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22. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

On s’accorde à voir dans le personnage d’Alceste le duc de Montausier ; dans Oronte, bel esprit qui fait de mauvais vers, le duc de Saint-Aignan, que madame de Sévigné appelait le paladin par éminence, et qui était le grand ami de madame de Scudéry.

23. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Il y séjourna pendant l’été, et après quelques voyages qu’il fit à Paris secrètement, il eut l’avantage de faire agréer ses services et ceux de ses camarades à Monsieur, (frère unique de Sa Majesté) qui, lui ayant accordé sa protection, et le titre de sa Troupe, le présenta en cette qualité au roi et à la reine mère. […] La salle du Petit-Bourbon lui fut accordée, pour y représenter la comédie alternativement avec les comédiens italiens. […] La salle du Petit-Bourbon ayant été démolie vers la fin d’octobre 1660, le roi accorda à Molière et aux comédiens italiens la salle que le cardinal de Richelieu avait fait bâtir dans son palais. […] Ribercourt répond, et les juges lui accordent sa demande.

24. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Ils attendent justement que le monarque les distingue, c’est alors la suprême faveur, et, il faut bien le dire, qu’il leur accorde une pension qui leur est presque toujours nécessaire pour vivre philosophiquement. […] On a accordé d’abord que la pièce ne manquait pas de qualités ; qu’elle avait bien certainement de bonnes parties. […] J’ai entendu bien des fois reprocher à Molière cette protection que le roi lui accordait et qui lui a coûté peut-être quelques sacrifices.

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Il dit à Desronais qu’il faut se défier des femmes, que leur cœur est changeant ; lui fait naître des soupçons sur la constance de son amante, & lui promet de la lui accorder, si elle y consent. […] Dupuis dit malignement à sa fille que ne pouvant accorder ses deux amants, il ne veut faire du tort à aucun, & qu’elle restera fille jusqu’à ce qu’elle puisse disposer de sa main par elle-même. […] Ceux-ci parlent, en attendant, de leurs amours : Sophie fait entendre qu’elle a tout accordé au Chevalier : il est honnête homme, & n’en desire que plus d’être uni à sa généreuse amante ; il se jette à ses pieds pour l’en assurer.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Quelques valets d’Eraste entendent les projets du tuteur, fondent sur lui : leur maître se trouve là très à propos pour sauver les jours de son ennemi, qui, vaincu de son côté par cette action généreuse, lui accorde la main d’Orphise. […] Orphise toutefois, malgré son désaveu, Daigne accorder ce soir une grace à mon feu ; Et j’ai fait consentir l’esprit de cette belle A souffrir qu’en secret je la visse chez elle.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Euclion accorde sa fille à un homme très âgé qui la lui demande en mariage, à condition qu’il la prendra sans dot. […] Valere, aimé d’Elise, s’introduit chez Harpagon, pere de sa maîtresse, à titre d’intendant : il prêche sans cesse l’économie, pour flatter l’humeur avare d’Harpagon, qui lui accorde toute son amitié ; mais, en revanche, Maître Jacques, cocher & cuisinier de la même maison, a pour lui la plus grande haine. […] je franchis le pas ; & je vous prie de m’accorder mademoiselle votre fille en mariage. […] A la fin m’accordez-vous votre fille ?

28. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

On lui accorda ensuite celle du palais royal, où il joua ses comedies en 1660.

29. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Molière voulut bien lui accorder ce qu’elle lui demandait. […] Sa Majesté voulut bien la lui accorder ; mais elle lui dit en même temps qu’il ne fallait pas espérer de retour. […] Le roi le lui accorda. […] Il fut le premier à qui on accorda la pension de 1000 livres. […] Ajoutons ici que le roi fit donner au prélat les ordres nécessaires pour que la sépulture fût accordée.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Une jeune fille ayant été un an durant fiancée avec un jeune homme de fort bonne volonté, il la sollicita plusieurs fois durant cette année de vouloir contenter ses desirs, & de mettre à fin leur mariage, dont quelques obstacles retardoient l’accomplissement en ce qui est des cérémonies de l’Eglise ; mais cette jeune fille, sourde à toutes ses prieres, ne lui voulut rien accorder, quoiqu’elle en fût tous les jours extrêmement importunée, dont le jeune homme se réjouissoit en lui-même, croyant que ce refus procédoit d’une grande retenue & honnêteté qu’il estimoit être en elle. […] m’amie, c’est à ce coup que je vous tiens, & que vous ne sauriez plus me refuser ce dont il y a si long-temps que je vous importune : maintenant que je suis en plein pouvoir, & qu’il n’y a plus de moyen de s’en dédire, je vous veux franchement avouer que vous avez très bien fait de ne m’avoir rien voulu accorder auparavant notre mariage, & que je ne le faisois que pour vous éprouver ; car si vous eussiez été facile pour condescendre à ma volonté, je vous proteste que je ne vous aurois jamais épousée.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

« Dimanche prochain nous nous acquittons, pour la premiere fois, d’une chose qu’on s’accorde à regarder comme un devoir. […] Il est enfin contraint de céder à son ami, & d’épouser Flaminia, qui lui est accordée par son pere.

32. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Elle en avait besoin pour se défendre des jalousies de la favorite, si la bienveillance que le roi lui accorderait venait à l’exciter. […] Tous les biographes81 s’accordent, avec raison, à dire, d’après la correspondance de madame de Maintenon, que, « parvenue aux grandeurs, elle se trouva si importunée des respects que son nouvel état inspirait au directeur, qu’elle crut devoir donner sa confiance à un autre ».

33. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Après quatre ou cinq années de succès dans la Province, Moliere quitta le Languedoc avec l’agrément du Prince de Conti, & amena sa Troupe à Paris : Monsieur, frere unique du Roi, lui accorda sa protection, eut la bonté de le presenter au Roi & à la Reine sa mere, & permit à sa Troupe de prendre le nom de Comédiens de Monsieur ; il lui donna le Théatre du petit Bourbon, & peu de tems après celui du Palais Royal. Le Roi content de Moliere & des Spectacles qu’il faisoit representer par sa Troupe, en fit ses Comédiens, & leur accorda une pension de sept mille livres.

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Le Docteur somme Magnifico de lui rendre les quatre mille écus avec les intérêts ; mais tout s’accorde à l’amiable. […] Non, non, n’en faites rien, ma foiblesse est trop grande ; J’aurois peur d’accorder trop tôt votre demande. […] vous ne pouvez pas trop tôt me l’accorder, Ni moi, sur cette peur, trop tôt la demander.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Point du tout : quand il est enchaîné, les Nymphes malignes s’amusent à lui faire des agaceries, & à lui accorder de petites faveurs que ses chaînes rendent bien cruelles, & qui ne peuvent que donner de l’humeur au petit libertin.

36. (1696) Molière (Les Hommes illustres) « JEAN-BAPTISTE POQUELIN. DE MOLIERE. » pp. 79-80

Molière avait remarqué que les Français avoient deux défauts bien considérables ; l’un, que presque tous les jeunes Gens avoient du dégoût pour la Profession de leurs Pères, et que ceux qui n’étaient que Bourgeois voulaient vivre en Gentilshommes et ne rien faire ; ce qui ne manque point de les ruiner en peu de temps ; et l’autre, que les femmes avaient une violente inclination à devenir, ou du moins à paraître Savantes, ce qui ne s’accorde point avec l’esprit du ménage, si nécessaire pour conserver le bien dans les familles.

37. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Le Roi admira ce sentiment généreux, et accorda la pension de 6,ooo livres à la troupe entière, dont elle a toujours joui, et qui fut augmentée à la jonction des troupes vers 1680, à 12,000 livre‌s3. […] Elle avoit quitté la comédie lors de la jonction des troupes ; il lui fut accordé une pension de 1,000 livres par le Règlement de 1681. […] Elle avoit quitté la Comédie lors de la jonction des troupes, et il lui fut accordé 1,000 livres de pension annuelle lors du Règlement fait le 12 avril 1679‌ 196. […] Cet établissement hors du royaume dudit Josias, aîné et chef de la famille, saisi et en la possession de tous les titres justificatifs de leur noblesse, a réduit jusqu’à présent ledit supliant dans l’impossibilité de leur représentation par devant lesdits sieurs commissaires : requeroit le supliant à ce que, attendu qu’il ne peut abandonner le service de Sa Majesté que dans la mi-carême prochain, il plût à Sa Majesté lui accorder un délai d’un an pour raporter par devant lesdits sieurs commissaires les titres justificatifs de sadite noblesse, etc. […] On lui donna sa retraite à Pâques 1679 : on ne voulut lui accorder que 750 livres de pension.

38. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Il fait dire à Molière en Languedoc qu’il est passable Auteur : il lui fait souhaiter de venir à Paris, parce qu’il se sentait assez de forces pour y soutenir un Théâtre Comique : et lorsqu’il y est arrivé, il se défie de lui, mal à propos ; puisque c’est après avoir plu au Roi ; après que sa Majesté lui eut accordé le Petit-Bourbon pour jouer la Comédie. Franchement ces deux sentiments ne s’accordent pas bien ; je veux croire aussi qu’ils sont échappés à l’Auteur ; et à l’insu de la vérité, qui a oublié de le guider en cet endroit.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Don Lope reproche à Jacinthe sa légéreté : mais c’est à tort, puisqu’elle n’accorde sa main qu’afin de pouvoir poignarder son indigne époux. […] Thowart trouve, dit-il, un bon expédient pour accorder l’honneur de son ami avec la jouissance de Fanni : il lui conseille de ne faire avec elle qu’un mariage simulé, qu’il pourra rendre plus valable si sa passion subsiste après le bonheur.

40. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Il lui accorda jusqu’à la fin de ses jours une faveur spéciale, et dans les infortunes conjugales qui marquèrent la vieillesse du bouffon, le roi intervint par toutes sortes de lettres de cachet et prêta complaisamment au mari offensé les secours de sa souveraine puissance. […] Et je m’assure que, si vous m’accordez votre protection, les arguments de tous ces vieux porteurs de calottes et de lunettes ne me feront jamais répondre un seul mot à propos.

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

En effet, ce n’était pas une vaine et frivole distinction accordée à la vanité ; c’était un baptême nouveau qui, mettant en oubli un nom sous lequel elle pouvait se plaindre d’avoir souffert des humiliations, pour lui en donner un autre, annonçait le dessein de faire d’elle, ou plutôt que le roi voyait déjà en elle une autre personne sous cet autre nom et marquait l’époque d’une existence plus élevée. […] Cela est plaisant, que tous les intérêts de Quanto et toute sa politique s’accordent avec le christianisme, et que le conseil de ses amis ne soit que la même chose avec celui de M. de Condom (Bossuet).

42. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La salle du Petit-Bourbon fut accordée aux comédiens pour y jouer alternativement avec les Italiens. […] Le roi accorda à la troupe de son comédien favori la salle de théâtre du Palais-Royal, où le cardinal de Richelieu avait autrefois fait représenter ses propres tragédies et fait parodier Le Cid de son rival Corneille. […] Sachons gré à Louis XIV d’avoir laissé jouer Tartuffe, mais ne lui en accordons pas trop le mérite. […] Tous les contemporains, voire les ennemis, s’accordent à reconnaître que Molière fut un comédien excellent. […] (Voir aux Documents le Privilège accordé aux Pygmées par le grand Roi. — Cette pièce intéressante est inédite.)

43. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

On lui accorda ensuite celle du palais royal, où il joua ses comédies en 1660.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Sa confidente lui dit que Don Garcie sera moins jaloux dès qu’il aura reçu la lettre où Dona Elvire l’assure de la préférence qu’elle lui accorde sur son rival : la Princesse change d’avis, aime mieux faire cette confidence de vive voix. […] Il demande pardon de ses emportements ; on ne veut pas le lui accorder. […] Rodrigue reconnoît son erreur : il demande pardon ; on le lui accorde.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Pierrot raconte à Charlotte son accordée, qu’il a rétiré de l’eau Don Juan & son valet. […] Don Juan appelle Patricio, lui dit en confidence qu’il connoît depuis long-temps Aminta son accordée, qu’il a souvent joui d’elle. […] Elle refuse quelque temps, & finit par lui accorder sa demande : mais le Duc ne profite pas de la permission ; c’est Don Juan qui, à la faveur de l’obscurité, s’introduit dans l’appartement d’Isabelle sa cousine, passe quelque temps avec elle, & veut se retirer ensuite.

46. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Molière voulut bien lui accorder ce qu’elle lui demandait. […] bien, lui dit Molière, c’est une chose faite, le Roi vient de m’accorder un ordre pour vous ôter de la Troupe où vous êtes. […] Germain supplier sa Majesté de lui accorder cette grâce, et l’ordre avait été expédié sur-le-champ. […] Sa Majesté voulut bien la lui accorder ; mais elle lui dit en même temps qu’il ne fallait pas espérer de retour. […] Le Roi le lui accorda.

47. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Il est assez remarquable que ces critiques sans ménagement pour l’Hôtel de Rambouillet, et qui s’accordent à lui imputer Je mauvais goût et les mœurs hypocrites d’une partie du siècle de Louis XIV, font cependant concourir, par une contradiction bizarre, plusieurs causes étrangères au règne de ces deux calamités.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

C’est le privilege exclusif accordé à une seule troupe sur les choses les plus libres, les plus franches, les plus respectées chez toutes le nations, c’est-à-dire, le plaisir du public, les talents & le génie. […] Qu’on n’accorde aucun privilege aux Directeurs, aux Actionnaires de Province, qu’en les soumettant à payer la part d’Auteur durant les trois premieres représentations de toutes les nouveautés : qu’y perdront-ils ?

49. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Le caractère français, qui se plie à toutes les variations de la mode, ne peut guère s’accorder avec l’originalité bizarre à laquelle s’abandonnent certains individus dans les pays où le bon ton, en décidant de tout, ne rend pas tout uniforme. […] Ce n’est que pour montrer combien l’inobservation de certaines vraisemblances nuit peu aux plaisirs du théâtre, que je remarque ici toute la liberté que Molière s’est accordée dans le choix du lieu de la scène. […] Ce fut assez longtemps après la mort de Molière que parut Regnard, à qui l’on accorde d’ordinaire le second rang parmi les comiques français. […] Je ne parlerai pas des défauts qui proviennent de la musique ; de la monotonie du récitatif, des tours de force des chanteurs et de la difficulté d’accorder la langue française avec la composition musicale, pour peu que celle-ci s’élève au-dessus des légères modulations de l’antique romance ; c’est aux connaisseurs en musique à prononcer sur ces différents points.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Enfin je vois qu’il faut se résoudre à céder, Qu’il faut que je consente à vous tout accorder, Et qu’à moins de cela je ne dois point prétendre Qu’on puisse être content & qu’on veuille se rendre.

51. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

J’accorderai, si l’on veut, que Molière ait pu jusque-là faire violence à sa modestie ordinaire ; mais, quelque désir qu’il ait eu de se déguiser, je ne concevrai jamais qu’il ait eu le pouvoir de rendre son style méconnaissable au point où il le serait dans l’écrit qu’on lui veut attribuer. […] Cette permission lui fut enfin accordée, et, le 5 février 1669, Le Tartuffe eut sa seconde représentation publique qui fut suivie de quarante-trois autres sans interruption. […] À la vérité, on trouve dans Horace cette peinture d’un faux dévot de l’ancienne Rome : « Cet homme vertueux sur qui tous les yeux sont attachés, soit dans les places publiques, soit dans les tribunaux, toutes les fois qu’il apaise les dieux par le sacrifice d’un porc ou d’un bœuf, ne manque pas d’élever la voix en invoquant Apollon ou Janus ; puis, marmottant tout bas en homme qui craint d’être entendu : Belle Laverne, dit-il, accordez-moi la grâce de duper tous les yeux, de passer pour un homme juste, irréprochable ; enveloppez mes fraudes d’une nuit profonde, couvrez mes fourberies d’un nuage favorable. » À ces traits, il est difficile de méconnaître l’hypocrisie religieuse, l’hypocrisie de dévotion.

52. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Une fois ce point accordé, il nous sera plus facile, à notre tour, de faire des concessions sur la manière dont Molière défend les deux thèses cartésiennes dont nous avons parlé. […] Or, ce reproche ne manquait pas d’une certaine gravité; car de plus en plus, à notre époque, l’auteur de la Méthode passe pour avoir eu non-seulement en métaphysique, mais en physique aussi, le regard autrement pénétrant que son adversaire, et l’heure ne semble pas éloignée où tout le monde s’accordera pour saluer en lui un des fondateurs des sciences modernes (45). […] Il faudrait s’étonner du contraire. — Et cet aveu ne s’accorde pas mal avec le peu de respect que nous avons vu Molière témoigner pour certaines parties du système gassendiste.

53. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Alors, plus régulière dans sa marche, la comédie s’attacha uniquement à scruter profondément notre cœur, à en sonder les replis, et à provoquer le rire par la peinture exacte et véridique des vices, des ridicules qui influent sur toute notre existence, nous font envisager les objets sous un point de vue absolument faux, égarent notre jugement, et nous empêchent souvent de jouir du bonheur que le sort nous avait accordé. […] Le tact que la nature lui avait accordé s’est trouvé émoussé ; il n’a pu le remplacer par la lecture, la méditation de ces auteurs qui, au-dessus des mœurs, des usages des nations, ont peint, ont représenté la nature telle qu’elle est, et ont écrit pour tous les temps.

54. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

« Le goût pour les spectacles était presque général en France, depuis que le cardinal de Richelieu avait accordé une protection distinguée aux poètes dramatiques. […] Molière une occasion nouvelle d’avoir recours aux bontés du roi, qui lui accorda la salle du Palais-Royal, où M. le cardinal de Richelieu avait donné autrefois des spectacles dignes de sa magnificence. […] D’ailleurs, une critique trop sévère ne s’accorde guère avec l’intérêt d’une troupe que la gloire seule ne conduisit pas, et qui ne jugeait du mérite d’une comédie que par le nombre des représentations et par l’affluence des spectateurs. […] Pendant ce séjour qui dura tout l’été, Molière fit plusieurs voyages à Paris, pour se préparer une entrée chez Monsieur, qui, lui ayant accordé sa protection, eut la bonté de le présenter au roi et à la reine mère. » [*]. […] Mais Molière, qui était ferme dans ses résolutions, leur dit que puisque le roi avait daigné leur accorder cet ordre, il fallait en presser l’exécution jusqu’au bout, si Sa Majesté le jugeait à propos : et je pars dans ce moment, leur dit-il, pour l’en informer.

55. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Jadis tes ennemis, dévotement profanes, Te repoussant loin d’eux comme un de ces maudits Qu’une austère consigne exclut du Paradis, D’une tombe à regret t’accordèrent l’aumône, Tandis que le Seigneur, qui juge et qui pardonne, Tel qu’un père indulgent t’accueillait dans ses bras, Et réparait là-haut tes affronts d’ici-bas.

56. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

À l’exception du dénoûment, qui est une nécessité, il n’y a pas une scène qui ne s’accorde avec les idées communes.

57. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Enfin, c’est se laisser aller à l’imagination, faculté dominante des poètes, qui n’accorde pas toujours à la réflexion la liberté de se mettre sur ses gardes.

58. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Elle ne pouvait se dissimuler que l’éducation donnée à ses enfants, par madame Scarron, avait contribué, dans l’esprit du roi, à la faveur qu’il leur accordait ; elle devait donc de la reconnaissance à la gouvernante qui plaisait trop au roi.

59. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Si cette détestable leçon était donnée d’une manière formelle, peut-être serait-elle moins démoralisatrice ; mais grâce aux ridicules d’avarice, d’égoïsme, de routine, d’abus d’autorité attribués libéralement aux vieillards ; grâce aux qualités de cœur accordées surabondamment aux jeunes gens, il n’y a rien qui choque, à première vue, dans cette continuelle révolte des cheveux blonds contre les cheveux blancs : la raison, la morale même semble l’approuver ; et de là sort enfin une telle habitude de dénigrement pour l’autorité paternelle,.qu’on doit peut-être attribuer à Molière une part de notre Révolution dans ce qu’elle a eu de plus mauvais, une part dans l’opposition systématique aux droits du père qui règne jusque dans nos codes actuels. […] Jourdain, qui, avant de lui accorder sa fille, lui demande s’il est gentilhomme : Monsieur, la plupart des gens, sur cette question, n’hésitent pas beaucoup ; on tranche le mot aisément.

60. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Ce fut alors que le mot de précieuses commença à trotter dans toutes les bouches, chacun le prenant dans le sens qui s’accordait avec l’idée qu’il avait des personnes. […] Il n’importe ; votre vertu n’est point farouche, et jamais personne n’a mieux accordé Dieu et le monde que vous ne faites. » Le 26 juillet 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Hier, comme j’étais toute seule dans ma chambre avec un livre précieusement à la main… » Le 21 octobre suivant, elle écrit à sa fille : « L’honnêteté et la préciosité de mon long veuvage… » La langue, le bon sens et madame de Sévigné s’accordent très bien à consentir que précieuse soit entendu par la bonne compagnie comme signifiant qui a du prix, du mérite, de la valeur, et par opposition aux femmes communes, sans valeur et sans mérite, de toutes les conditions.

61. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Les mœurs étaient alors très diverses, de province à province, et les ridicules, par conséquent, étaient plus apparents ; ils devaient être particulièrement frappants, surtout, lorsqu’on les rencontrait, comme Molière dut le faire, chez les magistrats de petites villes qui refusaient ou accordaient l’autorisation de donner la comédie, qu’il fallait flatter, puisque la vie matérielle et le succès de la troupe dépendaient de leur bon plaisir. […] Les érudits ne s’accordent pas sur la date précise de cette représentation. […] Les billets mêmes que Molière avait adressés gratuitement aux députés lui furent assez insolemment retournés, avec « défense expresse à Messieurs du bureau des comptes de, directement ou indirectement, accorder aucune somme aux comédiens ». […] Une comédie étant obligée de finir, il est bon que l’auteur avertisse, par la faiblesse même de son dénouement, que cette fin n’est pas vraie, mais seulement obligatoire. — Molière, semble-t-il, n’a pas eu cette intention nette ; il a accordé peu d’attention au dénouement, parce que c’est une pièce essentielle de l’intrigue, et que l’intrigue est pour lui chose secondaire. […] Non pas que je m’associe en aucune manière aux paradoxes de Fénelon sur la gêne de la rime et sur la préférence que l’on doit accorder à la prose de Molière sur ses vers.

62. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

L’intention du poète était de faire voir ce qu’il convient d’accorder aux défauts des hommes si l’on veut vivre avec eux, et si Philinte, pour plus de sûreté, pousse, comme il nous semble, la complaisance un peu loin, il est clair qu’Alceste montre trop de rudesse, et qu’avec un caractère tel que le sien il faut tôt ou tard quitter la partie. […] Le privilège de grande enfance qu’on lui accordait, et dont on s’amusait, en apparence à ses dépens, profitait à son bien-être, aux caprices de son humeur, aux libres allures de son génie.

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