Destouches va nous fournir un exemple qu’il faut bien se garder de suivre. […] J’aurois dû réserver cette derniere réflexion pour le Chapitre suivant, elle y seroit plus à sa place ; mais les limites disparoissent presque lorsqu’elles ne séparent que des choses faites naturellement pour se suivre.
Nous avons encore vu dans le second volume de cet ouvrage, Chapitre XIX, des Pieces intriguées par un déguisement, que cette comédie, imitée de l’espagnol, étoit passée sur notre théâtre avec tous les défauts de son modele, puisque, comme dans l’original, l’héroïne déguisée en femme y suit son amant, vit familiérement avec lui, le charme par les agréments de sa voix, & lui donne son portrait sans en être reconnue, quoiqu’elle ait déja été très bien avec lui sous l’habit de femme. […] Du plus grand des malheurs doit-elle être suivie ?
Mon dessein est de suivre, pour ainsi dire, sa main dans les différents larcins qu’il fait à Térence, à Plaute, à Lopès de Vega, à Calderon, aux Farceurs Italiens, aux Romanciers de tous les pays, même aux mauvais Auteurs ses contemporains.
D’après ce principe adopté par toutes les personnes de goût, & suivi plus scrupuleusement par Moliere à chaque pas qu’il a voulu faire vers la perfection ; d’après ce principe, dis-je, nous ne pouvons mieux juger des imitateurs modernes, qu’en les plaçant entre les Auteurs qu’ils ont imités & la nature.