Voilà quelle est la véritable devise de la comédie. […] Je sais, pour toute ma science, Du faux avec le vrai faire la différence ; Et, comme je ne vois nul genre de héros Qui soit plus à priser que les parfaits dévots, Aucune chose au monde & plus noble & plus belle Que la sainte ferveur d’un véritable zele ; Aussi ne vois-je rien qui soit plus odieux Que le dehors plâtré d’un zele spécieux, Que ces francs charlatans, que ces dévots de place, De qui la sacrilege & trompeuse grimace Abuse impunément & se joue à son gré De ce qu’ont les mortels de plus saint & sacré.
Je doute que la conversation de Chapelle avec Molière sur les Ouvrages de celui-ci soit véritable.
J’ai assisté avec la plus scrupuleuse assiduité au spectacle de la nation ; j’ai étudié l’effet que chaque trait, chaque scene, chaque situation & l’ensemble produisoient sur l’esprit des gens de lettres auprès de qui j’avois soin de me placer, sur le parterre & sur les loges ; je me suis bien gardé sur-tout de négliger les représentations qu’on a données gratis pour la populace ; j’ai joui du plaisir de lui voir saisir les véritables beautés, de lui voir distinguer celles qui sont dans la nature, au travers de celles que l’esprit seul enfante, & que l’esprit seul peut appercevoir ; enfin je me suis fait pour moi seul, d’abord, aux dépens des morts & des vivants, une Poétique qui m’a déja valu des encouragements bien flatteurs de la part du public, mais qui seroit encore dans mon porte-feuille, si l’Académie en Corps n’eût daigné m’encourager, & ne m’eût exhorté, devant l’Assemblée la plus brillante, à la soumettre au jugement du Public.
Je cogneus qu’il étoit véritable à son dire.