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24. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Vinet avait déployé dans les siens une égale puissance de synthèse et d’analyse, un tact exquis, une noblesse d’âme peu commune, une union rare du sens moral et du sens littéraire et une indépendance d’esprit qui n’était tempérée que par son inépuisable indulgence. Pour Vinet, la littérature était moins une science à part que le lien commun, l’interprète mutuel de toutes les sciences. […] Malheur à lui s’il trahissait la pensée commune ! […] L’enseignement de l’esthétique est confié, dans l’université de Zurich, à un homme de science et d’une portée d’esprit peu commune, mais qui, Germain par sang et digne héritier de Schlegel, fait profession d’un profond mépris pour les lettres romanes et n’a d’admiration que pour les littératures germaniques, dont Shakespeare est, à ses yeux, le plus noble représentant.

25. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

On ne voulut pas sentir que, dans un-genre de drame destiné à peindre la vie commune, le langage mesuré ne pouvant être une condition essentielle et rigoureuse, puisqu’il établit nécessairement une différence entre l’image et le modèle, il est seulement l’objet d’une espèce de convention ou, si l’on veut, de concession aux avantages de laquelle l’artiste peut renoncer, s’il les remplace par des avantages équivalents ; que, d’ailleurs, le vers, dans nos comédies, n’est autre chose qu’une imitation de l’usage antique, et que toutefois notre vers alexandrin, le même qui sert pour l’épopée et pour la tragédie, est beaucoup moins propre à exprimer la liberté des entretiens familiers, que le système métrique des comiques grecs et latins, système large et presque irrégulier qui leur permettait d’employer des vers de toute espèce et de toute mesure, dont la structure est encore aujourd’hui un sujet de dissentiment parmi les érudits. […] Mais Tartuffe ne peut appartenir qu’à certaines époques, à certains états de la société ; mais dom Juan est un être monstrueux, presque idéal, que sa perversité complète place hors de la sphère commune. […] Un sot, formé des mains de Molière, ne pouvait être le sot commun qui court les rues et qu’on voit partout. […] De cette idée dramatique commune aux deux pièces, sort un dénouement commun, mais dont les moyens et les circonstances diffèrent.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Caracteres propres aux personnes d’un certain rang seulement. » pp. 312-327

Cependant si vous voulez lui parler, vous n’avez qu’à passer dans la chambre commune. […] Ecoute, ma petite femme, tu ne dois pas parler si rudement à ton mari ; cela a l’air trop commun.

27. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Toutefois, la conception du Misanthrope peut avoir eu un autre principe : ne serait-ce pas l’intérêt commun de la société des quatre amis.

28. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Scribe attaque un autre travers de l’époque, une manie devenue commune à des milliers d’individus, celle de postuler des places et de réclamer des indemnités auxquelles le plus souvent ils n’avaient aucun droit. […] Elle est plutôt, selon nous, dans le goût des faciles succès, trop commun par malheur à ceux qui travaillent pour le théâtre ; et la comédie romanesque, on le sait, est celle où l’on peut le plus aisément réussir. […] La sombre humeur d’Alceste est donc un mal plus commun qu’on ne croit. […] Serait-ce par hasard de ce rapport de situation qu’on s’autorise pour ne prêter, dans cette scène, à la passion d’Alceste, que des élans ordinaires et communs à tous les hommes amoureux ou jaloux ? […] En aucune façon; cela montre seulement sa vanité, travers commun à tous les hommes, et dont les hypocrites, pas plus que d’autres, ne sont exempts.

29. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Il y a un ridicule commun à tous les tems & à tous les Peuples, & un ridicule particulier à certains Siecles, & à certaines Nations. […] C’étoit un défaut que peut-être nous ne savons pas ; c’étoit le ridicule ou de quelques faits particuliers, ou de quelque goût passager & commun en ce tems-là, mais qui nous est inconnu lors même que nous pouvons consulter les originaux. […] Arnauld20, qu’on ressent plus le manquement qu’a nostre langue de certains mots, quand on traite des matieres de science, que quand on parle ou qu’on écrit des choses communes de la vie civile.

30. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Ils accusèrent les jansénistes de faire cause commune avec les protestants, et ceux-ci d’être des républicains, et de dangereux ennemis du pouvoir royal. […] Laissons aux âmes communes (et madame de Montespan était du nombre, malgré la distinction de son esprit la satisfaction de penser, ou de le dire, que madame de Maintenon mit en œuvre tous les manèges de la coquetterie pour se faire aimer du roi, et elle qui, pouvant devenir sa maîtresse, le ramène à ses devoirs de mari. […] En se défendant par l’intérêt de l’honneur, auquel le roi pouvait opposer la promesse du secret, elle l’aurait rebuté ; en se défendant par la religion, par un devoir et par un intérêt commun ; en se défendant par un devoir qu’elle représentait comme pénible à son cœur, et comme assez contraire à son inclination pour laisser au roi l’espérance d’en obtenir l’oubli dans un moment propice, elle parvenait à la solution habile de cette grande difficulté de renvoyer le roi toujours affligé, jamais désespéré ; en prolongeant son désir, elle en faisait une passion vive et profonde.

31. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Les brusqueries de Montausier, ce culte exagéré de la vertu, cette rigueur et ces airs stoïques, chez un homme de cour assez, en évidence dans le monde pour frapper les yeux de la foule, composaient un type peu commun, qui n’a pu échapper au regard observateur de Molière. […] Ainsi, un type bien commun dans la société polie du XVIIe siècle, était celui de Philinte, homme aimable, complaisant, peu observateur, ou du moins n’ouvrant les yeux que malgré lui sur les misères humaines, doué d’un flegme utile, d’un esprit facile et accommodant, peu enclin à la satire, une manière d’optimiste, si l’on veut, mais non à la façon de Pangloss, ni des utopies de Jean-Jacques. Quant à Oronte, il nous représente le travers le plus commun de cette époque, où tout cercle avait son poëte : « L’habit d’Oronte, ce bel esprit de cour, moins modeste encore qu’un poëte de profession, qui a toute la rancune de l’orgueil blessé et toute la lâcheté de la sottise, allait à la taille d’une foule de grands seigneurs31 » Les Clitandres et les Acastes, ces fringants de l’OEil-de-Boeuf, fourmillaient : à l’orchestre, dans les coulisses, dans les ruelles, dans les salons, partout on les voyait papillonner.

32. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Il y a un ridicule commun à tous les tems & à tous les peuples, & un ridicule particulier à certains siecles, & à certaines nations. […] C’étoit un defaut que peut-être nous ne savons pas ; c’étoit le ridicule ou de quelques faits particuliers, ou de quelque goût passager & commun en ce tems-là, mais qui nous est inconnu lors même que nous pouvons consulter les originaux.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Qu’il sache, quand il perd, d’une ame non commune, A force de savoir, rappeller la fortune ? […] Je veux que mes intérêts & les siens soient communs.

34. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

La conversation française, commune aux deux moitiés de la société, excitée, modérée, mesurée par les femmes, est seule une conversation nationale, sociale ; c’est, si on peut le dire, la conversation humaine, puisque tout y entre et que tout le monde y prend part. […] On lit dans les Mémoires de Sully, qu’après la mort du roi le prince « le Condé écrivit à la reine : Vous savez pourquoi j’ai quitté la France, nous faisions cause commune. » (Ibid.

35. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier.

36. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Malgré tout, il n’y eut entre eux ni brouille ni refroidissement : lorsque Chapelle quittait Paris pour aller passer quelques jours chez des amis de campagne, il envoyait à Molière d’excellents pâtés, fabriqués exprès pour lui ; dans l’occasion, il se montrait sérieux et de bon conseil : c’est à Chapelle que le mari d’Armande confie ses peines ; c’est Chapelle qui décide les deux époux, quelque temps séparés, à reprendre la vie commune. […] » Une qualité commune chez les comédiens, c’est leur promptitude à secourir un camarade ; il la pratiquait, lui aussi, sans ostentation, sans éclat, avec une délicatesse qui en doublait le prix. […] Si donc on essaie de dégager leur commune physionomie morale, on leur trouve beaucoup de tolérance et d’indulgence pour les faiblesses de notre nature, la conviction que la vie est bonne en elle-même et qu’il faut en jouir, la croyance à la légitimité des instincts, tempérée par le sentiment de l’honneur, le sens pratique, le goût de la grosse plaisanterie gauloise, la haine du chimérique et du faux en tout genre, de l’hypocrisie, du pédantisme, de toutes les formes de la sottise et de la fatuité, la passion de la franchise et du naturel. […] Grimarest était donc bien renseigné lorsqu’il écrivait : « Il étoit très sensible au bien qu’il pouvoit faire dire de tout ce qui le regardoit ; ainsi, il ne négligeoit aucune occasion de tirer avantage dans les choses communes comme dans le sérieux, et il n’épargnoit pas la dépense pour se satisfaire. » Appelons les choses par leur nom : avec un sentiment très vif du charme que met dans la vie un entourage familier de belles choses, Molière n’était pas exempt d’un certain goût d’ostentation. […] Quant à la seconde, elle ne fait que confirmer cette vérité d’expérience, que, très rarement, un homme mûr conseille à un jeune homme d’embrasser la profession qu’il a lui-même choisie ; et il y a bien des choses dans une habitude si générale : la confiance en ses propres forces, la défiance de celles d’autrui, cette amertume contre la destinée, si commune entre quarante et cinquante ans.

37. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

Les autres n’ont joué dans la comedie que la vie bourgeoise & commune ; & Moliere a joué tout Paris & la cour.

38. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

J’ai écarté aussi beaucoup de faits domestiques, qui sont communs à toutes sortes de personnes ; mais je n’ai point négligé ceux qui peuvent réveiller mon Lecteur. […] Le commun des gens ne lui tenait pas compte de cette Pièce, comme des Précieuses ridicules ; les caractères de celle-là ne les touchaient pas aussi vivement que ceux de l’autre. […] Et ce qu’il y avait de plus agréable pour ses amis, c’est qu’il était d’une droiture de cœur inviolable, et d’une justesse d’esprit peu commune. […] Mais si ces personnes-là le lui avoient reproché à lui-même, je ne sais s’il n’aurait pas eu raison de leur répondre que le commun du Public aime les charges, et que le jeu délicat ne l’affecte point. […] Il devait du moins frapper ceux qui jugent avec équité par les connaissances les plus communes.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

sans vous donner la peine de chercher des raisons valables pour les introduire, Regnard vous apprendra à les loger dans un hôtel garni, ou dans une maison commune, comme il a fait dans le Joueur & dans le Distrait. […] Ils s’arrêterent à celui que le sort sembloit favoriser en leur présentant Sainval : ils lui raconterent leur commune histoire, sans oublier les plus petites circonstances.

40. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Quand une fois une erreur semblable est entrée dans le domaine commun, ceux même qui ne la partagent point se servent pourtant des formules consacrées, et l’on continuera à compter Pascal et Corneille parmi les écrivains du temps de Louis XIV, comme on dit que le soleil se couche et se lève, en dépit de Copernic et de Galilée. […] Quant aux inspirations nouvelles que l’on rencontre dans son ouvrage, et qui semblent un pressentiment du XVIIIe siècle, ce n’est sans doute pas aux influences contemporaines qu’il en est redevable : son horreur pour la guerre, ses réclamations en faveur des pauvres paysans, sentimens qui lui sont communs avec Fénelon, d’autres témérités encore qui n’appartiennent qu’à lui, ce n’est pas à Versailles qu’il est allé les chercher, ou du moins ce n’est chez lui, comme chez Fénelon, qu’une réaction contre les excès dont il était le témoin. […] Je sais que cette conclusion choque le préjugé vulgaire ; mais, pour apprécier la valeur de l’opinion commune, il serait sage d’examiner comment elle s’est établie.

41. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Ce Poète comique a une naïveté inimitable, qui plaît, et qui attendrit par le simple récit d’un fait très commun : Sic cogitabam, Hem, hic parvæ consuetudinisTerent.

42. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

C’est du reste un tic commun à beaucoup d’écrivains, d’indiquer dans nos vieilles cours l’origine du génie en tout genre, comme s’ils étaient aussi sûrs de la trouver cette source qu’ils le sont d’y trouver l’origine des plus grands vices.

43. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Dans tous les siecles & dans toutes les nations, on trouvera des princes ambitieux qui préferent la gloire à l’amour ; des monarques à qui l’amour a fait négliger le soin de leur gloire ; des héroïnes distinguées par la grandeur d’ame, telles que Cornélie, Andromaque ; & des femmes dominées par la cruauté & la vengeance, comme Athalie & Cléopatre dans Rodogune ; des ministres fideles & vertueux, & de lâches flatteurs : de même dans la vie commune qui est l’objet de la tragédie, on rencontre par-tout & en tout tems de jeunes gens étourdis & libertins ; des valets fourbes & menteurs ; des vieillards avares & fâcheux ; des riches insolens & superbes. […] Mais parce qu’en conséquence des usages établis dans la société ces caracteres ne se produisent pas sous les mêmes formes dans tous les pays, & qu’une passion qui est la même en soi, varie d’un siecle à l’autre, n’agit pas aujourd’hui comme elle faisoit il y a deux ou trois mille ans chez les Grecs & chez les Romains où les erremens étoient compassés sur leurs usages, & que dans le même siecle elle n’agit pas à Londres comme à Rome, ni à Paris comme à Madrid ; il en résulte des caracteres particuliers, communs toutefois à chaque nation. […] Des malheurs, des périls, des sentimens extraordinaires caractérisent la tragédie ; des intérêts & des caracteres communs constituent la comédie. […] Mais une division plus essentielle se tire de la différence des objets que la comédie se propose : ou elle peint le vice qu’elle rend méprisable, comme la tragédie rend le crime odieux ; de-là le comique de caractere : ou elle fait les hommes le joüet des évenemens ; de-là le comique de situation : ou elle présente les vertus communes avec des traits qui les font aimer, & dans des périls ou des malheurs qui les rendent intéressantes ; de-là le comique attendrissant. […] Les comédies appellées palliatae, où le sujet & les personnages étoient Grecs, où les habits étoient Grecs ; où l’on se servoit du pallium : on les appelloit aussi crepidae, chaussure commune des Grecs.

44. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Toute profession très absorbante, — et aucune plus que celle-là ne prend son homme tout entier, — imprime une marque spéciale aux idées et au langage ; quelle que soit l’originalité de caractère que la nature ait donnée à un comédien, il sent et pense, voit et parle d’une manière qui lui est plus ou moins commune avec tous ceux qui montent sur les planches. […] En vain, sa famille, celle de Molière, leurs amis communs essaient de l’apaiser : « Elle conçut dès lors une aversion terrible pour son mari, elle le traita avec le dernier mépris ; enfin, elle porta les choses à une telle extrémité que Molière, commençant à s’apercevoir de ses méchantes inclinations, consentit à la rupture qu’elle demandoit incessamment depuis leur querelle ; si bien que, sous arrêt du parlement, ils demeurèrent d’accord qu’ils n’auroient plus d’habitude ensemble. » Il y eut donc non pas séparation judiciaire, comme l’a cru Tralage, mais séparation à l’amiable. […] Des amis communs, entre autres Chapelle et le marquis de Jonzac, s’y étaient employés avec dévoûment. […] De là des froissemens continuels, une irritation croissante, et bientôt la vie commune insupportable, Peut-on dire, cependant, que Molière ne rencontra près d’elle qu’indifférence ? […] Le Boulanger de Chalussay représente Molière tourmenté par ces souffrances imaginaires aussi douloureuses que les maladies les plus certaines et se livrant aux accès de colère futile et violente si communs en pareil cas.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

J’aurai grand soin d’éviter un défaut bien commun chez nos Auteurs modernes : on pourroit appliquer à plusieurs ce que le Misanthrope dit des hommes en général : Ils sont, sur toutes les affaires, Loueurs impertinents, ou censeurs téméraires. […] les sciences que tu m’as enseignées vont devenir communes : tu sais cependant que j’aime encore mieux surpasser les hommes par la science des choses sublimes, que par la puissance.

46. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Je prie donc les savants de me pardonner ce que mon discours aura de commun ou de frivole ; tout ce qu’il aura d’ennuyeux, et de considérer, en cette tentative, moins l’effet que l’intention. […] Elle se complaît surtout dans la galanterie quintessenciée, nouveau trait qui lui est commun avec les premières précieuses. […] Célimène a gardé ses travers parce qu’aucun des hommes qui la recherchent ne possède un mérite assez grand pour agir sur son esprit ; mais reconnaissant dans son vainqueur une âme au-dessus du commun, elle subira sa domination et se pliera pour se conformer à lui. […] Permettez-moi d’espérer que notre commune admiration pour ce rare et sublime esprit a établi entre nous un lien solide.

47. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Les autres n’ont joué dans la comédie que la vie bourgeoise & commune ; & Moliere a joué tout Paris & la cour.

48.

Un petit débat philologique s’est élevé de nos jours, on s’en souvient sans doute, au sujet de ce commun proverbe, comme dit La Fontaine. […]                                            Et des acteurs utiles ; Car, comme les fagots sont communs dans les villes, S’il fait grand froid, s’il gèle : ont-ils joué leur jeu, Pour vous chauffer, d’abord, zeste, un acteur au feu. […] En 1673 il passe avec un Sr Puylon propriétaire voisin de l’immeuble jumeau et successeur de Guérin une transaction relative à la réfection du mur mitoyen « séparant leurs courelles » à frais communs. […] Dernièrement encore, la Comédie-Française, en inaugurant ses représentations à Londres, unissait ces deux grands noms dans une commune apothéose. […] D’abord, dira-t-on, ils ont eu quelques sources communes : Shakespeare a connu Boccace, Rabelais, Montaigne, dont Molière s’est lui-même bien souvent inspiré.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Les caracteres de tous les temps sont préferables aux autres pour deux raisons : la premiere, parceque si l’Auteur réussit à les peindre comme il faut, sa gloire est plus durable ; il n’est pas douteux que le spectateur ne prenne plus de plaisir à voir jouer sur le théâtre des travers, des ridicules ou des vices qui le frappent tous les jours dans la société, que s’il ne les connoissoit que par tradition : de telles pieces bien faites réunissent le double avantage de frapper toujours les connoisseurs & le commun des hommes : elles ont sans cesse les graces de la nouveauté60.

50. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Ce fut madame de Montespan qui la fit préférer à madame de Créqui, présentée par Lauzun ; mais ce fut madame de Scarron qui pressa madame de Montespan de solliciter pour l’amie commune chez qui elles s’étaient connues et liées l’une à l’autre.

51. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Faites, faites paraître une âme moins commune, À braver comme moi les coups de la fortune. […] À la commune voix veut-on qu’il se réduise ?

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Tu ne manqueras point de dire à mon pere que je le supplie instamment de racheter du Médecin Ménarque, Philopoleme le fils de notre maître commun, & de le renvoyer au plutôt, afin que moi & toi nous recouvrions notre liberté. . . . . . . . […] En effet, que serait-ce qu’une intrigue tragique entre des hommes du commun ?

53. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Jourdain un ridicule commun à tous les hommes dans tous les états ; c’est la vanité de vouloir paraître plus qu’ils ne sont. […] C’est ce naturel grossier qui fait le plaisant de la comédie ; et voilà pourquoi ce n’est jamais que dans la vie commune qu’on prend les personnages comiques. […] Celle-ci est toutefois la plus considérable, quoique la matière en soit commune et de peu de prix ; car ce n’est que du carton ; mais composé et pétri d’une manière si particulière qu’il est rendu aussi dur que la pierre et que les plus solides matières. […] Il devait du moins frapper ceux qui jugent avec équité, par les connaissances les plus communes.

54. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Mais on doit souhaiter que le point de vue particulier à chaque peuple ne s’exagère pas jusqu’à prévaloir sur le sentiment, qui est commun à tous. […] Malheur à lui s’il trahit la pensée commune, s’il est infidèle aux traditions antiques ! […] C’est un préjugé commun que de prendre pour l’action le démêlement de l’intrigue, et de ne reconnaître le drame que dans les pièces où se complique l’imbroglio des faits. […] Le sentiment commun est contre vos maximes, Puisque ignorant et sot sont termes synonymes. […] Aujourd’hui tous les exemples ont été donnés ; on a essayé de tous les compromis; on rencontre tous les déguisements; rien de plus commun que les situations difficiles.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Ils firent en commun le Grondeur.

56. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Il s’élève à frais communs ; c’est sa gloire et la nôtre. […] Considérant, en ce qui concerne la part que la ville de Paris est appelée à prendre dans la souscription du monument de Molière, que ce grand homme, dont les arts n’ont pas encore suffisamment honoré la mémoire, est né à Paris, qu’il y a fait ses études, qu’il y a passé presque toute sa vie, qu’il y a exercé sa profession, qu’il y a écrit ses chefs-d’œuvre, qu’il y est mort, et, qu’en un mot, il n’y a pas un des rayons de sa gloire qui ne brille sur sa ville natale ; Que lorsqu’il est question de lui ériger un monument digne de cette gloire, Paris, qui déjà y a contribué par les souscriptions particulières des chefs et des employés de son administration, de ses conseillers municipaux, d’un grand nombre de ses habitants, et notamment des sociétaires de la Comédie française, et, à leur exemple, des artistes des autres théâtres de la capitale ; Paris, disons-nous, ne veut pas, en tant que commune, rester étranger à cette Œuvre ; Considérant que la souscription de Paris, jointe aux 81,000 f. déjà disponibles, rend possible de commencer, dès à présent, les travaux ; Considérant, en ce qui touche le mode d’exécution de ces travaux, qu’ils ne sont pas de nature à être soumis à une adjudication, et qu’il convient qu’il y soit pourvu au moyen de traités passés avec des entrepreneurs connus ; DELIBERE : 1° Le projet de fontaine monumentale dédiée à Molière, à ériger à l’angle des rues Richelieu et Traversière-Saint-Honoré, est approuvé, sauf les modifications ci-dessus indiquées. […] De vieux laboureurs, qui n’avaient jamais quitté leur commune, accoururent à la ville pour y apporter leur offrande.

57. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

A personne ou à tout le monde, serait-il facile de répondre ; et l’on pourrait invoquer ici l’unité de la philosophie nouvelle en face de sa rivale, faire voir Bacon, Gassendi, Descartes, au milieu de leurs doutes et de leurs affirmations contradictoires, d’accord pour résister aux anciens, et montrer enfin tout le mouvement philosophique du grand siècle venant aboutir à cette pensée, ou plutôt à cet effort commun : affranchir la science et l’esprit de toute autorité extérieure. Mais pour rester fidèle à la vérité, j’aime mieux avouer que, dans cette attaque générale, personne ne porta à l’ennemi commun des coups plus directs que le rival de Descartes, et conclure cette première discussion en confessant que Molière est ici le disciple de Gassendi. […] Cette séparation complète, tranchée entre les deux moitiés d’une môme pensée, trop commune à cette époque, Gassendi au reste ne fait aucune difficulté à l’avouer.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Ce qui distingue le langage des femmes du grand monde et de la cour, du langage commun, c’est moins l’usage de certains tours, de certaines formes et de certaines expressions réputées nobles et élégantes, que l’ignorance parfaite des paroles et des locutions grossières, qui ont pris naissance dans le peuple.

59. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

À considérer le fond du sujet, un jeune prince, obligé de feindre l’insensibilité, pour vaincre celle de la beauté qu’il aime, n’a rien de commun avec Louis XIV, faisant partager à mademoiselle de La Vallière, sans ruse et sans effort, la passion qu’il a conçue pour elle, et n’employant dans ses amours d’autre dissimulation que celle qui pouvait en dérober quelque temps le secret à des yeux jaloux, et en augmenter le charme par le mystère. […] Quant à l’action elle-même, elle n’est formée que d’une succession d’incidents qui n’ont aucune liaison entre eux, et n’aboutissent pas même à un terme commun : on dirait que l’auteur, en outrant sur ce point la licence du théâtre espagnol, a voulu peindre en partie, par le mouvement capricieux de l’intrigue, l’humeur changeante et vagabonde de son héros, qui se pique d’aller de belle en belle, et de les abandonner l’une après l’autre pour toujours.

60. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

La Béjart, comédienne de campagne, attendoit ainsi que lui, pour exercer son talent, un tems plus favorable ; il lui rendit des soins, & bientôt, liés par les mêmes sentimens, leurs intérêts furent communs. […] Quoique, dans tous les tems, l’expérience ait montré que la disproportion des conditions & des fortunes, la différence d’humeur & d’éducation, sont des sources intarissables de discorde entre deux personnes que l’intérêt, d’une part, &, de l’autre la vanité, engagent à s’épouser, cet abus n’en est pas moins commun dans la société : Moliere entreprit de le corriger. […] On reconnut dans monsieur Jourdain un ridicule commun à tous les hommes dans tous les états ; c’est la vanité de vouloir paroître plus qu’ils ne sont. […] Le poëte françois a non seulement exposé sur la scéne les vices & les ridicules communs à tous les âges & à tous les pays, il les a peints encore avec des traits tellement propres à sa nation, que ses comédies peuvent être regardées comme l’histoire des mœurs, des modes, & du goût de son siécle ; avantage qui distinguera toujours Moliere de tous les auteurs comiques.

61. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Ce vers ferme, facile, naïf, où la périphrase elle-même ne semble pas une des servitudes de la rime, mais un tour ingénieux, Molière le prit à Corneille comme la moitié d’une trouvaille commune, et en revêtit cet excellent français de Paris, tel qu’il l’avait appris au comptoir de son père, et tel qu’on le parlait dans la rue Saint-Honoré, sa rue natale. […] La comédie veut une fable ; je cherche une fable dans le Misanthrope ; je n’y vois que des incidents de la vie commune. […] Une lettre, de tous les incidents communs le plus commun, apprend aux galants qu’ils sont joués, et à Alceste qu’on ne l’aimait pas assez pour lui faire le sacrifice d’amants méprisés.

62. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Parmi nous des fâcheux, des sots et des avares Les types sont communs, mais leurs peintres sont rares.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Il seroit aussi ridicule qu’ennuyeux de retourner sur nos pas : mais je donnerai ici à mes jeunes confreres un conseil qui par-tout ailleurs ne figureroit pas si bien ; c’est celui d’éviter un défaut commun aux comiques de toutes les nations.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Alceste, n’ayant pas un de ces caracteres communs, dont le genre humain présente des modeles à chaque pas, dont les traits marqués rendent la peinture plus facile & diminuent le travail du peintre, Moliere ne pouvoit par conséquent se flatter d’en faire l’unique objet d’une comédie en cinq actes.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

Cette façon ingénieuse d’animer une action commune & froide par elle-même, avoit déja été mise en usage avec succès par M. de la Dismerie dans un de ses Contes philosophiques & moraux.

66. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Je crois qu’on ne sera pas fâché de les trouver ici, d’autant mieux que ce Recueil n’est pas commun.

67. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

À l’exception du dénoûment, qui est une nécessité, il n’y a pas une scène qui ne s’accorde avec les idées communes.

68. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

quelle indépendance, quelle légèreté, quelle gaîté, quelle folie devaient régner dans un camp dont les chefs étaient de la jeunesse des deux sexes, dans un camp où les relations étaient toutes militaires, où tous les dangers étaient communs, où le chagrin des revers et l’ivresse des succès étaient également partagés, où régnait la familiarité la plus dégagée des formes habituelles du respect, en un mot dans une armée de deux sexes qui, en révolte contre les lois de l’état, ne devaient pas s’assujettir bien strictement à celles de la bienséance !

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

A la commune voix veut-on qu’il se réduise, Et qu’il ne fasse pas éclater en tous lieux L’esprit contrariant qu’il a reçu des cieux ? Le sentiment d’autrui n’est jamais pour lui plaire ; Il prend toujours en main l’opinion contraire, Et penseroit paroître un homme du commun, Si l’on voyoit qu’il fût de l’avis de quelqu’un.

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