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17. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Enfin Lidame saisit l’Etourdi par la main, qui, sans contrefaire sa voix, s’écrie, je suis Philipin. […] Comme ils discouroient ensemble dans cette chambre, Charles s’étant réveillé, ouit cette voix, qu’il jugea approcher de celle de son frere, quoiqu’il ne pût pas discerner les mots, dont il s’étonna fort, & commença à avoir peur que ce ne fût l’ame de son frere qui revenoit. Mais ce qui le confirma bien davantage en cette appréhension, fut qu’ayant pris envie à Philippe, étant couché, d’aller aux lieux secrets, il se leve nud en chemise, & passe à travers la chambre de son frere : celui-ci, au moyen d’un clair de lune, le reconnut ; & le voyant en cet état, il jetta un grand cri, qui ne donna pas moins d’appréhension à Philippe qui reconnut la voix de son frere, & qui s’en retourna à son lit extrêmement effrayé, croyant de son frere ce que son frere croyoit de lui ; de sorte qu’ils passerent tous deux le reste de la nuit en l’appréhension l’un de l’autre.

18. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Bientôt, de ces profonds silences qui vous effrayaient tout d’abord, s’élèvent des bruits confus ; ce sont des voix aimées qui vous parlent toutes à la fois ; bientôt encore on dirait que la confusion s’arrête et que chaque voix veut parler à son tour. […] Toujours est-il que la voix de mademoiselle de Lenclos entraîna l’assentiment général des beaux esprits et des grands seigneurs qui faisaient l’opinion. […] Une voix du vieux parterre (il y avait déjà un vieux parterre, aujourd’hui il n’y a plus de parterre) crie à l’auteur : Courage ! […] Le beau-père accourt à la voix de son gendre, et sort de sa maison, mais non pas de sa dignité : — « Ah ! […] N’entendez-vous pas cette voix douce et sonore à la fois ?

19. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Grande voix qui va tout briser ! […] Voilà la voix sépulcrale qui s’écrie : — « Don Juan ! […] En grimpant, le roi a mis le palais en rumeur ; on accourt, une voix crie à mademoiselle de La Beaume (mademoiselle de La Vallière plus tard) : « Fermez votre porte ! […] La terre ne pourrait assourdir à son cœur la trompette qui, de sa voix sonore et triomphante, lui dirait que la terre n’est que l’esclave de Louis !  […] En vain mademoiselle Brohan et mademoiselle Rachel ont récité, celle-ci de sa voix grave, et celle-là de sa voix enjouée, une louange, une nénie à la gloire de Molière !

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Pendant son sommeil il entend une voix qui chante les vers suivants :   La gloire en d’autres lieux t’appelle, Samson, brise ton arc, abandonne ces bois :  Que, sans tarder, le Philistin rebelle De ton bras triomphant éprouve tout le poids.   Que ton cœur à ce bruit de guerre,   A ces éclairs, à ce tonnerre,   Du Ciel reconnoisse la voix,   Et que cet olivier paisible   Disparoisse à l’aspect terrible  De ce laurier garant de tes exploits. […] Sigismond est frappé de sa beauté, il s’écrie : Elle a dans un instant changé mon caractere : Le seul son de sa voix a dompté ma fureur ; La douceur de ses yeux a passé dans mon cœur : Elle vient de verser dans mon ame charmée Le desir de la gloire & l’oubli de mes maux ; Pour la seule vertu je la sens enflammée : Et d’un tyran, en moi, l’amour fait un héros.

21. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [28, p. 53-54] »

Molière se tourna du côté du satyrique, et dit : Quest-ce 182 que la raison, avec un filet de voix, contre une gueule comme celle-là.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

Pour vous, mon ami, faites-vous Gouverneur, ou Baron, ou Président, si vous voulez, & habillez-vous à la grandeur, si la fantaisie vous en prend ; mais notre fille & moi n’en ferons pas un pas davantage, ou je n’aurai pas de voix en chapitre : une femme d’honneur a la jambe rompue, & ne sauroit sortir de la maison, & les honnêtes filles ne se divertissent qu’à travailler. […] Moliere reprit haleine au jugement de Sa Majesté ; & aussi-tôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tous d’une voix répétoient, tant bien que mal, ce que le Roi venoit de dire à l’avantage de cette piece.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Rendez-moi donc justice, & convenez vous-même Que ma flamme est sensée autant qu’elle est extrême ; Que la prudence seule a décidé mon choix, Et que votre raison doit lui donner sa voix. […] Il faut du mouvement, de l’occupation, Des charges, des emplois qui remplissent ce vuide ; Des devoirs dont la voix nous excite & nous guide.

24. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Vous étudiez avec anxiété son geste, son sourire, l’inflexion de sa voix ; puis, à certains moments inespérés, vous vous retournez avec un murmure approbateur, et vous dites à votre ami : — Comme elle ressemble à son maître, mademoiselle Mars ! […] L’Agnès en question était maigre et pâle ; elle avait les coudes rouges et les mains comme les coudes, la démarche embarrassée, et la voix très voilée. […] L’enfant joua peu à peu tous les petits rôles de Molière ; peu à peu l’esprit lui vint, puis sa main blanchit, puis son coude et le bras se remplit, puis la jambe ; un jour le voile tomba de cette voix éclatante, sonore, et touchante. […] Il abandonne à ses ennemis ses ouvrages, sa figure, ses gestes, sa parole son ton de voix, sa façon de réciter, mais il demande en grâce qu’on lui laisse le reste !

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

J’ai des secrets pour déguiser ton visage & ta voix. […] Ce langage, il est vrai, peut être obscur par fois, S’il n’a pour truchement l’écriture ou la voix.

26. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

— Et cependant voyez-la sourire encore, entendez-la parler, de cette voix divine qui sait le chemin de tous les cœurs ; voyez-la se parer avec cette science naturelle que tant de femmes ont rêvée ! […] quel son de voix enchanteur !

27. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

L’un d’eux, s’avançant à la tête, chanta fièrement ces paroles : » Arrêtez, c’est trop entreprendre : Un autre dieu, dont nous suivons les lois, S’oppose à cet honneur qu’à l’Amour osent rendre Vos musettes et vos voix. […] Mêlons donc leurs douceurs aimables, Mêlons nos voix dans ces lieux agréables, Et faisons répéter aux échos d’alentour Qu’il n’est rien de plus doux que Bacchus et l’Amour634. […]   Satire X, v. 131 :   Par toi-même bientôt conduite à l’opéra,   De quel air penses-tu que ta sainte verra   D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse,   Ces danses, ces héros à voix luxurieuse,   Entendra ces discours sur l’amour seul roulans,   Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands ;   Saura d’eux, qu’à l’amour, comme au seul dieu suprême,   On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ;   Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer ;   Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer ;   Et tous ces lieux communs de morale lubrique   Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ?

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Nous avons encore vu dans le second volume de cet ouvrage, Chapitre XIX, des Pieces intriguées par un déguisement, que cette comédie, imitée de l’espagnol, étoit passée sur notre théâtre avec tous les défauts de son modele, puisque, comme dans l’original, l’héroïne déguisée en femme y suit son amant, vit familiérement avec lui, le charme par les agréments de sa voix, & lui donne son portrait sans en être reconnue, quoiqu’elle ait déja été très bien avec lui sous l’habit de femme. […] puis-je faire autrement, dans la malheureuse situation où je me trouve, interrompit le vieux Marquis, d’un ton de voix mal assuré, & les yeux remplis de larmes ?

29. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Je vous en dirais davantage si je ne craignais qu’il se tînt offensé de ce que je vous pourrais dire et si je n’appréhendais de passer pour ridicule aux yeux de ceux qui n’adorent que les bagatelles, qui n’osent démentir la voix publique lorsqu’elle a une fois approuvé une chose et qui, pour donner des louanges à un homme, opinent du bonnet parce qu’ils voient que c’est le sentiment des autres. […] L’on dit, continua le même en haussant la voix, que l’on doit jouer un de ces jours une Pièce à l’Hôtel de Bourgogne, pleine de ces Tableaux du temps, qui sont présentement en grande estime.

30. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Ainsi ce glorieux dessein fut approuvé tout d’une voix.

31. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Au comédien Lespy, qui avait une voix de Stentor, il donnera le nom de Gorgibus. […] Sa figure, son jeu, sa voix entrecoupée, sa toux même, dans les rôles de vieillard, ne se pouvaient oublier. […] Il semblait qu’il eût plusieurs voix; tout parlait en lui; et d’un pas, d’un sourire, d’un clin d’œil, d’un remuement de tête, il faisait plus concevoir de choses que le plus grand parleur n’aurait pu dire en une heure. » Dans les pièces qui n’étaient point de lui, il faiblissait quelquefois, surtout dans le tragique, qui allait mal à sa voix saccadée, à sa volubilité d’expression. […] Quoique satirique à l’excès, sa conversation était ravissante, sa voix la plus touchante qu’il y eût. […] Il semblait qu’il eût plusieurs voix.

32. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Une voix sourde, des inflexions dures, une volubilité de langue qui précipitait trop sa déclamation, le rendaient de ce côté fort inférieur aux acteurs de l’Hôtel de Bourgogne. […] Toute la Cour trouva ces vers très beaux, et tous d’une voix les donna à Benserade, qui ne fit point de façon d’en recevoir les compliments, sans néanmoins se livrer trop imprudemment. […] Climène et Clorisc, qui sont deux bergères amies, entendant le son des flûtes, viennent joindre leurs voix à ces instruments, et chantent, etc. […] Cloris commence la première à joindre sa voix au son des flûtes et des musettes. […] Mais ce qui n’a jamais été vu, est cette harmonie de voix si agréable, cette symphonie d’instruments, cette belle union de différents chœurs, ces douces chansonnettes, ces dialogues si tendres et si amoureux, ces échos, et enfin cette conduite admirable dans toutes les parties, où depuis les premiers récits l’on a vu toujours que la musique s’est augmentée ; et qu’enfin, après avoir commencé par une seule voix, elle a fini par un concert de plus de cent personnes, que l’on a vues toutes à la fois sur un même théâtre joindre ensemble leurs instruments, leurs voix et leurs pas, dans un accord et une cadence qui finit la pièce, en laissant tout le monde dans une admiration qu’on ne peut assez exprimer. » La suite de cette fête de Versailles ne regardant plus le genre du théâtre, nous croyons pouvoir nous dispenser d’en parler.

33. (1788) Molière (Dictionnaire encyclopédique) « article » pp. 588-589

Si l’on considère Molière comme acteur, si l’on veut savoir quels furent ses talents pour la déclamation, l’auteur répond assez du comédien ; on sent qu’il n’a pu lui manquer que les avantages extérieurs ; on dit qu’en effet ils lui manquèrent ; qu’une voix sourde, des infléxions dures, une volubilité désagréable le forcèrent d’abandonner la déclamation tragique, dont sa seule présence, en rappellant si vivement la comédie, devait trop affaiblir l’impression.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

j’en ai assez ; sa voix étoit si languissante, & le jaloux si transporté, qu’il ne reconnut jamais son erreur. […] Cependant Berlinguier arrive toujours courant à la porte de ses beaux-freres & de sa belle-mere : il frappe, on lui ouvre, & à sa voix tout le monde se leve.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Une certaine voix a volé jusqu’à mes oreilles. […] Pourquoi, puisque ma voix a des plumes, & qu’elle vole comme un oiseau, pourquoi ai-je oublié de lui arracher les ailes ? […] je vous l’ai dit cent fois, Et vous verrez l’effet s’accorder à ma voix.

36. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Comédie à trois voix, suivie de deux divertissements chantés et dansés ; côté modeste et toutefois charmant, devant lequel le lecteur passe trop souvent sans le voir, mais sur lequel s’arrête volontiers le musicien », surtout, ajouterons-nous à notre tour, quand le musicien est un de ces fins lettrés que la fréquentation des bons auteurs et la pratique du meilleur monde ont formés de longue main aux travaux de ce genre.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Par son luth, par sa voix, organe des amours,  Chloé seule me paroît belle.

38. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Si on le pressait de les donner, il serait fort embarrassé, sur ma parole ; car je n’en comptais point d’autre que le bon sens, une belle voix, et de beaux gestes. […] Et le jugement que l’on en fait dans ce Livre-ci ne cause aucune altération à sa réputation : elle n’a qu’une voix.

39. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Le bon sens le dit, et Molière le répète par la voix de la fille fraîche, spirituelle et chaste qui dit du fond du cœur : Et qu’est-ce qu’à mon âge on a de mieux à faire, Que d’attacher à soi par le titre d’époux Un homme qui vous aime et soit aimé de vous ; Et de cette union, de tendresse suivie, Se faire les douceurs d’une innocente vie510 ? —  par la voix de l’homme honnête et sensé qui dit avec autant d’esprit que de raison : J’aime avec tout moi-même ; et l’amour qu’on me donne En veut, je vous l’avoue, à toute la personne...

40. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Il n’y a eu qu’une voix dans la presse et dans les salons pour rendre hommage à l’un et rabaisser l’autre. […] Le service se fait en noir ; le menu consiste en scorpions et en vipères ; le vin est du fiel ; pour toute musique, des voix étranges et formidables sortent des quatre piliers qui soutiennent le mausolée et chantent un lent De profundis 14.

41. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

En même temps, quatre Indiens font un petit bal à la moresque ; enfin les perroquets s’envolent des mains de leurs maîtres et les laissent désespérés de cette perte ; après quoi s’achève la pièce, et s’en vont tous s’embarquer pour la guerre de Troie. » La Finta Pazza obtint un brillant succès, auquel les cantatrices, « la gentille et jolie Gabrielle Locatelli, qui était une vraie lumière de l’harmonie, Giulia Gabrielli et Marguerite Bertolazzi, dont la voix était si ravissante qu’on ne pouvait les louer dignement », paraissent avoir eu la plus grande part33. […] À la page 6 de l’imprimé, on lit : « Flore sera représentée par la gentille et jolie Louise-Gabrielle Locatelli, dite Lucile, qui, avec sa vivacité, fera connaître qu’elle est une vraie lumière de l’harmonie. » À la page 7 : « Cette scène sera chantée, et Thétis sera représentée par la signora Giulia Gabrielli, nommée Diane, laquelle à merveille fera connaître sa colère et son amour. » Même page : « Le prologue de cette pièce sera exécuté par la très excellente Marguerite Bertolazzi, dont la voix est si ravissante, que je ne puis la louer assez dignement. » Une scène est suivie de cette note : « Cette scène sera toute sans musique, mais si bien dite qu’elle fera presque oublier l’harmonie passée. » 34.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Sa confidente lui dit que Don Garcie sera moins jaloux dès qu’il aura reçu la lettre où Dona Elvire l’assure de la préférence qu’elle lui accorde sur son rival : la Princesse change d’avis, aime mieux faire cette confidence de vive voix. […] Le Prince est surpris de ne pas connoître la voix de la personne qui lui parle. […] Dans la piece françoise, Elvire écrit à Don Garcie qu’il obtiendra la préférence sur son rival s’il se corrige de sa jalousie : mais faisant réflexion qu’il n’est pas prudent de laisser des lettres tendres entre les mains d’un homme, elle se détermine à faire l’aveu de vive voix ; & c’est la moitié de cet écrit qui alarme le Prince.

43. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Chaque peuple en exprime une idée, chaque homme une lettre ; aucune voix ne J’achève. […] puisqu’à la solitude de la pensée s’ajoutait la solitude de l’exil, et sa voix s’est perdue dans le vide. » M. […] Ce fut un temps d’arrêt et de calme relatif, après quoi la lutte se révéla dans Phèdre avec une force et une évidence inattendues- Puis, Racine se tut; sa carrière dramatique était achevée, ou, s’il éleva encore la voix, ce fut pour célébrer la lumière dont son cœur avait été touché.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. Des Pieces à caractere. » pp. 253-258

Graces à une lumiere qui s’éteint, la gouvernante fait la conversation avec le valet qu’elle prend pour le maître : le Jaloux fait sentinelle à leur porte, & croit être bien sûr de son fait, parcequ’il entend la voix d’un homme qu’il prend toujours pour Don Juan ; mais celui-ci profite de ce temps-là pour enlever sa maîtresse.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Eh bien, me dit cette infame Margiste, mon cœur s’est vaincu, mon devoir est de m’immoler ; mon zele, mes serments, l’amour de mes anciens maîtres, tout me crie d’étouffer pour vous la voix de la nature.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

On vous juge, vous frémissez : on recueille les voix, une seule fait pencher la balance ; la piece est rejettée. […] Le pigmée reste, accoutume peu à peu le public à ses défauts, agence quelques rôles à sa taille, à sa voix, à sa poitrine, à son tempérament, à ses petites manieres, devient Acteur en chef, rend à ceux qui veulent le doubler ce qu’on a fait à son début : ses successeurs l’imitent ; leurs doubles essuient les mêmes traitements, & les rendent.

47. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Un jeune homme, fort affairé, qui a le rabat et la calotte, entre dans une loge, offrant des confitures aux dames ; les dames sont des plus précieuses ; et par notre Parisien, qui sait tout, nous apprenons que ce jeune homme est un poète, un sieur de Visé, familier de l’Hôtel de Bourgogne ; il semble fort animé contre la pièce ; le mot d’obscénité est prononcé ; Une voix forte répète sur la scène : « Tarte à la crème !  […] il est si bien fait… je n’aurai pas le cœur… l’extravagant lui coupe la parole, et, enflant la voix, d’un ton.de parodie : Je suis maître, je parle ; allez, obéissez ! […] Dans la presse des marquis debout et gesticulant, le voici, en effet, qui fait sa révérence au public : il est pâle sous son fard ; il y a du tremblement dans sa voix, tout à l’heure si ferme et si chaude : c’est l’homme cette fois qui vient à nous. […] « Tout dire., tout indiquer, tout accentuer, tout faire entendre, exprimer l’homme tout entier, son éducation, ses travers, ses passions, avec ce souffle de la voix si uni, si égal en apparence, si merveilleux en réalité, si insaisissable dans la délicatesse de ses nuances qu’il n’existe pas de notation pour elles et qu’aucun instrument artificiel ne saurait les exécuter : c’était là qu’il voyait la perfection de son art, la science exquise du véritable comédien français1 » Il affectait de dédaigner les autres parties de l’acteur, estimant que la diction les peut remplacer, tandis que rien ne la remplace ; il trouvait d’un art grossier, par exemple, ces recettes faciles pour provoquer  le rire, les entrées étourdissantes, les lazzi, les répétitions de mots, comme s’en permettait Monrose ; Monrose disait :          Et si dans la province Il se donnait en tout vingt coups de nerf de bœuf, Mon père pour sa part en emboursait dix-neuf. […] Merveille, je le répète, qu’il pouvait réaliser même loin de 3a scène, en face d’un verre d’eau et d’un encrier, n’ayant que son filet de voix et l’art d’en jouer pour créer une illusion complète et vous faire voir l’Arnolphe de Molière, ce fou fieffé, ce brutal,, avec ses roulements d’yeux de jaloux qu’on dupe et ses. larmes niaises !

48. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Cependant son visage, sa voix, la violence de ses cris et de ses gestes, tout me dit qu’il est d’une bonne santé et d’une complexion robuste. […] La compagnie a, d’une voix unanime, accepté le don de M. le secrétaire, qui a proposé différentes inscriptions pour ce buste. […] L’Académie a choisi, d’une voix unanime, pour le buste de Molière, l’inscription suivante, proposée par M.  […] Il semblait qu’il eût plusieurs voix ; tout parlait en loi ; et, d’un pas, d’un sourire, d’un clin d’œil, d’un remuement de tête, il faisait plus concevoir de choses, que le plus grand parleur n’aurait pu en dire en une heure. »(Mercure galant, t. […] Exténué des efforts qu’il avait faits inutilement pour se faire entendre, il se tourna vers Boileau, et lui dit : Qu’est-ce que la raison avec un filet de voix contre une gueule comme celle-là ?

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Elle projette de l’attendrir par les charmes de sa voix : elle ordonne au Médecin de le conduire dans le jardin. […] Le Médecin d’amour augmente son dépit, en lui disant que Carlos, loin d’être touché de sa voix, a trouvé qu’elle chantoit comme un polisson d’école.

50. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Dans les comédies d’intrigue, on voyait, sortant de la coulisse, la main du poète faisant mouvoir par un fil tous ses personnages ; sous leurs intonations diverses, on reconnaissait sa voix. Dans la comédie de caractère, le poète disparait ; ces gens-là ne lui appartiennent pas ; chacun a son visage, sa voix, et n’a que l’esprit qu’il peut. […] Aux Mascarilles il substitua un premier crayon de ces valets qui font partie de la maison, qui ont voix aux conseils de l’honnête bourgeois, et font payer leur dévouement par plus d’une impertinence. […] Il n’y a rien de plus finement observé que ses colères contre sa fille Armande, le bel esprit, sur le dos de laquelle il battrait volontiers sa femme, s’il n’était si bon homme ; sa résolution de résister à Philaminte, quand elle est loin ; son attitude décidée, en la voyant paraître ; sa première charge, pleine de vigueur ; le secours qu’il tire d’abord de son bon sens, et cette révolte involontaire d’un esprit droit contre un esprit faux ; puis, à mesure que Philaminte élève la voix, sa fermeté tombant, son caractère retirant peu à peu ce que son bon sens a avancé, et le mari cédant avec la persuasion qu’il ne fait que transiger.

51. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

messieurs, leur dit-il, ne nous déplaçons jamais ; je suis passable auteur, si j’en crois la voix publique ; je puis être un fort mauvais secrétaire. […] Toutes ces femmes, dit-il encore en haussant la voix, sont des animaux qui sont ennemis jurés de notre repos. […] Le Sicilien fut trouvé une agréable petite pièce à la cour et à la ville, en 1667 ; et l’Amphitryon passa tout d’une voix au mois de janvier 1668. […] Toute la cour trouva ces vers très beaux, et tout d’une voix les donna à Benserade, qui ne fit point de façon d’en recevoir les compliments, sans néanmoins se livrer trop imprudemment. […] Élève de Molière, elle devint une excellente actrice : sa voix était si touchante, qu’on eût dit, suivant un contemporain, qu’elle avait véritablement dans le cœur la passion qui n’était que dans sa bouche.

52. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Ayant oui dire qu’il y avait à Avignon une excellente voix de dessus dont je pourrais facilement disposer, je m’embarquai avec Molière sur le Rhône qui mène en Avignon, où étant arrivé avec quarante pistoles de reste du débris de mon naufrage, comme un joueur ne saurait vivre sans cartes, non plus qu’un matelot sans ubac, la première chose que je fis, ce fut d’aller à l’académie. […] Je crois bien, par exemple, que quelques-unes avaient voix au chapitre, que ce fût Madeleine Béjart, Thérèse Du Parc, Catherine de Brie, ou Armande Béjart, car celles-là, qui ne savaient sans doute pas faire la cuisine, savaient leur métier de comédiennes. […] J’entends la clé, c’est votre voix… O belle main ! […] Une heure de grimace ou froide ou sérieuse, Un ton de voix trop rude ou trop impérieuse, Un sourcil trop sévère, une ombre de fierté, M’eût peut-être à vos yeux rendu la liberté. […] Ayant oui dire qu’il y avait à Avignon une excellente voix de dessus dont je pourrais facilement disposer, je m’embarquai avec Molière sur le Rhône qui mène à Avignon, où étant arrivé avec quarante pistoles de reste des débris de mon naufrage, comme un joueur ne saurait vivre sans cartes, non plus qu’un matelot sans tabac, la première chose que je fis ce fut d’aller à l’académie.

53. (1802) Études sur Molière pp. -355

Un jour que ce dernier, si redoutable par la force de ses poumons, voulut provoquer celui qu’ils n’appelaient plus que le contemplateur, le contemplateur se tourna vers Boileau, en lui disant : « Que ferait la raison, avec un filet de voix, contre une gueule comme celle-là ?  […] Cher parterre, vous entendez souvent des Harpagon crier si fort, dès leur entrée, avec Laflèche, qu’ils s’épuisent, et qu’ils manquent de voix au moment où ils en ont le plus grand besoin. […] Molière reprit haleine, au jugement de sa majesté ; et aussitôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tous, d’une voix, répétaient tant bien que mal ce que le roi venait de dire de l’ouvrage. […] Comment feriez-vous, avec votre voix discordante, pour ne pas nuire à ce précieux unisson, jadis le charme de la comédie française, et que nous voulons rétablir ? — Vous avez tort ; les amateurs du jour vous trouveront froids et monotones : parlez-moi de ces théâtres sur lesquels les voix rauques, les voix de fausset, les voix d’Arlequin, les voix de Polichinelle, semblent se défier et ne se répondre qu’en parcourant l’octave entière. — Ah !

54. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Depuis quinze ans sa poitrine malade le dévorait d’un feu intérieur et lui donnait cette admirable voix musicale, vibrante et profonde, qu’ont parfois les phtisiques et qui charmait tout le monde. […] En conséquence, il a été décidé à la pluralité des voix, que le sieur Lekain se chargerait de l’annoncer aujourd’hui au public. […] bon Dieu, dit Molière, en montrant Fourcroi, qu’est-ce que la raison avec un filet de voix contre une gueule comme celle-là ? » Mais Molière savait aussi de quel prix est la voix qui enseigne, commente, explique, persuade. […] Orateur, il devait avoir beaucoup de prise sur le public par ce charme souffrant et musical de sa voix de malade.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Moliere, non content de prendre un sonnet & un madrigal dans les ouvrages imprimés de Cotin, pour les analyser & les déchirer sur la scene, avec toute la cruauté possible, parodia encore, avec la plus grande indécence, le nom du pauvre Abbé ; & l’acteur qui joua le rôle de Trisotin ou de Tricotin 47, eut le soin de prendre un habit, un son de voix & des gestes propres à faire reconnoître l’original. […] Vous me comblez de joie ; mais je ne saurois dans ce moment : je n’ai pas encore pris mon chocolat ; j’ai la voix & l’estomac un peu foibles.

56. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Outre sa beauté, elle y apportait « une voix extrêmement jolie, » elle « chantoit avec un grand goût le français et l’italien, elle dansoit à ravir. » Molière, nous apprend de Visé, se vantait « de faire jouer jusques à des fagots ; » on devine quel maître eut en lui une élève si bien douée et dont le succès lui tenait au cœur autant que le sien propre. […] Mais, si tous deux « se mettent parfaitement bien, ils ne pensent plus à leur parure dès qu’ils sont en scène. » Le croirait-on, Armande n’y est coquette que dans la mesure où son rôle l’exige : « Si Mlle Molière retouche quelquefois à ses cheveux, si elle raccommode ses nœuds ou ses pierreries, ces petites façons cachent une satire judicieuse et naturelle ; elle entre par là dans le ridicule des femmes qu’elle veut jouer. » Enfin, elle n’est jamais semblable à elle-même ; elle change à volonté le caractère de sa voix ; « elle prend autant de divers tons qu’elle a de rôles différens. »     III Mais elle excelle surtout dans les ingénues et les grandes coquettes du théâtre de son mari. […] La douceur de sa voix a voulu se faire paraître dans un air tout charmant qu’elle a daigné chanter, et les sons merveilleux qu’elle formoit passoient jusqu’au fond de mon âme et tenoient tous mes sens dans un ravissement à ne pouvoir en revenir. […] La voix touchante d’Armande était bien celle qu’il fallait au rôle, et c’est surtout le souvenir du Malade imaginaire qui inspirait à l’auteur des Entretiens galants son double portrait de La Grange et de Mlle Molière.

57. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Il lui faut des échos, des voix qui répondent à sa voix et la soutiennent. […] puisqu’à la solitude de la pensée s’ajoutait la solitude de l’exil, et sa voix s’est perdue dans le vide. […] Mais ce n’est pas sa voix que nous entendons, c’est une voix d’homme, mâle et franche, sombre et chagrine. […] Mais, dans ce duo sans fin que jouent la poésie héroïque et la poésie comique, les voix ne sont pas toujours égales. […] Les jours de beau soleil, nous nous plaisons à sautiller dans le souchet et le phléos et à chanter tout en nageant; et quand Jupiter verse la pluie, du fond de nos demeures, nous unissons nos voix agiles au bruissement des gouttes.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Vous vous faites honneur d’être un franc libertin : Vous tenez votre gloire à tenir bien du vin ; Et lorsque, tout fumant d’une vineuse haleine, Sur vos pieds chancelants vous vous tenez à peine, Sur un théâtre alors vous venez vous montrer : Là, parmi vos pareils on vous voit folâtrer : Vous allez vous baiser comme des demoiselles ; Et, pour vous faire voir, jusques sur les chandelles Poussant l’un, heurtant l’autre, & comptant vos exploits, Plus haut que les acteurs vous élevez la voix ; Et tout Paris, témoin de vos traits de folie, Rit plus cent fois de vous que de la comédie. Quelquefois Thalie empruntant la voix, les gestes & le ton d’un jeune étourdi, lui fait avouer des impertinences qu’il érige en vertus, & critique par-là tous les fous de son espece. […] combien ton ame sublime dut s’estimer heureuse, quand tu triomphas de l’hypocrisie, & que tu fis reconnoître ce monstre à sa voix, à ses affectations, à son adresse, à ses amours exécrables, à son ingratitude, à son audace, à sa lâcheté, à sa barbarie ; quand enfin tu l’abattis à tes pieds, & que tu lui arrachas son masque !

59. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Mesdames, je le constate avec des sanglots dans la voix, Berquin, le pauvre Berquin... […] Sur ces questions terribles, c’est l’enfant que je voudrais surtout interrogerai l’enfant avait une voix.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

La veuve se plaint du silence de Valere : celui-ci lui dit qu’au défaut de la voix, un regard, un soupir, un geste servent souvent à exprimer les transports d’un amant.

61. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Là seulement s’élève la voix qui constate et qui produit l’harmonie ; partout ailleurs c’est la division, la contradiction, ou l’adhésion contrainte et passagère qui proteste contre elle-même. […] Sa voix est rapide, nette et sonore ; lorsqu’il le faudra, on l’entendra tonner. […] Quand la vraie dévotion lui demande, par tant de voix respectées, à n’être pas sa cliente, l’ardeur enragée qu’il met à la défendre paraît suspecte et même ridicule. […] Molière lui-même alors se condamne, car ses œuvres ni son visage ne sont d’accord avec sa voix ; il se mêlait sans doute d’un peu d’autre chose que de bien vivre. […] Il faut que celte conscience, si elle n’est pas morte, remue et frémisse à sa voix, et tout endurcie ou rassurée quelle est sur les jugements des hommes, s’inquiète enfin des jugements de Dieu.

62. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Louis, brillant de jeunesse, commençait à déployer cette royale magnificence au sein de laquelle il aimait à se montrer ; tous les arts et tous les plaisirs accouraient à sa voix, et Versailles éblouissait la France de la magie de ses fêtes et de l’éclat de ses merveilles. […] Horace et Virgile, en célébrant les bienfaits de la vieillesse d’Auguste, ont jeté un voile de gloire sur les forfaits de la jeunesse d’Octave, de même que Molière et Despréaux ont élevé la renommée du jeune monarque, protecteur des lettres et vainqueur de l’étranger, au-dessus des faiblesses du vieux roi ordonnant les dragonnades, et tournant, à la voix d’un prêtre, le fer de ses soldats contre la conscience de ses sujets. […] Et cet appel à la piété de la reine-mère que la cabale représente comme indignée de l’audace sacrilège de Molière, et comme souffrant en secret de l’appui que lui accorde le prince ; ce calcul perfide qui montre le fils en opposition avec la mère, qui reproche à l’un une complaisance coupable aux yeux du ciel et des hommes, qui représente l’autre faisant vainement entendre une voix fervente et pieuse, et obligée d’étouffer les scrupules de sa conscience, n’achèvent-ils pas de dévoiler la méchanceté atroce et profonde de ces hypocrites qui enfoncent saintement le poignard dans les cœurs ? […] Comment des milliers de voix ne lui ont-elles pas répondu que les pièces les plus obscènes furent composées par des prélats ; qu’elles faisaient les délices de la cour de Rome et la joie des saints pontifes ?

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