Trouvez bon, s’il vous plaît, que je vous interroge Sur un sujet pareil. […] Sur un sujet pareil.
126 Tout, dans cette pièce, semble annoncer qu’elle est moins faite pour amuser les gens délicats que pour faire rire la multitude ; mais une sorte d’intérêt né du sujet, et une plaisanterie gaie compensent ce qui s’y présente de défectueux. […] Les incidents n’en sont toujours pas bien combinés ; mais le sujet quoique aride en lui-même, y est présenté sous une face très-comique.
Le sujet du Curieux impertinent, qu’il a emprunté du roman de Don Quichotte de Cervantes, quoiqu’assez passable à la lecture, devient froid & triste au théâtre. […] Ce n’étoit pas assez d’éviter cet écueil, il falloit encore intéresser les spectateurs pour l’amant proposé, & donner une gradation vraisemblable aux progrès que cet amant fait sur le cœur de la maîtresse éprouvée : d’ailleurs le plan de cette piece demandoit de joindre à cet intérêt un comique tiré du fonds du sujet. […] Le même sujet avoit été traité par Dorimon, sous le titre de l’Amant de sa femme, comédie en vers & en un acte, représentée en 1661, & depuis dans le Ballet des Fêtes de Thalie : le troisieme acte, intitulé la Femme, fait voir également un mari qui devient amoureux de sa femme, dans un bal où il la prend pour une autre sous le masque. […] M. de Boissy a joint à ce sujet principal une partie du Jaloux désabusé, c’est-à-dire, une jeune sœur de l’époux inconstant, qui est sous la tutele de ce dernier : il ne veut point la marier, pour jouir de son bien ; il est cependant obligé d’y consentir, s’il veut faire la paix avec sa femme.
» Son sujet, son unique sujet, c’est un quasi-vieillard qui, par peur du cocuage, élève une jeune fille de la façon qu’il croit la plus propre à le préserver de cet accident et veut l’épouser ensuite, sans s’assurer qu’il en est aimé. […] Mais Molière n’est pas homme à traiter tristement un sujet, si triste qu’en soit la donnée. […] Le sujet m’a entraîné, et je n’ai point parlé du personnage même de Tartuffe. […] J’avais promis de donner la lettre que m’a écrite à ce sujet M. […] Vous me direz que Regnard n’était pas seul à traiter de pareils sujets ; Molière, avant lui, avait écrit Le Malade imaginaire.