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19. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Aussi s’est-il attaqué plus d’une fois à ce redoutable ennemi. […] C’était narguer plaisamment les ennemis qu’il livrait à la risée publique. […] Au premier abord, on s’en étonne ; car la religion n’a pas de pires ennemis que les hypocrites. […] Il s’en prend aux dieux et aux hommes ; il ferait pendre amis et ennemis, puis lui-même après eux. […] On le voit en effet, tant que l’ennemi est absent.

20. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Il était sage conseiller du roi quand il lui montrait ses flatteurs à La Cour du Lion, leur lâcheté envers Le Lion devenu vieux, leur bassesse dans Les Animaux malades de la peste ; le danger des maîtresses dans Le Lion amoureux ; l’esprit des courtisans, les uns à l’égard des autres, dans Le Lion, le Loup et le Renard ; le danger des petits ennemis dans Le Moucheron et le Lion ; la dissimulation des gens prudents à la cour des rois méchants, dans La Cour du Lion. […]         Sauvez-vous et laissez-moi paître,         Notre ennemi, c’est notre maître.

21. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Quel prix te réservait cette ligue ennemie ? […] Je ne te suivrai pas dans ta pénible tâche, Lorsque tu la remplis sans pitié, sans relâche ; Implacable ennemi de tous les charlatans, Je te laisse écraser sous le poids du bon sens Du bel esprit du jour la risible manie ; Chez Dandin nous montrer la vanité punie ; T’égayer aux dépens du bon monsieur Jourdain ; Rire de Vadius, et fouetter Trissotin. […] Rappelons la gaîté dans nos vivants tableaux ; Sans la moindre pitié dénonçons sur la scène Les travers de nos jours, et traînons dans l’arène Du pauvre genre humain les plus grands ennemis, Les vices, trop longtemps ici bas impunis.

22. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Cela s’ensuit admirablement de son caractère, ennemi de toute fiction : mais pour être logique, il n’en devient pas plus sensé. […] C’est le moment en effet : l’ennemi a baissé de ton. […] Le misanthrope, quel qu’il soit, est l’ennemi de l’homme, c’est mon ennemi, je le combats. […] c’est que lui-même était une espèce d’Alceste, d’ennemi de la société, de misanthrope atrabilaire, et il sentait très bien que si on riait d’Alceste, c’en était fait de lui, Jean-Jacques, et qu’on le bernerait aussi. […] D’ailleurs, je l’ai dit, je ne nie pas que Molière ait souffert, je nie que ses souffrances en aient fait l’ennemi des hommes, ou des femmes.

23. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Moi-même, dont la gloire ici moins répandue Des pâles Envieux ne blesse point la vue, Mais qu’une humeur trop libre, un esprit peu soumis De bonne heure a pourvu d’utiles Ennemis : Je dois plus à leur haine, il faut que je l’avoue, Qu’au faible et vain talent dont la France me loue. […] Le Comique ennemi des soupirs et des pleurs N’admet point en les vers de tragiques douleurs ; Mais son emploi n’est pas d’aller dans une place, De mots sales et bas charmer la populace.

24. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Du côté de ceux qui suivent la nature, du côté de ceux-là sont aussi la vérité, le lion sens, l’honnêteté, la vertu ; et de l’autre côté le ridicule, et la prétention, et la sottise, et l’hypocrisie, c’est-à-dire du côté de ceux qui se défient de la nature, qui la traitent en ennemie, et dont la morale est de nous enseigner à la combattre pour en triompher. […] Voilà les ennemis ou les adversaires de Molière, les vrais dévots, non pas les faux, ceux que l’éclat du succès de l’’Ecole des Femmes avait fait murmurer, et surtout ceux dont l’indignation et le crédit menaçaient la liberté de son art. […] On ne dira donc pas à l’homme d’essayer de s’en distinguer, mais au contraire de s’y conformer, d’en user avec elle comme les membres avec l’estomac, de se bien souvenir qu’étant en elle il ne vit que par elle, et de ne jamais enfin la traiter en puissance ennemie. […] Et puisque rien n’est plus « précieux » que de vouloir faire un sort à chaque mot, on conçoit que rien n’ait répugné davantage au grand ennemi de la préciosité. […] Molière au théâtre, à la ville et à la cour : ses ennemis et ses amis ; son ménage ; Molière et le Roi.

25. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Toutefois, étant donné la mobilité des vues du Cardinal et son goût pour s’allier avec ses ennemis quand il pouvait les espérer utiles, rien encore n’était perdu, lorsque parurent, dans le courant de cette année 1660, à Caen, deux libelles qui portaient brusquement la question devant le public : un Mémoire pour faire connaistre l’esprit et la conduite de la Compagnie establie en la ville de Caen, appellee l’Hermitage, et un Extrait d’une lettre du 25 mai 4060, contenant la relation des extravagances que quelques-uns de l’Hermitage ont faites à Argentan et à Séez, avec la sentence du lieutenant criminel du Bailliage et siège présidial de Caen portant condamnation et de deffences ausdits particuliers de s’assembler à l’avenir. […] Cet original, c’est précisément Conti, l’ancien patron, changé en irréconciliable ennemi des comédiens; Conti de qui, assurément, la personne contrefaite n’avait nul rapport avec le fier et élégant cavalier dont le charme affole les Madelons comme les Elvires, mais dont le passé moral n’avait rien à envier à celui de Don Juan. […] Dévots à la façon de Loyola, « Loyolitico more, » comme disait Guy Patin, ou à la manière de Saint-Cyran, c’est contre eux tous, sans se soucier s’ils étaient frères ennemis, que dans le Tartufe et Don Juan, Molière bataille. Ajoutons que son combat contre tous les ennemis de la « Bonne nature, » contre tous les gêneurs de celte morale humaine qu’il a toujours, dans son théâtre, prêcliée et glorifiée, fut loin d’obtenir un entier succès. […] Maurice Pellisson, 1907. p. 212 et suiv.), persuadé que la Compagnie du Saint-Sacrement est précisément et uniquement l’ennemi visé par Molière, a embrassé cette idée avec une ferveur d’adhésion puérile contre laquelle son traducteur proteste avec raison Introd., p. xii-xiv).

26. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Néanmoins, les ennemis de notre auteur et ceux de sa femme n’eurent pas honte de renouveler cette calomnie. […] Notre auteur fut sans doute fondé à croire que certains courtisans grossissaient les rangs de ses ennemis acharnés. […] Voilà les hommes que les ennemis de Molière ont voulu défendre contre ses attaques. […] C’est ainsi que les ennemis de Molière se partageaient la besogne. L’un était chargé de le poursuivre comme ennemi de la religion, l’autre comme ennemi du trône.

27. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [33, p. 62] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 559 On sait que les ennemis de Molière voulurent persuader au duc de Montausier*, renommé pas ses mœurs austères, et sa vertu sauvage, que c’était lui que Molière jouait dans le Misanthrope.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Ceux de Térence ne sont remplis que de plaintes & d’injures contre son ennemi ; aussi lui reprochoit-on, dans son temps même, qu’il n’auroit pas su de quoi remplir ses prologues, s’il n’avoit eu à se plaindre du vieux poëte. […] Nos charges nous ont rendu ennemis : j’ai toujours eu envie de perdre Tchao, mais je ne pouvois en venir à bout. […] Le prologue est une espece d’enfant perdu qu’on envoie reconnoître l’ennemi, & qui souvent en essuie le premier feu ; ou, pour parler plus clairement, c’est un petit ouvrage que l’on fait précéder la comédie, dans lequel un Auteur cherche à se rendre favorable le parterre.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

Azael reproche à Samson l’indigne repos dans lequel il languit, au lieu de tourner contre les ennemis de Dieu ces traits qu’il n’emploie que contre des animaux. […] Rends leur premiere force à mes bras désarmés : Que ma mort soit utile aux Hébreux opprimés : Anime de mes mains les secousses rapides, Que je puisse ébranler ces colonnes solides, Et que tes ennemis trouvent leurs monuments Sous ces murs écroulés jusques aux fondements. […]   Prince illustre, c’est votre épée ;   C’est le soutien de votre Etat, Et le foudre vengeur qu’en votre main terrible   Les Immortels ont mis  Pour vous rendre un Prince invincible   Et pour punir vos ennemis.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Nos ennemis éprouveront ce que peuvent les marques de distinction imaginées par un Ministre éclairé pour rapprocher le dernier des Soldats du premier des Officiers, pour lui assurer l’avantage de prouver qu’il fut utile à son pays, qu’il a marché long-temps dans le sentier de la gloire. […] On charge un Comédien de l’examiner : c’est dans ses mains que votre sort est remis ; il peut à son gré vous fermer ou vous ouvrir les premieres avenues du temple de mémoire : reste à savoir s’il est assez éclairé pour juger de l’effet que la piece peut produire au théâtre ; si elle est dans le genre qu’il aime ou qu’il protege ; s’il est lui-même votre ami ou votre ennemi ; s’il ne voudra pas favoriser un autre Auteur. […] Quels ennemis de nos plaisirs & de notre gloire pourroient donc contrarier l’établissement d’un second théâtre ?

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Tartufe joue avec tant d’adresse le rôle d’hypocrite, qu’Orgon accuse son fils d’imposture, qu’il le chasse, & que, pour punir les ennemis du saint homme, il veut non seulement lui donner sa fille, mais encore tout son bien. […] Arlequin regarde Célio avec la plus grande admiration, & lui donne les vingt sols qu’il demande ; puis faisant réflexion qu’un tel homme seroit un trésor pour lui, qui est persécuté par un très grand nombre d’ennemis, & sur-tout par Scapin qui veut lui enlever Tiennette, prend Célio à son service, & lui annonce qu’il a une servante très jolie, dont on veut le priver. […] Après avoir dit ces paroles avec une fausse douceur, il s’alla jetter, avec un zele encore plus faux, aux pieds de son ennemi, & les lui baisant, non seulement il lui demanda pardon, mais aussi il alla ramasser son épée, son manteau & son chapeau, qui s’étoient perdus dans la confusion. […] L’Imposteur de Moliere en impose à Orgon, comme l’hypocrite de Scarron en impose aux Sévillois, c’est-à-dire en renchérissant sur le mal que son adversaire dit de lui, en s’accusant lui-même d’être un misérable, en recevant les mortifications qu’on lui fait essuyer comme une punition bien due à ses fautes, en feignant de défendre son ennemi.

32.

Parmi les reproches que lui adressent ses ennemis dans les premiers temps, est précisément celui de travailler au succès de ses pièces avec trop de passion. […] C’est toujours là qu’il faut en revenir avec cet ennemi des pédants, dont le merveilleux génie est fait tout simplement de bon sens et de clarté ! […] Ajoutons, à sa décharge, qu’il ne s’agit que d’ennemis littéraires et d’hommes qui l’ont, eux-mêmes, publiquement attaqué, diffamé, odieusement calomnié. […] Mais les ennemis et les adversaires de Molière n’ont pas seuls l’honneur d’être nommés dans ses œuvres. […] Les Frères ennemis en étaient à leur douzième représentation, lorsque la troupe fut appelée à Fontainebleau.

33. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Mais quel trait de génie, de nous le présenter amoureux de la maîtresse de son fils, volé par son fils, qu’il a forcé, par l’excès, de son vice, à ne plus voir, dans cette tête sacrée du père, qu’un indigne rival avec qui toute guerre est permise, un ennemi domestique contre qui toute la maison se ligue, depuis l’héritier du nom paternel jusqu’au dernier valet de cuisine ! […] Il ne les déteste pas seulement comme fait le monde, en admettant de temps en temps une trêve à la guerre, et en signant quelque traité furtif avec l’ennemi : il les hait pour elles-mêmes, pour être honteuses et dégradantes, pour leurs suites inévitables, pour conserver à son cœur cette sensibilité de vertu qu’elles émoussent promptement ; il les hait pour sa famille, pour ses enfants et pour ses serviteurs ; il les hait pour l’honneur, et pour n’être pas réduit par elles à revêtir la robe de Tartuffe, et à se perdre absolument par l’hypocrisie, ce dernier et irréparable vice après lequel on ne peut plus se repentir. […] D’ailleurs don Juan se fait Tartuffe à la fin, et il est incrédule en médecine : c’était s’attirer trop d’ennemis à la fois.

34. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Ce peu de réussite releva ses ennemis ; ils espéraient qu’il tomberait de lui-même, et que comme presque tous les Auteurs comiques, il serait bientôt épuisé. […] Pendant ce temps-là Molière fit le dessein des Frères Ennemis ; mais le jeune homme n’avait point encore paru : et lorsque Molière en eut besoin, il ne savait où le prendre : il dit à ses Comédiens de le lui déterrer à quelque prix que ce fût. […] Toutes ces femmes, dit-il encore, en haussant la voix, sont des animaux qui sont ennemis jurés de notre repos. […] Indignés du secours qu’on venait de leur donner ils mirent l’épée à la main, courent sur leurs ennemis, les poursuivent jusques dans Hauteuil, et les voulaient tuer. […] C’étaient toujours les mêmes ennemis de Molière qui parlaient : Leur ignorance les tenait toujours dans le même genre de critique.

35. (1781) Molière (Anecdotes littéraires, historiques et critiques) [graphies originales] « MOLIERE. » pp. 41-42

Les Auteurs qu’il surpassoit, les originaux qu’il peignoit, ses camarades qu’il enrichissoit, étoient ses ennemis.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Depuis cinq ou six mois nous étions ennemis : Il passa par Poitiers, où nous prîmes querelle ; Et comme on nous fit lors une paix telle quelle, Nous sûmes l’un & l’autre en secret protester Qu’à la premiere vue il en faudroit tâter. […] Tartufe fait sa déclaration à Elmire : elle veut bien avoir la complaisance de n’en rien dire à son mari, & l’imposteur espere tout de ce silence, quand Valere, son plus mortel ennemi, sort du cabinet d’où il a tout entendu.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

J’ose penser que si le public ne croit pas dans la premiere scene voir autant le Philanthrope que le Misanthrope, ce n’est ni au titre ni à l’annonce que l’Auteur en a l’obligation : c’est encore moins à la précaution de mettre dans la bouche d’Alceste des raisons triomphantes & de faire de Philinte un sot ; de bien plaider la cause du Misanthrope, de mal plaider celle du prétendu Philanthrope ; mais à l’adresse de différencier les deux rôles sans les faire contraster, puisqu’Alceste est l’ennemi déclaré du genre humain, & que Philinte, loin d’être l’ami déclaré des hommes, les plaint sans les aimer, souffre leurs défauts uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & l’impossibilité de les rendre meilleurs. […] D’ailleurs, loin de penser que Moliere soit l’ami des contrastes, je l’en crois l’ennemi capital ; du moins ai-je de la peine à trouver un contraste parfait dans une seule de ses pieces à caractere.

38. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [31, p. 59-61] »

À la première représentation, après la lecture du sonnet d’Oronte, ainsi conçu : L’espoir, il est vrai, nous soulage, Et nous berce un temps notre ennemi, Mais, Philis, le triste avantage, Lorsque rien ne marche après lui !

39. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [93, p. 136-138] »

Il s’éleva contre cette comédie des ennemis d’une nouvelle espèce, et mille fois plus dangereux que les Saumaize*, les Boursault* &c.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

A peine est-elle en âge d’être mariée que son ennemi projette de l’unir à son fils, pour lui assurer des droits au trône. […] Il faut se tenir ferme, observer exactement les mouvements de son ennemi, & se gouverner par les yeux & non par l’opinion. […] Que veux tu que je te dise, Princesse infame, qui déshonores le trône où tu es née ; épouse corrompue, amante sacrilege, ennemie de ta propre gloire ; en un mot, femme que le crime & la noire perfidie accompagnent sans cesse ? […] je convaincrai toute la Cour de l’innocence de Delmire, & de l’injustice des soupçons extravagants de Rodrigue : je m’éloignerai pour jamais de toi ; je te fuirai comme le plus cruel ennemi de ma gloire, comme le monstre le plus odieux ; je détournerai mes yeux des endroits où tu seras, & ceux où tu ne seras pas seront les plus agréables pour moi.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

Vous, que la nature a doué d’un génie souple, adroit, capable de se replier en cent façons différentes, d’un esprit assez preste pour bouleverser les affaires les mieux établies en apparence, & pour les renouer quand elles paroissent désespérées, dédaignez les clabauderies des ennemis de ce genre.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Je vais mettre sous les yeux du lecteur tout ce que les ennemis & les défenseurs outrés du monologue disent pour & contre ; je risquerai mon sentiment sur les raisons que les uns & les autres porteront, & le public décidera. […]   Il dit moins qu’il ne fait, Madame,   Et fait trembler les ennemis.

43. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [36, p. 64-67] »

204 Votre prudence est endormie De traiter magnifiquement, Et de loger superbement Votre plus cruelle ennemie.

44. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

D’ailleurs il avait été trop attaché à la famille du connétable de Luines, pour n’être pas ennemi du cardinal de Richelieu. […] Sur les prétentions que les ennemis du connétable attribuaient au baron de Modène, et sur la manière dont le connétable fit donner à son oncle la grande prévôté de l’hôtel, voyez le Recueil des pièces les plus curieuses faites pendant le règne du connétable M. de Luynes.

45. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Tels sont ceux des trois comédies des Illustres Ennemis, qui parurent presque en même temps. […] Mais il est certain qu’on n’en peut juger de cette sorte sans prendre le nœud pour le dénouement ; et si je puis me servir de l’exemple d’Héraclius, tout ce qui se passe avant le quatrième acte ne tient lieu que de préparatifs pour mettre Phocas entre deux princes, dont il sait que l’un est son fils, et l’autre celui de Maurice, sans qu’il puisse connaître lequel des deux est l’ennemi dont il a juré la perte, et c’est ce qui en fait le nœud. […] Cet auteur était ennemi secret des grands hommes de son siècle, et jamais il n’a parlé de Molière, de MM.  […] Cette pièce enfin a tant fait de bruit que les ennemis même de Molière ont été contraints de publier ses louanges, mais non pas sans faire connaître par leurs discours qu’ils ne le faisaient que de peur de passer pour ridicules.

46. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Armande faisait la princesse, une sorte de Diane farouche, ennemie de l’amour, mais qui ne tarde pas à s’humaniser en faveur du prince d’Ithaque, Euryale, un Hippolyte promptement revenu, lui aussi, de son orgueilleuse froideur. […] Possédée contre Armande d’une haine féroce, haine de femme et de comédienne, elle n’a qu’un but qui est de la rendre odieuse ; ce qu’elle sait des actions de son ennemie, elle le dénature, ou, tout au moins, l’exagère ; ce qu’elle ne sait pas, elle l’invente. […] Ainsi, la médisante ennemie a eu la main malheureuse ; entre les grands seigneurs célèbres à la cour par leurs aventures galantes, elle a choisi trois des plus connus, se disant que, dans la foule de leurs maîtresses, une de plus passerait sans difficulté ; mais elle savait mal ce monde-là et son ignorance l’a trahie. […] Ce fut le 16 juillet 1676 que l’ennemi de Lulli lança le factum où elle était si maltraitée. […] Si elle eût été la femme absolument décriée que disent ses ennemis, aurait-elle obtenu réparation aussi complète ?

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Il a laissé par-là à l’Auteur qui traiteroit le Misanthrope par air, les grandes beautés que le caractere présente d’abord, & que les autres nations n’ont pas dédaignées quand elles ont peint leur Misanthrope haïssant le genre humain parcequ’il en avoit éprouvé des noirceurs, & distribuant un trésor à deux armées ennemies pour leur fournir le moyen de s’égorger61. […] Thalie doit attaquer seulement les ennemis qu’elle peut terrasser, & non ceux qui ont droit de lui imposer silence. […] il la pousse encor plus loin peut-être ; Et je n’en serois point surpris... car les noirceurs Qu’il essuya jadis de la part de ses sœurs, De tous ses obligés l’ingratitude extrême,   De ses ennemis les fureurs,   La perfidie & les horreurs  De ses amis... j’entends des gens qu’on aime, Enfin des trahisons de toutes les couleurs...

48. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Celui que Molière attaqua dans les Précieuses fut anéanti ; mais l’ouvrage survécut à l’ennemi qu’il combattait. […] Cotin, le protégé de l’Hôtel de Rambouillet, comblé des grâces de la Cour ; Boursault, qui força Molière de faire la seule action blâmable de sa vie, en nommant ses ennemis sur la Scène ; Montfleuri qui, de son temps, eut des succès prodigieux, qui se crut égal, peut-être supérieur à Molière, et mourut sans être détrompé : tous ces hommes et la foule de leurs protecteurs avaient triomphé de la chute de D.  […] Forcés de renoncer à cette espérance, ses ennemis voulurent lui ôter l’honneur de ses plus belles Scènes, en les attribuant à son ami Chapelle : artifice d’autant plus dangereux, que l’amitié même, en combattant ces bruits, craint quelquefois d’en triompher trop complètement.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Il faut rendre justice aux ennemis que l’aparté a dans ce siecle : ils ont lu ce qu’ils disent dans de fort gros livres, & ils le répetent sans malice comme sans réflexion. […] Si je n’avois pas d’armes assez fortes pour combattre les ennemis des aparté, je pourrois alléguer que le spectateur va à la comédie dans le dessein de se prêter aux aparté, ainsi qu’aux différentes illusions qu’il est obligé de se faire pour sa propre satisfaction ; comme de prendre une toile pour une ville, pour un jardin, pour un palais magnifique ; une actrice vieille & laide pour Vénus, ou l’une des Graces ; un tel comédien pour un héros en tendresse, en délicatesse, en bravoure ; & Mademoiselle une telle pour une Agnès, tandis que, malgré son énorme panier, nous voyons clairement le contraire.

50. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Les mêmes motifs concoururent à conduire chez elle et à réunir dans sa société celles des personnes de son rang, qui étaient ennemies comme elle du désordre et des intrigues. […] C’était sous l’influence de l’heureux besoin dont les esprits étaient alors pressés, que s’ouvrait l’hôtel de Rambouillet aux gens de la cour ennemis des scandales, aux gens du monde poli de la capitale, aux gens de lettres de profession, aux esprits cultivés de toutes les classes ; c’était par cet intérêt que les femmes les plus distinguées y étaient amenées et reçues avec des hommes d’élite, par une des plus belles, des plus jeunes, des plus riches et des plus respectables femmes de la cour.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Il est si difficile de s’approprier les idées d’autrui, de les revêtir de couleurs propres à son sujet & à son pays, que je ne comprends pas pourquoi quelques Auteurs modernes, loin d’avouer qu’ils ont imité tel Romancier ou tel Auteur comique, s’en défendent au contraire comme d’un crime énorme, & regardent comme autant d’ennemis les personnes qui découvrent les sources où ils ont puisé.

52. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Il y a bien une dizaine d’abbés à l’Académie, et quelques évêques ; cela, d’ailleurs, ne semble pas suffire… aux abbés ; et l’un deux, le d’Aubignac, si fort ennemi de Corneille, vient d’en fonder une autre, l’académie des Allégoristes ; elle se réunit chez l’abbé de Villeserain ; les dames y sont admises. — Il y a une troisième académie, celle de Danse ; elle a été fondée par le roi même, pour remédier aux abus introduits dans l’art par les désordres et la confusion des dernières guerres ; abus capables de porter ledit art à une ruine irréparable. […] … — Je crois Molière honnête homme, et il a des ennemis. […] L’Impromptu de Versailles, du moins, nous est resté, cet impromptu, où, mettant brave ment les coulisses sur la scène et se livrant tout entier, poitrine ouverte, il fit si rude guerre à ses ennemis, osa parodier ses sacrosaints confrères et proclama, si haut et si fier, la supériorité de son art. […] Il faudra lui faire jouer la pièce ; il y a de quoi grossir son répertoire, et j’espère que ce jour-là, quoique ennemi du genre, M, Sarcey ne dédaignera pas de lui prêter l’oreille. […] cette idée étrange, émise par un ennemi de Molière dans un des plus sots pamphlets dialogues qu’ait fait éclore l’École des Femmes, cette idée a été reprise plus tard par des gens qui se disent ses admirateurs ; et tandis que le sieur Robinet en prenait texte pour reprocher à Molière de ne pas savoir son métier, ces amis de Molière en prétendent, au contraire, tirer parti pour le faire admirer davantage. — D’après eux, le comble du génie, pour un poète comique, c’est de faire pleurer ; pour un auteur tragique, c’est probablement de faire rire.

53. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Le Misanthrope valut à Molière un témoignage d’équité beaucoup plus flatteur de la part d’un ennemi bien autrement considérable que de Visé. […] Lucien, empruntant la fable du Plutus d’Aristophane, fit de ce Timon, véritable ennemi des hommes, le héros d’un de ses meilleurs dialogues : c’était déjà, peu s’en fallait, en faire un personnage de comédie. […] On a des raisons de croire que l’auteur de ce ballet, Benserade, voyait déjà Molière d’un œil jaloux et malveillant ; mais, plus fin courtisan qu’habile poète, il crut devoir flatter, dans le rival qui lui faisait ombrage, l’homme qui savait amuser son maître et punir ses ennemis.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. M. ROCHON DE CHABANNES. » pp. 381-412

Le pressentiment confus de cette jolie petite créature qui badine à une toilette, qui se caresse, qui se mire, qu’elle va peut-être dans deux mois se précipiter à travers les batteries sur un escadron ennemi, ou grimper comme un grenadier sur une breche minée ; ce pressentiment donne aux gentillesses d’un petit-maître un caractere de merveilleux qui étonne & qui attendrit : mais la fatuité ne sied qu’à la jeunesse militaire. […] Je viens vous dire mes adieux, ma belle Cousine ; je pars ; nous allons nous voir de près avec l’ennemi. […]  Ce seroit une bonne affaire ;  Car moins de gens, moins d’ennemis.

55. (1882) M. Eugène Sauzay et Molière (Revue des deux mondes) pp. 207-209

Aussi Noverre ne s’y trompait pas lorsqu’il écrivait dans ses Lettres sur la danse : « Dussé-je me faire une foule d’ennemis sexagénaires, je dirai que la musique dansante de Lulli est froide, langoureuse et sans caractère. »À la vérité, le grand roi n’aimait et ne voulait que cette danse emperruquée ; à ses yeux comme à ses oreilles, un seul genre était bon : le genre ennuyeux.

56. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Je couche d’un revers mille ennemis à bas. […] Garde de Navarre, espèce de tragicomédie, mauvais genre qui était fort à la mode, et qu’il eut la faiblesse d’essayer, parce que ses ennemis lui avaient reproché de ne pas savoir travailler dans le genre sérieux. […] Molière se vengea en peintre : il s’amusa à dessiner ses ennemis et fit rire de leur portrait. […] Il est vrai que les ennemis de Molière lui en avaient donné l’exemple; mais il n’était pas fait pour le suivre. […] Est-ce encore le bon sens, est-ce la morale, est-ce la probité qui engage cette dispute, dont tout le fruit est un éclat fâcheux, et l’inconvénient de se faire un ennemi gratuitement?

57. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Le dix-septième et le dix-huitième siècle sont remplis de la querelle des anciens et des modernes, qui ne fut, je le soupçonne, si acharnée et si longue que parce que c’était une lutte de frères ennemis. […] Ici nos gens se campèrent ; Et l’espace que voilà, Nos ennemis l’occupèrent. […] Des combattants pressés l’haleine âpre, enflammée, N’est, qu’un nuage épais de sang et de fumée Où la Mort s’enveloppe et pousse l’ennemi Pied à pied. […] Ne pouvant écrire que des comédies sans portée, il se serait peut-être livré avec succès à son goût naturel pour la tragédie ou pour la philosophie ; mais il n’aurait fait ni L’École des femmes, ni Tartuffe, ni Don Juan, et ses ennemis l’auraient certainement assommé avant qu’il eût osé Le Misanthrope. […] Comme Mégabate est fort juste, il est ennemi de la flatterie ; il ne peut louer ce qu’il ne croit point digne de louanges, et ne peut abaisser son âme à dire ce qu’il ne croit pas, aimant beaucoup mieux passer pour sévère auprès de ceux qui ne connaissent point la véritable vertu, que de s’exposer à passer pour flatteur.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Mais il eut le bon esprit, dès son entrée dans le monde, d’être simple et naturel avec les personnes qu’il savait être ennemies du bel esprit et des pointes, sauf à se dédommager avec les autres.

59. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Poètes satiriques l’un et l’autre, il leur importait d’être défendus contre les ennemis qu’ils se faisaient, et protégés, non par le pouvoir royal, mais par l’approbation d’un prince dont le règne brillant dominait l’opinion générale, et faisait une mode de tout ce qui était de son goût.

60. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Supposé que ces deux illustres soient devenus Ennemis, il est certain qu’ils étoient reconciliez en 1665. lorsque Mr.  […] Toutes ces femmes, dit-il encore en haussant la voix, sont des animaux qui sont ennemis jurez de nôtre repos. […] Indignés du secours qu’on venoit de leur donner, ils mirent l’épée à la main, courent sur leurs ennemis, les poursuivent jusques dans Hauteüil, & les vouloient tuer. […] D’un autre côté Moliere n’osoit pas trop en donner la clé de peur de s’atirer des ennemis trop puissans. […] Mon pauvre Moliere, répondit Chapelle, tous ces ennemis seront mes amis dès que je voudrai les estimer, parce que je suis d’humeur & en état de ne les point craindre.

61. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Racine eut moins d’ennemis, mais il eut autant de mauvais juges de ses ouvrages. […] Molière ne fut pas seulement en butte aux Tartuffes, il avait encore pour ennemis beaucoup d’Orgons, gens impies et faciles à séduire, les vrais dévots étaient mêmes alarmés, quoique l’ouvrage ne fût guère connua, ni des uns ni des autres. […] « Je me soucierais fort peu de tout ce qu’ils peuvent dire, si ce n’était l’artifice qu’ils ont de me faire des ennemis que je respecte, et de jeter dans leur parti de véritables gens de bien, dont ils préviennent la bonne foi ; et qui, par la chaleur qu’ils ont pour les intérêts du ciel, sont faciles à recevoir des impressions qu’on veut leur donner. […] « [*]Molière, ayant opposé la protection et le zèle de ses amis aux cabales naissantes de ses ennemis, obtint du roi une permission verbale de jouer Le Tartuffe. […] Tout le monde lui fit compliment sur ce succès ; ses ennemis même lui en témoignèrent de la joie, et étaient les premiers à dire que Le Tartuffe était de ces pièces excellentes qui mettaient la vertu dans son jour.

62. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Le respect du roi très chrétien pour la religion et le soin de sa gloire que Bossuet avait réveillés, s’accroissaient à mesure que l’ardeur de l’amant satisfait diminuait ; et ce qu’écrit à ce sujet madame Scarron à madame de Saint-Géran, indique qu’elle connaissait le point par où le crédit de son ennemie était attaquable et peut-être le cœur du roi accessible.

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