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15. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Molière ne fait rien à tout cela : ses personnages sont ce qu’ils doivent être, et les impressions qu’ils produisent sur le spectateur, sont celles que produirait la réalité même. […] Représenter un vice puni par un autre vice qu’il a produit, ce n’est pas encourager celui-ci, c’est les combattre à la fois tous les deux. […] C’est par un même trait de génie, et pour produire un même effet, que Molière a rendu Harpagon amoureux. […] Si l’on jugeait du mérite d’un ouvrage d’après le nombre des imitations qu’il a produites, Pourceaugnac serait le chef-d’œuvre de Molière. […] Quelque gêné que Molière pût être par les ordres d’un monarque et par les convenances d’un sujet, il ne pouvait rien produire d’où la comédie fût entièrement exclue, où elle ne se montrât pas du moins par intervalles.

16. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

L’exemple du roi produisait donc un désordre pire que le sien, en autorisant au plus haut degré le dérèglement général. […] Aujourd’hui que nous possédons les œuvres de ces quatre poètes, nous pouvons nous figurer quelle était la force de leur alliance par leur position dans le monde, par la puissance de leurs talents divers, par le besoin de produire dont ils étaient pressés, par l’émulation qui naissait de leur concours, par la combinaison de leurs efforts pour mériter la bienveillance d’un roi galant et la protection des femmes les plus séduisantes et les plus voluptueuses de sa cour.

17. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Un divertissement gai ne peut se produire que dans la représentation des vices, des ridicules, des bizarreries de caractère. […] Mais il n’y a pas de mauvaise foi où se trouve une conviction, même produite par l’aveuglement de l’esprit par les passions. […] Imprévoyants à l’excès et dominés par le caprice du moment, ils gaspillent en peu de jours, en quelques instants même, le produit du crime. […] Les vices produisent des résultats bien plus sérieux chez un chef de famille que chez un célibataire, car chez le premier les vices rejaillissent forcément sur toute la famille. […] La raison en matière de conduite n’est point un produit de l’intelligence proprement dite, de la faculté d’associer les idées, de raisonner ; elle tire sa source du bon sens, des bons instincts moraux.

18. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Mais il n’a produit qu’une plante monstrueuse qui n’est ni la satire ni la comédie155. — La satire tonne et s’indigne contre les vices individuels, trop sérieux pour être joués. […] Car, pour s’élever jusqu’à cet humour dont je vous parle, le comique… comprenez bien ce raisonnement, je vous prie, le comique venant à passer de la région objective où l’ombre et la lumière se découpent nettement sous les rayons du soleil plastique, dans la région subjective… écoutez bien ceci, je vous conjure ; dans la région subjective où tout vacille et danse aux romantiques clartés de la lune ; le comique, dis-je, doit, pour s’élever jusqu’à l’humour, produire au lieu du sublime ou de la manifestation de l’infini… soyez attentif, s’il vous plaît, une manifestation du fini dans l’infini, c’est-à-dire une infinité de contraste, en un mot une négation de l’infini173. […] Les Espagnols ont produit plus de comédies que les Français et les Italiens ensemble.

19. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Ce qui produit une sérié de quiproquos du plus excellent comique. […] Molière, né pour la farce, a voulu faire une fine comédie ; il a produit une œuvre bâtarde, qui n’est ni une fine comédie, ni une farce. […] Dès que l’auteur cesse de donner des motifs personnels aux actions et aux discours qu’il produit sur la scène, il sort du ton de la comédie104. […] Mon rôle modeste s’est borné à en développer quelques conséquences, à produire au grand jour une faible partie du trésor de vérités qu’ils renferment, et je n’ai pas négligé une occasion de répéter les propres paroles du maître, certain qu’elles charmeraient mon auditoire. […] Le comique arbitraire, ou celui des rôles de fantaisie, produit souvent un grand effet, quoique les critiques affectent de la rabaisser.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

On voit la différence que produit cette virgule supprimée ; mais on voit aussi que l’Auteur, en imaginant l’embarras, s’étoit ménagé les moyens d’en sortir en ne ponctuant pas la lettre. […] Voilà comme, chez un homme de génie, l’incident le plus petit en apparence produit de grands effets.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Le meilleur, à mon avis, est de nous familiariser avec les pieces de Moliere, de les analyser, de les méditer ; nous y apprendrons l’art si difficile de mettre en œuvre tous les caracteres, d’apprécier au juste ce que chacun d’eux peut produire, de l’isoler ou de l’associer à un, deux, trois, ou plusieurs autres personnages en conséquence de leur valeur précise, afin que tous puissent produire l’effet dont ils sont capables, sans se nuire mutuellement.

22. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

»   Quelle ne doit pas être la démoralisation lente produite par un spectacle qui dure sans interruption depuis deux siècles, et qui enseigne sans cesse aux jeunes gens à rire de ce que le devoir et la nature leur ordonnent de respecter ? […] À ce point de vue, le théâtre de Molière présente un perpétuel contre-sens ; il est impossible que des parents si dépourvus d’intelligence et d’élévation produisent toujours des enfants si admirables. […] Molière y alla sans marchander ; il mit sur la scène un gueux plus noble de cœur qu’un gentilhomme716 ; il bafoua les bourgeois qui croient que c’est une belle chose de devenir gentilhomme ; les Arnolphe qui se donnent le nom de Monsieur de la Souche ; les Gros-Pierre qui s’appellent pompeusement Monsieur de l’Isle 717 ; les George Dandin qui, par un allongement, reçoivent le titre de Monsieur de la Dandinière 718 ; on n’oubliera jamais l’illustre maison de Sotenville, dans laquelle « Bertrand de Sotenville fut si considéré en son temps que d’avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d’outre-mer719, » ni celle de la Prudoterie « où le ventre anoblit720 ; » on rira éternellement des manies de dignité et de vanité qui constituent toute la noblesse des Pourceaugnac et des Escarbagnas ; enfin le type du marquis, produit par Molière et prodigué dans toutes ses pièces, est resté et restera comme l’un des meilleurs personnages du théâtre comique. […] Molière, qui jouait Mascarille, s’était composé un costume sur la dernière mode de la cour, qui était d’un comique admirable, en sorte que l’entrée produisait un effet irrésistible.

23. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

      Et bien, ce beau Menteur, cette pièce fameuse, Qui étonne le Rhin, et fait rougir la Meuse, Et le Tage, et le Pô, et le Tibre romain, De n’avoir rien produit d’égal à cette main. […] « Cette pièce a produit des effets tout nouveaux ; tout le monde l’a trouvée méchante, et tout le monde y a couru. […] Voilà ce qui donne à la princesse l’idée d’exécuter le projet qu’elle médite : pour cet effet, elle dispose la fête suivant son intention, et feint d’avoir naturellement un ruban de la couleur que le prince a nommée ; par là, le prince et obligé de lui parler d’amour, et elle est engagée à lui répondre : ce qui produit une situation fort théâtrale. […] Dans ce dessein, elle sort pour le chercher, mais sans communiquer son idée aux spectateurs, à qui elle donne en même temps une grande curiosité de savoir ce que produira cet entretien. […] On peut juger de l’effet que ces premières représentations produisirent par les traits injurieux dont ce passage est rempli. » La brochure de Rochemont ne resta pas sans réplique.

24. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

Cela produit de l’effet : sans doute, mais surtout l’effet de nous donner dans la pratique moins d’horreur pour les vices réels auxquels nous cédons, en nous excusant sur la compensation que nous établirons par des mérites et des vertus possibles, dont nous n’avons pas même l’intention. […] En lui, Molière a entrepris de produire le type idéal, quoique humain, de l’homme accompli, Homme d’honneur, d’esprit, de cœur et de conduite 278, à qui ne manque ni la rigide honnêteté d’Alceste ni la grâce de don Juan ; qui unit au raffinement d’esprit et à la politesse qu’offrait la cour de Louis XIV, la solidité du bon sens, la douceur de la charité et l’énergie du devoir279 ; qui devient, en vieillissant, le bon, raisonnable et aimable Cléante du Tartuffe 280. Et si la Grèce est éternellement célèbre pour nous avoir légué ce modèle surhumain de la corporelle beauté que nous appelons l’Apollon du Belvédère, quelle ne doit pas être notre admiration pour celui qui, chez nous, a su produire ce modèle moral de l’homme intelligent, chrétien et français ?

25. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

On sent mieux, et, par conséquent, on dit mieux ce que l’on produit que ce que l’on emprunte des autres par le secours de la mémoire… Le geste et l’inflexion de voix se marient toujours avec le propos au théâtre, tandis que, dans la comédie apprise, le mot que répète l’acteur est rarement celui qu’il trouverait s’il était livré à lui-même. » L’effet produit par la commedia dell’arte était donc plus grand que celui produit par la comédie soutenue, et cela précisément à cause de la spontanéité de l’expression.

26. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Non seulement les œuvres qu’elle avait produites figuraient certainement, et pour une grande part, dans les « deux cent quarante volumes de comédies », que mentionne l’inventaire de sa bibliothèque ; mais il voyait, il fréquentait assidûment les artistes contemporains qui en étaient les représentants. […] Toute cette tradition comique, qui semblait ne rien produire que d’éphémère, ne fut ainsi ni inutile ni perdue ; et Molière, en la faisant contribuer à son œuvre, fit rejaillir sur elle un peu de l’éclatante lumière dont celle-ci est éclairée.

27. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Enfin nous allons examiner une pièce de théâtre, L’École des femmes n’est pas autre chose, L’École des femmes n’est pas davantage, mais une pièce de théâtre admirable et qui, avec huit ou dix autres ouvrages du même poète, représente ce que la comédie, ce que l’art comique a produit de plus humain, de plus vrai et de plus libre. […] Je voudrais seulement vous en rappeler quelques points qui me paraissent bien oubliés aujourd’hui ; rétablir quelle était la situation, l’état d’esprit des écrivains qui y ont vécu, et, puisque je dois vous parler de l’un des plus célèbres, du plus célèbre peut-être, je voudrais vous montrer la différence qui s’est produite, avec les années, avec le mouvement des idées et les variations de la critique, avec tout ce travail qui se fait autour d’un grand homme, la différence qui s’est produite entre le Molière de son temps et le Molière du nôtre. […] On oublie encore que le xviie  siècle est profondément religieux, et en effet, c’est bien à une époque religieuse que peut se produire une œuvre comme Tartuffe, lorsque la dévotion et la crédulité sont arrivées à leurs dernières limites et que le directeur de conscience a toutes ses aises pour imposer sa domination.

28. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Ces représentations privées et ces lectures particulières ne le consolaient pas de la défense qui lui avait été faite de produire sa comédie en public. […] À ce nom de Tartuffe qui était, depuis plus de trois ans, le signal des clameurs et des calomnies du faux zèle, il avait substitué celui de Panulphe, et il avait produit sa pièce sous le seul titre de L’Imposteur. […] Cette lettre, qui serait un effort prodigieux d’attention et de mémoire, si elle n’était plutôt le produit tout naturel d’une communication de manuscrit plus ou moins adroitement dissimulée, cette Lettre, dis-je, contient l’analyse de la pièce, acte par acte, scène par scène, et presque couplet par couplet. […] La lumière produit l’ombre, et celle-ci est d’autant plus prononcée que l’autre est plus éclatante. […] Il n’en fallait pas moins pour qu’il osât se produire sur un théâtre moderne.

29. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Pour remonter plus haut, il nous faudrait admettre, avec certain critique, grand découvreur de mystères inédits, de tapisseries historiques, de trouvères, etc, que les agapes des premiers chrétiens ont produit la fête des fous : nous nous dispenserons d’aller jusque-là. […] Un fait nouveau se produit au XIe siècle : c’est une première immixtion de la langue vulgaire dans les récitatifs dialogués de l’Église. […] Cette langue, qui va bientôt produire Villehardouin et Joinville, intervient de plus en plus dans les récitatifs d’église et de couvent, sans exclure, néanmoins l’ancien usage des dialogues religieux, tout en latin, qui avaient fini par faire en quelque sorte partie du rituel. […] Je ne prétends donc point chercher ce qu’aurait produit notre génie dramatique si, au lieu de raviver la cendre d’Agamemnon ou la poussière des Sosie et des Dave, il se fut consacré à perpétuer les souvenirs héroïques de l’histoire nationale ou à peindre les mœurs de notre société à ses divers âges. […] C’est encore sous Louis XII que cette sotie se produit, et on y .sent déjà le souffle de la Réforme.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire ! […] Les gradations des rangs qui procédaient du monarque, avaient produit celles du respect dans le langage des hautes classes, en avaient nécessité l’étude, en avaient amené le discernement et le tact, et avaient fait de ce discernement un point d’honneur et de bienséance.

31. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Nul temps n’a produit plus de livres critiques ; et quand notre critique s’applique à des œuvres si solidement belles qu’elle ne peut espérer d’y trouver à mordre., elle ne se tient pas pour inutile : elle veut alors se rendre un compte exact de ces chefs-d’œuvre ; après les avoir reconnus inattaquables et s’être assurée qu’ils sont de tout point dignes d’admiration, elle prétend étudier en quoi et par quoi ils le sont : et elle n’est point satisfaite tant qu’elle n’a point démêlé les divers éléments dont se constitue ce tout rare et complexe, le beau. […] L’idée que le théâtre doive être une école de mœurs n’a jamais été que le rêve irréalisé de ceux qui n’y ont rien produit de remarquable, et qui ont cru suppléer à l’insuffisance du talent par la moralité de l’intention7. […] Pouvait-il s’empêcher de juger et ceux qu’il copiait et l’idéale copie qu’il en produisait ?

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Mais toutes ses lamentations, loin de nous toucher, produisent un effet contraire, parceque nous nous peignons encore Harpagon allant dérober l’avoine à ses chevaux, ou prêtant à usure. L’emploi des termes consacrés à un usage différent, moyen de faire rire si négligé de presque tous les Auteurs, produit le plus grand effet chez Moliere.

33. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Vous savez que son Cocu imaginaire est Il Ritratto des Italiens ; Scaramouche interrompu dans ses amours a produit ses Fâcheux ; ses Contre-temps ne sont que Arlequin valet étourdi : ainsi de la plupart de ses pièces ; et dans ces derniers temps, son Tartuffe n’est-il pas notre Bernagasse ? […] Arlequin valet étourdi n’a pas produit Les Contre-temps, car ce canevas ne devait pas être antérieur à 1662, et Les Contre-temps avaient été composés bien avant cette époque ; mais L’Inavertito de Beltrame avait été la source commune et de la comédie française et du canevas italien.

34. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre V » pp. 48-49

Nous voyons en quatrième lieu les nouvelles combinaisons de personnes y produire cette jouissance nouvelle si féconde en autres jouissances, si féconde surtout en talents et en vertus, cette jouissance enviée à la France par foules les nations civilisées, celle de la conversation.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Il est impossible de tirer de l’or d’une mine qui ne produit que du plomb ; encore le produit est-il plus ou moins avantageux, à raison de la richesse de la mine, & de la facilité avec laquelle on peut l’exploiter.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Quant à l’effet que l’Exempt produit, on n’a rien à desirer, puisqu’il confond le monstre qu’on abhorre, & qu’il comble de joie une honnête famille à laquelle le spectateur prend le plus vif intérêt. […] On disoit qu’une catastrophe, attendue ou non attendue, préparée ou non préparée, devient indifférente pour le spectateur après les premieres représentations, puisqu’il sait l’instant, la minute où elle arrive, & les moyens, bien ou mal conçus, qui la produisent.

37. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Le commencement du siècle produisit les premiers biographes du poète : Grimarest, Bruzen de Lamartinière. […] Sur toute cette affaire, les pièces documentaires n’ont pas été produites jusqu’à présent. […] En cette année 1658, deux représentations furent données au profit des pauvres de l’Hôtel-Dieu de Rouen : l’une le 20 juin, qui produisit 77 livres 4 sols et 7 deniers ; l’autre le 21 août, qui produisit 44 livres 15 sols. […] Molière est lent à se produire ; il marche sûrement, mais pas à pas. […] Une occasion se présenta bientôt de la produire à la faveur de réjouissances publiques.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Il peut arriver que deux actions soient produites dans l’espace de douze ou de vingt-quatre heures ; & il n’est pas absolument contre la vraisemblance que les personnages qui ont part à ces deux actions, se trouvent sans se connoître, & sans s’être jamais parlé, dans la même rue ou dans le même jardin, pour ne pas manquer à l’unité du lieu, si elle est nécessaire, s’y trouvent, dis-je, à dessein de s’entretenir de leurs différents intérêts ». […] Dira-t-on que ces divers intérêts qui se croisent, n’en font qu’un, que toutes ces actions n’en produisent qu’une ?

39. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Il faudrait pour cela produire du moins à l’appui, l’extrait mortuaire de Françoise, et l’extrait baptistaire d’Armande-Grésinde, ou de Grésinde, ou d’Armande-Grésinde-Claire-Elisabeth ; car on a vu que le nom de Françoise a subi ces trois transformations différentes. […] Ici on n’en produit qu’un, démenti par tous les témoignages contemporains.

40. (1900) Molière pp. -283

Il est enfin en pleine possession de la faveur et de la renommée ; mais il n’est pas encore en pleine possession de son génie ; il ne produit encore que des essais, assez remarquables toutefois pour donner une haute opinion de ce qu’il fera plus tard. […] Je tiens encore à vous dire dans quelles circonstances cette pièce fut produite, pour arriver enfin au sens intime et prophétique contenu dans le Tartuffe. […] Mais la vanité, qui aiguise l’esprit ou qui l’aveugle, ne suffit point pour le susciter, et on calomnie l’esprit lui-même en ne le croyant propre qu’à produire de jolies bagatelles et à se railler. […] N’éprouvez-vous pas l’impression de malaise que produit d’ordinaire ce qui est discordant et incomplet ? […] Des secousses, dont la violence ébranle le monde jusqu’en ses fondements, n’arrivent à produire chez nous qu’un déplacement de la vanité.

41. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Au reste, il n’y a point de meilleure forge de nouveaux mots que la Comédie ; car si elle produit quelque nouveauté de langage qui soit bien reçue, une infinité de gens s’en emparent tout à la fois, & la répandent bientôt au long & au large par de fréquentes répétitions. […] Je sçay qu’il connoissoit parfaitement les anciens Comiques : mais enfin il a pris à notre Theatre ses premieres idées : Vous sçavez que son Cocu Imaginaire est il Ritratto des Italiens ; Scaramouche interrompu dans ses amours a produit ses Fâcheux ; ses Contre-temps ne sont que, Arlequin, Valet étourdi, ainsi de la plûpart de ses Pieces, & dans ces derniers temps son Tartufe n’est-il pas notre Bernagasse. […] Cependant ces excellens originaux Italiens ne nous produisent plus rien27 ».

42. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Elle produisit un grand étonnement et un grand scandale. […] Et qui les produit, chrétiens ? […] On ne voulut pas pourtant le produire tout d’abord à Paris, et ce fut la matière d’un nouveau noviciat. […] Cependant, cette estime et ces applaudissements qui l’environnaient produisaient sur son âme une impression bien différente de celle que la gloire avait produite, entretenue et comme enracinée et exaspérée dans l’âme de Molière. […] Son âme était sans amour, et c’est pourquoi il n’a rien produit qui puisse avoir la moindre bonne influence sur le genre humain.

43. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

On voit que sur le théâtre des Gelosi et dans les comédies même, l’élément comique ne prévalait pas exclusivement ; le sentiment, la passion et le drame y tenaient une bonne place ; la bouffonnerie n’y était souvent qu’accessoire et épisodique, et ainsi mesurée elle n’en produisait sans doute qu’un plus grand effet. […] Parlant des comédiens antérieurs aux Gelosi, « ils n’hésitaient pas, dit-il, à pousser la vraisemblance jusqu’à faire comparaître sur la scène un homme nu, s’échappant d’un incendie nocturne, ou une femme dépouillée par des brigands, attachée à un arbre par quelques lambeaux d’étoffe, et à produire d’autres spectacles du même genre ou plus indignes encore d’être mis sous les regards de galants hommes 14  ».

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Caracteres propres à tous les rangs. » pp. 328-330

Secondement, il s’est ménagé le comique que produisent la morgue, la bassesse, & la dispute des différents maîtres.

45. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Après cette pièce et d’autres du même genre, une nouvelle imitation, celle du théâtre espagnol, fait tomber de mode l’imitation de la farce italienne, et produit la tragi-comédie, où se distinguent, après Hardy et sur ses traces, les Théophile, les Scudéry, Racan, Rotrou et Corneille, avant d’être le grand Corneille. […] L’imitation de la tragédie latine a produit Médée ; l’imitation de la tragi-comédie espagnole, Clitandre ; la comédie s’essaye dans six pièces, dont Mélite est la première et la meilleure. […] L’École des Maris, représentée en 1661, marque ce grand changement qui substituait, à des situations produites par une intrigue artificielle, des caractères produisant des situations. […] Non-seulement les caractères produisent les situations, ils produisent d’autres caractères.

46. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Pour justifier le Tartuffe, il fallait le produire. […] C’est un recueil curieux que celui de tous les libelles qui furent alors publiés contre lui ; on y trouve rassemblé tout ce que la haine peut enfanter de plus odieux, tout ce que la colère peut produire de plus cruel, et jamais on ne put s’écrier avec plus de raison : Tantæ ne animis cœlestibus irae ? […] Ce frère revient à Milan, où se passe la scène, et la ressemblance des deux ménechmes complique de plus en plus l’intrigue, et produit des incidents à ne point finir. […] Vous vous êtes trompés, mes frères ; faites-moi le but de vos injures et de vos pierres, et tirez sur moi vos épées. » Cette conduite adroite de Montufar produit sur la multitude le même effet que la feinte humilité de Tartuffe sur Orgon ; l’engouement d’un peuple hébété redouble pour l’imposteur, et le trop véridique gentilhomme est obligé de se soustraire par la fuite à la vindicte publique. […] Sous le règne affreux de l’athéisme et de l’anarchie, au moment où les autels tombaient sous la hache des impies, et leurs ministres sous le fer des bourreaux, la peinture de l’hypocrisie religieuse était une cruauté froide et dérisoire : aussi la pièce était-elle moins jouée, et produisait-elle moins d’effet.

47. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il n’en produisait alors aucun, et ne donnait pas même lieu à la moindre interprétation maligne. […] La pièce fut jouée avec un applaudissement général, et j’en fus si satisfait en mon particulier, que je vis dès lors l’effet qu’elle allait produire. […] Ce discours produisit tout l’effet oratoire que Molière en espérait. […] Cette comédie fut froidement accueillie dans sa nouveauté ; aujourd’hui encore les représentations en produisent peu d’effet. […] Des divertissements qu’on a supprimés depuis, et dont Lulli avait fait la musique, ajoutaient encore à l’effet qu’elle pouvait produire.

48. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Les mêmes causes n’ont pas toujours produit les mêmes effets. […] Ils ont entre eux ces rapports communs que produit la conformité d’âge, de sexe ou de condition ; mais ils ont en même temps ces différences individuelles qui distinguent tous les êtres créés. […] Disons la vérité : soit que Molière ne mît pas le même prix à cette partie de fart, soit que le besoin de produire avec rapidité le contraignît à la négliger, plusieurs de ses dénouements sont peu satisfaisants ; les plus répréhensibles sont ceux qu’il a empruntés à l’antiquité, et que produisent des reconnaissances imprévues, que nos mœurs rendent impossibles. […] Il n’en conteste point l’authenticité ; mais il soutient qu’ils sont le produit légal d’une fraude convenue entre la maison de Modène et la famille Béjart. […] La science des d’Hozier et des Chérin a souvent produit de nombreux volumes pour établir quelque point douteux d’une filiation qui n’intéressait que l’orgueil d’une famille.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

S’ils sont devenus honnêtes, humains, compatissants ; s’ils ne s’entendent plus avec des Greffiers, des Sergents, pour se procurer de fausses pieces ; s’ils ne donnent pas un carrosse brillant à leurs femmes aux dépens des parties, & avec le produit du tour de bâton, pourquoi les mettre sur la scene ? […] Et pour faire connoître la chicane de la demanderesse... de la demanderesse, produit lesdites quatre pieces sous la cote G ; lesquelles...

50. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

EXAMEN DE DEUX FRAGMENTS INÉDITS PARAISSANT APPARTENIR A L’OEUVRE DE MOLIÈRE Nous présentons ici, à un point de vue nouveau, quelques observations à propos de la comédie M. de Pourceaugnac, Toute œuvre de Molière doit être respectée; mais ce n’est pas dépasser les bornes de la critique que de reconnaître des défauts à cette œuvre, surtout lorsque nous supposons que ces défauts ont pu ne se produire qu’à la suite de circonstances particulières, et sous l’influence de nécessités de répertoire que Molière, avec sa troupe de comédiens à soigner et à faire vivre, se trouvait exposé à subir. […] Suivant un grand nombre d’éditions, Lully aurait pris ce surnom de Chiacchiarone pour ne pas éprouver d’opposition de la part des secrétaires du roi alors qu’il voulait entrer dans leurs rangs ; mais la grande rancune des secrétaires ne se produisit que lorsque Lully joua le Muphti du Bourgeois gentilhomme, et ce ne fut qu’en 1670. […] Après l’effet produit par Lully, il est évident que la comédie de Pourceaugnac dut prendre la forme que nous connaissons.

51. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Arnauld père ne laisse pas de produire un fort bel effet. […] Convenons que les encouragemens accordés à l’industrie betteravière avaient produit de meilleurs résultats. […] Ce qu’il importe de remarquer dans cette liste, c’est que, parmi les écrivains célèbres du temps, il n’en est aucun dont la munificence royale ait encouragé les débuts, à l’exception de Racine, qui y figure pour 800 livres ; il n’avait produit alors que quelques vers de circonstance.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

On ne sauroit trop les exhorter à continuer, parceque rien n’est à négliger quand on veut plaire, & qu’il est beau de parler quelquefois aux yeux comme aux oreilles : mais on doit les avertir qu’un tableau n’est frappant & ne produit son effet, que lorsqu’il est naturellement amené par le sujet, & que les scenes qui le précedent en ont préparé l’ordonnance.

53. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

La coutume qu’avaient alors les femmes de porter des masques ou des coiffes abattues favorisait toutes ces machines qui produisent quelquefois de la surprise ou font rire un moment, mais qui ne peuvent jamais attacher, parce que tout s’y passe aux dépens du bon sens, et que, dans toutes ces inventions si péniblement combinées, il n’y a rien, ni pour l’esprit, ni pour la raison. […] Ce n’est pas, comme dans Sganarelle, un amas d’incidents arrangés sans vraisemblance pour produire des méprises sans effet; c’est une pièce parfaitement intriguée, où le jaloux est dupé sans être un sot, où la finesse réussit parce qu’elle ressemble à la bonne foi, et où celui qu’on trompe n’est jamais plus heureux que lorsqu’il est trompé. […] Ce qui est certain, c’est que l’un ne produit guère que des sottises et des impertinences, et que l’autre produit l’instruction. […] En effet, il fallait une scène d’amour à la première entrevue de Jupiter et d’Alcmène, qui devait nécessairement être un peu froide, comme toute scène entre deux amants également satisfaits ; mais celle-ci amène la querelle entre Alcmène et Amphitryon, querelle qui produit la réconciliation entre Jupiter sous la forme du mari, et la femme qui le croit tel réellement ; et cette réconciliation , qui par elle-même n’est pas sans intérêt , en répand beaucoup sur le rôle d’Alcmène, qui, par la vivacité de sa douleur et de ses ressentiments, nous montre combien elle est sincèrement attachée à son époux. […] Est-il possible, par exemple, de peindre mieux l’effet que produit le phébus et le galimatias dans la conversation comme dans les livres, que par ce vers si heureux ?

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

La distraction est telle par sa nature qu’elle peut à la vérité s’annoncer par les traits les plus forts & les plus multipliés ; mais elle ne sauroit les accumuler sans les séparer par un intervalle de temps assez considérable ; ou bien ce n’est plus la distraction qui les produit, ils sont enfantés par un cerveau tout-à-fait dérangé. […] Un ramassis de distractions plaisantes peut amuser dans un ouvrage où il suffit de coudre les différents traits l’un à la suite de l’autre sans fixer la durée du temps qui les vit naître ; mais dans une comédie où ils doivent tous arriver dans l’espace de vingt-quatre heures, où ils doivent tenir l’un à l’autre, s’enchaîner naturellement & produire des effets toujours plus comiques & plus naturels, le cas est bien différent. […] Agissons de bonne foi, & prenons dans toute la piece la distraction qui produit l’effet le plus comique. […] Quelle différence de l’intrigue produite par cette seule robe qui va, vient, circule, passe de main en main pendant toute la piece, anime les caracteres, fait naître les incidents, & les multiplie sans le secours d’aucun autre ressort ; quelle différence, dis-je, avec cette autre fable mal digérée, mal construite, où une malle, des lettres, une donation, une promesse de mariage, un portrait, ne suffisent pas pour soutenir une action, où l’Auteur a besoin d’appeller les épisodes à son secours, & dans laquelle il blesse continuellement la vérité !

55. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Alors se produisait, dans la société française cultivée, un de ces mouvemens d’« anticléricalisme, » ou même d’anti-religion, dont M.Faguet a bien vu les très anciennes manifestations et le retour fréquent dans notre histoire9. […] C’est de 1662 à 1605 que Bossuet, nota leur si exact en ses sermons des idées et des senti-mens contemporains, fait sur le mouvement offensif de l’incrédulité des aveux graves : prêchant an Louvre, le deuxième dimanche de l’Avent 1665, il confesse qu’à l’heure où il parle, les libertins sont « déclarés; » loin de se cacher, — comme ils avaient coutume auparavant et comme ils recommencèrent dus tard, — ils se produisent; on les « trouve » partout « dans le monde; » ils y promènent avec impertinence « leurs fines railleries, leurs dédaigneux sourires, leurs demi-mots, leurs branlemens de tête; » même ils « s’élèvent contre l’Évangile, hardiment, ouvertement, »et, ce faisant, » dans les « compagnies,» — entendez: dans les salons, — « ils triomphent 15. » C’est qu’alors rien ne s’oppose à ce qu’ils espèrent de triompher aussi dans le gouvernement. […] Et il était de retour à Paris en 1660, lorsque dans la Compagnie du Saint-Sacrement un regain de zèle se produisit « pour le service de Dieu que le monde tâchait d’éteindre, » — lorsque, dans ce duel ardent, le prince de Conti (affilié cette année-là au groupe parisien) se signalait, en faisant à lui seul « par son autorité et sa vertu plus d’ouvrage que plusieurs autres ensemble25, » — lorsque enfin éclata ce scandale de l’Ermitage qui mit presque complètement au jour la vie intime et l’ambition de la Compagnie. […] Un des premiers membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, le père de son historien, « M. d’Argenson, conseiller ordinaire du Roy en son Conseil d’Etat, » écrivant en l’année 1640, « pendant sa prison au château de Milan, » un édifiant traité de la Sagesse, remarque qu’il s’élève parfois « entre les personnes pieuses, une diversité d’opinions » si chaleureuse qu’elle produit entre elles de « mauvaises émulations » et des « jalousies »implacables.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

On peut décider aisément de l’effet que produit dans ces deux pieces la chose inanimée.

57. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Tout ce tems, dis-je, est volé à l’indignation, ou au dégoût qu’eût produit la déclaration d’amour du Tartuffe. […] Quel changement produit celle-ci ? […] Ce qui produit peu d’effet. […] On ne peut être ridicule que par l’effet qu’on croit produit par sa passion : ici il peut y avoir désapointement. […] Grossièreté produite par l’amour, par l’amour-propre des Scagliotti et Compagnie.

58. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

« Molière ouvrait une nouvelle route pour le théâtre ; et comme les nouveautés, quelque sensées qu’elles soient, éprouvent toujours des oppositions, par l’effet ordinaire que l’habitude produit sur les hommes, il n’y avait rien de si naturel aux comédiens et au parterre que d’être contraires, et de faire peu d’accueil à un genre de comédie auquel ils n’étaient point accoutumés, et qu’ils ne connaissaient même pas. […] Ce sont apparemment ces espèces de farces qu’il lisait à sa servante, pour juger, par l’impression qu’elle en recevait, de l’effet que la représentation produirait sur le théâtre. […] Les deux scènes ne produisent pas le même effet, par la différence que l’auteur a mise entre la conduite de Jupiter avec Alcmène, et celle de Mercure avec Cléanthis. […] L’Amphitryon offre une action que les personnages n’ont aucun dessein de traverser ; c’est le hasard seul qui fait arriver Sosie dans un moment où Mercure ne peut le laisser entrer chez Amphitryon ; le déguisement à la faveur duquel Jupiter cherche à satisfaire son amour produit une brouillerie entre Amphitryon et Alcmène, qui fonde également leurs plaintes réciproques. […] Alors l’action est conduite à sa fin, par l’éclat que doit faire nécessairement la tromperie de Jupiter ; et ce dieu est obligé de se découvrir aux dépens même de l’honneur d’Alcmène : ainsi, rien n’arrive dans cette pièce de dessein formé, et le hasard en produit seul tous les incidents.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Le lecteur peut voir sans peine que tout ce qui se passe dans cette piece naît du caractere jaloux de Talgo, que lui seul se fait tout le mal, & que cette piece, malgré ses irrégularités, figure beaucoup mieux parmi les pieces à caractere, que plusieurs des nôtres, où le principal personnage ne produit aucune situation.

60. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Vous ne pouvez aimer que d’une amour grossière, dit-elle à Clitandre, Qu’avec tout l’attirail des nœuds de la matière ; Et pour nourrir les feux que chez vous on produit, Il faut un mariage et tout ce qui s’en suit. […] Tel est cependant l’ascendant de la bonté unie à la grâce que ce rôle d’Éliante, tout effacé qu’il semble, produit à la scène la plus heureuse impression, quand il est rempli par une actrice faite pour le comprendre et le représenter dignement.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Mais à l’approche de cette isle, notre jeune homme, rêveur & pensif, vint à considérer le temps qu’il avoit perdu & à calculer tous les jours que son capital ne lui avoit produit aucun intérêt. […] On ne tarda point à les produire dans le lieu où se fait la vente des esclaves, avec la triste parure de leur nouvelle condition.

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