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17. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Quel tort fait à la médecine la ridicule infatuation d’un vieillard qui se croit malade, comme Argan ; quel tort lui font les raisonnements et les railleries d’un homme qui se porte bien, comme Béralde, si on les compare à cette fameuse scène où quatre médecins, consultant à huis clos, parlent de tout, excepté de la maladie pour laquelle ils sont appelés, et à cette autre scène où M. Filerin vient gourmander ses confrères, qui, au lieu de s’entendre aux dépens des malades, se querellent au détriment de leurs intérêts, et, par leurs dissensions imprudentes, découvrent au peuple la forfanterie de leur art ? […] Peu semblable aux gens qui raillent en pleine santé cet art dont ils implorent le secours au premier frisson de la fièvre, Molière était un malade tristement désabusé, qui n’avait plus de confiance que dans la nature, et ne trouvait plus la médecine bonne à autre chose qu’à divertir le public. […] Nous n’en avons pour garant que Gui Patin, dont l’autorité est d’autant plus suspecte qu’il se trompe sur les principales circonstances du fait qu’il raconte, prenant L’Amour malade pour L’Amour médecin, l’hôtel de Bourgogne pour le Palais-Royal, et comptant six médecins dans une pièce où il n’en paraît que cinq. […] Sganarelle ne soupçonne pas que l’équivalent de sa plainte qu’il croit si fondée, est que les filles ne sont pas faites pour se marier et avoir des enfants à leur tour, mais pour vieillir en tenant la maison de leur père, s’il est veuf ; en l’amusant, s’il s’ennuie ; et en le gardant, s’il est malade.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Le premier intermede du Malade est imaginé en partie d’après un conte de la Fontaine. […] Si elle a la mine fripponne de Madame Bellecour, elle est charmante sous l’ajustement de Médecin ; mais tout ce qu’elle fait ne sert point à la piece ; elle ne dit même rien de plaisant, si vous en exceptez la consultation qu’elle va faire pour un malade mort la veille. Voyons présentement les scenes italiennes sur lesquelles Moliere a calqué les siennes ; ou, pour mieux faire, voyons Boursault quia traduit l’Arlecchino Medico volante, comme nous l’avons déja dit ailleurs, & l’a donné au public sous le nom de Medecin volant, huit ans avant la premiere représentation du Malade imaginaire. […] Il sort pour visiter un malade qui l’attend. […] Bien des gens prétendent que la réception burlesque du Malade imaginaire est aussi imitée des Italiens : je n’ai trouvé rien d’approchant dans aucune de leurs anciennes pieces.

19. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [97, p. 141] »

Le Malade imaginaire Ne saurait l’avoir fait mourir ; C’est un tour qu’il joue à plaisir, Car il aimait à contrefaire. Quoiqu’il en soit, ci gît Molière ; Comme il était comédien ; Pour un malade imaginaire, S’il fait le mort, il le fait bien.

20. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Enfin en 1673 après avoir réussi dans toutes les Pièces qu’il a fait représenter, il donna celle du Malade imaginaire, par laquelle il a fini sa carrière à l’âge de cinquante-deux ou cinquante-trois ans. […] Lorsqu’il commença les représentations de cette agréable Comédie, il était malade en effet d’une fluxion sur la poitrine qui l’incommodait beaucoup, et à laquelle il était sujet depuis quelques années. […] Le 17 Février, jour de la quatrième représentation du Malade imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à jouer son Rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, et le public connut aisément qu’il n’était rien moins que ce qu’il avait voulu jouer : en effet, la Comédie étant faite, il se retira promptement chez lui, et à peine eut-il le temps de se mettre au lit, que la toux continuelle dont il était tourmenté, redoubla sa violence. […] Le Lecteur observa que sur la fin de la Comédie Le Malade imaginaire qui était représenté par cet excellent Auteur, contrefait le mort.

21. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Il y a pourtant, de cette revanche d’ailleurs légitime, des traces bien frappantes jusque dans le répertoire de l’Arlequin Dominique : en voici un remarquable exemple : un peu plus d’un an après la première représentation du Malade imaginaire, les Italiens en donnèrent une grossière copie sous le titre de : Le Triomphe de la médecine, représenté le 14 mai 1674, presque en même temps que la dernière œuvre de Molière était reprise par la troupe française. […] Molière mourut le 17 février 1673, en jouant pour la quatrième fois le rôle du Malade imaginaire. […] La fièvre s’y étant jointe, il ne fut pas plus de huit jours malade, et après avoir renoncé au théâtre, il mourut le lundi 2 août 1688, à six heures du soir, et fut enterré à Saint-Eustache, derrière le chœur, vis-à-vis la chapelle de la Vierge. » L’Arlequin Dominique laissait, dit-on, trois cent mille livres de biens. […] « En ce cas, je suis mort, répondit le pauvre malade, car c’est moi qui suis Arlequin. » La différence qui existait entre le bouffon à la ville et le bouffon au théâtre est curieusement caractérisée dans une anecdote relative au fameux Santeul, le fantasque chanoine de Saint-Victor.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

LA MALADE SANS MALADIE, comédie en prose, en cinq actes. […] On ne sauroit définir le caractere de l’héroïne ; c’est une espece de Malade imaginaire, ou plutôt une folle, une imbécille, qui joint au ridicule de se croire malade sans l’être, un amour extravagant, & qui joue pendant toute la piece un rôle dégoûtant, ennuyeux, insipide. Lucinde, second personnage de la piece, est encore une mauvaise copie de la Beline du Malade imaginaire ; elle flatte la manie de la Malade, lui persuade qu’elle est très mal, le tout pour l’engager à lui donner son bien. […] Tout en feignant de refuser une donation que la Malade veut faire en sa faveur, elle l’accepte & trame ensuite avec un Normand, frippon s’il en fut jamais, la ruine totale de sa bienfaitrice : mais la fourberie est découverte par une soubrette très peu fine ; ce qui n’est point dans la nature, puisque Lucinde est annoncée pour une personne adroite & soupçonneuse.

23. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

La première et la deuxième scène du premier acte, dans lesquelles Sganarelle bat sa femme, le voisin Robert voulant l’en empêcher, et celui-ci étant battu par la femme et par le mari ; la scène sixième, où l’on fait dire à Sganarelle, à force de coups de bâton, qu’il est médecin ; la scène troisième du deuxième acte, dans laquelle Sganarelle fait le médecin ; la sixième, où il interroge la malade : voilà les plus jolies scènes de ce petit ouvrage, qui soutint le Misanthrope. […] LE MALADE IMAGINAIRE. […] La scène huitième, où Léonor prend Valère pour le mari qui lui est destiné, tandis que sa mère entend parler de Géronte, est pillée de la cinquième scène du premier acte du Malade imaginaire. […] LE MALADE SANS MALADIE. Le rôle de la malade, celui de la fausse et caresseuse Lucinde, celui du traître Faussinville, sont très bien faits ; tous les détails sont charmants.

24. (1717) Molière (Grand Dictionnaire historique, éd. 1717) [graphies originales] « article » p. 530

Son inclination le porta au Théâtre, où il se distingua et où il tomba malade, en représentant son Malade Imaginaire, en 1672.

25. (1871) Molière

Quel sublime bouffon, Le Malade imaginaire, et quel dramaturge avec Don Juan ! […] Mais le roi et ses amis bien portants, et madame de Montespan, dans tout l’éclat de la jeunesse et de la santé, riaient de ce triste malade. Ils trouvaient un grand charme à la toux de Molière, et disaient qu’il représentait le malade à merveille. […] À le voir, ainsi plié en deux, la tête enveloppée d’un bonnet et affaissé dans ses coussins, ne diriez-vous pas d’un malade véritable ? […] Paris, Pierre Baudouyn, 1663. — La Désolation des filoux sur la défense des armes, ou les Malades qui se portent bien, comédie (1 a. v. de 4 pieds).

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

La complaisance que je suis obligé d’avoir pour une tante malade, me fait rester ici dans une étrange solitude. […] Dans le Malade imaginaire, par exemple, on apporte un lavement : il ne tombe certainement pas des nues dans la maison d’un homme qui, de son propre aveu, en prend ordinairement vingt par mois. […] Il ne borne pas là sa vengeance ; il déchire la donation qu’il a faite à son neveu en faveur de son mariage avec la fille du Malade imaginaire, & ne veut plus avoir aucune liaison avec lui : de sorte que le lavement, qui paroît d’abord n’être amené que pour faire rire, amene le dénouement ; puisque Cléante n’auroit certainement pas obtenu Angélique, si Purgon, en déchirant la donation, & en rompant avec Argan, n’eût en même temps rompu le mariage projetté entre Angélique & Thomas Diafoirus.

27. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Baptiste fit exécuter, le 16 janvier 1657, un ballet auquel le jeune roi prit part, ballet italien-français intitulé Amor malato, l’Amour malade. […] Le Dépit voudrait lui administrer une bonne dose d’antimoine, qui l’enverrait tout droit ad patres, mais les deux autres s’y opposent et décident que le moyen de procurer la guérison du malade, c’est de le distraire par une suite de divertissements et de mascarades récréatives. […] « Has theses tueri conabitur Asinius Asinionius de Monte Asinario, die Maii ; « Arbiter erit doctor Gratianus Campanaccius de Budrio ; pro laurea, in aula Francolinensi. » Après chaque réponse du candidat, les docteurs font entendre le chœur suivant, qui est antérieur de vingt-six ans au Bene, bene respondere de la cérémonie du Malade imaginaire : LI DOTTORI. […] Le ballet de L’Amour malade avait laissé de si joyeux souvenirs parmi les contemporains, que lorsque huit ans après, fut joué L’Amour médecin de Molière, les hommes qui, comme le fameux médecin Guy Patin, ne fréquentaient pas beaucoup le théâtre, prenaient un titre pour l’autre et parlaient de L’Amour malade, de Molière, que Paris allait voir en foule.

28. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Le Malade imaginaire, act. […] Cléante et Valère dans l’Avare ; Henriette dans les Femmes savantes ; Angélique dans le Malade imaginaire. […] I, XV, XVI ; le Malade imaginaire, act. […] VII, VIII ; le Malade imaginaire, act. […] I ; le Malade imaginaire, act.

29. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

 » Il l’aurait eue pour collaboratrice dans la cérémonie du Malade imaginaire, composée, paraît-il, au cours d’un dîner qui comptait deux autres convives de marque, Boileau et Mmede La Sablière. […] A défaut de l’amour, il se contente du plaisir ; il y invite, il y excite, dans les vers qu’il mêle aux divertissemens de ses pièces ; déjà saisi par la mort, il le chantait encore dans un intermède du Malade imaginaire. […] Le Malade imaginaire est la description non moins exacte d’une forme de l’hypocondrie, et ils ne craignent pas de l’invoquer comme modèle d’observation. […] Cinq de ses pièces, en effet, Don Juan, l’Amour médecin, le Médecin malgré lui, Monsieur de Pourceaugnac, le Malade imaginaire, donnent une place étonnante à la maladie et à son cortège. […] Souvent malade, il demande la guérison aux médecins ; ils la lui promettent et ne peuvent la lui donner.

30. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

Il étoit aussi bon acteur qu’excellent auteur ; & dans la representation de sa derniere piece, qui fut le Malade Imaginaire, il sembloit s’être surpassé lui-même. Tout malade qu’il étoit, & pressé d’une fluxion sur la poitrine, il entreprit d’y jouer pour la quatriéme sois le 17. 

31. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Un honnête-homme, frère de ce prétendu malade, qui se trouve là dans ce moment, le détourne de le prendre. […] En 1673, il entra à la troupe du Marais où il reprit le rôle de Molière dans Le Malade imaginaire. […] Diaforius, Thomas (Malade imaginaire) : Fils de M. […] Diaforius, Thomas (Malade imaginaire) : Fils de M. […] Toinette ( Malade imaginaire) : servante.

32. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Plus on dit : — Il est malade ! […] ou bien redevient-il le malade du docteur Blanche ? […] À peine si l’on vous pardonne d’être malade. […] En ceci, la malade imaginaire nous paraît plus logique et plus sincère que le malade imaginaire. — Ce digne M.  […] Le malade de Molière est un grand enfant, mais madame Sturmer est le véritable malade imaginaire ; on rit de celui-là, mais on déteste celle-ci.

33. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

On y reconnoît le genie admirable de leur Auteur ; qu’on lise ou qu’on voye representer les Fourberies de Scapin, le Malade imaginaire, le Bourgeois Gentilhomme ? […] Le Malade imaginaire, Comédie en Prose, trois Actes avec des Intermedes de Musique & de Danse, & précedez d’un Eglogue & d’un petit Prologue en Vers, accompagnée aussi de Musique & de Danse, 1673. Cette Piece fut le tombeau de son Auteur, qui mourut cinq ou six heures après qu’il y eut joué le rôle du Malade imaginaire. […] La mort (comme on vient de le dire) enleva Moliere presque à la sortie du théatre, où il se força pour jouer le rôle du Malade imaginaire, étant très-incommodé de la poitrine, & n’ayant pas voulu renvoyer un grand nombre de Spectateurs, qu’il avoit vû dans la Salle de la Comédie, avant que de s’aller habiller.

34. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Le Malade imaginaire, 3e intermède. […] Le Malade imaginaire, 3e intermède. […] Le Malade imaginaire, acte II, sc. vi. […] Le Malade imaginaire, acte II, sc. vi. […]  » (Lettre de Gassendi à Campanella, mai 1683.) — Cette lettre parut eu 1658, et le Malade imaginaire est de 1672.

35. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il commençait sans doute à être malade. […] Oui, je crois en être sûr, Molière est aigri parce qu’il est malade. […] Il me semble que c’est bien là le fond du Malade imaginaire. […] — Vous voilà bien malade ! […] Le malade imaginaire n’est pas autre chose que l’avare, un peu transposé.

36. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

La dernière pièce qu’il composa fut le Malade imaginaire ; il y avait quelque temps que sa poitrine était attaquée, et qu’il crachait quelquefois du sang ; le jour de la troisième représentation, il se sentit plus incommodé qu’auparavant ; on lui conseilla de ne point jouer ; mais il voulut faire un effort sur lui-même, et cet effort lui coûta la vie. Il lui prit une convulsion en prononçant Juro, dans le divertissement de la réception du Malade Imaginaire, il acheva la représentation. […] Le Malade Imaginaire , comédie-ballet, en trois actes en prose, avec un prologue, représentée sur le même théâtre, le 10 février 1673.

37. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Mademoiselle de Montpensier rapporte à la page déjà citée que peu après les propos dont elle réprimanda Montespan, « madame de Montausier étant dans un passage derrière la chambre de la reine, où l’on met ordinairement un flambeau en plein jour, elle vit une grande femme qui venait droit à elle, et qui, lorsqu’elle en fut proche, disparut à ses yeux, ce qui lui fit une si vive impression dans la tête et une si grande crainte qu’elle en tomba malade. » Le duc de Saint-Simon raconte ce fait singulier et mystérieux d’une manière plus significative. […] La suite prouverait qu’alors les yeux de cette femme respectable furent dessillés sur les relations du roi avec madame de Montespan ; qu’elle fut épouvantée de l’idée d’avoir opposé de la résistance à un mari qu’elle croyait follement jaloux d’une femme irréprochable : il est du moins certain, par le témoignage de mademoiselle de Montpensier, par celui du duc de Saint-Simon, qu’à la suite de l’apparition qui eut lieu dans le passage de l’appartement de la reine, madame de Montausier rentra chez elle malade, ne sortit plus de sa chambre que pour quitter la cour et rentrer dans sa propre maison, à Paris, où elle languit, ne recevant qu’un petit nombre d’amis particuliers. […] Elle alla à son retour voir madame de Montausier qui était malade à Paris depuis longtemps : l’origine de son mal venait d’une peur qu’elle avait eue dans un passage derrière la chambre de la reine. » Mademoiselle continue à dissimuler que la véritable cause de la maladie de madame de Montausier fût la certitude acquise inopinément de la trahison dont la reine et elle avaient été les dupes, et la honte d’avoir inconsidérément protégé l’outrage fait à un mari malheureux.

38. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Il étoit aussi bon acteur qu’excellent auteur ; & dans la représentation de sa derniere piéce, qui fut le Malade imaginaire, il sembloit s’être surpassé lui-même. Tout malade qu’il étoit, & pressé d’une fluxion sur la poitrine, il entreprit d’y jouer pour la quatriéme fois le 17 février 1673, & ne put achever qu’avec de très-grands efforts.

39. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

La derniere de ses Comédies fut Le malade imaginaire. […] ] Le principal personnage de la derniere Comédie de Moliere est un malade qui fait semblant d’être mort. […] Mais la vérité est que Moliere ne mourut pas de cette façon : il eut le tems, quoique fort malade, d’achever son rôle. […] « Le 17 Fevrier 16731, jour de la quatriéme représentation du Malade Imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à joüer son rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, & le public connut aisément qu’il n’étoit rien moins que ce qu’il avoit voulu joüer : en effet, la Comedie étant faite il se retira promptement chez lui ; & à peine eut-il le tems de se mettre au lit, que la toux continuelle, dont il étoit tourmenté, redoubla sa violence. […] Un jour qu’il devoit joüer le Malade imaginaire, piece nouvelle alors, & la derniere qu’il avoit composée, il se trouva fort mal avant que de commencer, & fut prest de s’excuser de jouer sur sa maladie ; cependant comme il eut vu la foule du monde qui étoit à cette representation, & le chagrin qu’il y avoit de le renvoyer, il s’efforça, & joüa presque jusqu’à la fin, sans s’appercevoir que son incommodité fût augmentée : mais dans l’endroit où il contrefaisoit le mort, il demeura si foible, qu’on crut qu’il l’étoit effectivement, & on eut mille peines à le relever.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Nous ne citerons point la Farce du Pape malade, quoiqu’elle soit très propre à prouver aux jeunes gens tentés de suivre cette carriere, qu’en attaquant des choses ou des personnes respectables par elles-mêmes, l’on ne diminue rien de la vénération qui leur est due, & qu’on encourt l’indignation publique. […] LA HOLLANDE MALADE, Comédie en vers & en un acte, par Poisson. […] La piece de la Hollande malade ne passeroit pas présentement.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Un malade, entre nous, se conduiroit-il mieux75 ? […] Moliere leur prouve leur ridicule dans le Malade imaginaire, le Médecin malgré lui, l’Amour Médecin, &c. […] Ceux-ci les font non seulement devenir malades tout de bon & précipitent leurs jours, mais les tourmentent encore en les soumettant à leurs perfides ordonnances. […] LE MALADE IMAGINAIRE. […] Que faire donc quand on est malade ?

42. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Acteur par vocation dès l’adolescence, bientôt directeur responsable d’une troupe ambulante, improvisateur de farces, de pièces appropriées au besoin du moment ; puis, une fois établi à Paris, obligé de défendre son théâtre contre la jalousie de l’hôtel de Bourgogne ; sa vie privée contre la calomnie, venimeuse, acharnée ; ses idées contre des attaques véhémentes ; chargé de divertir le plus autoritaire des souverains et non le moins exigeant, Molière suffit à tout, à force d’énergie, lutta jusqu’au bout, quoique malade et rongé de soucis, mourut enfin à son poste en jouant le rôle d’Argan sur cette scène qu’il avait tant aimée. […] Qu’il s’agisse d’un père égoïste qui veut marier sa fille contre son gré ; d’un tuteur égoïste qui prétend s’imposer comme époux à sa pupille ; d’un médecin qui fait périr dans les règles ses malades à grand renfort de purges et de saignées ; d’un dévot qui subordonne aux devoirs envers le ciel les sentiments humains et sympathiques, Molière n’a qu’un cri : « Vous offensez la nature. » Dans un siècle où la discipline catholique tendait à régir toutes les consciences, où le dogmatisme, la casuistique, le formalisme, la prétendue tradition encombraient toutes les branches de la science, opprimaient tous les efforts de la pensée, Molière, poursuivant l’œuvre d’une partie des écrivains du xvie  siècle et préludant à celle des philosophes du xviiie  siècle, mais conservant un sens positif de la discipline humaine qui ne se retrouvera guère que, de nos jours, chez Comte et ses disciples, défend hardiment la nature et la raison. […] Que faire donc quand on est malade ? […] Argan, le malade imaginaire, préoccupé surtout de se choisir un gendre médecin, veut-il contraindre sa fille à épouser Thomas Diafoirus ou à s’enterrer dans un cloître, c’est Toinette qui lui fera la leçon ; car, dit-elle : « Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser » ; et cette familiarité, cette bonhomie avec laquelle Toinette rappelle Argan à lui-même, fait infiniment plus d’impression sur les auditeurs que les plus savants raisonnements du monde : Argan. […] Sa maîtresse vient d’être malade, elle l’a soignée, elle a passé la nuit à son chevet, elle raconte tout cela à Orgon qui rentre de voyage et songe bien moins à s’étonner de la mauvaise santé de sa femme qu’à s’extasier sur le bon appétit de son pauvre Tartuffe.

43. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Dans Le Bourgeois gentilhomme et dans Le Malade imaginaire, c’est la situation qui contraste avec la passion : Jourdain veut s’ériger en homme de cour, et c’est un très mince roturier, le fils d’un marchand de draps ; Argan, qui prétend être malade, jouit d’une santé robuste ; il est assez vigoureux pour jeter une douzaine d’oreillers à la tête de Toinette. Cette comédie du Malade imaginaire fut le dernier ouvrage de Molière. […] Quoi de plus pathétique et de plus profond que celui du Malade imaginaire ? […] Sa troupe venait de monter Le Malade imaginaire ; la foule se pressait pour voir cette comédie dans laquelle l’auteur remplissait le principal rôle. […] Molière, qui était incommodé, n’avait pu voir le petit Baron les deux premiers jours ; mais tout le monde lui en dit tant de bien, qu’il se fit porter au Palais-Royal à la troisième représentation, tout malade qu’il était.

44. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Dans Le Malade imaginaire, de Molière, le malade disait à un apothicaire : « Allez, monsieur, on voit bien que vous avez coutume de ne parler qu’à des culs. » À la représentation suivante, il changea ainsi ce passage : « On voit bien que vous n’avez pas coutume de parler à des visages. » P. 

45. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Rentré chez lui, l’âme malade et tout en pleurs, qui trouvait-il pour pleurer avec lui; quelles consolations ? […] Accablé de tristesse, de solitude, Molière tomba malade. […] Ils se battaient chez leurs malades au sujet de la circulation et du vin émétique. […] Mais la pièce ne put être jouée de sitôt à la ville, parce qu’après cette première représentation, qui eut lieu à Saint-Germain, Molière tomba malade. […] Dans ces doutes sur sa maladie même, il voulut écrire et jouer, tout mourant, Le malade imaginaire.

46. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Molière, quoique mourant, fort malade, déploya en cette circonstance une grande énergie. […] Argan dans Le Malade imaginaire. […] Orateur, il devait avoir beaucoup de prise sur le public par ce charme souffrant et musical de sa voix de malade. […] Loyal dans Tartuffe, le maître d’armes dans Le Bourgeois gentilhomme et Diafoirus père dans Le Malade imaginaire. […] Joua Béline dans Le Malade imaginaire.

47. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

Il n’en usa pas mieux avec sa Faculté, ayant fourni à Poquelin de Moliere des Scénes accessoires, pour sa Comédie du Malade imaginaire, qui ont si fort diminué parmi le Peuple, l’autorité de la Médecine & des Médecins, que la plûpart des Citoyens, n’ayant aucune confiance en leurs ordonnances & en leurs raisonnemens, n’appellent plus les Médecins que pour la forme, parce que l’évenement dément toujours les esperances qu’ils ont données ». Le Chirurgien exagere peut-être un peu les maux que la Comédie du Malade imaginaire a fait à la Médecine.

48. (1802) Études sur Molière pp. -355

madame, oubliez-vous que vous êtes malade ?  […] Le prétendu malade se fâche, le docteur s’opiniâtre à vouloir le guérir, et le fait porter chez lui, pour le traiter plus commodément. […] Le Malade imaginaire. […] » Le Malade imaginaire obtint aussi les honneurs de la critique ; pourquoi pas ? […] Les scènes. — En parlant du Malade imaginaire, Voltaire dit : « C’est une de ces farces de Molière, dans laquelle on trouve beaucoup de scènes dignes de la haute comédie. » N’aurait-il pas mieux fait de dire : Le Malade imaginaire est une de ces pièces où, parmi des scènes dignes de la haute comédie, on en trouve qui se rapprochent de la farce ?

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

  Dans Moliere, Eraste remet Pourceaugnac entre les mains de deux véritables Médecins ; il ajoute par-là un comique infini, puisqu’on rit en même temps de l’embarras du Limousin, & de l’ignorante effronterie avec laquelle les deux Docteurs débitent des raisons pour lui prouver qu’il est malade. […] La Désolation des filous sur la défense des armes, ou les Malades qui se portent bien, piece dédiée à Mademoiselle.

50. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

La sagesse De la jeunesse C’est de savoir jouir de ses appas648 ; et tous les intermèdes de cette pièce païenne, les soins de Zéphyre, les conseils de l’Amour 649 ; et, pour aller jusqu’au bout, les chansons des Mores dans le Malade imaginaire : Profitez du printemps De vos beaux ans, Aimable jeunesse ; Donnez-vous à la tendresse : Les plaisirs les plus charmants, Sans l’amoureuse flamme, Pour contenter une âme N’ont point d’attraits assez puissants. […] III ; le Malade imaginaire, act. […] V des Maximes et Réflexions sur la Comédie : « La postérité saura peut-être la fin de ce poète comédien, qui, en jouant son Malade imaginaire ou son Médecin par force, reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut peu d’heures après, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez (Luc, VI, 25). […] Le Malade imaginaire, deuxième intermède.

51. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Le malade imaginaire Le malade imaginaire, comédie-ballet, en trois actes en prose, avec un prologue, représentée à Paris sur le théatre du palais royal, le 10 février 1673. […] Les médecins ne sont point épargnés dans cette piéce ; Moliere ne s’y borne pas à les plaisanter, il attaque le fond52 de leur art, par le rôle de Béralde, comme, dans celui du malade imaginaire, il jouë la foiblesse la plus universelle de l’homme, l’amour inquiet de la vie, & les soins trop multipliés pour la conserver. […] Le jour qu’il devoit représenter le malade imaginaire pour la troisiéme fois, il se sentit plus incommodé qu’à l’ordinaire du mal de poitrine auquel il étoit sujet, & qui, depuis long-tems, l’assujettissoit à un grand régime, & à un usage fréquent du lait. […] Le malade imaginaire, comédie-ballet, en trois actes en prose, avec un prologue, représentée à Paris sur le théatre du palais royal, le 10 février 1673. […] La Raisin, veuve d’un organiste de Troyes, avoit formé une troupe de jeunes enfans, sous le nom de troupe Dauphine ; elle pria Moliere, en 1664, de lui prêter son théatre pour trois représentations : Moliere, informé du succès qu’avoit eu le jeune Baron les deux premiers jours, résolut, quoique malade, de se faire porter au palais royal à la troisiéme représentation, & obtint le lendemain un ordre du Roi, pour faire entrer Baron dans sa troupe.

52.

Pujol jouant Alceste pour la première fois), et Le Malade imaginaire (M.  […] En effet, si Elmire n’est pas malade, elle n’a aucune raison de n’avoir pas son costume habituel. […] Admettra-t-on, d’ailleurs, qu’Elmire soit malade au moment de la grande scène du quatrième acte ? […] On ne le porte sur le théâtre que pour le service du Malade, représenté successivement par Guérin d’Estriché (qui, hélas ! […] Si j’étais que des médecins, je me vengerais de son impertinence ; et quand il sera malade, je le laisserais mourir sans secours.

53. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Car on a beau dire : Malade imaginaire ; imaginaire tant que vous voudrez : cet homme est en effet très malade. […] Le moyen que je rie du Malade imaginaire, au milieu d’un pareil malaise ? […] Depuis longtemps déjà il était malade, et il disputait courageusement les restes précieux de cette vie à laquelle tant d’existences étaient attachées. […] — Madame est malade… lisez : « madame est au bal !  […] À le voir, ainsi plié en deux, la tête enveloppée d’un bonnet et affaissé dans ses coussins, ne diriez-vous pas d’un malade véritable ?

54. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [60, p. 98] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome I, p. 506 Molière était incommodé lorsqu’on représenta le Malade imaginaire.

55. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

C’est aller bien loin, ce me semble ; mais, sans admettre que notre cher auteur ait eu le funeste courage de jeter en pâture à la malignité publique les incidents les plus douloureux de sa vie intime, je croirai volontiers, avec notre spirituel compatriote, que Molière, comme la plupart des grands écrivains, a bien souvent écrit sous la dictée de son cœur malade, et que l’état de son âme a dû se refléter plus d’une fois dans ses œuvres, d’une manière plus, ou moins directe, et sans qu’il en eût peut-être conscience. […] Mariane dans Le Tartuffe, Lucile dans Le Bourgeois gentilhomme, Angélique dans Le Malade imaginaire sont autant de caractères charmants de jeunes filles, au milieu desquels il semble que notre grand poète se soit plu à vivre en esprit, comme s’il s’en fut fait une sorte de famille. […] Et cette Toinette, du Malade imaginaire, quelle heureuse et fine nature !

56. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Il définissoit un médecin un homme que l’on paye pour conter des fariboles dans la chambre d’un malade, jusqu’à ce que la nature l’ait guéri, ou que les remèdes l’ayent tué. […] Il étoit aussi bon acteur qu’excellent auteur ; et dans la représentation de sa dernière pièce, qui fut le Malade imaginaire, il sembloit s’être surpassé lui-même. Tout malade qu’il étoit et pressé d’une fluxion de poitrine, il entreprit d’y jouer pour la quatrième fois, le 17 de février 1673, et ne put achever qu’avec de très grands efforts. […] Elle chantoit dans les intermèdes du Malade imaginaire. […] Elle avoit de la voix, et chantoit ordinairement avec la Grange dans le second acte du Malade imaginaire 156.

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