. — Elle a la bouche grande. — Oui, mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches ; et celte bouche, en la voyant, inspire des désirs, est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. — Pour sa taille, elle n’est pas grande. — Non, mais elle est aisée et bien prise. — Elle affecte une nonchalance dans son parler et dans ses actions. — Il est vrai, mais elle a grâce à tout cela, et ses manières sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s’insinuer dans les cœurs. — Pour de l’esprit…. — Ah ! […] Vers le milieu du XVIIIe siècle, une comédienne qui l’avait vue encore jeune, Mlle Poisson, disait d’elle, en ayant soin de rappeler que son portrait était dans le Bourgeois gentilhomme : « Elle avoit la taille médiocre, mais un air engageant, quoique avec de très petits yeux, une bouche fort grande et fort plate, mais faisant tout avec grâce. » Grandval le père s’accorde avec Mlle Poisson : « Sans être belle, elle étoit piquante et capable d’inspirer une grande passion. » Il n’est pas jusqu’à l’auteur de la Fameuse Comédienne, auquel le même aveu n’échappe, enveloppé de toutes sortes de restrictions. […] Armande y fait Lucinde, petit rôle d’ingénue sans grande importance, car le personnage n’ouvre pas la bouche durant la plus grande partie de la pièce ; il n’y a guère pour elle que des jeux de scène et une situation très plaisante vers la fin, lorsque la fausse muette s’épanche tout à coup en un bavardage torrentiel. […] Il ne serait pas impossible qu’aussitôt marié il ait entendu de la bouche de sa femme la déclaration que Dorimène fait à Sganarelle : « Je crois que vous ne serez point de ces maris incommodes qui veulent que leurs femmes vivent comme des loups-garous. […] On peut, tout au plus, admettre comme l’expression possible de la vérité ces paroles que Grimarest met dans la bouche de Molière : « Cette femme, cent fois plus raisonnable que je ne le suis, veut jouir agréablement de la vie ; elle va son chemin ; et, assurée par son innocence, elle dédaigne de s’assujettir aux précautions que je lui demande.
[54232, p. 88] 1742, Bolaeana, p. 150 Despréaux* n’approuvait pas le jargon que Molière mettait dans la bouche de ses paysans et de quelques autres de ses personnages. « Vous ne voyez pas, disait-il, que Plaute*, ni ses confrères, aient estropié la langue en faisant parler des villageois ; ils leur font tenir des discours proportionnés à leur état, sans qu’il en coûte rien à la pureté du langage.
« Il n’était (Molière) ni trop gras, ni trop maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement, avait l’air très-sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait lui rendaient la physionomie extrêmement comique.
« … Ses vrais sentiments sont combattus par lui, aussitôt qu’il les voit dans la bouche d’autrui. »Il veut un grand mal à la nature humaine, mais il la souhaiterait volontiers pire encore, afin de donner plus large carrière à son humeur. […] C’est donc bel et bien une trivialité voulue qu’il met dans la bouche du Misanthrope et elle lui va tout autant que ses morbleu et ses sambleu, qui ne sont pas non plus une habitude bien relevée. […] le beau mot dans la bouche d’Alceste ! […] C’est lui qui crie par la bouche de Philinte : … Faisons un peu grâce à la nature humaine ! […] Non sans doute, pas plus que Corneille qui, à peu de chose près, l’avait mise bien des années auparavant dans la bouche du père du Menteur.
Molière, qui est toujours complet dans ses enseignements, va la donner par la bouche de Dona Elvire : « Et votre maladie est digne de pitié ! […] Au bruit du marteau, sa parole habituelle sort automatiquement de sa bouche: « Ne perdons point de temps ; c’est ici (Il frappe). […] Une censure de la fausse dévotion me toucherait dans la bouche de Bossuet et de Fénelon ; je suis tenté de la mépriser dans la bouche d’un comédien, fût-il Molière. » Si Molière a représenté certains personnages qui foulent aux pieds les croyances religieuses, de même qu’ils violent tout principe de morale, ne les montre-t-il pas aussi comme appartenant à cette malheureuse lie de l’humanité qui est dénuée de tous les sentiments moraux? […] Quel beau caractère n’a-t-il pas dépeint chez Don Louis, père de Don Juan ; quelles maximes admirables Molière n’a-t-il pas exprimées par la bouche de ce malheureux père dans la scène vi de l’acte IV ! […] Mais, malgré les réserves que le Poète met dans la bouche des personnages raisonnables de la pièce, on sent que la critique porte plus loin que le pédantisme et les femmes docteurs. » M.
Elle a la bouche grande… CLÉANTE. Oui, mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches, et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs ; elle est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. […] Eût-on cru jamais que Tartuffe rentrerait si brillamment et si brutalement en scène, le chapeau sur l’oreille et la menace à la bouche ! […] Quel contraste les idées vraies, solides, humaines, que Molière met dans la bouche de son Cléante, forment avec les dilutions de pensées dont se nourrit, ou plutôt dont meurt notre pays ! […] Le mot est dit et dès lors n’a plus qu’à passer de bouche en bouche, en attendant cette heure si lente à venir où il pénétrera dans tous les cœurs.
Vittoria rit de plus belle, disant que là où se trouvent les troupes de comédiens, les dames mariées ont la bouche sèche17. […] Silvia, obligée d’écouter les confidences du capitaine Spavente qui l’entretient de ses nouvelles amours, faisait naturellement entendre les mêmes plaintes que la Lélia des Ingannati : « Pauvre et misérable fille, tu viens d’ouïr de tes propres oreilles, et de la bouche même de cet ingrat, l’amour qu’il te porte.
Et peut-on résister au comique victorieux de la scène où Amphitryon, mis à la porte de chez lui par Mercure-Sosie, apprend de la bouche du dieu-valet que, dans le moment même, l’autre Amphitryon Est auprès de la belle Alcmène 594 ? […] Le caractère divin du coupable est une excuse de plus aux yeux du spectateur, qui ne rencontre qu’à la fin l’objection timide de Sosie : Le seigneur Jupiter sait dorer la pilule595 ; et certes, ce n’est pas assez de trois paroles ironiques dans la bouche d’un valet méprisable, pour ramener à un jugement moral le spectateur démoralisé de main de maître par trois actes irrésistibles. […] On oublie, ou même on ignore les intermèdes et les danses qui s’y mêlaient, les paroles et les chansons qu’il mettait dans la bouche des nymphes et des bergers dont il peuplait l’Elide ou la vallée de Tempé transportées à Versailles.
Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde jouit en repos d’une impunité souveraine. » Il est impossible de s’y tromper : c’est ici l’auteur même du Tartuffe qui se plaint, à la face du public, de ceux qui ont eu le pouvoir d’écarter de la scène cet ouvrage entrepris pour les démasquer. […] Ces détails sont minutieux, sans doute ; mais ils ne peuvent être regardés comme superflus, s’ils ont servi à détruire une anecdote mensongère qui calomniait M. de Lamoignon par la bouche de Molière, et calomniait Molière lui-même1. […] Voilà ce qu’ils ont affecté, mettant dans la bouche de cet hypocrite des maximes de religion faiblement soutenues, au même temps qu’ils les supposaient fortement attaquées ; lui faisant blâmer les scandales du siècle d’une manière extravagante ; le représentant consciencieux jusqu’à la délicatesse et au scrupule sur des points moins importants, où toutefois il le faut être, pendant qu’il se portait d’ailleurs aux crimes les plus énormes ; le montrant sous un visage de pénitent, qui ne servait qu’à couvrir ses infamies ; lui donnant, selon leur caprice, un caractère de piété la plus austère, ce semble, et la plus exemplaire, mais, dans le fond, la plus mercenaire et la plus lâche. » Je suis loin d’approuver tout ce qu’il y a de dur et d’amer, de violent et d’outré dans cette éloquente tirade. […] Sosie même, Sosie, malgré la bassesse de sa condition et la grossièreté de ses mœurs, comprend cette délicatesse de son maître ; car, lorsqu’un sot et indiscret ami, ébloui de la majesté du dieu et de la magnificence de ses promesses, ouvre la bouche pour complimenter Amphitryon, il la lui ferme par ces paroles pleines de sens et de comique, qui méritent de devenir la règle éternelle des bienséances en toute aventure pareille : … Coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire.
La femme d’un des meilleurs comédiens que nous ayons eus a donné ce portrait-ci de Molière : Il n’était ni trop gras, ni trop maigre ; il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle ; il marchait gravement ; avait l’air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu’il leur donnait lui rendaient la physionomie extrêmement comique. […] Il mourut entre leurs bras, étouffé par le sang qui lui sortait par la bouche, le 17 février 1673, âgé de cinquante-trois ans. […] Il se met une vessie à la bouche pendant la nuit, de peur de perdre son souffle. Se bouche-t-il aussi la bouche d’en bas ?
Je ne veux qu’un seul mot pour vous fermer la bouche. […] Parlez, cela sied bien dans la bouche d’un fils.
Mithridate apprend par la bouche de Pharnace, que Xipharès aime en secret Monime, & que Monime l’aime. […] Racine semble s’être rendu justice sur le piege qu’il emploie, en mettant ce vers dans la bouche de son héros : S’il n’est digne de moi, le piege est digne d’eux. […] Cet homme-ci demande en promettant : il a la bouche avide & béante pour dévorer mon or. […] Le dernier est trop outré quelquefois, & son émule a très bien fait de lui abandonner la rognure des ongles que l’Avare ramasse, & la gueule du soufflet qu’il bouche la nuit.
Ce fut alors que le mot de précieuses commença à trotter dans toutes les bouches, chacun le prenant dans le sens qui s’accordait avec l’idée qu’il avait des personnes. […] Mais les mignons de Henri III trouvaient trop pénible d’ouvrir la bouche jusqu’à pouvoir prononcer les mots de royne au lieu de reine, et de roi au lieu de ré. […] « Elles penchent, dit-elle, la tête sur l’épaule, font des mines des yeux et de la bouche, ont une mine méprisante et une certaine affectation en tous leurs procèdes, qui est extrêmement déplaisante. »La princesse ajoute : « Il y en a peu qui dansent, parce qu’elles dansent mal. […] C’est certainement bien elle qu’il désigne dans la quatrième scène des Précieuses, lorsqu’il met dans la bouche de Madelon des plaintes contre l’incongruité de demander tout crûment une personne en mariage ; lorsqu’il lui fait dire que le mariage ne doit jamais arriver qu’après les autres aventures, et après que l’amant a parcouru la carte du tendre, suivant l’exemple de Cyrus et de Mandane, d’Aronce et de Clélie, héros des deux premiers romans que mademoiselle de Scudéry publia sous son nom après la dispersion de l’hôtel de Rambouillet.
Il y a un type de Molière que tout le monde connaît, car il a été répandu à profusion par tous les procédés possibles de reproduction artistique : taille assez haute, élégante et libre, grands yeux noirs, grand nez aux larges narines, grande bouche aux lèvres charnues, teint brun, poil châtain foncé, avec la petite moustache et l’ample perruque caractéristiques du siècle ; et, malgré cette exagération de tous les traits, rien de déplaisant ni de vulgaire, une expression générale de force, de génie et de bonté. […] Sur ce corps sans harmonie une très grosse tête, avec un visage rond, des pommettes saillantes, des yeux petits et très écartés l’un de l’autre, un nez large à la racine et des narines dilatées, une grande bouche et des lèvres épaisses, un menton fortement accusé, le teint brun, la moustache et les cheveux presque noirs. […] Peut-être voulait-il, en réalité, l’offrir à ses convives ; Molière, lui, au lieu de se donner en spectacle, entend profiter de celui qu’on lui a promis ; il ne dit mot et raille, à l’occasion, ceux dont il a trompé le petit calcul ; ainsi, dans la Critique de l’École des femmes, par la bouche de la rieuse Élise. […] Après une peinture très vraie et toute en situation de l’indifférence et du charlatanisme des médecins d’alors, il met dans la bouche de l’un d’eux, M. […] J’ai consulté à ce sujet plusieurs comédiens d’expérience, et tous me disaient que, hors Paris, ce titre sur une affiche de théâtre est « un repoussoir. » A ce caractère incertain du Misanthrope, nous pouvons attribuer, entre autres causes, le désir chez Molière de se tailler lui-même un rôle d’amoureux où il pût déployer ses qualités méconnues, se faire applaudir dans une action sérieuse, exciter un frisson de terreur dans des scènes presque tragiques, comme la grande explication du quatrième acte, où Alceste marche sur Célimène, la menace à la bouche et le bras levé.
Surtout quand, comme Molière, on traite, souvent, de questions très complexes, très délicates et très graves, il faut, quelque part, s’expliquer et donner son dernier mot et son avis « en clair « par la bouche de quelqu’un. […] Remarquez, ce qui me paraît très important, qu’il leur met dans la bouche des paroles de braves gens tendres et sensibles, qui sont pour les rendre sympathiques. […] Pourquoi consultez-vous leur bouche quand ce n’est pas elle qui doit parler ? […] (Et j’ajouterai qu’il le fait quelquefois contre toute raison technique et que l’on s’étonne que le grand plaidoyer contre Tartuffe soit mis dans la bouche de Dorine et que le grand plaidoyer, un des deux grands plaidoyers, au moins, contre les femmes savantes, soit mis dans la bouche de Martine qui, congédiée le matin et rentrée comme furtivement, aurait si grand intérêt à la tenir close.) […] La première thèse n’a rien à voir avec la philosophie de la nature ; la seconde y ressortirait davantage ; mais ce n’est point pour l’autoriser que Molière l’a mise dans la bouche d’une servante, puisque cette même thèse, exactement la même, il la met, en ses Femmes savantes, dans la bouche d’Henriette.
Il les disposoit & les colloit les unes auprès des autres, selon que le sujet le demandoit ; il lui arrivoit même de changer l’expression des têtes qui ne convenoient pas à son idée, en supprimant les yeux, la bouche, le nez & les autres parties du visage, & y en substituant d’autres qui étoient propres à exprimer la passion qu’il vouloit peindre : tant il étoit sûr du jeu de ces parties pour l’effet qu’il en attendoit. […] Si sur ce qui me touche Il fût encor sorti deux mots de votre bouche, Je les aurois donnés tantôt à des laquais, Qui tous auroient été sans bruit, à peu de frais, Vous régaler chez vous de la belle maniere.
Quand je m’aperçois de leur intention, la colère gronde en moi ; ma chair, mes nerfs, mes os se tendent ; mon sang tourbillonne dans les veines ; mon visage s’obscurcit comme le ciel en temps d’orage ; mon poil, mes cils se dressent comme des piques ; mes yeux roulent dans leurs gonds sous les arcades sourcilières ; mon nez se méduse ; ma bouche se cerbérise ; mon cou se lestrigonne ; ma main se panthérise ; toute la machine enfin se gonfle, écume, fait un bruit terrible, retentissant de caverne en caverne… LE PÉDANT. […] Un des traits les plus plaisants de ce rôle qui nous reviennent à la mémoire est celui de ce capitan à qui l’on reprochait d’avoir laissé enlever sa maîtresse par les corsaires barbaresques, et qui répondait : « Debout sur la proue de mon vaisseau, j’étais dans une telle fureur que le souffle impétueux qui sortait de ma bouche frappant les voiles du navire ennemi lui imprima une impulsion si rapide qu’il fut impossible de l’atteindre7. » C’était là le ton ordinaire de ce personnage qui fut si longtemps applaudi sur tous les théâtres de l’Europe, et dont nous ne comprendrions bien le succès que si le règne des traîneurs de sabre recommençait parmi nous.
Le récit de l’esclave Latin est très circonstancié, par conséquent, très long, très ennuyeux, & très déplacé dans la bouche de celui qui le prononce. […] Chez Moliere comme chez Plaute, Mercure s’amuse à rosser Sosie, à lui voler sa ressemblance, à lui prouver qu’il est le vrai Sosie, à le renvoyer au port sans le laisser entrer chez Alcmene ; mais Moliere se garde bien de leur faire débiter toutes les mauvaises plaisanteries que le Comique Romain a mises dans leur bouche. […] Sosie craint pour son front le déshonneur qui couvre celui de son maître, & veut apprendre de la bouche de Cléanthis ce qui s’est passé.
Elle a la bouche grande. […] Oui : mais on y voit des graces qu’on ne voit point aux autres bouches ; & cette bouche, en la voyant, inspire des desirs : elle est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde.
Auber voulut s’en mêler, et Roqueplan lui ferma la bouche en lui disant : « Qu’est-ce que cela vous fait que je monte Le Sicilien ?
Ce dernier trait est le plus fort de vérité et de morale; car, quoiqu’elle dise la chose la plus étrange dans la bouche d’une jeune fille, on sent qu’il est impossible qu’elle réponde autrement. […] On voit qu’en dépit d’Arnolphe, elle ne l’est pas tant qu’il l’aurait voulu, et chaque réplique de cette enfant qui ne sait rien le confond et lui ferme la bouche par la seule force du simple bon sens. […] La malédiction dans la bouche d’Harpagon n’est qu’une façon de parler, et Rousseau nous la représente comme un acte solennel : c’est ainsi qu’on parvient à confondre tous les faits et toutes les idées. […] D’abord il fallait que cette déclaration, qui, dans la bouche d’un homme tel que Tartufe, et dans les circonstances du moment, doit paraître si révoltante, fût pourtant reçue de façon qu’Elmire, dans l’acte suivant, ne parût pas revenir de trop loin, quand elle est obligée, pour faire tomber le fourbe dans le piège, de risquer une démarche qui ressemble à des avances. […] Celui de la raison, dans la bouche de Cléante, lui a paru du libertinage; et celui de l’imposture, dans la bouche de Tartufe, lui paraît le sublime de la dévotion.
Quand Armande fait fi du mariage, se plaint de ce qu’il offre de dégoûtant, de la sale vue sur laquelle il traîne la pensée, et qui fait frissonner, quand elle demande à sa sœur comment elle peut résoudre son cœur aux suites de ce mot, c’est la nature, c’est la raison, c’est la morale qui répond par la gracieuse bouche d’Henriette : Les suites de. ce mot, quand je les envisage, Me font voir un mari, des enfants, un ménage ; Et je ne vois rien là, si j’en puis raisonner, Qui blesse la pensée et fasse frissonner506. […] Non-seulement cent personnages mis sous les yeux du spectateur offrent en exemple la morale du mariage ; mais encore, de tous les discours mis çà et là dans leur bouche, on peut tirer un ensemble de maximes, qui, réunies et mises en ordre, constituent un véritable code moral du mariage : je demande de quel auteur dramatique ou de quel romancier on en peut tirer autant ?
Je me trompe peut-être, mais il me semble que ces derniers mots, pour l’amour de l’humanité, qui n’étaient entrés que très récemment dans le vocabulaire des philosophes, purent, avec une apparence de raison, blesser le petit cercle de libres penseurs amis et familiers de Molière, les Bernier, les Hénaut, les Chapelle, affligés de trouver une locution, qui n’était encore qu’à leur usage particulier, placée dans la bouche d’un aussi indigne et aussi abominable scélérat6. […] Après l’émotion rapide causée par la tragique catastrophe, il se hâte de rentrer dans le ton de la comédie, et accumule les burlesques exclamations dans la bouche de Sganarelle.
Scapin lui soutient qu’il a bien reconnu le portrait de Celio : Pantalon lui ferme la bouche en lui remettant celui d’Arlequin, & sort en colere.
Mais le jour où le mène autour, transporté dans un monde inconnu, entendit les oracles de la Bouche d’ombre, il était seul, doublement seul, hélas ! […] Corneille est héroïque, mais sa force est trop souvent en dehors de la vérité; il éveille le sentiment de la grandeur, mais il ne montre pas où réside la véritable grandeur : « Il renfle l’âme et ne la nourrit pas. » Comme poète, Racine est plus chrétien ; il ne tente pas de m’apprendre que je puis tout; il me fait voir que par moi-même je ne puis rien 1 . » C’est du poète que Vinet parle en ces termes, complétant, corrigeant peut-être, ce que nous venons d’entendre de la bouche de M. […] Alors que tous les prenaient au sérieux, il les réduit à quelques observations de bon sens : « Laissez-vous aller de bonne foi aux choses qui vous prennent par les entrailles, dit-il par la bouche de Dorante, dans La Critique de l’Ecole des femmes, et ne cherchez pas de raisonnements pour vous empêcher d’avoir du plaisir. » « On a voulu, dit M.
Les vers de Cléante étaient dans toutes les mémoires, circulaient de bouche en bouche, et faisaient que la pièce était de jour en jour plus désirée du public ; mais la cabale n’en était aussi que plus épouvantée et plus violente. […] Son nez et sa bouche, dans les moments de surprise, sans qu’il parlât, étaient seuls tout une comédie. […] Elle a la bouche grande ; mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches.» […] La dévotion est si raisonnable dans la bouche de Cléante, qu’elle me ferait renoncer à toute ma philosophie, et les faux dévots sont si bien peints que la honte de leur peinture les fera renoncer à l’hypocrisie. […] Enfin, il rendit l’esprit entre les bras de ces deux bonnes sœurs; le sang qui lui sortait par la bouche en abondance l’étouffa.
Je le croirais volontiers à la manière généreuse avec laquelle il la traite, la parant de toutes les grâces et ménageant si délicatement le côté odieux de son caractère, comme aussi à ces paroles si touchantes qu’il lui adresse par la bouche d’Alceste : Défendez-vous au moins d’un crime qui m’accable, Et cessez d’affecter d’être envers moi coupable. […] Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche Que le feu dans les yeux et l’injure à la bouche.
Premiérement, en ses cheveux on trouve de l’huile, de la graisse & des cordes de luth : sa tête peut fournir de corne les couteliers ; & son front, les Négromanciens de grimoire à invoquer le diable ; son cerveau, d’enclume ; ses yeux, de cire, de vernis & d’écarlate ; son visage, de rubis ; sa gorge, de clous ; sa barbe, de décrottoires ; ses doigts, de fuseaux ; sa peau, de laine ; son haleine, de vomitif ; ses cauteres, de poix ; ses dartres, de farine ; ses oreilles, d’ailes à moulin ; son derriere, de vent à le faire tourner ; sa bouche, de four à ban ; & sa personne, d’âne à porter la mounée. […] si d’amour tu ressentois l’atteinte, Tu plaindrois moins ces mots qui te coûtent si cher, Et qu’avec tant de peine il te faut arracher ; Et cette avare Echo, qui répond par ta bouche, Seroit plus indulgente à l’ennui qui me touche. […] parle, si tu veux, & ne te fais point de la sorte arracher les mots de la bouche. . . . . . . […] Dans Térence, Géta répete ou parodie simplement ce que Démiphon vient de dire : Moliere a senti combien une idée retournée ou répétée produit peu d’effet au théâtre ; il a placé adroitement dans un seul couplet & dans la bouche d’un seul personnage ce que Térence fait dire par deux interlocuteurs.
N’en a-t-on pas vu la preuve dans ce récent procès des spirites, où les dupes elles-mêmes n’étaient pas désabusées par l’aveu du charlatan, et où l’on entendit de la bouche d’une de ces dupes ce mot digne de Molière : « Mais je suis donc un imbécile ! […] On répondra sans doute à ces imputations que Molière a bien pu représenter un athée sur la scène sans faire profession d’athéisme, et qu’il y fait défendre la religion par Sganarelle ; mais c’est là pour le critique un nouveau grief et plus grave encore, celui « d’avoir mis la défense de la religion dans la bouche d’un valet impudent, d’avoir exposé la foi à la risée publique » ; et « où a-t-il vu qu’il fût permis de mêler les choses saintes avec les profanes, de parler de Dieu en bouffonnant et de faire une farce de la religion ? […] Mais, dit-on, Molière a mis l’athéisme dans la bouche de l’homme d’esprit, et il a fait défendre la cause de Dieu par un valet impudent et sot. […] Dans le Tartuffe seulement, Molière a consenti à mettre dans la bouche de son Cléante une tirade apologétique qui lui a fourni les plus beaux vers du monde, mais dont il se serait dispensé s’il n’y avait pas eu pour lui une nécessité politique de distinguer la vraie et la fausse dévotion. […] Sans doute, il ne faut pas être médiocrement libre penseur pour attaquer aussi ouvertement l’hypocrisie et pour ne pas craindre de mettre le blasphème dans la bouche de son héros.
Dans toutes, un amour mutuel, né subitement, et accéléré plutôt qu’arrêté dans sa marche par une suite de petits obstacles que suscite soit un préjugé, soit un malentendu, soit une bizarrerie de caractère, arrive à la conclusion désirée de part et d’autre, au moment où il en paraît le plus éloigné, et sans que les personnages intéressés aient eu autre chose à faire qu’à laisser enfin échapper de leur bouche un mot, un seul mot trop longtemps suspendu. […] Ils exigèrent donc, non seulement que l’on supprimât les deux scènes en question, mais encore qu’on retranchât ou qu’on adoucit un certain nombre de passages, dans lesquels Molière n’avait pas craint de faire proférer par des comédiens quelques-uns de ces mots qui semblent ne devoir sortir que de la bouche des catéchistes ou des prédicateurs.
On voit dans une lettre de madame de Sévigné du 9 mars 1672, à sa fille, au sujet de cette pièce des Femmes savantes, qu’on nous assure avoir été faite jour lui donner une petite correction, ainsi qu’à madame de La Fayette, qu’elle avait ménagé au cardinal de Retz, retenu chez lui par la goutte, le plaisir d’en entendre la lecture de la bouche de Molière. […] N’en doutons pas, ceux-ci s’étaient assurés de la manière la plus positive qu’ils n’avaient point à redouter les applications des ouvrages satiriques dont les auteurs leur faisaient la lecture ; ils savaient indubitablement de la bouche des auteurs mêmes le nom des personnes qui avaient servi de modèle à leurs tableaux, et ils n’avaient pas besoin de le demander.
Prenant à corps, parmi les gens qui l’avaient attaqué, ceux qui touchaient de plus près au roi, les chefs laïques de la cabale, il avait hardiment fait voir que leur fait n’était qu’hypocrisie, il avait placé dans leur bouche même l’éloge du vice à la mode, du grand moyen de parvenir, caricaturé le prince de Conti peut-être, les raffinés, les corrompus, athées au fond, et mêlé cette satire à une étrange comédie où lui-même se permettait des libertés inconnues et lançait, dans la scène du Pauvre, ce mot d’humanité qui, sautant par-dessus le siècle, ne devait être relevé que dans le nôtre. […] Molière retoucha son Cléante ; il le fit plus grave, lui retira la raillerie, lui donna l’indignation ; il lui mit dans la bouche la fameuse tirade, inspirée par Condé et dont celui-ci a fait peut-être le vers : Il est de faux dévots ainsi que de faux braves ; et sans le faire un vrai dévot lui-même (Molière ne s’y résigna pas), il lui fit faire leur éloge en même temps que la satire des grimaciers. […] Au reste, le texte est là : Dorine ne se lasse pas de nous peindre l’homme, et vous savez si elle a la touche grasse : Tartuffe a le teint frais , tirant sur la fleur , la bouche vermeille , et beaucoup plus qu’un petit commencement d’embonpoint ; il est gros et gras : attendez un peu, Molière dirait entripaillé. […] mais ne se croyant pas plus obligé de faire la petite bouche qu’à table, quand il loue Dieu que le gigot soit excellent, si bien qu’Orgon croit l’y revoir et s’écrie encore : « Le pauvre homme !
Il ne lui reste qu’à l’entendre de la jolie bouche d’Isabelle. […] Enfin, le langage, au lieu d’être un art, n’est plus que la nature elle-même parlant par la bouche des personnages, selon le sexe, le caractère, la passion, la condition. […] Un an après, il mettait dans la bouche de la Climène des Fâcheux une vigoureuse apologie des jaloux, défendant ainsi son propre penchant, ou peut-être, par un scrupule d’honnête homme, voulant se montrer avec ses défauts à cette fille, à laquelle il avait fait voir ses beaux côtés dans le rôle d’Ariste. […] Molière prend le trait à Térence, qui n’a su qu’en faire ; il met ces mêmes paroles dans la bouche de Scapin, qui les débite au bonhomme Argante comme paroles d’un ancien qu’il a toujours retenues, et ces aphorismes deviennent une vérité de comédie.
Le fameux qu’il mourût , dans la bouche d’un père moins tendre que citoyen énergique, est une naïveté sublime.
« [*]Cette ingénieuse et admirable comédie commence par le Misanthrope, qui par son action fait connaître à tout le monde que c’est lui, avant même d’ouvrir la bouche ; ce qui fait juger qu’il soutiendra bien son caractère, puisqu’il commence si bien de le faire remarquer. […] Il se met une vessie à la bouche pendant la nuit, de peur de perdre son souffle. Se bouche-t-il aussi la bouche d’en bas ? […] Suivant leur louable coutume, ils ont couvert leurs intérêts de la cause de Dieu ; et Le Tartuffe, dans leur bouche, est une pièce qui offense la piété. […] Enfin il rendit l’esprit entre les bras de ces deux bonnes sœurs ; le sang qui sortait par sa bouche en abondance l’étouffa. » a.
Angélique, Léandre, Oronte, la Montagne, ont tous le même caractere d’intrigue : leurs ruses ont la même tournure ; & il n’y auroit aucune différence entre les maîtres & les valets, sans les termes burlesques & les fades équivoques que Thomas Corneille met dans la bouche de la Montagne.
Aussi ne trouverois-je aucun sujet de plainte, Si pour moi votre bouche avoit parlé sans feinte ; Et, rejettant mes vœux dès le premier abord, Mon cœur n’auroit eu droit de s’en prendre qu’au sort. […] Moliere, me dira-t-on, votre oracle, votre héros, a bien employé le ton, le jargon, & jusqu’aux mots favoris de tous les états, de toutes les passions, de tous les vices, de tous les ridicules qu’il a joués, témoin son Chasseur des Fâcheux, dans la bouche duquel il met tous les mots consacrés à la chasse.
Voici ce qu’il lui dit par la bouche de Chrisalde, dans l’Ecole des Femmes. […] Avouez entre nous la chose, Et je vous promets bouche close.
Gardons-nous, du reste d’oublier de dire qu’en dehors des morceaux de Don Garcie mis dans la bouche on du Misanthrope ou de Jupiter ou de Tartuffe, il y a des couplets charmants dans Don Garcie. […] Par la bouche et par l’exemple de son personnage sympathique, Molière se prononce pour l’indépendance et la liberté, et il entasse le ridicule sur ceux qui sont partisans de l’autre solution. […] Il faut en conclure que Molière n’a pas été blessé lui-même de ce qu’il mettait le mépris de Dieu dans la bouche d’un sot, ce qui eût, évidemment, blessé un croyant, et le tout prouve que Dieu est indifférent à Molière. […] Là où elle plaide elle ne soutient que deux thèses, la première qu’il est scandaleux que Tartuffe agisse en maître dans la maison, et il n’y a aucun naturisme là-dedans, la seconde est qu’à marier une fille contre son gré, il y a un grand danger pour le mari, et cette fois voilà une thèse naturiste ; mais ce n’est pas, ce me semble, pour lui donner de l’autorité que Molière l’a mise dans la bouche d’une servante, puisque cette même thèse il la met, en ses Femmes savantes, dans la bouche d’Henriette. […] Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche, Que le feu dans les yeux et l’injure à la bouche ?
Je me le représente, en effet, la taille élégante, le visage beau et inspiré, l’œil noir et calme, la jambe belle, la bouche grande et bien meublée, la lèvre ombragée, intelligente ; la voix sonore et grave : il arrive sur le bord de la rampe, et il annonce lui-même ce grand malheur qui l’accablait. […] Orfila met sous le nez de la justice comme un parfum digne de la déesse ; — mais un malheureux qui a perdu ses cheveux à la suite d’une fièvre cérébrale, qui a encore à la bouche le goût d’affreuses drogues pour lesquelles le pharmacien menace de faire saisir son mobilier ; celui-là, soyez-en sûr, il lui est impossible de s’amuser beaucoup à la représentation du Malade imaginaire. […] et l’eau déjà lui en vient à la bouche ; il est fier de lui-même, et il a bien raison ; à la vue de ces tranquilles bourgeois, de ces riches paisibles, de ces bourses bien garnies qui ne tiennent qu’à un fil, Mascarille, bien plus logiquement que Figaro, peut s’écrier : — Et moi ! […] Pourquoi, dans cette bouche éloquente et ignorante, les vers de Racine nous sont-ils pleins d’ironie et de terreur, et dans cette autre bouche, tout remplis de tristesse, d’amour et de passion ? […] Qu’eût dit Lucrèce, s’il eût pu savoir qu’il écrivait ainsi les plus jolis vers qui se pussent placer dans la bouche d’une jeune femme ?
. — Elle a la bouche grande. — Oui; mais on y voit des grâces qu’on ne voit point aux autres bouches; et cette bouche, en la voyant, inspire des désirs ; elle est la plus attrayante, la plus amoureuse du monde. — Pour sa taille, elle n’est pas grande. — Non ; mais elle est aisée et bien prise. — Elle affecte une nonchalance dans son parler et dans ses actions... — Il est vrai; mais elle a grâce à tout cela ; et ses manières sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s’insinuer dans les cœurs. — Pour de l’esprit... — Ah ! […] En faisant répéter sa troupe devant lui, il indique les principes naturels de la véritable déclamation, et, chose intéressante, les principes de Molière se rencontrent à merveille avec ceux qu’expose Shakespeare,, par la bouche de Hamlet. […] Cette forme même, que le langage de la passion se plaît à affecter dans sa bouche, n’est qu’un nouveau trait de caractère d’un effet heureux et d’une grande justesse. […] Molière l’a senti, et a corrigé ce défaut en mettant les portraits de ces deux prudes intrigantes dans la bouche de Dorine, où, sauf le style, un peu élevé pour une suivante, ils sont mieux à leur place. […] Mais avant d’avoir quitté le monde, il laisse tomber de sa bouche impie un mot qui jette sur Le Misanthrope et sur toute l’œuvre de Molière une vive lumière.
Dans le Tartufe, Moliere ne manque pas de nous apprendre, dès la premiere scene, par la bouche de Madame Pernelle, que l’action se passe chez Elmire, femme d’Orgon. […] Quand Moliere veut nous instruire de toutes les bigoteries que Tartufe a mises en usage pour s’insinuer dans l’esprit d’Orgon, & s’introduire dans sa maison, il les met dans la bouche du crédule Orgon, qui en est la dupe, & les raconte à Cléante qui les ignore.
Aussi est-ce le Comique Bourgeois qui produit le plus de ces mots que leur vérité fait passer de bouche en bouche.
., comme Shakspeare, lorsqu’il conçut l’idée de mettre sur la scène un misanthrope, devait être plus porté à la mélancolie qu’à la gaieté, et voir surtout le côté triste des choses humaines; mais ses plaintes amères contre l’humanité, qu’il a mises dans la bouche de son héros, ne sont pas pour cela l’expression vraie de :ses sentiments personnels, une diatribe sociale derrière laquelle se cache l’auteur20 Non, Molière n’est pas Alceste tout entier; car, si parfois il semble s’être identifié avec son personnage, souvent ; aussi il l’abandonne : on en voit ,1a preuve dans les avertissements et les leçons qu’il lui fait donner par ceux qui l’entourent ; tel est en particulier le rôle de Philinte. […] L’année suivante, Armande Béjart devait être sa femme, et bientôt après, Molière mettait dans la bouche de la Climène des Fâcheux une vigoureuse apologie du jaloux, nous rendant ainsi les confidents des premiers tourments de son cœur.
A cela il n’y a qu’à changer peu de chose à l’expédient, & annoncer l’arrivée de ceux qui vont paroître, par leurs cris, ou par la bouche de ceux qui sortent.
Si Moliere avoit voulu, il auroit pu fermer bien vîte la bouche à M.
C’est le cas d’une expression que Molière a mise dans la bouche de Gros-René. […] Aussi peut-il mettre dans la bouche d’Eraste ces paroles : “Quand puis-je rendre grâce à cet ange adorable ?” […] Encore qu’il soit permis de mettre dans la bouche d’un valet et d’une suivante, amoureux l’un de l’autre, quelque expression un peu chargée, celles que Molière place dans la bouche de Gros-René et de Marinette m’ont semblé mauvaises pour mille raisons. Qui pourrait souffrir, dans la bouche de ces gens, les phrases suivantes : “mon astre ; beau tison de ma flamme ; chère comète, arc-en-ciel de mon âme” ? […] Thym, elle fait quelquefois des phrases, elle se sert même de mots étrangers qu’on n’attendrait pas de sa bouche.
Remarquons seulement qu’ils ne pouvaient ouvrir la bouche devant Louis XIV sans se rappeler que toute puissance vient de Dieu et que les rois sont les ministres de Dieu pour le bien. […] Suivant leur louable coutume, ils ont couvert leurs intérêts de la cause de Dieu, et le Tartuffe, dans leur bouche, est une pièce qui offense la piété. […] Qu’elles reçoivent quelque autorité de la bouche d’un scélérat ? […] Plus sa conscience le criera, plus sa bouche le niera ; loin de condamner Molière, il l’admirera d’autant plus que sa diffamation paraîtra plus hardie. […] Que répondront-ils à Jésus-Christ, quand il leur dira que l’un et l’autre ensemble était impossible, et qu’ils en devaient être convaincus par cet oracle sorti de sa bouche ?