Beaumarchais, à ce compte, pourra envier Regnard : on a joué Le Mariage de Figaro en 1884, on l’a même joué dix-huit fois, et déjà trois fois en 1885 ; mais du Barbier, point de nouvelles ! Quant à ce délicieux, spirituel, original Marivaux, — le seul de nos comiques, on l’a remarqué avec justesse, qui ne doive rien à Molière, — il ne compte, à la Comédie-Française, que par Le Jeu de l’amour et du hasard, et par L’Épreuve ; mais Le Legs ? […] je souhaiterais qu’un Hernani, — avec une doña Sol,— sortît des rangs et s’écriât : « Je prétends qu’on me compte !
A ce compte, il est mort ? […] Il est, selon moi, une autre espece de surprise de situation, s’il m’est permis de risquer mon sentiment après Riccoboni, qui ne compte que deux especes de surprise, surprise de pensée & surprise d’action, & donne pour exemple de la derniere la scene XIV du second acte de l’Ecole des Maris.
Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle. […] Trois longues lettres de cet écrivain qui lui sont adressées, comme suite des conversations ou entretiens qui ont eu lieu entre elle et lui, la font mieux connaître que tout ce qui aurait pu être écrit sur son compte.
Rose, Toussaint (Provins, 1615 – Paris, 1701) : d’abord secrétaire particulier de Mazarin, puis attaché par celui-ci, au même titre, au cabinet du roi et président à la Chambre des comptes.
Qu’un acteur finisse un acte, qu’il commence le suivant ; mais qu’il le fasse bien, c’est-à-dire qu’il dise bien clairement, en partant, qu’il sort pour telle & telle chose ; & qu’à son retour il nous rende un compte bien exact de ce qu’il a fait entre les deux actes : je défie le spectateur le plus idiot de ne pas s’appercevoir que l’un est fini & que l’autre est commencé. […] Je vous en réponds, Madame : demandez à Lisette de quelle maniere je régale pour mon compte ; jugez par-là ce que je sais faire lorsque je régale aux dépens des autres.
Je me garde bien de penser qu’il faille avilir notre scene par la peinture des mœurs de la vile canaille ; mettre sur notre théâtre, comme sur celui d’Italie, tous les caracteres sur le compte d’un personnage bas, & nous amuser ou croire nous amuser, pendant cinq actes, avec les fripponneries de deux coquins, comme dans une de leurs pieces intitulée les grands Voleurs. […] Elle les donne en effet : son mari compte gravement jusqu’à vingt.
Mais quand les Italiens ne mettent pas la ressemblance sur le compte de leurs personnages masqués, leurs pieces ont le même défaut, la même invraisemblance que les Françoises, & leurs spectateurs ont autant besoin de bonne volonté que les nôtres pour se prêter à la fiction. […] Ses extravagances sont mises par Arlequin sur le compte du manque de mémoire, ce qui amene des situations très comiques.
dit Hauteroche : À ce compte on ferait trois troupes de la nôtre ! […] Ces titres sont extrêmement nombreux, et l’on n’y compte pas moins de vingt chartes sur parchemin en ancienne écriture. […] M. de Perfall compte parmi les dramaturges les plus expérimentés, et il est puissamment aidé dans sa lourde tâche par M. […] X sols. » Comptes des menus plaisirs pour 1664. […] Colbert ; registre de 1664, passim. — Comptes de 1669, Archives nationales, O 1 2815.
Nous n’oserons pas mettre sur la scene ce Conseiller garde-note, prenant sur son compte l’argent qu’il feint de placer, le prêtant au plus fort intérêt, faisant enfin banqueroute : non, sans doute. […] Pantalon compte sur la probité du Docteur, lui remet sa cause : le Docteur la plaide & la gagne.
Il a jadis été copiste d’un Philosophe, & compte en imposer à Cidalise comme un autre. […] Marton a surpris sur la table de Carondas un billet qui doit dissuader Cidalise sur le compte des Philosophes.
Clairville, craignant que la médiocrité de sa fortune n’ait refroidi Rosalie sur son compte, tremble de la trouver plus indifférente à présent qu’elle est elle-même sans biens. […] Rosalie compte pour rien la fortune si la santé de son pere n’est pas altérée : elle est outrée contre d’Orval, elle croit en être trompée.
Lisban se trouve bien bon de venir causer avec sa femme ; il lui demande si elle ne rougit pas de l’aimer si constamment, & de désespérer pour lui tous ses amants : il est vrai qu’il compte moins sur la vertu de sa femme que sur son étoile ; elle ne permet pas qu’on lui fasse des infidélités : il est si sûr de son fait, qu’il offre de sortir, si sa femme a donné rendez-vous à quelqu’un. […] point du tout : je ne compte que sur mon étoile, qui ne veut pas que je sois un sot. — Et vous croyez à votre étoile ? — J’y crois fort ; j’y compte si bien, que je te défie de la vaincre.
Sauzay, appliquant à la partie musicale du Sicilien les ressources variées de l’art moderne, vont heureusement nous distraire, car ce galant volume a double emploi ; le lettré s’en accommode aussi bien que l’amateur de musique : moliéristes et mozartistes y trouvent leur compte, et si vous avez les deux dilettantismes, après l’avoir lu au coin du feu, vous goûterez un égal plaisir à le déchiffrer au piano.
De Visé, dans son Mercure galant, rendant compte de la première représentation, dit que, deux jours auparavant, Molière s’en était suffisamment justifié par une harangue qu’il fit au public . […] Chrysale appelle à son secours et son frère et sa fille et sa servante ; il ferait venir jusqu’aux gens du voisinage : Clitandre compte peu sur tous ces auxiliaires, et il met, avec raison, sa plus grande espérance dans l’amour persévérant d’Henriette. […] Ce délai ne faisait pas le compte des libraires étrangers, toujours prêts à multiplier les ouvrages français, à leur profit et au détriment de nos auteurs ou de nos libraires ; mais il fallait avoir la pièce. […] monsieur Turbon, si j’ai bonne mémoire, je ne pris que dix médecines dans tout le mois de décembre ; et vous m’en comptez douze pour tout le mois de janvier que nous achevons ; à ce compte, je suis plus malade ce mois-ci que l’autre. […] La mort de ce grand homme se lie à l’histoire de cette excellente comédie : elle est comme un triste épisode de ce dernier acte de sa vie dramatique et théâtrale ; et l’on est forcé d’en mêler le récit douloureux au compte qu’il faut rendre d’un chef-d’œuvre de gaieté comique.
Par vos mains cet argent a passé ; Rendez-en compte, allons. […] Rendez-en compte, allons. […] Rendez-en compte, allons. […] Dieu soit témoin que pour toi j’en ai honte ; Et de venir ne tenois quasi compte, Ne te croyant le cœur si perverti Que de vouloir tromper un tel mari.
Dans ce qui est aux yeux, des Italiens le véritable art comique, dans la Comédie de l’art, la parole est absolument subordonnée et compte à peine.
Eschine, touché des malheurs de son frere, se charge pour lui d’enlever l’esclave, & la conduit dans sa maison, ce qui donne lieu à tout le monde de croire que c’est pour son compte, sur-tout à Déméa, qui rencontre Micio, l’accable de reproches, lui dit que son indulgence perd Eschine, & l’exhorte à se modeler sur lui, qui, en traitant Ctésiphon avec sévérité, en a fait un jeune homme sage & prudent. […] Il est clair que tout cela est imité de la piece latine ; mais Térence manque totalement le but moral de sa piece, puisque le jeune homme qu’on éleve avec une honnête indulgence, en abuse, se marie en secret, &, non content de faire des folies pour son compte, partage encore celles de son frere.
À ce compte — et c’est ce qu’il dit — Corneille, La Fontaine et Molière en fourmillent. […] Il est probable que Voltaire n’a pas lu Mélicerte, ce qui, tout compte fait, est pardonnable. […] À ce compte il y a beaucoup de gens qui passent leur vie à se compléter. […] Tout compte fait, cette pièce si inégale semble être due à la collaboration de Molière et de M. […] Est-ce que cela compte ?
Cette si parfaite exactitude d’un compte rendu d’après une seule représentation a été, pour plusieurs personnes, un motif de croire que la Lettre était l’ouvrage de Molière lui-même. […] Elmire est le seul personnage devant qui il s’oublie ; mais il l’aime avec ardeur, mais il est tête-à-tête avec elle ; mais il compte, en tous cas, sur sa discrétion ou sur l’aveugle prévention de son mari : et cette faute, il ne la commet qu’une seule fois ; car, au second entretien, il a repris toute sa prudence ; loin de se livrer, il veut qu’on se livre à lui d’abord, qu’on lui donne des gages ; et, s’il est pris au piège, c’est que le piège est une de ces machines dont aucune prévoyance, aucune précaution ne saurait garantir. […] Le comique du sujet est fondé sur les méprises innocentes qu’une femme peut faire lorsqu’il se présente à elle un homme en tout semblable à son mari, et sur les douloureuses surprises que ce mari doit éprouver quand il s’entend raconter les caresses qu’un autre a reçues d’elle en son absence, mais pour son compte.
Une scène que vous avez tous lue, et qui compte parmi les plus ingénieuses compositions d’un des auteurs les plus célèbres de notre siècle, peut donner idée de ce qu’étaient jadis en France les représentations dramatiques. […] La comédie française ne compte pas, je crois, une seconde scène comme celle-là. […] La comédie de Patelin compte 1599 vers de huit syllabes et peut se partager en deux actes, le premier de treize scènes et de 1006 vers, le second de huit scènes et de 593 vers.
Du 27 avril au 15 janvier, où Molière est né au plus tard, puisqu’il fut baptisé ce jour-là, on compte huit mois et dix-huit jours. […] L’éditeur Bret, en 1773, met cette tradition au compte de Montesquieu. […] Il a été établi encore, par l’extrait des comptes du trésorier de la bourse de Languedoc, pour la session de 1650-1651, publié par M. de La Pijardière, que ces allocations aux comédiens étaient ordinairement comprises dans l’état général des dépenses de l’étape. […] Ceux-ci furent moins gracieux que MM. du bureau des comptes ne l’avaient été l’année précédente. […] Car, la Dieu merci, les histoires anciennes, comme Mathéolet, Juvénal, Les Quinze joies de mariage et autres plusieurs dont je ne sais le compte, font mention de diverses tromperies, cautèles, abusions et déceptions en cet état advenues.
La forme était rudimentaire, il est vrai, mais la pensée, l’observation, la gaieté auraient parfois trouvé mieux leur compte dans ces grossières parades que dans les intrigues des Italiens.
On est donc forcé de mettre les expressions parasites sur le compte de la nécessité.
Je compte y aller un de ces jours et je vous en manderai des nouvelles. » Le dégel, c’était madame Scarron, dont la triste et froide médiocrité s’était changée en une condition plus douce.
On trouve leur menu dans leurs Annales, entre Deux notes à propos de Tartufe et un Compte d’apothicaire au temps de Molière. […] Les billets mêmes que Molière avait adressés gratuitement aux députés lui furent assez insolemment retournés, avec « défense expresse à Messieurs du bureau des comptes de, directement ou indirectement, accorder aucune somme aux comédiens ». […] En effet, le romanesque demeure toujours à l’état d’anecdote : il a fallu tout un ensemble de circonstances particulières pour former le sujet de don Bertrand de Cigarral ou de Don Japhet d’Arménie : et c’est même sur la singularité du cas que compte Thomas Corneille pour attacher le spectateur. […] Qu’il existe ce que l’on appelle un préjugé légitime contre le style de Molière, les Moliéristes ont seuls pu le nier, et en raison de leur préjugé à eux, celui qui consiste à ne tenir plus compte ni d’aucun témoignage ni d’aucune autorité dès qu’ils ne sont pas entièrement favorables à Molière. […] Il essaye d’imiter ou de reproduire le jaillissement même de la parole, lorsqu’on fait parler les autres, comme font Racine et Molière, et, quand on parle soi-même, pour son compte et en son nom, comme Bossuet et Pascal, la génération de la pensée.
On a, depuis Molière, tenu à jour le livre des comptes de la Comédie-Française. […] Cette loi de nature, Arnolphe n’en a tenu aucun compte. […] que nous sommes loin de compte ! […] Elle en sauve les quelques scènes qui sont admirables ; le reste ne compte pas. […] En art, il n’y a que l’excellent qui compte.
Le génie révolutionnaire ne s’y trompe pas, il compte les flatteurs des rois parmi ses adeptes, et leur pardonne, comme à Molière, ce qu’ils ont osé de plus exorbitant. […] Qui ne trouve, au fond du cœur, un peu son compte à se persuader que ce croyant ne croit pas, et que sa vie austère est le calcul d’une hypocrisie raffinée ou l’erreur et le supplice d’une imbécillité parfaite ? […] Chacun croit bien deviner ce que l’auteur a voulu faire ; au bout, du compte, nul n’en est certain. […] Il prit donc soin de ne livrer sa pièce aux lecteurs que munie, en guise de préface, d’un compte rendu destiné à en faire goûter le mérite. […] II faut mettre au compte de Tartuffe tout ce que dit MmePernelle dans la première scène, qui peint la maison d’Orgon en révolte contre l’ordre que la dévotion y prétend introduire.
Non, non, Richard, crois-moi : au lieu de t’attendre aux promesses des Seigneurs, ne compte que sur le travail de tes propres mains : n’espere jamais que ce que tu pourras te procurer, & tu ne compteras jamais sans ton hôte. […] Le Marquis avoue qu’Agathe est vertueuse : le Roi le condamne à faire une rente de deux cents écus d’or à cette fille : elle n’en veut point, se croiroit déshonorée si elle acceptoit des bienfaits qui laisseroient des soupçons sur son compte.
je compte parmi les récalcitrants, parmi les sceptiques. […] Non-seulement Arnolphe, tel qu’ils le représentent, prête à rire, ce qui est dans la vérité, mais il exagère à plaisir le ridicule de sa situation, comme s’il voulait dire aux spectateurs : Ne vous méprenez pas sur mon compte ; je ne suis pas si sot qu’on pourrait le croire.
Nous défendrions à une femme d’écrire même ses comptes de ménage ? […] On use sans scrupule de ces magnificences, parce que rien n’y sent l’économie ni la gêne ; personne ne vous ménage la place ni ne compte vos morceaux. […] Madame de Sévigné ne parle pas sans quelque dédain de ses visiteurs qui s’étonnaient qu’elle préférât les comptes d’un fermier aux contes de la Fontaine.
Quand elle dit : il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse ; mais quand je bâille et que je fais bailler les autres, je suis quelquefois prête à renoncer à la dévotion , il n’y a pas de doute qu’elle ne se moque de Gobelin, à qui elle rend directement un compte plaisant du succès de son entreprise avec madame d’Albret.
Il part pour s’aller battre contre les Hollandais, et laisse tout son argent, ses pierreries, et tout ce qu’il a au monde à cette femme de bien, et recommande cette femme, elle-même, à cet ami fidèle, sur lequel il compte si fort. […] Il va droit chez la perle des femmes, qu’il compte retrouver avec sa cassette et sa fidélité : il la trouve mariée avec l’honnête fripon à qui il s’était confié, et on ne lui a pas plus gardé son dépôt que le reste. Mon homme a toutes les peines du monde à croire qu’une femme de bien puisse faire de pareils tours ; mais, pour l’en convaincre mieux, cette honnête dame devient amoureuse du petit page, et veut le prendre à force ; mais comme il faut que justice se fasse, et que, dans une pièce de théâtre, le vice soit puni ou la vertu récompensée, il se trouve à la fin du compte que le capitaine se met à la place du page, couche avec son infidèle, fait cocu son traître ami, lui donne un bon coup d’épée au travers du corps, reprend sa cassette, et épouse son page. […] C’est l’assemblage de ces beautés exquises ; c’est cette image, ou plutôt la réalité même des embarras, et des importuns de la Cour, qui firent le succès des Fâcheux, quoique les intermèdes ne soient pas naturellement liés au sujet ; ce mélange plut par sa nouveauté, on eut peut-être de l’indulgence pour un ouvrage, conçu, fait, appris, et représenté en quinze jours *. » La comédie des Fâcheux parut pour la première fois sur le théâtre du Palais-Royal le 4 novembre 1661 et Loret en rendit le compte suivant : Muse historique du 19 novembre 1661. […] L’effroyable Festin de Pierre, Si fameux par toute la terre, Et qui réussissait si bien, Sur le théâtre italien, Va commencer l’autre semaine, À paraître sur notre scène, Pour contenter et ravir ceux, Qui ne seront point paresseux, De voir ce sujet admirable, Et lequel est, dit-on, capable, Par ses beaux discours de toucher, Les cœurs de bronze et de rocher ; Car le rare esprit de Molière, L’a traité de telle manière, Que les gens qui sont curieux Du solide et beau sérieux, S’il est vrai ce qu’on en conte, Sans doute y trouveront leur compte.
Mais ce n’était pas là le compte de Bossuet ; il voulait répondre à Molière, il cherchait une occasion, un prétexte de dire son opinion sur la comédie : il trouve le père Caffaro sous sa main, et il s’en sert. […] Il faut donc que l’inflexible Géronimo lui fasse son compte : — Vous aviez vingt ans avant d’aller à Rome ; vous y êtes resté huit ans, sept en Angleterre, cinq en Hollande, etc., total cinquante-deux ! […] C’est tout à fait comme si elle disait : — Monsieur ne compte pas ! […] Don Pèdre, il est vrai, ne compte pas les feuilles de papier qui sont sur la table d’Isidore ; il ne s’inquiète pas si le doigt ou la plume de sa belle esclave sont tachés d’encre, et si elle envoie des cornets de bonbons à la petite Figaro. […] Je ne crois pas que même, en lui tenant compte de l’Henriette des Femmes savantes, Molière ait créé une femme plus charmante que cette belle et honnête Elmire.
Fritsche, et sans me prévaloir de quelques siècles de plu ou de moins de roture, il existe dans les archives communales de Béziers telles chartes romanes qui donneraient un éloquent commentaire aux deux mots de Mistral sur mon compte.
Qu’est-ce donc que les commentateurs trouvent encore à mettre au compte de Molière ?
Il y avait, ce semble, un peu de présomption de la part d’un homme du monde, quel que fût son esprit, à travailler d’après une idée de Molière, pour le compte de Molière même. […] Sans cesse occupé des moyens qui pouvaient faciliter son retour dans sa patrie, Brécourt s’offrit pour cette entreprise dangereuse, et promit d’en rendre bon compte ; il était connu pour un homme de main, et l’on s’en fia à lui. […] Les frères Parfaict, copiés par la plupart de ceux qui ont traité du théâtre sous le rapport historique ou littéraire, ont mis sur le compte de de Visé la comédie de Zélinde.
Voilà le caractere & l’intrigant d’intelligence, & qui visent au même but ; mais Laurette, en se chargeant de brouiller les amants, prend tout sur son compte, & ne laisse plus rien à faire à Ismene.
Elle compte, à partir de cette époque, beaucoup de noms illustres et d’œuvres remarquables.
Quand vous avez écrit, comme philosophe hégélien, une Méditation sur le drame comique, vos premières et vos dernières lignes ont clairement eu pour but de rassurer sur le compte de votre orthodoxie nos esprits qui prenaient l’alarme ; ce but, elles l’ont atteint, bien qu’assez gauchement, à l’aide de quelques phrases d’ironie qui, sans transition, ont précédé toute une exposition sérieuse, puis d’autres qui lui ont succédé — sans transition.
La France compte par milliers des disciples de M. […] Ce qui nous intéresse après tout, ce n’est pas de savoir que Phidippide ronflant dans cinq couvertures, et rêvant courses et chevaux, pendant que Strepsiade, son père, compte en gémissant ses dépenses300, serait encore comique sur une scène française ; ou que ce valet espagnol énumérant ce qu’on épargne à recevoir de la main d’un maître un habit tout fait301, aurait pu être un personnage de Ménandre ; ou que le Malade imaginaire, éprouvant par une mort feinte l’affection des siens, est une idée aussi vieille que la comédie, comme Schlegel le remarque avec un dédain absurde302. […] Je la comparerais plutôt à un orateur sacré, plein de grâce et de modestie, qui compte sa propre parole pour rien, et croit avoir fait par ses commentaires tout ce qu’il peut faire, s’il persuade à ses auditeurs de sonder d’un cœur et d’un esprit purs le texte de la Parole divine.
Il faut dire aussi que l’intrigue amoureuse trouvait son compte à ce déplacement. […] Ce duc de Parme compte parmi ses comédiens un certain Mégani, qui est de venu très amoureux d’une jeune ouvrière nommée Paula. […] À ce compte, le courtisan, la comédienne, le fâcheux, le plaideur, le poète, le banqueroutier, le parasite, sont les mêmes, sur le théâtre d’Athènes, de Rome ou de Paris. […] On ne compte plus ses maîtresses, non plus que ses vices ; celui-là a été sauvé, en effet, par ses vices, comme Molière l’a été par sa modération. […] Si donc notre Regnard fut content pour son propre compte, il dut être fort mortifié dans ses amours ; car enfin c’était lui dire, bien clairement, qu’il avait joué un louis : d’or, contre une pièce de quinze sous.
Tu dois à tes amis, tu dois à tes parents, A ton pays, à toi, compte de tes moments : Tu dois les employer pour leur bien, pour ta gloire.
On me dit qu’on a deux enfants, & l’on compte celui-là qui n’en vaut pas le quart d’un !
À ce compte, les deux années, l’an 1664, l’année de Tartuffe, et l’an 1665, l’année du Festin de Pierre, me paraissent deux années d’une lutte terrible, d’un travail acharné, d’une audace accomplie ; pour supporter ainsi toutes ces inventions accumulées, il fallait être bien fort. […] Sganarelle glane pour son propre compte dans le gaspillage de don Juan ! […] Dimanche lui-même me fait peur et m’épouvante pour votre propre compte, Monseigneur ! […] … Ici je cesse de traduire, tout le reste est intraduisible, ou du moins il faudrait, par politesse, le laisser sur le compte de Carion. […] Ce serait toute une histoire, l’histoire de ces divertissements dans lesquels se divertissent, en effet, pour leur propre compte, et sans souci du qu’en dira-t-on, ces jeunes gens et ces jeunes demoiselles, sous les regards de la reine-mère, de M. le cardinal ou de la reine de France, pas un ne s’inquiétant, parmi les acteurs ou les spectateurs, de ces fêtes de l’île enchantée, de l’opinion de la foule, au-delà de la cour.
Cette conversation qu’on feint d’achever avec quelqu’un du dedans les rend moins monotones, leur donne un air de vraisemblance, les raccourcit en quelque façon de tout ce que l’acteur est censé dire à un autre, & nous rend plus chaudement compte de ce qui se passe derriere la toile.
Otez des œuvres de Moliere les scenes dans lesquelles les valets parodient leurs maîtres, & font l’amour pour leur compte ; enlevez-en encore toutes les aventures romanesques ; faites que les scenes du Misanthrope tiennent l’une à l’autre, & soient enchaînées comme celles de Pourceaugnac, Moliere deviendra tout-à-coup plus intéressant du double.