Autant le seigneur Arnolphe s’est donné de mal, autant cet étourneau d’Horace prend peu de peine ; il ne fait que paraître le long du mur, le nez au vent et le poing sur la hanche, entassant, Dieu merci, étourderies sur maladresses, et le pauvre petit espalier ensorcelé lui tend amoureusement toutes ses branches, secouant au-devant de la jeunesse qui passe le trésor de ses premiers fruits. […] Je ne sais, Dieu n’y est pas, — et nous, n’y sommes pas non plus, nous, les fils initiés, ou déçus des derniers âges de la terre. […] Jamais plus la tragédie ne s’éveillera tout à fait, — à moins que, par un miracle ardemment souhaité, la tragédie ne s’éveille un jour moderne, française, chrétienne, priant du blasphémant le vrai Dieu cherchant son amour et sa haine, trouvant son héroïsme et ses fureurs, toute sa passion, toute sa fièvre dans les entrailles de notre histoire. […] Il en voit, Dieu merci, tant qu’il en veut. […] Je vous ai expliqué de mon mieux pourquoi la pruderie anglaise, excommuniait le mot ivre, — sans prétendre pourtant que toutes les dames anglaises aient le goût en question, Dieu merci !
Le Festin de Pierre avait été représenté la première fois tel qu’on le lit dans cette édition, c’est-à-dire avec la scène ou Sganarelle argumente contre son maître en faveur de Dieu, et celle où dom Juan, rencontrant un pauvre, lui donne, au nom de l’humanité , un louis d’or que celui-ci refusait de gagner par un jurement. […] Le don Juan de Tirso de Molina n’est point un athée ; c’est un homme qui écarte l’idée de Dieu comme importune, sans la rejeter comme chimérique. […] Il nie l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme en termes qui, pour n’être pas explicites, n’en sont ni moins clairs ni moins décisifs, et il fait une allusion blasphématoire de la dernière évidence au dogme le plus mystérieux et le plus important de la foi chrétienne. […] Pour refuser de voir le doigt de Dieu marqué dans un événement où les lois de la nature sont renversées, pour résister au témoignage de ses yeux et de ses oreilles, et mieux aimer les accuser d’erreur, que de se rendre à l’évidence d’un fait miraculeux, il faut avoir été conduit, par l’abus du raisonnement, à rejeter tout ce qui est d’un ordre surnaturel, et à ne voir dans l’univers que la matière mise en mouvement par sa propre énergie, comme disent les docteurs en athéisme. […] Tartuffe ne croit pas en Dieu, cela est incontestable ; c’est parce que dom Juan n’y croit pas davantage, qu’il se revêt du même manteau que Tartuffe.
Dieu vous gard’, Seigneur Mercure. […] Vous êtes le bras droit du grand Dieu du tonnerre : Votre peine est utile aux hommes comme aux Dieux ; Et c’est par vos soins que la Terre Entretient quelquefois commerce avec les Cieux. […] Mais de moi ce n’est pas de même ; Et je ne puis vouloir, dans mon destin fatal, Aux Poëtes assez de mal De leur impertinence extrême, D’avoir, par une injuste loi, Dont on veut maintenir l’usage, A chaque Dieu, dans son emploi, Donné quelque allure en partage, Et de me laisser à pied, moi, Comme un messager de village. […] Il veut goûter par-là toutes sortes d’états ; Et c’est agir en Dieu qui n’est pas bête. […] Fort bien, Monsieur, Dieu merci.
— Dieu merci, il ne me reste personne ; je les ai tous enterrés. — Qu’ils sont heureux ! […] Mais comme Dieu voulut, après tant de demeures, L’horloge du Palais vint à frapper onze heures ; Et lui qui pour la soupe avoit l’esprit subtil : A quelle heure, Monsieur, votre oncle disne-t-il ? […] Dieu me damne, Je le trouve assez drôle, & je n’y suis pas âne : Je sais par quelles loix un ouvrage est parfait, Et Corneille me vient lire tout ce qu’il fait. […] Enfin, chez Horace l’adverse partie de son fâcheux l’en délivre ; il en remercie Apollon ; je ne sais pourquoi plutôt ce Dieu que Thémis.
Que de raisons, quelle douceur extrême D’engager à ce Dieu son amour et sa foi ! […] que de fois Nicole aura dit : « Les voies de Dieu ne sont pas nos voies ! […] Dieu, ce même Dieu que Bossuet voyait distinctement tenant le fil de toutes les affaires de l’univers, et préparant le triomphe de son Eglise au milieu du fracas des trônes qui croulent, un Dieu fidèle dans ses promesses, et fidèle aussi dans ses menaces, tient dans sa main les cœurs de ces hommes qui ne sont que les instruments de sa volonté : c’est lui qui aveugle Athalie; ces! […] Il n’a eu besoin ni de galeries de saphirs et de diamants, ni de génies qui règlent les mouvements des astres, ni de triangle de feu; il n’a eu besoin que de Dieu seul.
Si c’étoit un époux tel qu’eût été Damon, Passe ; mais c’en est un qui n’en eut que le nom ; Un jeune écervelé qui laisse sa compagne, Et, pour libertiner, va battre la campagne ; Que je ne connois point, car ma sœur, Dieu merci, Ne consultoit personne en tout, comme en ceci ; Un homme qui n’agit que par ses émissaires, Et n’ose se montrer que par ses gens d’affaires ; Qui, lorsqu’on le croit mort, revient, après douze ans, Pour se démarier. […] grand Dieu ! […] grand Dieu ! […] je crois, Dieu me pardonne, que c’est votre frere, Madame, dont il y a si long-temps qu’on n’a eu des nouvelles : ce pauvre Charlot !
Azael reproche à Samson l’indigne repos dans lequel il languit, au lieu de tourner contre les ennemis de Dieu ces traits qu’il n’emploie que contre des animaux. […] Samson, rempli de l’esprit de Dieu, jette son carquois comme un ornement indigne de lui. […] Il reconnoît alors que le bras de Dieu s’appesantit sur lui, & punit son amour pour Dalila. […] Dieu puissant, j’espere encore en toi : Sur les maux de Samson jette un regard propice ; Ta clémence toujours balança ta justice.
Eh Dieu ! […] Vrai Dieu ! […] Mais à présent, Dieu merci, grâce à M. […] , grand Dieu ! […] Mais, grand Dieu !
J’avais accoutumé de n’en boire qu’à trois sous ; mais, par Dieu ! […] répliqua cette femme et à belles injures, merci Dieu !
Aussi Dieu sait le bon ménage qu’elles font, & les contradictions perpétuelles qui en résultent. […] Dieu sait si l’on parloit théâtre ! […] Les Prêtres de ce Dieu le trouverent alors fort mauvais, & s’en plaignirent, disant que dans ces épisodes il n’y avoit rien qui eût rapport aux actions, aux bienfaits, & aux mysteres de leur Divinité, ce qui donna lieu au proverbe : En tout cela, rien de Bacchus.
On peut dire d’un père, d’une épouse, d’un fils qui accomplissent sérieusement leurs devoirs de famille, que, par suite, ils accomplissent la plus grande part de leurs devoirs personnels, de leurs devoirs envers la patrie, envers l’humanité, même envers Dieu. […] On arrive à tirer de son théâtre des préceptes, exprimés avec une délicatesse et une fermeté supérieures, sur les devoirs de l’homme et de la femme envers eux-mêmes, sur leurs devoirs réciproques quand ils s’aiment et s’unissent, sur leurs devoirs envers les semblables, envers la patrie, envers Dieu : en sorte que la morale de Molière aura exprimé ce que doit être un homme, un époux, un citoyen, même un chrétien710 ; et elle n’aura nulle part laissé entrevoir ce que doit être un père. […] Que valent tous ses autres mérites, s’il n’est capable de donner à sa femme et à sa patrie des enfants dignes de lui, s’il ne peut remplir ce rôle saint par lequel l’homme ressemble le plus à Dieu ? […] Et on se trouve exercer une influence funeste, dont on est responsable, à Dieu toujours, et quelquefois aux hommes, quand on oublie, comme don Juan, que noblesse oblige 740.
Cependant que ce généreux prince occupe tous ses soins à maintenir la religion, Molière travaille à la détruire ; le roi abat les tempêtes de l’hérésie, et Molière élève des autels à l’impiété ; et autant que la vertu du prince s’efforce d’établir dans le cœur de ses sujets le culte du vrai Dieu par l’exemple de ses actions, autant l’humeur libertine de Molière tâche d’en ruiner la créance dans leurs esprits par la licence de ses ouvrages. […] Organe du démon, il corrompt les mœurs, il tourne en ridicule le paradis et l’enfer, il décrie la dévotion sons le nom d’hypocrisie, il prend Dieu à partie et fait gloire de son impiété à la face de tout un peuple. […] Il devrait enfin rentrer en lui-même, et considérer qu’il est très dangereux de se jouer à Dieu, que l’impiété ne demeure jamais impunie, et que, si elle échappe quelquefois aux feux de la terre, elle ne peut éviter ceux du ciel. […] Ce n’est point assez que le feu expie en public mon offense, j’en serais quitte à trop bon marché ; le zèle charitable de ce galant homme de bien n’a garde de demeurer là ; il ne veut point que j’aie de miséricorde auprès de Dieu, il veut absolument que je sois damné, c’est une affaire résolue. […] De profonds scélérats ont cru y trouver un abri pour tous leurs crimes : l’empoisonneur Desrues osait invoquer le nom de Dieu ; et l’assassin Maingrat, ce prêtre impie et féroce dont le crime a épouvanté notre époque, avait fasciné tous les yeux par une sorte de dévotion sauvage qui se refusait même aux plus innocentes distractions, qui interdisait tous les plaisirs comme profanes, et qui condamnait la jeunesse elle-même aux austérités de la vie des anachorètes.
Avant la création du monde, Dieu, principe éternel des choses, s’ignorait lui-même au sein de la matière cosmique disséminée dans l’espace. […] Les héros d’Eschyle et de Sophocle débordant du Dieu qui les anime, pénétrés en tous sens du sentiment énergique et profond de leur droit, sont possédés, emportés tout entiers parleur passion unique. […] À Dieu ne plaise ! […] Le moment où l’Esprit universel, dans son développement qui constitue l’histoire absolue, entre en harmonie avec, lui-même, est marqué par l’apparition de Dieu sur la terre. […] Un homme parmi les hommes est Dieu, et Dieu est un homme réel.
Qu’elle s’exerce d’avance à tous les devoirs de sa vie future par la soumission, et qu’elle n’oublie qu’à la dernière extrémité l’obéissance, mais jamais le respect, dus à ceux que Dieu lui a donnés pour maîtres351. […] Après l’irréparable ruine des charmes du corps, que reste-t-il des grâces du cœur, quand enfin on est réduite à entrer dans la confrérie de celles « qui pensent être les plus vertueuses personnes du monde pourvu qu’elles sauvent les apparences ; qui croient que le péché n’est que dans le scandale396, » Et couvrent de Dieu même, empreint sur leur visage, De leurs honteux plaisirs l’affreux libertinage397 ? […] — Boileau : .......Cette bilieuse, Qui, follement outrée en sa sévérité, Baptisant son chagrin du nom de piété, Dans sa charité fausse, où l’amour propre abonde, Croit que c’est aimer Dieu que haïr tout le monde.
Cependant Dieu nous garde de sacrifier en tout Aristophane à Molière. […] C’est un bel éloge donné aux dames de l’antiquité, qu’un Dieu pour les séduire ait été obligé de prendre ce moyen tombé en désuétude depuis lors. […] Boccace en Italie, Chaucer en Angleterre, Jean de Meung en France, commencèrent à battre en brèche leur réputation, et depuis, Dieu sait ce que la malice des auteurs a inventé contre leur coquetterie. […] Si Molière est le Dieu de la nouvelle société française, cela peut s’expliquer en deux mots. […] Le voilà donc qui se prend tout d’un coup à faire tout haut, comme se croyant tout seul, une oraison jaculatoire, à demander pardon à Dieu de sa vie passée, à s’exprimer comme un homme bien persuadé de sa mort prochaine, et qui, dans la douleur où son impatience le met, veut au moins se servir de tous les moyens que Dieu lui a donnés, pour racheter ses péchés et léguer tous ses biens aux hôpitaux, sans aucune réserve; que c’est l’unique voie que Dieu lui laisse pour faire son salut, après une si longue vie passée sans y avoir jamais songé comme il le faut, et remercier Dieu de cette unique ressource qu’il embrasse de tout son cœur.
Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime… En un mot, qu’elle soit d’une ignorance extrême ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer… De tels propos, Molière les condamne impitoyablement. […] Lysidas ; ces règles, il les a lues, Dieu merci ! […] La première conviction d’un catholique, c’est qu’il faut aimer Dieu par-dessus toute chose et songer à son salut. […] Il ne veut détacher Orgon de sa famille que pour lui mieux ravir son bien ; mais, en définitive, les hommes pieux qui, par conviction religieuse, poussent une fille à renoncer à toute affection terrestre pour n’aimer que Dieu et assurer son salut, un père de famille à s’absorber dans l’amour divin au point d’oublier ses obligations terrestres, ne sont-ils pas, sinon aussi odieux que Tartuffe, du moins aussi nuisibles ? […] Pour remplacer Dieu et les chaudières bouillantes, il lui fallait une force morale à opposer aux faiblesses des hommes.
La statuaire devenait ainsi une école de patriotisme et de sagesse ; elle développait le sentiment du beau, elle vulgarisait l’héroïsme, et les généreux dévouements, elle plaçait dans la mémoire de tout un peuple, les images vivantes de ces génies aimés de Dieu qui nous ont versé l’amour et la lumière. […] Que les hautes intelligences apparaissent à l’orient ou à l’occident, n’importe, les idées n’ont point de patrie : Télémaque et l’Esprit des Lois appartiennent à la France par la langue ; ils appartiennent au monde par le bien qu’ils ont fait au monde, et Dieu a voulu que les fruits de la vertu et du génie fussent le patrimoine de l’humanité. […] Puis, se ressouvenant que son heure était proche, Il écoutait des sœurs quelque pieux reproche, Répétait leur prière, et, leur disant adieu, Tranquille il élevait sa belle âme vers Dieu ! […] Longtemps ce grand dessein a mûri dans sa tête ; Rien n’échappe au penseur, tout émeut le poète ; Pour les combattre un jour son âme a médité Les fatales erreurs de la société : Il voit le faux Dévot, enseignant l’imposture, Au nom de Dieu prêcher une morale impure ; Le Philosophe, an lieu d’éclairer le savoir, En faire un puits obscur où l’on ne peut rien voir ; Courtisan ridicule et chargé de bassesse, Il voit le Gentilhomme avilir la noblesse. […] A la table royale il le convie un jour ; Il fait plus : à Versaille, entouré de sa cour, Avec cette princesse, alors heureuse et belle Qu’un cri de Bossuet devait rendre immortelle15, De Molière outragé, que son grand cœur défend, Sur les fonts de baptême il veut tenir l’enfant, Et le fils d’un acteur, malgré l’intolérance, A reçu devant Dieu le nom du roi de France.
Il veut qu’elle soit d’une ignorance extrême : Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer. […] Que la religion soit le fondement de leur éducation, je le veux ; mais plutôt que la crainte du diable, il faut mettre en leur âme l’amour de Dieu. […] Elle ne peut espérer d’épouser qu’un jeune fou, avec qui elle sera malheureuse, à moins que sa sagesse et sa modestie ne la fassent rechercher par des hommes d’un esprit réglé, et sensibles aux qualités solides. » Mais il y a une autre sorte de coquetterie moins innocente, et Dieu merci, plus rare, que La Bruyère a caractérisée en la distinguant de la galanterie22 : « Une femme galante veut qu’on l’aime ; il suffit à une coquette d’être trouvée aimable et de passer pour belle. […] Que Dieu donc nous préserve des Célimènes ! […] « La vie, a dit M. de Tocqueville, la vie n’est ni un plaisir ni un supplice, c’est une affaire grave dont nous sommes chargés, et qu’il faut terminer à notre honneur. » Dieu, en nous imposant des devoirs, y attache certains plaisirs qui en rendent l’accomplissement plus facile ; et le bonheur qu’il nous accorde en échange n’est destiné qu’à nous en faire souhaiter un plus complet.
Dieu le veuille ! […] Dieu soit témoin que pour toi j’en ai honte ; Et de venir ne tenois quasi compte, Ne te croyant le cœur si perverti Que de vouloir tromper un tel mari. […] Grand pécheur suis : mais j’ai là, Dieu merci, De ton honneur encor quelque souci. […] Mais, foi de Dieu, ce bras te châtiera, Et Monseigneur puis après le saura. […] Bientôt le diable, jaloux de son bonheur, lui suscite de grandes affaires : la premiere femme apprend tout ce qui se passe, elle est furieuse : son époux vient précisément dans ce temps à la provision, Dieu sait comment il est régalé.
L’Étoile nous l’apprend, sous la date du 19 mai 161019 : sa mère, au début de sa régence, avait cru signaler merveilleusement son pouvoir en lui faisant, donner le fouet pour n’avoir pas voulu prier Dieu. […] On lit ce qui suit dans le journal de L’Étoile, sous la date indiquée : « Notre nouveau roi Louis XIII fut fouetté ce jour par le commandement de la reine régente sa mère, pour n’avoir pas voulu prier Dieu.
Mais il faut laisser encore une fois à ceux que Dieu à choisis pour combattre la comédie et les comédiens le soin d’en faire voir les dangers et les funestes effets, et renvoyer ceux qui voudront s’en instruire plus à fond aux traités qu’en ont écrit, je ne dis pas seulement M. le Prince de Conti, M. de Voysin, M. […] Mais quand Molière aurait été innocent jusqu’alors, n’aurait-il pas cessé de l’être dès qu’il eut la présomption de croire que Dieu voulait bien se servir de lui pour corriger un vice répandu par toute l’Église, et dont la réformation n’est peut-être pas même réservée à des conciles entiers ?
Je connais des maris qui, dans toute une année, ne leur disent pas seulement une fois : Dieu te gard’ ! […] Dieu vous en veuille ouïr ! […] À Dieu ne plaise que nous ayons cette pensée-là !
Un jour qu’ils sortoient d’une église ensemble, environnés d’un grand nombre de personnes qui baisoient leurs vêtements, & les conjuroient de se souvenir d’eux dans leurs bonnes prieres, ils furent reconnus de ce gentilhomme dont je viens de parler, qui, s’échauffant d’un zele chrétien, & ne pouvant souffrir que trois si méchantes personnes abusassent de la crédulité de toute une ville, fendit la presse, & donnant un coup de poing à Montufar : Malheureux fourbe, lui cria-t-il, ne craignez-vous ni Dieu ni les hommes ? […] « Je suis le méchant, disoit-il à ceux qui le voulurent entendre : je suis le pécheur, je suis celui qui n’ai jamais rien fait d’agréable aux yeux de Dieu. […] Mon frere, au nom de Dieu, ne vous emportez pas ; J’aimerois mieux souffrir la peine la plus dure, Qu’il eût reçu pour moi la moindre égratignure. […] Mon Dieu !
Qu’est devenue la fausse dévote, qui veut tromper Dieu et qui se trompe elle-même ? […] Grâce à Dieu, grâce au soleil fécondant de 4789, et grâce à la Liberté, l’auguste déesse, cet animal n’existe plus sur le sol de la France, il est devenu tout à fait un homme, et sa voix compte, et sa voix donne l’empire ! […] aujourd’hui nous n’avons plus d’esprits forts ; on écrirait aujourd’hui : il n’y a pas de Dieu, que l’on serait montré au doigt… pour une moindre hardiesse, vous eussiez été brûlé vif, il y a deux cents ans. […] — quand fut morte, en priant Dieu, cette société qui causait si bien, la tribune nationale pour combler le vide de cette société aux abois, s’éleva éloquente et souveraine, sur les débris des petits salons. […] Vous dormez, confiants en la bonté de Dieu, Heureux d’être abrités sous ce pan du Ciel bleu.
BIGOT : Qui contrefait le dévot, qui prie Dieu avec hypocrisie.
pour l’amour de Dieu, sept. […] pour l’honneur de Dieu !
Il a de l’esprit et peu de jugement ; il disait quantité de sottises et les débitait agréablement ; il voulait faire entendre au roi, qu’au jugement de Dieu, il lui serait reproché de lui avoir ôté sa femme. […] Elle me dit qu’elle louait Dieu de ce qu’il ne s’était trouvé chez elle que ses femmes, parce que s’il y avait eu des hommes, elle l’aurait fait jeter par les fenêtres ; qu’elle avait été obligée d’en avertir le roi, qui le faisait chercher pour l’envoyer en prison.
Se peut-il que Dieu dirige une telle barbarie, & qu’il y prenne plaisir ? […] Nos premiers peres ont fait parler le langage le plus populaire à Dieu, aux Saints, & ont été applaudis. […] Dieu préserve, en chassant, toute sage personne D’un porteur de huchet, qui mal-à-propos sonne ; De ces gens qui, suivis de dix hourets galeux, Disent, ma meute, & font les chasseurs merveilleux.
Dieu prenne vous votre ame. […] Dieu prenne vous votre ame.
« Je ne sais pas combien de temps je serai ici (à la cour) ; j’y suis venue avec des dispositions soumises qui durent encore ; et je suis résolue, puisque vous l’avez voulu, de me laisser conduire comme un enfant, de tâcher d’acquérir une profonde indifférence pour les lieux et pour les genres de vie auxquels on me destinera, de me détacher de tout ce qui trouble mon repos et de chercher Dieu dans tout ce que je ferai. […] Dieu veuille que ce ne soit que sur le mien, et qu’en effet, la déférence que j’ai pour vous, et l’envie de trouver du repos ne soient pas les motifs qui me fassent agir !
Lorsque cette guerre d’intrigues, de chansons, de pamphlets, de perfidies réciproques a cessé, tous les acteurs après avoir changé de rôle plusieurs fois, n’ayant rien à s’envier ni à se reprocher en fait de versatilité et de ridicule, prennent bravement leur parti : les princes deviennent la décoration du trône et ses fidèles appuis ; le parlement, abandonnant toute ambition politique, se résigne à enregistrer docilement les édits de toute nature ; le clergé se retranche dans son domaine spirituel et fait retentir dans les temples la parole de Dieu, mêlant à ses leçons religieuses ses hommages au monarque, pendant que la nation sous l’aile de la royauté se fortifie par l’industrie et par la science, et prend peu à peu le sentiment de ses devoirs et de ses droits pour remplir les uns et faire valoir les autres quand son heure sera venue. […] J’avoue qu’il y a des lieux qu’il vaut mieux fréquenter que le théâtre ; et si l’on veut blâmer toutes les choses qui ne regardent pas directement Dieu et notre salut, il est certain que la comédie en doit être, et je ne trouve pas mauvais qu’elle soit condamnée avec le reste ; mais supposé, comme il est vrai, que les exercices de la piété souffrent des intervalles, et que les hommes aient besoin de divertissement, je soutiens que l’on ne leur en peut trouver un qui soit plus innocent que la comédie. » Avant de se prononcer ainsi, Molière a eu soin d’établir qu’il y a comédie et comédie, et de faire observer que « ce serait une injustice épouvantable que de vouloir condamner Olympe, qui est femme de bien, parce qu’il y a une Olympe qui a été une débauchée ». […] Grâce à Dieu, nous n’avons pas à déplorer ce double avilissement.
Ceux qui ont laissé sur la terre déplus riches monuments n’en sont pas plus à couvert de la justice de Dieu ; ni les beaux vers ni les beaux chants ne servent de rien devant lui ; et il n’épargnera pas ceux qui, en quelque manière que ce soit, auront entretenu la convoitise. » Molière poussant au désordre, publiquement, devant sa mère, sa femme, et toute la cour, le roi de France, le représentant de Dieu sur la terre, et attirant ainsi les colères célestes sur le royaume ! […] Remarquez l’immoralité de rendre Dieu créateur responsable des excès de nos passions.
Celui qui, tout en parlant de Dieu, veut séduire la femme et dépouiller les enfants de son bienfaiteur, est un monstre d’une espèce heureusement rare, qui ne peut, s’il se fait voir, échapper au titre d’infâme hypocrite ; mais combien de fois n’est-il pas. arrivé que des hommes qui n’étaient ni suborneurs, ni spoliateurs comme Tartuffe, ont été flétris de son odieux nom, uniquement parce que les pratiques et les paroles religieuses leur étaient familières comme à lui ? […] Et voilà, chrétiens, ce qui est arrivé lorsque des esprits profanes et bien éloignés de vouloir entrer dans les intérêts de Dieu, ont entrepris de censurer l’hypocrisie, non point pour en réformer l’abus, ce qui n’est pas de leur ressort, mais pour faire une espèce de diversion dont le libertinage pût profiter, en concevant et faisant concevoir d’injustes soupçons de la vraie piété, par de malignes représentations de la fausse. Voilà ce qu’ils ont prétendu, exposant sur le théâtre et à la risée publique un hypocrite imaginaire, ou même, si vous le voulez, un hypocrite réel ; et tournant dans sa personne les choses les plus saintes en ridicule, la crainte des jugements de Dieu, l’horreur du péché, les pratiques les plus louables en elles-mêmes et les plus chrétiennes. […] C’était surtout abuser des droits de la prédication, que de désigner si clairement l’écrivain qu’on dénonçait comme ennemi de Dieu et de l’église.
Vous avez des talents, nous avons des coquettes, Non pas pour une, Dieu merci. […] Il se mit dans une chaise, fit tenir sa femme debout, & lui dit ces paroles, ou d’autres encore plus impertinentes : « Vous êtes ma femme, dont j’espere que j’aurai sujet de louer Dieu tant que nous vivrons ensemble. Mettez-vous bien dans l’esprit ce que je m’en vais vous dire, & l’observez exactement tant que vous vivrez, de peur d’offenser Dieu, & de peur de me déplaire ». […] Il n’eut le temps que de changer d’habit, & de dire adieu à sa femme, lui ordonnant, sous peine d’offenser Dieu, & de lui déplaire, d’observer exactement, en son absence, la vie des personnes mariées.
Le mal d’aimer, c’est de vouloir le taire Pour l’éviter, parles en ma faveur ; Amour le veut, n’en laites point mystère, Mais vous tremblez, et ce Dieu vous fait peur. […] Née en la paroisse de Saint-Paul, ayant toujours gardé un pieux souvenir de l’église où elle avait prié Dieu pour, la première fois, elle voulut y être enterrée. […] Sans doute elle n’avait plus de vanité qu’au théâtre ; déjà elle s’était tournée vers Dieu et vers cette « sainte économie », qui est le dernier amour des vieilles filles. […] À peine eut-il cessé de parler, que Mlle Bourguignon déclara, en présence de Dieu et des hommes, qu’elle prenait Beauval pour son légitime époux. […] Comme « ils se levaient à quatre heures du matin pour prier Dieu à huit heures du soir »,ils pouvaient, en passant, cultiver l’esprit de leurs écoliers.
Dans Tartuffe, il fait intervenir le roi ; dans Don Juan, Dieu. […] Don Juan demandait à ce pauvre à quoi il passait sa vie dans la forêt : « A prier Dieu, répondait le pauvre, pour les honnêtes gens qui me donnent l’aumône. — Tu passes ta vie à prier Dieu, disait Don Juan ; si cela est, tu dois donc être bien à ton aise. — Hélas, Monsieur, je n’ai pas souvent de quoi manger. — Cela ne se peut pas, répliquait Don Juan ; Dieu ne saurait laisser mourir de faim ceux qui le prient du soir au matin. […] En civilisation avancée, il arrive, rarement Dieu merci, mais enfin il arrive qu’une jeune fille s’éprenne d’un homme âgé à cause de son intelligence, de son talent, etc. […] Pour mon compte, je gagerais que sa tirade maîtresse (épouser une sotte… De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer) a été applaudie vigoureusement. […] Quand cette religion serait fausse, la docilité qui soumet la mère et la fille à l’ordre de la nature efface auprès de Dieu le péché de l’erreur.
Dieu m’est témoin que je ne me suis jamais écartée de mon devoir. […] Songez, Monsieur, que, devant Dieu, Madame la Marquise est votre épouse, & que devant les hommes, après vous être deshonoré, ils vous condamneront à la regarder comme telle.
Le droit d’impertinence est dans leur apanage ; Ils en usent, Dieu sait ! […] Ils sont enfin passés et ne reviendront plus Ces temps où, du pouvoir un instant revêtus, Les délateurs, sur nous lançant leur blasphème, Avec tant de succès proféraient ce blasphème : Qui méprise Cotin n’estime point son Roi ; Et n’a, selon Cotin, ni Dieu ni ni foi, ni loi.
Lysidas, que L’École des femmes ne péchait contre aucune des règles traditionnelles ; que, Dieu merci, je les avais lues autant qu’un autre, et que je ferais voir aisément que peut-être n’avions-nous point de pièce au théâtre plus régulière que celle-là278. […] Grâce à Dieu, elle n’y pouvait rien comprendre. […] Il est vrai qu’elle s’y résigne, en considérant que les vérités les plus simples, comme les vérités les plus hautes, ne sont pas susceptibles d’une démonstration rationnelle, et que, pour prouver qu’il fait jour, comme pour prouver Dieu, il ne faut point raisonner, mais ouvrir les yeux et sentir. […] Qu’un poème, par exemple, ruine l’idée de Dieu, l’idée du devoir, l’idée de l’âme, et fonde l’empire de la matière, quoi de plus immoral ? […] La beauté n’est point saisissable pour l’entendement, point définissable ; mais l’âme peut aspirer à la posséder, et chercher la beauté, vivre avec les choses belles, c’est établir sa demeure dans une sphère qui est au-dessus des sens et même de l’intelligence ; c’est communiquer avec ce Dieu inconnu qui échappe à la pensée, et que le sentiment moral peut seul atteindre316.
Dieu merci ! […] AGNÈS Oui, monsieur, Dieu merci. […] Oui, ce le, Dieu me damne, est un le merveilleux. […] Mais nous sommes devenus meilleurs, Dieu merci, Villiers écrivit la Vengeance des Marquis, encore un méchant petit acte insupportable ; et Montfleury le fils, à l’instar de Rodrigue, épousant la querelle de son père, un peu écorné par Molière, lança l’Impromptu de l’Hôtel de Condé, où il y a quelque talent : c’est de là qu’on tire le portrait, si souvent cité, de Molière dans les rôles tragiques, le nez au vent, la tête sur le dos, la perruque pleine de lauriers comme un jambon de Mayence. […] Mais voilà qu’il s’emporte ; il lui fait une peur horrible de Dieu et du Diable ; elle est consternée.
Et Dieu sait les bénéfices que se partageraient, en trois mois, trois comédiens seulement ! […] Marianne et Damis vont chuchoter à l’écart, comme deux amoureux, qu’ils ne sont pas, Dieu merci ! […] « Au premier Prône qu’il fit, il dît à ses Paroissiens : “Je ne veux pas vous empêcher de prier Dieu pour M. […] Ce seigneur marchand me dispensera, s’il lui plaît, de prier Dieu pour sa santé et succès de son négoce.” […] Je voudrais avoir assez de pouvoir pour obliger le Curé et les habitants de prier Dieu de tout leur cœur pour vous ; vous savez que je ne puis pas connaître ce qui se passe dans l’intérieur.
Cette menace ne produisant pas plus que les prieres : Dieu te le pardonne, dit la belle, il faut donc voir si tu te trouveras bien de m’avoir mise au désespoir. […] Plût à Dieu s’y fût-il jetté tout de bon, & que le vin qu’il a trop bu se fût bien trempé !
Don Juan dans une Scene avec un pauvre qui lui demandoit l’aumône, ayant appris de lui qu’il passoit sa vie à prier Dieu & qu’il n’avoit pas souvent de quoi manger, ajoutoit : Tu passes ta vie à prier Dieu, il te laisse mourir de faim, prend cet argent, je te le donne pour l’amour de l’humanité.
à Dieu ne plaise ! […] L’empereur et l’impératrice, pensant me contraindre à l’épouser, entrèrent un jour dans notre chambre, où déjà je causais avec le petit Bellorofontin, bien qu’il fût encore dans les entrailles maternelles, et lui me répondait, Dieu sait avec quelle majesté !
Non pas, ce me semble ; puisque Don Juan, qui attaque l’idée de Dieu, est un coquin, que Molière, très évidemment, hait et méprise. Faut-il en conclure qu’il est avec Sganarelle qui défend l’idée de Dieu ? […] Il faut en conclure que Molière n’a pas été blessé lui-même de ce qu’il mettait le mépris de Dieu dans la bouche d’un sot, ce qui eût, évidemment, blessé un croyant, et le tout prouve que Dieu est indifférent à Molière. […] L’amour de Dieu ? […] Le malade imaginaire veut marier sa fille avec un médecin pour avoir toujours un médecin sous la main, comme le dévot veut marier sa fille avec un ami de Dieu peut être toujours sous la main de Dieu, et l’un tartufie sa fille pour sanctifier sa maison et l’autre diafoirise la sienne pour assainir sa demeure.