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21. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Mais son ami le reconnaît à ce petit coin du sourire, à ce son argenté de la voix, au feu du regard ; surtout il les reconnaît, parce qu’il a conservé le souvenir, le respect et la fidélité des jeunes années. […] L’oubli c’est la règle, et le souvenir c’est l’exception. […] Cependant Mazarin n’avait pas tellement remplacé le cardinal de Richelieu, qu’on ne se souvînt de Richelieu, mais pour le haïr, mais pour le maudire ; on ne se souvenait que de ses cruautés et de ses froides passions ; quant aux grandes choses qu’il avait faites, on en était trop près pour les voir. […] »Précepte excellent dont nos peintres de portraits se devraient souvenir un peu plus. […] ô souvenirs !

22. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Nous nous souvenons nettement de certaines choses, point du tout de quelques autres, confusément de la plupart. […] Une profonde méditation philosophique a pour effet, en nous entretenant d’idées pures, d’affaiblir en nous, sans l’effacer complètement, le souvenir de la réalité. […] Prenons un exemple, et supposons que trois naturalistes, bons logiciens, aient perdu à la suite d’une maladie le souvenir net et complet de la nature. […] Lysidas se souvient-il d’une remarque bien fine et bien juste que faisait Uranie, le jour où L’École des femmes était si habilement attaquée, et si vivement défendue dans sa maison ? […] Elle se souvient du temps où elle n’avait pas de goût pour Molière, où les farces vulgaires qui plaisent toujours si fort au Marquis, la charmaient mille fois plus que L’École des femmes.

23. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

« On était hier, dit-elle, sur votre chapitre chez madame de Coulanges, et madame Scarron se souvint avec combien d’esprit vous avez soutenu autrefois une mauvaise cause, à la même place et sur le même tapis où nous étions. […] Souvenirs de Caylus.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Souviens-toi, mon cher Anselme, que l’honneur d’une femme ne consiste presque qu’en la bonne opinion qu’on a d’elle : contente-toi là-dessus des sentiments de tout le monde & des tiens propres ; & puisque tu connois pour le moins autant qu’un autre la foiblesse des femmes, ne va pas tendre des pieges à la tienne par la simple curiosité d’éprouver si elle pourroit les éviter ; car enfin une belle femme est une glace polie que la moindre vapeur ternit, & une fleur délicate qui se flétrit pour peu qu’on la touche. Je me souviens à propos de cela de quelques vers de comédie que je suis bien aise de te dire. […] Une fois pour toutes, souviens-toi que je suis au point de ne pouvoir guérir sans remede, & que si tu m’obliges d’employer le secours d’un autre, je publie moi-même mon extravagance, & je hasarde l’honneur que tu veux me conserver. . . . . . . […] Cloé sa femme-de-chambre lui demande si elle ne se souvient plus d’Alcibiade.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

mais, Monsieur, je m’en souviens : Vous poussiez de grand cris. […] Le premier jour on condamne la piece ; on raisonne ensuite sur le drame ; on est surpris que certaines scenes, certaines situations aient déplu ; on en cherche la cause, on la trouve ; on revient à cette même piece dans l’idée qu’elle doit être intitulée l’Anglomane : on écarte le premier titre pour ne se souvenir que du second ; la piece, malgré les premiers coups, qui sont toujours mortels, se releve, & a plusieurs représentations.

26. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Ici l’ordre des faits amène sur la scène une personne dont le nom rappelle les plus agréables souvenirs, c’est madame de Sévigné. […] « Le cardinal d’Estrées, monsieur de Guilleragues, aussi amoureux de madame Scarron, faisaient partie des cercles de Richelieu. » On voit tous ces détails dans les Souvenirs de madame de Caylus, p. 140 et 141.

27. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Il est à la fois doux et pénible de succéder à ceux qui nous furent chers : quelque beau que soit l’héritage, il est moins précieux par les jouissances qu’il promet, que par les souvenirs qu’il perpétue. […] Non, Messieurs, je n’attristerai point vos souvenirs, en leur offrant de pareils tableaux, et je me bornerai à énoncer cette opinion, que personne ne contestera sans doute : c’est que le théâtre de ces temps malheureux pourrait aussi en être l’histoire.

28. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Dieu fit dire à madame Fouquet tout ce qui se peut au monde imaginer de mieux, et sur l’instante prière de s’enfermer avec son mari, et sur l’espérance, qu’il avait que la Providence donnerait à madame de Montespan, dans les occasions, quelque souvenir et quelque pitié de ses malheurs. […] C’est vraisemblablement ici la place dit souvenir de madame de Caylus qui se rapporte au rapprochement des deux amants, quoiqu’elle ait fixé au jubilé de 1676 la séparation, qui a eu lieu à la semaine sainte de 1675.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Monsieur, je ne me souviens pas d’avoir fait autre chose. […] Vous vous souvenez de ce loup-garou, il y a six mois, qui vous donna tant de coups de bâton la nuit, & pensa vous faire rompre le cou dans une cave, où vous tombâtes en fuyant ? […] Je saurai me souvenir en temps & lieu de tout ce que je viens d’apprendre. […] Mon maître s’étant souvenu du commandement que vous lui avez fait d’acheter quelque bagatelle qui fût rare à Venise, & de peu de valeur à Paris, pour en régaler son oncle, s’étoit imaginé qu’une douzaine de coterets n’étant pas chers, & ne s’en trouvant point par toute l’Europe de mignons comme en cette ville, il devoit en porter là : c’est pourquoi nous passions vers l’Ecole pour en acheter ; mais à peine avons-nous éloigné la côte, que nous avons été pris par une galere turque. […] Ne changez pas ; & souvenez-vous de répondre parole pour parole, & de lui bien tenir tête, afin que dans son emportement il n’aille pas vous renverser d’abord par les choses dures & fâcheuses qu’il vous dira.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Par ma foi, il me déclaira Mainte fois, & bien largement, Le temps qu’on voit présentement : Moult de fois m’en est souvenu : Et puis lors il estoit tenu L’un des bons... […] Il m’est souvenu de la fable Du corbeau qui estoit assis Sur une croix de cinq à six Toises de haut ; lequel tenoit Un fromaige au bec. […] Souviens-toi bien de ce que tu m’as vu faire, je te l’ai montré.

31. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

En France, parmi les œuvres illustres, nous n’avons ni la tragédie shakespearienne vibrant aux souvenirs de nos vieux temps, ni même le drame de Schiller poussant nos cris d’indépendance, encore moins l’épopée en action de Guilhen de Castro : chez nous, ces choses-là se chantent. […] Je me souviens de la grande émotion, de la vive joie littéraire que j’éprouvai à 1’audition du Demi-Monde. […] Vous souvenez-vous de l’histoire de milady ?

32. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

On vous dira que, cette fois, Molière imite le Phormion de Térence ; soit, mais croyez qu’il obéit surtout à ses souvenirs. […] Plus tard, il s’en souvint à point, quand il composa le second acte de son Malade imaginaire. […] Ne serait-ce pas un souvenir de ce que 1 abbé Roquette aurait es&a\é lui-même contre Molière ? […] Sous Henri IV, si le texte ne s’en était pas conservé, le souvenir du moins en était toujours vivace. […] J’étais bien jeune, quand je le vis, et je m’en souviens d’autant mieux.

33. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Ce ne sera pas un des souvenirs les moins curieux du siège que cette représentation. […] Et si elle n’est pas présente à votre souvenir, les Molière ne sont pas si rares, vous n’avez qu’à rouvrir le volume. […] Peut-être ne s’en souvient-il plus ; il était, en ce temps-là, fort enfoncé dans la politique courante et ne s’occupait guère d’art dramatique. […] L’impression seule en est restée, d’autant plus ineffaçable, que les causes étant ainsi tombées du souvenir, elle ne peut plus être remise en discussion. […] Je ne conteste pas le fait, tout ce que je puis dire, c’est je n’y avais pas assisté et je n’ai rencontré dans la salle personne qui s’en souvînt plus que moi.

34. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

mon frère, s’écria Puy-Morin, en frappant du pied contre terre, pourquoi m’en faites-vous souvenir lorsque le dîner est prêt, et que ces pauvres gens m’attendent ? 

35. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Née en la paroisse de Saint-Paul, ayant toujours gardé un pieux souvenir de l’église où elle avait prié Dieu pour, la première fois, elle voulut y être enterrée. […] Sans doute chacune de ces bagues rappelait un souvenir de jeunesse à Madeleine Béjart. […] Qui donc ferait renaître pour lui les joies du souvenir ? […] Elle but le calice en souvenir de Molière. […] Qui sait d’ailleurs si la seconde n’a pas hérité du nom de Laforêt par un souvenir d’amitié pour la première ?

36. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Souvenez-vous que Bossuet lui-même, en pleine chaire et faisant l’oraison funèbre de Henriette d’Angleterre, n’a pas osé prononcer le nom de Cromwell ! […] Pauvre Sganarelle, tu auras un maître demain ; mais qui te rendra cette reine, la bienfaisance en personne, cette sainte ici-bas, qui restera le digne objet de tes souvenirs, de ta reconnaissance et de tes respects16 ?  […] Et quand on songe que lui seul, Molière, parmi tous les artistes du monde français, se trouve entouré de ces souvenirs perpétuels, on s« prend à se demander si la postérité a été juste, quand elle n’a accordé qu’à celui-là, cette louange éternelle ? […] les évêques de France ont négligé d’instituer la plus petite cérémonie à la mémoire du grand Bossuet, et c’est à peine si les sacristies se souviennent que ce grand homme est né à Dijon le 27 septembre 1627 ! […] Le bruit de ces fêtes, le bruit de ces amours expiées, ces improvisations de Molière et de Lulli, son camarade, et non moins que le souvenir de ces fêtes, ces aimables et chers souvenirs de l’histoire de Versailles : La Vallière, Montespan, dont le nom se mêle encore aux souvenirs poétiques du grand siècle, nous ramènent aux drames sans fin dont les amours de Louis XIV ont été le sujet, et parmi ces drames (car il faut que l’on sache de quelle façon ces royales amours ont été traitées), j’en choisis deux, un drame de la Gaîté, c’est-à-dire un drame quasi-français, et un drame anglais, écrit en anglais, par un bel esprit célèbre de l’Angleterre, M. 

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Le Lecteur se souvient sans doute que Mascarille voulant avoir de l’argent pour acheter l’esclave aimée de son maître, en emprunte d’Anselme, sous prétexte de faire enterrer Pandolphe, qu’il dit être mort subitement. Le Lecteur se souvient encore qu’Anselme voyant ensuite Pandolphe, en est effrayé.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Le dernier impatiente Almanzor par mille questions, se souvient qu’il n’a pas ses rasoirs sur lui ; il va les chercher. […] Souviens-toi de ton livre & de son peu de bruit.

39. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il y a eu, du moins, en un coin de ce pays, quelqu’un pour se souvenir que de tels anniversaires ne doivent pas être passés sous silence. […] Peut-être y avait-il des bravos pour la pauvre France dans ceux qui accueillaient le nom et saluaient le souvenir de ce grand Français ! […] « La meilleure partie du génie, disait Goethe, se compose de souvenirs. […] Dimanche quand on se souvient de sa rencontre avec le Pauvre. […] Rouen, promenades et souvenirs).

40. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Elle est surtout dans les joies, dans les soucis, et jusque dans les tristesses du foyer domestique ; dans ce drame long, monotone et doux de la vie de famille ; dans le retour régulier de ce qu’attend une espérance modeste; dans les épisodes gracieux, sombres eu touchants que la Providence entremêle à l’épopée de chacune de nos vies ; dans le souvenir respectueux des vertus réelles et pratiques des ancêtres; dans l’estime plus que dans la gloire ; dans un amour intime de la terre natale, de tous ses enfants, de tous ses intérêts; dans la vie intérieure du cœur, vaste et profond théâtre où, dans un demi-jour solennel, se meuvent tant d’idées et de sentiments, d’images et de réalités, de souvenirs et d’espérances ; dans la religion enfin, sans laquelle toute poésie est menteuse ou mutilée, et qui, seule, donnant une valeur impérissable à ce qui ne parait pas, en enlève d’autant à tout ce qui parait et qui éclate. […] Dans Eliacin se trouvent les souvenirs de sa jeunesse pieuse.

41.

Un petit débat philologique s’est élevé de nos jours, on s’en souvient sans doute, au sujet de ce commun proverbe, comme dit La Fontaine. […] En souvenir de la Gargouille, bête fantastique dont le Saint avait débarrassé la ville, on y délivrait tous les ans un prisonnier (voir le livre de. […] Si les souvenirs de cette double recherche sont exacts, M.  […] Ce souvenir lui a dicté quelques pages du plus haut intérêt, et qui semblent cependant avoir passé inaperçues48. […] Dieu pour un temps usa envers lui de miséricorde, et se rappela à son souvenir par le moyen de quelques disgrâces et maladies, afin que, revenu à la santé, il rentrât en soi-même et revînt en pays catholique.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Voici le moment du crime ; le souvenir m’en glace encore d’effroi.

43. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Il la prie de faire que Leurs Altesses se souviennent de lui.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

(Souvenirs de Caylus, p. 87.)

45. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

La tradition a conservé le souvenir de l’opposition que firent les parents à ce qu’ils jugeaient une folie. […] Les souvenirs sont plus nombreux, les traditions moins vagues, les renseignements moins sommaires. […] Ou peut-être n’était-ce là qu’un souvenir timide de la protection du prince de Conti. […] C’était enfin une servitude sans trêve, dont Molière garda un amer souvenir. […] La première a certainement été faite après coup, les souvenirs de La Grange n’étaient plus bien précis.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

L’admiration des belles actions de Carlos les avoit portées toutes deux jusqu’à l’aimer, mais d’un amour étouffé par le souvenir de ce qu’elles devoient à la dignité de leur naissance. […] Mais Corneille devoit se souvenir que les dégoûts & les critiques du Cardinal de Richelieu, homme plus accrédité dans la littérature que le Grand Condé, n’avoient pu nuire au Cid.

47. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Avec ce dialogue, auquel nous pouvons joindre, pour faire nombre, le Jugement de Vulcain et deux ou trois autres églogues du même genre, qui prouvent tout au moins que le souvenir de l’antiquité latine n’était pas complètement éteint, nous aurons tout le lot dramatique de ces quatre siècles. […] L’antiquité même la plus vénérable n’offre pas un asile sûr : ce Codrus, que nos souvenirs de collège semblaient protéger contre toute atteinte, ce dernier roi d’Athènes, ce héros dévoué à son pays « pro patria non timidus mori, » n’est plus qu’un vulgaire, spéculateur qui se fait tuer dans le combat pour assurer le trône à ses enfants. […] Je ne prétends donc point chercher ce qu’aurait produit notre génie dramatique si, au lieu de raviver la cendre d’Agamemnon ou la poussière des Sosie et des Dave, il se fut consacré à perpétuer les souvenirs héroïques de l’histoire nationale ou à peindre les mœurs de notre société à ses divers âges.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Tu m’en fais souvenir ; je l’avois oublié.

49. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Molière fut exempt du soin de la faire imprimer lui-même ; elle fit partie de l’ample description que l’on publia en 1665 pour éterniser le souvenir de la fête, intention qui a été mieux remplie qu’on n’avait pu l’espérer d’abord, puisque, à la faveur de La Princesse d’Élide, cette description a joui jusqu’à présent de l’honneur d’être insérée dans toutes les éditions des Œuvres de Molière1. […] « La comédie de La Princesse d’Élide, dit Voltaire, quoiqu’elle ne soit pas une des meilleures de Molière, fut un des plus agréables ornements de ces jeux, par une infinité d’allégories fines sur les mœurs du temps, et par des à-propos qui font l’agrément de ces fêtes, mais qui sont perdus pour la postérité. » Il faut croire que Voltaire, lorsqu’il écrivit ces lignes, n’avait conservé de la pièce qu’un souvenir peu fidèle.

50. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Les souvenirs politiques, les habitudes morales, les relations sociales étaient tout opposées entre ces Mazarins et tout ce qui avait eu quelque rapport avec la maison de Rambouillet, dont il n’existait plus personne, lorsque les sociétés de Nevers et de ses parentes étaient florissantes. […] Et cependant seize années après elle en avait encore des souvenirs déplaisants, en voyant jouer Esther (1689), à Saint-Cyr, par les jeunes élèves de cette maison.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

« Après qu’un Auteur aura choisi son sujet, il faut qu’il se souvienne de prendre l’action qu’il veut mettre sur le théâtre à son dernier point, &, s’il faut ainsi dire, à son dernier moment ; & qu’il croie, pourvu qu’il n’ait point l’esprit stérile, que moins il aura de matiere empruntée, plus il aura de liberté pour en inventer d’agréable ; &, à toute extrémité, qu’il se restreigne jusqu’à n’en avoir en apparence que pour faire un acte : les choses passées lui fourniront assez pour remplir les autres, soit par récits, soit en rapprochant les événements de l’histoire, soit par quelques ingénieuses inventions ».

52. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Les dernières amours de Henri IV, à cinquante-six ans, sa malheureuse passion pour Charlotte de Montmorency, qu’il avait mariée au prince de Condé, les jalousies de Marie de Médicis, les intrigues de sa cour contre les maîtresses du roi, le souvenir d’une guerre qu’on avait vue prête à s’allumer contre la maison d’Autriche pour ravoir la princesse de Condé, que son mari avait conduite à Bruxelles, dans la vue de la soustraire aux poursuites du roi, tout cela avait inspiré à toutes les âmes délicates un profond dégoût pour cette scandaleuse dissolution, dont la cour et la capitale offraient le spectacle, et les avait disposées à favorablement accueillir la continuation de L’Astrée.

53. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

qui ne sentirait à ton grand souvenir Fermenter dans son âme un fécond avenir, Et d’un divin transport sa lyre réchauffée Frémir d’enthousiasme en touchant ton trophée ?

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Souvenez-vous que l’honneur est une étoffe fine ; si l’on y répand de l’huile ou du vin, la tache s’étend au plus vîte.

55. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Est-ce en souvenir du séjour que les Fedeli avaient fait à Paris en 1624-1625, ou à l’occasion d’un nouveau voyage de cette troupe, qu’un des organisateurs des divertissements de la Cour eut l’idée de faire danser « un ballet du roi représentant les comédiens italiens » pour lequel Bordier fît des vers 23 ?

56. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Il ne faut donc pas s’étonner de rencontrer parmi les railleries les plus hardies quelques sentences dictées par de cruels souvenirs.

57. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

  Il est d’abord évident que, dans la répugnance de l’Église catholique pour les représentations théâtrales, il y a un souvenir des abominables jeux du Cirque, où le spectacle, mêlé d’une prostitution monstrueuse et sacrée, passait incessamment, pendant des journées et des semaines entières, d’un combat de gladiateurs à une atellane obscène, à une naumachie, à une comédie, à un repas de bêtes nourries de martyrs, ou à une brûlerie de chrétiens enduits de poix. […]   Je me souviens d’avoir entendu critiquer vivement un académicien pour ce qu’on appelait sa théorie des deux morales : c’était une mauvaise.querelle.

58. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

C’est à Lyon qu’il trouve, encore vivant, le souvenir de Nicolo Barbieri, dit Beltrame, l’auteur de 1’lnavertito c’est à Lyon, que sur le modèle de l’Emilia et de l’Inavertito, Molière compose et fait représenter l’Etourdi. […] Mais Molière arrive trop tard ; la place est déjà prise par un certain Cormier, et, n’était l’insistance de Cosnac, qui veut dégager sa parole, on n’admettrait même pas la troupe à l’honneur de jouer devant le prince… Cette anecdote, que nous connaissons par les Mémoires de Cosnac, montre du moins la fausseté de la légende que nous avons rappelée plus haut, et selon laquelle on fait remonter la bienveillance dont le prince honora Molière au souvenir de leur camaraderie du collège de Clermont. — La troupe reçut pension d’Armand de Bourbon, et l’on s’intitula désormais « comédiens du Prince de Conti ». […] Nous pourrions d’ailleurs invoquer par surcroît le témoignage de Charles Coypeau d’Assoucy, l’Empereur du Burlesque, qui dans le lamentable récit de ses aventures a consigné le souvenir ému de la grasse hospitalité qu’il trouva pendant près d’une année sous le toit volant et à la table de « Molière et de MM. les Béjart ». […] Molière a emprunté autant aux comédies d’autrui qu’il a lues ou jouées, qu’aux souvenirs de sa vie aventureuse. […] On ne dira donc pas à l’homme d’essayer de s’en distinguer, mais au contraire de s’y conformer, d’en user avec elle comme les membres avec l’estomac, de se bien souvenir qu’étant en elle il ne vit que par elle, et de ne jamais enfin la traiter en puissance ennemie.

59. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

De Montpellier, nos comédiens retournèrent à Lyon, d’où ils allèrent à Avignon, à Pézénas, à Narbonne ; et partout sur leur passage ils laissèrent des souvenirs charmants de leur aménité, de leur franchise, de leur cordialité joyeuse. […] Te souvient-il bien qu’autrefois Nous avons conclu, d’une voix, Qu’il allait ramener en France Le bon goût et l’air de Térence ? […] Lui qui eût été si heureux de se sentir aimé, entouré, compris chez lui; lui qui avait tant fait pour cela, qui s’était, durant seize années, préparé avec tant de soins une compagne suivant son cœur, il se voyait réduit à vivre seul, sans repos, sans consolations domestiques, excepté, peut-être, le souvenir de son vieux grand-père; mais qu’était-ce que des souvenirs, lorsque tout lui manquait à la fois dans le présent ? […] Puis, se tenant toujours dans son passé, il recueillit dans ses souvenirs encore, et dans ses papiers, sans doute, de quoi arranger une petite comédie de ces pecques provinciales qu’il avait observées autrefois, et il donna au mois de décembre de la même année la Comtesse d’Escarbagnas, où il ne joua point et qu’il ne fit point imprimer. […] Cette pierre, ainsi brisée, eût été pourtant sur sa tombe un touchant souvenir, en nous montrant qu’il ne fut point tout à fait oublié de celle qu’il avait tant aimée.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Oublions pour un moment que le Joueur ait été représenté trente ans après le Misanthrope, & jugeons des deux héros par leur ton ; nous croirons le cadet bien plus voisin de la barbarie que son aîné ; ou, si nous nous souvenons de la date des deux pieces, tout l’honneur que nous puissions faire à Regnard, est d’imaginer qu’il a voulu parodier son prédécesseur. […] C’est du plus loin, parbleu, qu’il me souvienne.

61. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Le bûcheron Sganarelle, qui a fait ses classes jusqu’en sixième, et qui se souvient encore de quelques lambeaux de rudiment, finit par prendre goût à son métier de médecin. […] Je m’en souviens tout seul : avouez-le, madame, Je vous rappelle un songe effacé de votre âme. […] Souvenez-vous de son Harpagon. […] Il est lié étroitement à la réalité; mais il n’en suppose pas moins la présence ou le souvenir de l’idéal. […] Elle entretient le culte des souvenirs, culte bienfaisant, qui inspire et modère, qui attache au passé et empêche les révolutions gratuites.

62. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Aussitôt, malgré moi, tout mon feu se rallume : Je reprends sur-le-champ le papier et la plume, Et de mes vains serments perdant le souvenir, J’attends de vers en vers qu’elle daigne venir, Encor, si pour rimer, dans sa verve indiscrète, Ma Muse au moins souffrait une froide épithète : Je ferais comme un autre ; et sans chercher si loin, J’aurais toujours des mots pour les coudre au besoin.

63. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

On doit donc généralement parlant demeurer d’accord, que Moliere avoit le droit d’enrichir de nouveaux termes les matieres du Théatre où il avoit acquis une si grande réputation : mais ce que l’on peut prétendre c’est qu’il abusoit de son droit ; car il faut se souvenir que ces sortes de matieres ne font point sentir à ceux qui les traitent la pauvreté d’une Langue, autant que la sentent les Ecrivains des matieres dogmatiques. […] Si nous ne representions que nos anciennes Pieces, me dit-il, notre Hôtel seroit peu frequenté, & je vous répons ce que Cinthio répondit autrefois à saint Evremont, que l’on verroit mourir de faim de bons Comediens avec des Comedies excellentes31. » Souvenons-nous que les frais des Comédiens sont grands, & que l’usage de la Comédie est de divertir le Peuple, aussi bien que le Sénat32.

64. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Quant aux écrivains qui nous occupent plus particulièrement ; souvenez-vous que Pascal ouvre le siècle, ce Pascal qui a écrit les Provinciales et qui n’en est pas moins un chrétien, le plus épouvanté des chrétiens. […] Une femme qui a été jugée sévèrement, mais qui n’en avait pas moins de belles qualités, Mme de Maintenon, en souvenir de sa jeunesse, de ses années difficiles, des attaques qu’elle avait repoussées si dignement, en se réservant sans doute pour la dernière, s’apitoie sur le sort de quelques jeunes filles, nobles encore, mais sans fortune, et dont les parents sont morts au service de l’État ; elle fonde la maison de Saint-Cyr.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

il m’en souvient. […] Ces deux mille pistoles me font souvenir que j’ai oublié de me trouver ce matin au petit lever.

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