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110. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

Il ne pouvait exposer sur la scène les motifs philosophiques qui lui faisaient condamner la mort de Caton ; mais il savait dans la plaisanterie faire entendre la haute voix du bon sens et du devoir, contre l’acte de désespoir et de lâcheté qui fait rompre avec la vie, plutôt que d’en porter vaillamment les épreuves.

111. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

… Il faut pourtant bien qu’il le sache : il est plaisant ; ses morbleu, ses tétebleu, ses palsambleu , ses froncements de sourcils et ses éclats de voix ne le rendent pas terrible le moins du monde ; nous savons très bien qu’avec tout cela, Célimène retournera le hérisson comme un gant, et nous rions. […] N’est-ce pas m’outrager que d’écouter leur voix ?

112. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

(Cet auteur ayant vent en poupe) Occupa tant lui que sa troupe, Avec de célestes récits1, À toucher les plus endurcis : Animés des douceurs divines, De deux rares voix féminines ; (Qui font comme j’ai dit un jour) Les rossignols de la Cour, Que personne ne contrecarre, À savoir, Hilaire, et La Barre. […] La princesse ordonne au bouffon d’y amener secrètement le prince : son dessein est d’y chanter, et de lui inspirer de l’amour par la beauté de sa voix, et par les grâces de son chant ; mais Molière a fait un bien meilleur usage de cette scène en ne la mettant point en action. […] Cet homme de bonne cervelle, Berthold* dont la voix est si belle, Et qu’à le voir on peut juger, Non pas inconstant, mais léger, Comme à lui volontiers on ouvre, Les plus importants lieux du Louvre, La présenta lui-même au roi, Qui (comme ai dit) en bonne foi, Reçut de la susdite affaire, Un plaisir extraordinaire, Audit sieur Berthold témoignant, Qu’un instrument si surprenant, Réjouissait d’une manière, Toute rare et particulière.

113. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Il en est ainsi dans la scène où, voulant persuader à Géronte que des spadassins le cherchent, Scapin se parle à lui-même, et se répond en contrefaisant sa voix. […] Les Précieuses ridicules s’en prenaient aux ridicules de la société, et plus tard, lorsque Molière était à l’apogée de sa gloire, dans les Femmes savantes, il a tracé, grâce aux contrastes comiques, les véritables devoirs de la femme ; il la veut simple, modeste., bienveillante, instruite, mais ayant à l’occasion l’art d’ignorer les choses qu’elle sait, ne fût-ce que pour empêcher la contradiction de faire grimacer sa charmante figure ; il lui reconnaît l’empire de la faiblesse et de la grâce ; il exige, en un mot, qu’elle soit telle que la nature l’a créée, faite pour les douceurs du foyer domestique, et non pas pour aller mêler sa voix aux disputes du monde, et briller dans les bureaux d’esprit; qu’elle rende la vie aimable et heureuse à ceux qui l’entourent ; qu’elle élève avec soin ses enfants;  qu’elle soit fidèle à son mari, si cela se peut. […] Voici ces lignes frappées au coin de la dignité et du bon sens : « Je leur abandonne de bon cœur mes ouvrages, ma figure, mes gestes, mes paroles, mon ton de voix et ma façon de réciter pour en faire et dire tout ce qui leur plaira, s’ils en peuvent tirer quelque avantage. […] qui ne s’est trouvé dans ces positions où l’ennui, l’étourderie, la dissipation, entraînent à des démarches qu’une voix secrète condamne au fond de la conscience !

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