Le président de Montesquieu, assurait, qu’encore comédien de campagne, Molière, fit jouer sans succès dans cette ville, une tragédie de sa façon, intitulée La Thébaïde ; nous verrons dans la suite, que cette anecdote n’est pas sans vraisemblance, et nous en félicitons la scène comique ; une infidélité heureuse aurait pu enlever de temps en temps Molière à Thalie, et tout nous prouve que des soins partagés réussissent rarement, même auprès des Muses. […] Cependant, d’après le portrait qu’a laissé de lui une actrice, sa contemporaine, la nature semblait lui avoir donné un physique propre à la tragédie. […] Il y a, dans cette rapsodie, moins de personnalités que dans celle de Devisé ; une ironie moins froide, mais sans comique, est l’âme de tout l’ouvrage ; un bel esprit y prétend que la pièce où se trouve cet hémistiche : … Le petit chat est mort, « ne peut être qu’une tragédie, puisqu’il y a du sang répandu ». […] Le premier, dans sa tragédie d’Hécube, fait dire au roi d’Itaque, par cette princesse : « L’autorité dont jouit Ulysse le fera triompher, quelque mal qu’il s’exprime. […] Le père de notre tragédie, Corneille, si sublime dans la plupart de ses plans, s’asservit à travailler sur celui d’un autre ; Quinault s’associe à leurs travaux, et Lulli, l’Orphée du temps, prête les charmes de sa musique à tout l’ouvrage.
Polyeucte dans la Tragédie de ce nom, met en avant sérieusement plusieurs maximes de Tartuffe comme Ce Dieu est jaloux, acte… scène… Orgon Te tairas-tu, serpent, dont les traits effrontés… Dorine Ah ! […] On voit ce que cette masse d’années peut faire même sur une Tragédie dans le sort de Bajazet (Feuilleton du 4 novembre 1813. […] On ne peut donc pas rendre ridicule la femme qui aime les lettres pour les lettres, celle qui s’enferme dans son boudoir pour lire les Tragédies de Schiller, pas plus que celle qui s’y enferme pour… ou pour mâcher du morin90. […] « Le Misanthrope est dans la comédie ce qu’Athalie est dans la tragédie ; ces deux chefs-d’œuvre ont le défaut d’être trop au-dessus de la portée du vulgaire. »(Geoffroy, I, p. 331, Cours de Littérature dramatique.)
Le travail littéraire, l’œuvre d’art, que ce soit une modeste satire pour Boileau ou une grande tragédie pour Racine, l’œuvre d’art les absorbe, les transporte et leur suffit.
J’ai vu des tragédies plaisantes, & des comédies lugubres, de la dévotion à un opéra, de la gaieté à un sermon.