Chacun de vous a déjà prononcé in petto ce nom deux fois illustre ; et, d’un autre côté, j’ai réfléchi : cela pourrait gêner la liberté de ma discussion. […] C’est le mariage. » Pour moi, la liberté de penser n’a pas de limites. Cette liberté, dont je profite pour croire, j’admets que d’autres s’en servent pour douter ou pour nier. […] Vous savez, là-bas, on est pendu pour le mot pantalon : il faut dire ineffable; je ne sais pas ce qu’on vous fait pour le mot cuvette, mais il faut dire liberté.
Car, deux siècles tantôt passés ont bien pu nous conquérir toutes les libertés : les nécessaires, les superflues, et même les dangereuses ; ils ne nous ont pas encore donné le droit de penser sur Molière comme nous voudrions, et de le dire comme nous le penserions. […] Non pas déjà qu’en y regardant bien, on ne puisse y voir poindre l’idée de Molière, et, déjà, la liberté de sa plaisanterie préluder à de plus grandes hardiesses. […] Ecoutez l’Angélique de George Dandin : « Je veux jouir, s’il vous plaît, des quelques beaux jours que m’offre la jeunesse, et prendre les douces libertés que l’âge me permet ». […] Ce « genre » de style est assez difficile à définir sans doute, mais on peut dire néanmoins qu’il paraît être essentiellement abréviatif, qu’il est plein de tournures elliptiques, imitées de la liberté de la conversation. […] Mais son originalité est faite de verdeur, d’opulence, de liberté.
À l’époque de son mariage, Montausier avait à peine trente-cinq ans ; depuis l’âge de vingt ans, il était au service et engagé dans des guerres successives, en Italie, en Lorraine, en Alsace ; en 1638, parvenu au grade de maréchal de camp, bien qu’âgé seulement de vingt-huit ans, il fut nommé gouverneur de l’Alsace, province alors d’une soumission équivoque, où le roi avait besoin d’un homme qui réunit l’art et le courage du guerrier au tarent et à la sagesse de l’administrateur ; en 1638, il se signala au siège de Brissac ; revenu à Paris pendant l’hiver de 1641, il fut rappelé à l’ouverture de la campagne par Guébriant devenu général en chef de l’armée d’Allemagne et peu après maréchal de France ; le maréchal, qui avait une grande confiance en Montausier, ayant été tué en 1643, celui-ci fut fait prisonnier, peu de temps après, à la déroute de Dillingen ; il ne recouvra la liberté qu’en 1644 ; alors enfin il lui restait encore un obstacle à franchir pour se marier ; c’était sa religion. […] Petit, dans la vie de Montausier, « venaient y chercher cette noble simplicité et cette liberté honnête qui semblent être bannies du palais des rois.
Je prendrai la liberté de faire cette question : Ces reconnoissances si belles, si sublimes, que vous me citez, sont-elles dans une tragédie bourgeoise ou de qualité ? […] Le ciel ne nous fit point aussi périr dans ce triste naufrage : mais il ne nous sauva la vie que par la perte de notre liberté ; & ce fut des corsaires qui nous recueillirent ma mere & moi sur un débris de notre vaisseau. Après dix ans d’esclavage, une heureuse fortune nous rendit notre liberté, & nous retournâmes dans Naples, où nous trouvâmes tout notre bien vendu, sans y pouvoir trouver des nouvelles de notre pere.
Il s’empresse de les acheter, dans l’espoir de faire bien vîte l’échange qu’il médite, de mettre Philopoleme en liberté, & de le revoir auprès de lui. […] Tu ne manqueras point de dire à mon pere que je le supplie instamment de racheter du Médecin Ménarque, Philopoleme le fils de notre maître commun, & de le renvoyer au plutôt, afin que moi & toi nous recouvrions notre liberté. . . . . . . . […] Y a-t-il rien de plus grand que le dévouement de cet esclave qui risque sa vie pour avancer de quelques jours la liberté de son maître ?
Leur sexe aime à jouir d’un peu de liberté ; On le retient fort mal par tant d’austérité, Et les soins défiants, les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes ni des filles. […] Mes soins pour Lêonor ont suivi ces maximes : Des moindres libertés je n’ai point fait des crimes, Et je ne m’en suis point, grâce au ciel, repenti. […] C’est un spectacle moral, de montrer celte imprescriptible liberté de l’âme qui reste bonne, pure, intelligente, capable et désireuse du vrai et du bien, malgré les efforts les plus patients et les plus habiles ; qui, jusque dans la naïveté d’une extrême ignorance, garde une fleur de grâce native, marque ineffaçable de son origine et de ses droits ; en sorte qu’après la lecture de la lettre d’Agnès, il n’est personne qui ne dise avec Horace : Malgré les soins maudits d’un injuste pouvoir, Un plus beau naturel peut-il se faire voir ?
Sans doute l’admiration excessive de l’historien pour le prédécesseur de Louis XV était sincère, et ce n’est point par courtisanerie que, dans un livre publié à Berlin où il s’était réfugié, il exalte avec tant d’enthousiasme un règne dont en France même on commençait à parler avec une certaine liberté ; peut-être n’était-il pas fâché, au contraire, d’opposer le tableau fort embelli de la faveur dont avaient joui jadis les grands écrivains aux persécutions qu’ils éprouvaient de son temps, tout au moins à l’indifférence de Louis XV pour les œuvres de la pensée. […] C’est très bien, sans doute ; mais prétendre faire du génie de Molière un des fruits du pouvoir absolu, un argument en faveur de ce régime, c’est une dérision, quand ces bienfaits du pouvoir envers lui se réduisent à lui avoir laissé un peu de cette liberté qu’un gouvernement plus libéral lui eût accordée tout entière. […] Or, quand il fut présenté pour la première fois à Louis XIV, en 1669, il avait déjà écrit ses satires littéraires, et ce qui est notable, c’est que, au sortir de cet entretien qui lui valut les premières faveurs qu’il reçut du roi, une pension de deux mille livres, — sa première réflexion, dit Brossette, fut un sentiment douloureux sur la perte de sa liberté, qu’il regardait comme une suite inévitable des bienfaits dont il venait d’être honoré. […] Mmede Sévigné prend la liberté de se moquer un peu de ce choix.
J’ai admiré l’heureuse liberté avec laquelle tous les acteurs passent en un moment, d’un vaisseau en pleine mer à cinq cent mille sur le continent. […] Nulle liberté, nulle action, nulle situation même. […] Laissez les choses suivre leur cours, ou plutôt censurez notre sculpture maniérée, notre peinture insignifiante, notre musique tapageuse, notre poésie imbécile, et croyez avec moi à la liberté de l’art et à la liberté de la critique. […] Il le mouvait en effet, et il croyait avoir démontré la liberté humaine. […] Mais j’ai cru qu’il fallait en user de la sorte avec vous, et que c’est consoler un philosophe que de lui justifier ses larmes, et de mettre sa douleur en liberté.
Cette pièce fournit plusieurs exemples de certaines libertés que Molière prendra avec ses spectateurs, toutes les fois qu’il en aura envie. […] Le comédien, ne pouvant se venger avec l’épée, alla se plaindre au roi, qui lui donna la permission d’immoler cette fois ses adversaires avec toute la liberté d’Aristophane. […] Dès qu’il est seul avec son valet, don Juan s’abandonne en liberté à toutes ses débauches de cœur et d’esprit. […] Molière, usant encore de la liberté d’Aristophane, s’y amuse aux dépens des médecins du roi. […] Marianne est une jeune fille bien élevée, dont la pudeur ne s’offense pas des libertés de sa suivante, parce qu’elles ne peuvent rien sur sa candeur, et que ces libertés d’ailleurs partent d’une honnête personne ; la tendresse de Marianne pour Valère s’exhale avec, un charme exquis comme le pur parfum d’une fleur fraîchement épanouie.
Personne ne peut sans doute se plaindre un système théâtral qui nous a donné Cinna et Athalie ; mais l’imagination cependant aime à se représenter ce qui eût été si un Corneille ou un Molière, dégagés de toute obligation classique, n’eussent écouté comme Shakespeare que leur propre génie, et se fussent abandonnés à toute la liberté de l’invention. […] Quoi qu’il en soit, et tout en reconnaissant le mérite des méthodes savantes de notre théâtre, on aime à rencontrer une œuvre qui par le hasard des circonstances, plus que par l’intention expresse de Molière, doit toute sa beauté à sa liberté. […] Évidemment Bossuet, comme Pascal, avait vu à sa cour et autour de lui de vrais libres penseurs ; il avait expérimenté, non en lui-même, mais chez les autres, cet état de fierté et de liberté de celui qui a secoué le joug et pour lequel la foi et n’est plus qu’en état enfantin de l’esprit. […] L’intempérance de l’esprit n’est pas moins flatteuse : comme l’autre, elle se fait des plaisirs cachés et s’irrite par la défense… La liberté de penser tout ce qu’on veut fait qu’on croit respirer un air nouveau. […] S’il se retire au désert, ce n’est pas pour prier Dieu, c’est pour trouver un endroit écarté Où d’être homme d’honneur on ait la liberté.
Longtemps perçues comme un tableau spirituel et précieux de la société, écrites dans une liberté de style exceptionnelle à l’époque classique, elles manifestent une vision du monde sereine où l’écriture devient la marque d’une victoire sur l’absence.
Dans l’acte de fidélité que Guise prêta au nouveau gouvernement, dans la cathédrale, il prit la qualité de « Général des armées, et de défenseur du royaume et de sa liberté ». […] Le duc de Guise, obligé de prendre la fuite, fut poursuivi avec tant de diligence, qu’il fut arrêté à Gaëte, et de là transporté en Espagne, où il fut privé de sa liberté pendant l’espace de quatre ans18.
Bossuet lui avait souvent parlé là-dessus avec une liberté digne des premiers siècles et des premiers évêques de l’église ; il avait interrompu le cours de ses liaisons plus d’une fois ; il avait osé poursuivre le roi qui lui avait échappé. […] Il me serait bien doux de me remettre en liberté.
Monsieur Lysidas, appelez les choses par leur nom et, sur ce terrain, je ne vous redoute guère. » Molière n’a pas obéi aux préceptes d’Aristote et d’Horace par aveugle respect de la tradition, mais il s’est trouvé en fait amené à les suivre parce que ces règles, « dont vous embarrassez les ignorants, ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter Je plaisir que l’on prend à ces sortes de poèmes » ; Molière ne condamne donc pas les règles, mais ne veut point qu’on les entoure de mystère et de vénération ; et là, comme en toute autre matière, il ne se paye point de mots… La nature et l’honneur féminin Les idées de Molière sur l’honneur féminin, la liberté qu’il sied de laisser aux jeunes filles et aux épouses durent sembler de son temps étrangement hardies. […] Pour sauver sa liberté, elle usera de tous les artifices, elle ne reculera devant aucune démarche, aucun mensonge, et finira même par se plaire à ce jeu, au point de nous choquer. […] Il ne faut donc pas contraindre la femme, laisser sa nature se développer en liberté. […] La femme a des devoirs à remplir dont le premier est de rester honnête, mais le meilleur moyen de fortifier en elle les sentiments de l’honneur est tout d’abord de la laisser librement choisir un époux et plus tard de lui accorder une certaine indépendance, par suite une responsabilité morale : Leur sexe aime à jouir d’un peu de liberté ; On le retient fort mal par tant d’austérité ; Et les soins défiants, les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes et des filles : C’est l’honneur qui les doit tenir dans le devoir.
Ce n’est que pour montrer combien l’inobservation de certaines vraisemblances nuit peu aux plaisirs du théâtre, que je remarque ici toute la liberté que Molière s’est accordée dans le choix du lieu de la scène. […] En fait de chefs-d’œuvre du haut comique, on cite encore deux ouvrages isolés de deux poètes qui, s’ils paraissent les avoir composés avec effort, ont montré dans d’autres branches de la littérature leur talent naturel avec plus de liberté. […] Quant à l’état actuel de l’art du théâtre en France, tout se borne, à quelques exceptions près, à des efforts pour introduire sur la scène une liberté dramatique dont l’idée est due aux étrangers, et l’on renonce chaque jour davantage à l’espérance de voir paraître dans les deux genres qu’on a reconnus pour réguliers, quelque chose de vraiment neuf et qui surpasse ce qui l’a précédé. […] Il ne voit pas que c’en serait fait ainsi de toute liberté d’âme et d’esprit dans la jouissance des beaux-arts. […] Tout ce que je viens de dire semble indiquer que le public français,* lorsque par hasard il oublie les règles de goût que L’Art poétique de Boileau lui a inculquées comme des devoirs, n’est pas dans le fait aussi opposé qu’on le croit aux libertés dramatiques des autres nations, et que ce qui soutient en France un vieux système, étroit et borné dans ses conséquences, c’est plutôt un respect superstitieux qu’une véritable vénération.
Molière, après la représentation de Nicomède, s’avança sur le bord du théâtre, et prit la liberté de faire au roi un discours, par lequel il remerciait Sa Majesté de son indulgence, et louait adroitement les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dont il devait craindre la jalousie : il finit en demandant la permission de donner une pièce d’un acte, qu’il avait jouée en province. […] Enfin on prendrait la liberté de dire, que Le Misanthrope est une satire plus sage et plus fine que celles d’Horace et de Boileau, et pour le moins aussi bien écrite : mais qu’il y a des comédies plus intéressantes ; et que le Tartuffe, par exemple, réunit les beautés du style du Misanthrope, avec un intérêt plus marqué. […] On prétendit alors que ce genre de versification était plus propre à la comédie que les rimes plates, en ce qu’il y a plus de liberté et plus de variété. […] Les satires de Despréaux coûtèrent aussi la vie à l’abbé Cassaigne ; triste effet d’une liberté plus dangereuse qu’utile, et qui flatte plus la malignité humaine, qu’elle n’inspire le bon goût. […] Le fou qui est représenté dans Molière, n’est point un fou ridicule, tel que le Moron de La Princesse d’Élide ; mais un homme adroit, et qui ayant la liberté de tout dire, s’en sert avec habileté et avec finesse.
Car il est bien plus difficile de faire des tableaux d’après nature, c’est-à-dire, où on ne s’écarte jamais des idées du commun des hommes, que de s’abandonner à des caprices où le pinceau joue en liberté, et donne comme fait à dessein, ce qui n’est souvent que l’effet du hasard, ou quelquefois même de l’inhabileté, ou de quelque fougue d’imagination, enfin d’une sorte de libertinage de génie qui a secoué le joug... » « Il semble que Molière ait choisi dans les maîtres leurs qualités éminentes pour s’en former un talent particulier.
Quand la situation d’une scene laisse à l’Auteur la liberté de couper son dialogue, ou de ne pas le couper, je l’exhorte à ne point hésiter. […] Et de jouir de cette liberté Qui des gens de bon sens fait la félicité.
Je vis tranquille ; me convient-il de sacrifier mon repos et ma liberté ? […] Elle en avait besoin dans l’exercice de son office de gouvernante, pour conserver la liberté de se retirer et en trouver un prétexte dans ses devoirs religieux, si la mère des enfants qu’elle allait élever lui rendait la vie désagréable, et que le roi ne la dédommageât point de ses disgrâces.
La pâle est aux jasmins en blancheur comparable, La noire à faire peur, une brune adorable : La maigre a de la taille & de la liberté ; La grasse est, dans son port, pleine de majesté : La mal-propre sur soi, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée : La géante paroît une déesse aux yeux ; La naine, un abrégé des merveilles des Cieux : L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne : La fourbe a de l’esprit, la sotte est toute bonne : La trop grande parleuse est d’agréable humeur, Et la muette garde une honnête pudeur.
Boisrobert la présenta de sa part aux neuf amis, qui la reçurent avec déplaisir, voyant dans l’érection légale de l’Académie la perte de la liberté et de l’intimité qui faisaient le charme de leur réunion.
L’exemple de François Ier, celui des quatre successeurs de ce prince, celui de Henri IV, lui avaient persuadé que la France voyait sans scandale des maîtresses attitrées à ses rois, et regardait l’usage qui les avait introduites comme un dédommagement destiné à racheter ce qui manque à la liberté de leur choix quand ils se marient ; mais il n’oubliera pas ce qu’il doit à sa couronne dans le choix des personnes qui seront chargées d’élever son héritier.
On ne fut pas longtems à s’appercevoir que le talent de censurer le vice pour être utile, devoit être dirigé par la vertu ; & que la liberté de la satyre accordée à un malhonnête homme, étoit un poignard dans les mains d’un furieux : mais ce furieux consoloit l’envie. […] Mais comme il est plus aisé d’imiter le grossier & le bas, que le délicat & le noble, les premiers poëtes Latins, enhardis par la liberté & la jalousie républicaine, suivirent les traces d’Aristophane. […] Les Romains sous les consuls, aussi jaloux de leur liberté que les Athéniens, mais plus jaloux de la dignité de leur gouvernement, n’auroient jamais permis que la république fùt exposée aux traits insultans de leurs poëtes. […] Charles VI. leur accorda par ces lettres patentes, la liberté de continuer publiquement les représentations de leurs comédies pieuses, en y appellant quelques-uns de ses officiers ; il leur permit même d’aller & de venir par la ville habillés suivant le suject & la qualité des mysteres qu’ils devoient représenter. […] Ce sénateur lui donna le nom de Térence, suivant la coutume qui voulut que l’affranchi portât le nom du maître dont il tenoit sa liberté.
Mis en liberté sous caution, ayant, à l’aide de ses amis, payé ses dettes, il se résolut de quitter Paris avec ses associés, laissant le champ libre aux troupes qui accaparaient la faveur publique. […] La comparaison est peu respectueuse, et je ne prendrais pas la liberté de la faire, si elle était de mon invention : ce fut Madame elle-même à qui elle vint à l’esprit, aussitôt que Monsieur fut sorti du cabinet, et elle la fit moitié en riant, moitié en pleurant.
On lui dit que, pour avoir sa liberté, il faut l’épouser. […] La liberté la plus grande continuait de régner sur cette scène.
« Il est certain que l’ami (le roi) et Quanto (madame de Montespan) sont véritablement séparés ; mais la douleur de la demoiselle (madame de Montespan) est fréquente et même jusqu’aux larmes, de voir à quel point l’ami s’en passe bien, Il ne pleurait que sa liberté et ce lieu de sûreté contre la dame du château. » Il ne pleurait, pendant la séparation, que la liberté qu’il trouvait dans la maison de la maîtresse, et un lieu où il pouvait échappera l’ennui que lui causait la société de la reine.)
Eh bien, la Comédie elle-même, quelques libertés qu’elle eût de ce temps, — elle en avait d’immenses qu’elle a perdues depuis, — la Comédie n’a pas suffi à recevoir tout l’emportement de sa fièvre bouffonne. […] Molière a voulu mettre et il a mis dans les relations de la vie domestique une liberté honnête qui de son temps n’y était pas de droit. […] Il voulut la liberté dans toutes les directions de l’esprit des femmes ; il les voulut instruites et éclairées bien plus qu’on ne le voulait de son temps, dans la bourgeoisie hostile et défiante quelque peu sur ce point. […] Sa liberté nous est un gage qu’elle saura tout peindre, mais non pas qu’elle s’interdira de rien défigurer. […] Cet amant ivre d’amour qui se coupa la gorge le lendemain de son mariage, et cet ouvrier, enthousiaste de liberté populaire, qui se jeta du haut des tours Notre-Dame le 26 février 1848, étaient deux hommes également sages.
La Fontaine fut reçu dans sa société, Ce fut le genre de conversation à laquelle elle se plaisait qui inspira au jeune poète ces contes auxquels on reproche une liberté plus que gaie.
Les Magistrats, indignés avec raison de l’extrême licence des Poëtes, leur ôterent non seulement la liberté de nommer ceux qu’ils vouloient jouer, & de spécifier leurs qualités ; ils défendirent encore aux acteurs de prendre des masques & des habits qui fissent reconnoître les personnages que le poëte avoit en vue.
Contre tout autre vice on parle hautement : Chacun a liberté d’en faire voir le piege.
Trahi de toutes parts, accablé d’injustices, Je vais sortir d’un gouffre où triomphent les vices, Et chercher sur la terre un endroit écarté, Où d’être homme d’honneur on ait la liberté.
Elle ajoute que telle personne pourroit l’aimer, qu’il changeroit bientôt : le Prince assure que la liberté sera toujours son unique maîtresse. […] Carlos la rassure un peu, en lui disant que sa Dame est la liberté.
Tartuffe a d’ailleurs la vogue des choses défendues ; et comme une certaine liberté d’esprit subsiste encore, tout le monde veut avoir Molière pour le lui faire lire. […] Il ne joua la comédie entière que chez la Palatine, incrédule, sur l’ordre de Condé, qui aimait les libertés d’esprit, et qui prononça dans ce temps-là son mot fameux, si spirituel et si profond. […] Prenant à corps, parmi les gens qui l’avaient attaqué, ceux qui touchaient de plus près au roi, les chefs laïques de la cabale, il avait hardiment fait voir que leur fait n’était qu’hypocrisie, il avait placé dans leur bouche même l’éloge du vice à la mode, du grand moyen de parvenir, caricaturé le prince de Conti peut-être, les raffinés, les corrompus, athées au fond, et mêlé cette satire à une étrange comédie où lui-même se permettait des libertés inconnues et lançait, dans la scène du Pauvre, ce mot d’humanité qui, sautant par-dessus le siècle, ne devait être relevé que dans le nôtre. […] Et ne vous y trompez pas : s’il demande la liberté de douter de son bonheur, ce n’est pas défiance modeste, c’est ruse d’amant.
« Après qu’un Auteur aura choisi son sujet, il faut qu’il se souvienne de prendre l’action qu’il veut mettre sur le théâtre à son dernier point, &, s’il faut ainsi dire, à son dernier moment ; & qu’il croie, pourvu qu’il n’ait point l’esprit stérile, que moins il aura de matiere empruntée, plus il aura de liberté pour en inventer d’agréable ; &, à toute extrémité, qu’il se restreigne jusqu’à n’en avoir en apparence que pour faire un acte : les choses passées lui fourniront assez pour remplir les autres, soit par récits, soit en rapprochant les événements de l’histoire, soit par quelques ingénieuses inventions ».
On lui dit que pour avoir sa liberté il faut l’épouser ; il ne demande pas mieux.
On y voit un homme content de la liberté conquise, oublieux de tout ce qui n’est pas l’art qu’il exerce, entièrement dégagé de toute espèce d’ambition, qui étudie à loisir, et qui écrit, en pleine liberté d’allure, les choses qui lui plaisent le plus. […] La seconde étude, à propos du Don Juan de Molière, fut publiée au plus beau moment de la révolution de juillet, quand toutes les conjonctions heureuses semblaient promettre à cette paternelle et puissante monarchie un grand avenir, incessamment mêlé de jeunesse, de beauté, de gloire et de liberté. […] Bulwer, la liberté d’idéaliser la réalité ». C’est comme s’il nous disait : j’ai pris la liberté d’être sublime ! Et sans ajouter : Excusez de la liberté grande !
Nos Anciens prenoient la liberté de rompre l’illusion théâtrale, pour donner de bons conseils au spectateur.
Soit qu’elle voulut éveiller les passions du jeune roi, soit qu’elle voulût satisfaire son propre penchant, et peut-être faciliter son commerce avec Mazarin, qui, dans les règles d’une bienséance sévère, aurait pu paraître trop intime, elle autorisa dans les bals de la cour une liberté dont s’étonnaient les personnes habituées au sérieux et au cérémonial rigide qui avaient régné à la cour de Louis XIII.
Enfin, c’est se laisser aller à l’imagination, faculté dominante des poètes, qui n’accorde pas toujours à la réflexion la liberté de se mettre sur ses gardes.
Enfin, mettre sans cesse devant eux le tableau du choix qu’ils peuvent faire entre le vice et l’honnêteté et en appeler à leur conscience pour décider ce choix, c’est leur dire, si par hasard ils l’oublient, que ce qu’ils ont en eux de plus précieux et de plus périlleux, c’est la liberté ? […] Fénelon, Lettre à l’Académie française, VII. — Bayle avait dit avant Fénelon : « II avait -une facilité incroyable à faire des vers ; mais il se donnait trop de liberté d’inventer de nouveaux termes et de nouvelles expressions.