois après la représentation des Femmes savantes, en février, était morte.

52. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

. — Les Femmes savantes. […] Les Femmes savantes. […] Cependant, six ans après, il faisait jouer les Femmes savantes. […] Boileau, qui n’écrivait rien au hasard, qualifie ses peintures de doctes, Il l’entendait non-seulement du poète philosophe, mais du poète comique, savant entre tous dans son art. […] La langue qu’ils parlent, dans les changements que subit la langue générale, devient savante.

53. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Dans les combats d’esprit, savant Maître d’escrime, Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la Rime. […] Ne crois pas toutefois, par tes savants ouvrages, Entraînant tous les cœurs gagner tous les suffrages.

54. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

C’est la question de l’éducation des femmes qu’il pose dans l’Ecole des Femmes ; c’est la question de leur instruction qu’il pose dans les Femmes savantes. […] Plus naturelle et moins savante, moins piquante aussi que l’Isabelle de l’École des Maris, elle n’aura jamais la grâce enjouée de l’Henriette des Femmes savantes. […] (Femmes Savantes, IV, III.) […] (Femmes Savantes, I, I,) Et cependant ces chevilles bien loin d’être « abominables », comme le voulait Schérer, ne laissent pas d’avoir leur justification. […] (Femmes Savantes, I, I.)

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

C’est par cette raison qu’il applaudit à tous les entr’actes des Femmes Savantes, & qu’il critique ceux de George Dandin. […] LES FEMMES SAVANTES. […] Dans l’exemple que je viens de citer des Femmes Savantes, ce que fait Clitandre tient & sert à la machine générale, puisqu’il prie l’oncle de sa maîtresse d’être favorable à son amour, & que c’est en conséquence de cette priere, qu’Ariste agit & fait le dénouement.

56. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Car, quoiqu’il semble que votre juridiction ne s’étende pas plus loin que la comédie et que les théâtres, je ne pense pas que les savants s’en puissent affranchir, puisque leur profession, aussi bien que toutes les autres que nous voyons, n’est qu’une comédie, et que toute retendue du monde n’est qu’un vaste théâtre où chacun joue son différent rôle. Regardez donc favorablement, ô très ridicule héros, ce combat scolastique, et, par vos effroyables grimaces, défendez-moi de celles de nos trop critiques savants. […] Aux plus savants docteurs je sais faire la loi, Ma grimace vaut mieux que tout leur préambule ; Scaramouche, en effet, n’est pas si ridicule Ni si Scaramouche que moi.

57. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Vous êtes savant, très savant.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Les savants y trouvaient ce goût exquis et délicat qui fait le prix de la science et sans lequel elle n’offre rien que de rebutant. […] « Souvenez-vous, dit-il, de ces cabinets qu’on regarde encore avec tant de vénération, où la vertu était révérée sous le nom de l’incomparable Arthénice, où se rendaient tant de personnes de qualité et de mérite, qui composaient une cour choisie, nombreuse, sans confusion, modeste sans contrainte, savante sans orgueil, polie sans affectation. » La causticité du duc de Saint-Simon ne l’a pas empêché de rendre justice à la maison de Rambouillet.

59. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Une comédie d’Aristophane n’est pas une dissertation morale dialoguée, ni une étude de psychologie, ni le roman dramatique d’une intrigue nouée et dénouée avec un art savant. […] Tel est celui des Femmes savantes dans Molière. […] Parce que je cite Les Femmes savantes, à titre d’exemple, je ne voudrais pas que personne, parmi mes auditeurs, pût s’imaginer que j’approuve Molière en aucune façon d’avoir écrit cette comédie. […] » lorsqu’il propose comme « accommodement » à Henriette que son amoureux épouse Armande, afin qu’elle-même puisse épouser Trissotin83, il me console un peu des grossièretés de sa trop fameuse tirade contre la science et contre les savants. […] Les Femmes savantes, acte V, scène ii.

60. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Et les Femmes savantes ! […] Oublierons-nous, dans les Femmes savantes, un de ces traits qui confondent? […] Des Farces de Molière, d’Amphitryon, de l’Avare, des Femmes savantes, etc. […] Le sujet des Femmes savantes paraissait bien peu susceptible de l’un et de l’autre. […] Molière, qui l’avait déjà attaqué dans les Précieuses, l’acheva dans les Femmes savantes.

61. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il doit voyager et faire son tour du monde, non pas en rêve, comme un poète, ni même dans sa bibliothèque, comme un savant, mais en réalité, par le bateau à vapeur et par le chemin de fer. […] Aux yeux du savant véritable, tout est bien, parce que tout est naturel. […] Ce ton est sans proportion avec le petit travers des femmes savantes, si exceptionnel, si peu redoutable. […] Les Femmes savantes, III, ii. […] Les Femmes savantes, acte IV, scène ii.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Il faut plaindre Plaute de n’être pas né dans un siecle aussi savant que le nôtre sur l’art dramatique. […] Deux exemples suffiront : nous les prendrons dans les Femmes Savantes & le Tartufe. LES FEMMES SAVANTES.

63. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Les plus savants se sont contentés d’écrire un chapitre ou deux de cet art changeant et varié à l’infini, après quoi ils se sont reposés, plus fatigués d’avoir entrepris l’histoire des marionnettes que celle des Mèdes, des Assyriens ou des Perses. […] Elle est restée un des charmes de l’Europe moderne cette langue éloquente et forte, qui suffit à tout dire, à tout comprendre, à tout garder : élégance, politesse, atticisme, urbanité, — habile à parler des choses de la guerre, ingénieuse et savante à parler des choses de l’amour ! […] Où remplacer la femme savante « que l’on regarde comme on fait d’une belle arme » ? […] même le fameux chapitre des passions du cœur, il n’a pas moins changé que le chapitre de La femme savante. […] Est-ce vivre que d’être exposé, à deux mille ans de distance et de respects, à l’imitation puérile des écoliers, à la traduction banale des beaux esprits, à l’enthousiasme écrasant des savants et des commentateurs ?

64. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [39, p. 69] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 71 Madame Dacier 207, qui a fait honneur à son sexe par son érudition, et qui lui en eût fait davantage, si, avec la science des commentateurs, elle n’en eût pas eu l’esprit, fit une dissertation pour prouver que l’Amphitrion de Plaute était fort au-dessus du moderne ; mais ayant entendu dire que Molière voulait faire une comédie des Femmes savantes, elle supprima sa dissertation.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Les vers du Tartufe, du Misanthrope, des Femmes Savantes, sont bien différents de ceux du Cocu imaginaire. […] Faites des vers alexandrins, vous Auteurs comiques qui pourrez en composer d’approchants à ceux du Misanthrope, des Femmes Savantes & du Tartufe.

66. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Moins spirituelle et moins bien-disante que Dorine du Tartuffe, dont les maîtres, sous ce rapport, sont supérieurs eux-mêmes à M. et à madame Jourdain, elle est moins simple et moins incorrecte en son langage que Martine des Femmes savantes, dont le patois rustique ne saurait contraster trop fortement avec le purisme pédantesque de Philaminte et de Bélise. […] La plupart, et Fulgence le premier, y ont vu une image de l’union de l’âme et du corps, ou plutôt de l’empire des passions sur l’âme ; d’autres y ont aperçu la peinture de l’homme profane régénéré par son admission aux mystères ; des théosophes, sans s’inquiéter si une fiction du paganisme pouvait se prêter raisonnablement à une interprétation toute chrétienne, y ont reconnu le péché originel effacé par la rédemption ; enfin, un savant danois de nos jours y a découvert un mythe moral, faisant partie de ces mystères (sacra) auxquels les femmes seules étaient initiées, et destiné à être représenté devant elles, sous la forme d’un drame symbolique (symbolica et dramatica representatio), afin de leur rappeler les dangers qui assiègent la beauté, les devoirs que la femme mariée doit accomplir au milieu des difficultés et des épreuves de tout genre, et les récompenses qui sont réservées à celle dont la chasteté et la foi conjugale ne se seront point démenties. […] La première renferme ces grands tableaux de mœurs et de caractères qu’il composait d’après la seule impulsion de son génie, tels que Le Misanthrope, Tartuffe, L’Avare et Les Femmes savantes. […] Comment, dans l’ordre des travaux et des pensées de Molière, Les Fourberies de Scapin auraient- elles pu prendre place entre Le Bourgeois gentilhomme et Les Femmes savantes ?

67. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

L’invention des billets d’enterrement, qui sont la ressource d’un malheureux libraire qu’un livre in-folio a mis à l’hôpital ; l’idée singulière de mettre dans la bouche d’un soldat ivre la critique des irrégularités de notre langue, et de faire de cette critique de grammaire un dialogue très-comique; l’importance que l’abbé Beaugénie met à son énigme; la satisfaction qu’il en a et l’analyse savante qu’il en fait ; la querelle de maître Sangsue et de maître Brigandeau; la supériorité que l’un affecte sur l’autre, tout cela est très-divertissant, et surtout la scène des procureurs est si exactement conforme au style du palais, et d’une tournure de vers si aisée, si naturelle et si adaptée au vrai ton de la comédie, que j’oserai dire (sous ce rapport seul) quelle rappelle la versification de Molière. […] Un simple motif de complaisance pour le roi de Suède, qui le pressa de visiter la Laponie, ou plutôt sa curiosité naturelle, le conduisit jusque près du pôle, précisément au même endroit où des savants ont été de nos jours vérifier des calculs mathématiques et déterminer la figure de la terre. […] Ce n’est ni la raison supérieure, ni l’excellente morale, ni l’esprit d’observation, ni l’éloquence de style qu’on admire dans le Misanthrope, dans le Tartufe, les Femmes savantes : ses situations sont moins fortes, mais elles sont comiques; et ce qui le caractérise surtout, c’est une gaieté soutenue qui lui est particulière, un fonds inépuisable de saillies, de traits plaisants : il ne fait pas souvent penser, mais il fait toujours rire. […] L’intrigue est peu de chose : le dénouement ne consiste que dans une fausse lettre, moyen usé depuis les Femmes savantes; et ce n’est pas la seule imitation de Molière, ni dans cette pièce, ni dans les autres de Regnard : il y en a des traces assez frappantes.

68. (1900) Molière pp. -283

Le public suivait avec un vif plaisir et un réel intérêt ces jeunes savants dont la parole était si sûre, si élégante et parfois si indépendante. […] Il y a des écrits très bien faits et très savants, où vous trouverez accumulés nombre de ces exemples de sujets tout entiers pris par Molière à ses voisins. […] Il l’a encore exprimé dans ce vers très précis des Femmes savantes : Il est bon qu’une femme ait des clartés de tout. […] Ce fâcheux détail du ménage de Molière n’est nullement un fait avéré. — On peut voir dans la savante notice de M.  […] Les Femmes savantes, Acte I, sc. 

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Elle lui parle de récidive, de négative : ces termes seuls me font décider que Belise est une savante. Chaque personnage de Moliere se peint par sa diction, chacun de ses mots décele au spectateur ce qu’il est ; mais Moliere savoit bien que tant qu’il y auroit des faux dévots, des chasseurs, des médecins, des apothicaires, des femmes savantes, ils parleroient sur le même ton, & s’exprimeroient dans les mêmes termes. […] Il résulte de tout ce que je viens de dire dans ce chapitre, qu’un poëte comique doit parler la langue de toutes les nations, & savoir prendre à propos le ton du bourgeois, de l’homme de Cour, du savant, de l’ignorant ; & malheur à tout Auteur dramatique, de qui la diction fait perdre de vue l’action & ses personnages, pour nous montrer l’Auteur dans son cabinet.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Toutes ces recherches sont très savantes ; mais tâchons de dire quelque chose qui ait rapport aux scenes mêmes, & non à leur nom. […] Depuis que dans la tête il s’est mis d’être habile, Rien ne touche son goût, tant il est difficile : Il veut voir des défauts à tout ce qu’on écrit, Et pense que louer n’est pas d’un bel esprit ; Que c’est être savant que trouver à redire ; Qu’il n’appartient qu’aux sots d’admirer & de rire, Et qu’en n’approuvant rien des ouvrages du temps, Il se met au-dessus de tous les autres gens : Aux conversations même il trouve à reprendre ; Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre, Et les deux bras croisés, du haut de son esprit, Il regarde en pitié tout ce que chacun dit. […] Je la passerois si le Misanthrope étoit la derniere bonne piece de notre Auteur ; mais il a fait après elle les Femmes savantes, l’Avare, le Tartufe : & je conclus de là, avec toutes les personnes sensées, que l’exclamation de Moliere, Ah !

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Il suffit, pour le prouver, de comparer le dénouement du Distrait, dont j’ai déja parlé dans ce chapitre, avec celui des Femmes Savantes. […] Prenons pour modele le dénouement des Femmes Savantes.

/ 186